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EAN : 9782277224594
J'ai lu (21/03/2001)
4.36/5   11 notes
Résumé :

François Ier et ses rêves d'Italie. Léonard de Vinci. Les châteaux de la Loire. Diane de Poitiers à Chenonceaux. Les guerres de religion. L'horreur de la Saint-Barthélemy...

Quatre siècles seulement nous séparent de l'effervescence inouïe de cette Renaissance aussi ardente au plaisir qu'à la torture, et sur laquelle régna pendant trente ans, sous un masque blême de reine mère engoncée dans d'éternels voiles de deuil, une fille de banquier flo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le 10 juillet 1559, s'éteignait Henri II, roi de France, des suites du coup de lance qu'il avait reçu une dizaine de jours plus tôt dans l'oeil alors qu'il participait aux joutes données en l'honneur du mariage de sa fille cadette, Claude, avec le duc Charles III de Lorraine. A compter de cet instant, sa veuve, Catherine de Médicis, refusant le traditionnel deuil blanc des reines, s'enveloppa dans de longs voiles noirs qu'elle n'allait plus quitter jusqu'à sa propre mort, si ce n'est au sacre de ses fils. Ces voiles et ces robes funèbres ont contribué à donner à celle qui les adopta le surnom de "la Reine Noire." Mais plus encore Michelet et tous les historiens du XIXème siècle dont la misogynie s'est complu à rabaisser plus bas que terre celle qui, pourtant, demeure l'un des plus grands monarques qu'ait jamais connu notre pays.

Fille unique de Laurent II de Médicis, duc d'Urbain, et de Madeleine de la Tour d'Auvergne, arrière-petite-fille de Laurent le Magnifique, nièce du pape Léon X et petite-cousine du pape Clément VII, épouse de roi et mère de rois, Catherine de Médicis vaut bien mieux que cette légende diabolique dont le bon Alexandre Dumas lui-même, fasciné par le potentiel dramatique du personnage, fit un usage un peu trop manichéen dans des romans aussi talentueux que "La Reine Margot", "La Dame de Montsoreau" et "Les Quarante-Cinq."

Sans masquer ses rares faiblesses de femme d'Etat et celles, plus nombreuses, qu'elle manifesta en tant que mère, Jean Orieux rend ici un bel hommage à la petite princesse florentine que François Ier, le Roi-Chevalier, choisit pour son fils cadet, Henri, duc d'Orléans, en un temps où il rêvait une fois de plus aux possessions italiennes déjà fantasmées par tout le Moyen-Age.

D'emblée, Orieux dépeint l'éblouissement de Catherine devant son futur époux, lequel est déjà amoureux éperdu de Diane de Poitiers et envisage d'un oeil assez froid ce mariage de raison avec celle que certains, en raison de la fabuleuse richesse des Médicis, ne nommeront jamais que "la Banquière" ou "la fille des Marchands." Trop de courtisans, trop de grands seigneurs, n'iront pas plus loin que ces épithètes rien moins qu'aimables. Henri lui-même mettra de longues années avant de réaliser le génie politique de son épouse. Seul entre tous, François Ier perçoit, au-delà le physique sans beaucoup de charme de la jeune femme et sa douceur affichée, les qualités de grand monarque qui sont déjà les siennes.

Nul doute que le souvenir de son beau-père, qui lui porta toujours une vive affection et dont elle admirait le sens - parfois un peu naïf - de la chevalerie, nourrit Catherine dans ses jours sombres, au temps où elle subit la suprématie de Diane, puis celle de sa belle-fille, Marie Stuart, épouse de son fils aîné, François II, et enfin celle des mignons de son préféré, Henri III, ce fils tant aimé qu'elle appelait ses "chers yeux."

Comme il la nourrit et la fortifia face aux rivalités des grandes maisons, celles des Guise et des Montmorency qui, sous le couvert de combats "pour la vraie foi", entendaient bien récupérer le pouvoir et, qui sait, le trône, à leur seul avantage.

Pratiquant une politique de tolérance mutuelle, privilégiant la diplomatie face à la parole des armes, ne se résignant à la guerre et aux massacres que si le sort de l'Etat se trouvait gravement menacé (toute l'histoire de la Saint-Barthélémy repose sur cette crainte), Catherine de Médicis a, vaille que vaille, pendant plus de trente ans, maintenu en vie le royaume des Valois. Certes, c'est pratiquement exangue que son fils, Henri III, devait le remettre sur son lit de mort à son cousin, Henri de Navarre, exangue mais encore vivant. Et cela, on le doit à cette femme et reine d'exception que ses ennemis appelaient avec mépris "l'Italienne" alors qu'elle ne pensa et n'agit jamais qu'en reine avant tout française.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
... De sa retraite, Diane écrivit toutefois à la reine. Ce n'était plus l'altière et l'insolente rivale, c'était une humble sujette demandant pardon de ses offenses passées. Elle connaissait à merveille la dure loi du pouvoir, elle l'avait appliquée sans pitié, aux autres et à Catherine d'abord. Cette loi, la voici : le plus puissant se doit d'écraser le plus faible. Le moment était venu de s'y soumettre à son tour. Elle s'y soumit. Elle pouvait s'attendre à tout, même à perdre la vie. A la place de Catherine, elle se serait vengée à mort. Elle prit soin de joindre à sa lettre la cassette contenant les bijoux de la couronne qu'elle détenait indûment. Cela donnerait du poids à sa contrition.

Catherine n'appartenait pas à la même espèce et elle le montra. Elle laissa à Diane sa vie et ses biens, sauf un, Chenonceaux, parce qu'il était du domaine royal et inaliénable. Elle reprit donc Chenonceaux mais, en échange, elle eut un geste, elle lui offrit Chaumont, avec ce commentaire : "Elle faisait les délices de mon cher mari," dit-elle, "J'ai honte de lui reprendre Chenonceaux, je lui donne Chaumont." C'est une perfidie mais elle est royale. Le caractère de Catherine s'y révèle. Contrairement à l'histoire romantique et romancée qui a recréé son personnage mélodramatique, elle n'a que très rarement voulu se venger et anéantir ses ennemis. Quand ils étaient trop forts, elle s'inclinait et les amadouait. Quand elle les avait abattus, elle essayait de se les concilier en ménageant l'avenir. Avec Diane, totalement neutralisée par la disparition du roi, elle joua la clémence d'Auguste. La haine ne fait pas partie de son arsenal, elle est trop intelligente et calculatrice pour ignorer que la haine est mauvaise conseillère dans l'art d'exercer le pouvoir politique, le plus incertain, le plus fluctuant qui soit. L'ennemi d'aujourd'hui sera peut-être l'indispensable allié de demain. La fille des banquiers n'aimait pas jouer perdante ; or, la haine est un mauvais numéro. ...
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