Difficile de trouver une autobiographie plus dense, du moins en ce 21ème siècle.
Riches en anecdotes, fourmillant de personnages glorieux plus ou moins passés à la postérité, ces
Mémoires sont une véritable revue de presse du 20ème siècle.
Jean d'Ormesson, né en 1925, a voyagé, d'abord grâce à son père, diplomate, puis grâce à ses fonctions au sein de l'UNESCO, et, plus tard, à sa nomination de directeur du Figaro. Ses connaissances et sa culture, acquises tout au long de sa longue vie, ses rencontres multiples, alimentent ce livre, jusqu'à l'encombrement ... à tel point qu'on oublie parfois qu'il est, comme l'affirmait
Montaigne au début de ses
Essais, lui-même la matière de son livre.
De ses débuts à la prestigieuse ENA à sa nomination de secrétaire général à l'UNESCO, jusqu'à son élection à
L Académie Française, (pour un enterrement littéraire de première classe ),
Jean d'Ormesson aura eu la chance de naître avec une cuillère d'argent dans la bouche, qu'il saura faire fructifier, puisqu'il épouse la fille d'un grand industriel.
Penchant parfois à gauche (il a choisi un vers d'
Aragon pour titre de son livre), plus souvent à droite ( fervent gaulliste, directeur d'un journal de droite,-le Figaro-, ami de
Raymond Aron, mais aussi de Giscard d'Estaing) …
Jean d'Ormesson , né dans une famille tolérante, peut se vanter d'amitiés venues de tous bords.
De cette autobiographie, je retiens bien sûr l'immense culture, surtout littéraire, de son auteur, le style , brillant et charmeur comme l'oeil bleu de Jean d'Ormesson, l'espièglerie qu'il s'autorise pour pimenter son récit-fleuve.
J'ai moins aimé ce prétexte : un « surmoi » assure tout au long du livre une sorte d'entretien-procès où il est l'autre « moi ». Il s'est lui-même expliqué sur cette posture dans une interview : « ce dédoublement de moi-même en quelqu'un qui me juge et qui est moi me paraît assez profond". Tout cela n'est que mise en scène et
Jean d'Ormesson veut qu'on s'intéresse à lui. Mais au fond, bien sûr, il le mérite.