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Citations sur Qu'ai-je donc fait ? (78)

S'il y a un Dieu, il est caché, il est ailleurs, il est hors du temps, il n'obéit pas à nos lois et nous ne pouvons rien dire de lui. Nous ne pouvons décréter ni qu'il existe ni qu'il n'existe pas. Nous avons seulement le droit d'espérer qu'il existe. S'il n'existe pas, notre monde est absurde. S'il existe, mourir devient une fête et la vie, un mystère.
Je préfère, de loin, le mystère à l'absurde. J'ai même un faible pour le secret, pour l'énigme, pour un mystère dont la clé nous serait donnée quand nous serons sortis de ce temps qui est notre prison. Kant parle quelque part d'une hirondelle qui s'imagine qu'elle volerait mieux si l'air ne la gênait pas. Il n'est pas impossible que le temps soit pour nous ce que l'air est pour l'hirondelle. Tant pis ! Je prends le risque. Si tout n'est que néant, si les portes de la nuit s'ouvrent et que derrière il n'y a rien, être déçu par ma mort est le dernier de mes soucis puisque je ne serai plus là et que je n'en saurai rien. J'aurai vécu dans un rêve qui m'aura rendu heureux.
Je m'amuse de cette vie qui se réduit à presque rien s'il en existe une autre. Les malheurs , trop réels, les ambitions, les échecs, les grands desseins, et les passions elles-mêmes si douloureuses et si belles, changent un peu de couleurs. Avec souvent quelques larmes, je me mets à rire de presque tout. Les imbéciles et les méchants ont perdu leur venin. Pour un peu, je les aimerais. Une espèce de joie m'envahit. je n'ai plus peur de la mort puisqu'il n'est pas interdit d'en attendre une surprise. Je remercie je ne sais qui de m'avoir jeté dans une histoire dont je ne comprends pas grand-chose mais que je lis comme un roman difficile à quitter et que j'aurai beaucoup aimé.
J'ignore s'il y a un Dieu ailleurs, autre chose après la mort, un sens à cette vie et à l'éternité, mais je fais comme si ces promesses étaient déjà tenues et ces espérances, réalisées. Et je souhaite avec confiance qu'une puissance inconnue veille, de très loin, mais beaucoup mieux que nous, sur ce monde et sur moi.
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En face de l'argent, qu'y a-t-il? Il y a ceux qui n'en ont pas. On dirait que le monde moderne est fait d'argent et de pauvres.
L'argent coule à flots : sur les palais des congrès, sur les aéroports, sur les avions, sur les trains à grande vitesse, sur les autoroutes et leurs échangeurs, sur les porte-avions et sur les sous-marins, sur les centrales nucléaires, sur les usines, sur les laboratoires, sur les hôpitaux qui manquent pourtant cruellement de ressources.
Il ne coule pas sur les pauvres.
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Il y a quelque chose de mieux que de s'agiter : c'est de s'ennuyer.
J'écrirais volontiers un éloge de la paresse et de l'ennui.
L'ennui est cet état béni où l'esprit désoccupé aspire à faire sortir du néant quelque chose d'informe et déjà d'idéal qui n'existe pas encore.
L'ennui est la marque en creux du talent, le tâtonnement du génie.

Voyager n'est pas mal. Le succès, c'est très bien. Etre heureux, qui ne le souhaite? S'ennuyer est bien mieux. C'est quand vous êtes perdu que vous commencez à être sauvé.
La vie la plus banale, allumer un feu dans une cheminée, se promener dans les bois - Rousseau avait besoin de marcher pour aiguiser ses idées -, ronger son frein et son coeur parce qu'on n'est bon à rien, maudire le monde autour de soi, s'abandonner aux songes, ou,mieux encore ne rien faire du tout, ou, en tout cas le moins possible - avant, bien sûr de se jeter dans le travail à corps perdu -, peut mener autrement loin.
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Il paraît que même chez nous, en France, où elle a longtemps prospéré, la vie littéraire, si brillante durant un demi-millénaire, est en train de s'étioler.
Ce n'est pas qu'on n'écrive plus : les manuscrits fleurissent comme jamais. Les gens ne lisent peut-être plus, mais ils écrivent. Mannequins, cyclistes, confiseurs, footballeurs, assureurs, repris de justice y vont de leur production et, en nombre de navets, chaque rentrée littéraire bat les records de l'année précédente.
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Ne t'occupe pas trop de la vie littéraire. Lis des livres, et écris-en.

Lis surtout ce qui te plait. Un bon livre est un livre qui plait.
Et si tu as mauvais gout en lisant ou en écrivant, c'est que tu n'es pas fait pour la littérature.

Tu as le droit de te moquer de la littérature.
Et des littérateurs, le devoir.

"Conseils à un jeune écrivain" (pp. 58-59)
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Il y a une trentaine d'années, Fritz Zorn, un jeune Suisse emporté par le cancer à l'age de trente-deux ans, ouvre par ces mots terribles une autobiographie romanesque et posthume dont le titre était "Mars" :

"Je suis jeune et riche et cultivé; et je suis malheureux, névrosé et seul. Je déscends d'une des meilleures familles de la rive droite du lac de Zurich, qu'on appelle aussi la Rive dorée. Ma famille est passablement dégénérée: c'est pourquoi j'ai sans doute une lourde hérédité et je suis abîmé par mon milieu."


(p.113)
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Un nouveau d'Ormesson, c'est toujours une coupe de champagne livrée à domicile. Aucun écrivain français n'est capable de mettre autant de bulles dans la vie.

Dominique Bona
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La douceur, la fermeté, la tendresse de mon père, l'espèce d'adoration que me portait ma mère finissaient par me peser. L'amour étouffe très bien.
Quand le téléphone sonnait, je me précipitais vers l'appareil. Car je savais que mon père, quand une voix féminine demandait à me parler, n'hésitait pas à répondre : "Qu'est-ce que vous lui voulez encore?"
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Je n'ai jamais cessé d'être un privilégié, peut-être plutôt timoré. Je suis le chroniqueur extérieur des drames de mon époque, le témoin à peine engagé d'un monde en train de changer.

(p.210)

Je n'aime pas l'argent, mais je n'ai pas détesté en avoir. Je sais : on peut sourire. Je me moque aussi des honneurs. Je ne les ai pas refusés.

(p.227)

Je cultivais l'ironie, l'indifférence, la légèreté. Mais ma fragilité m'accablait...
La plupart du temps, j'étais allègre... Plus j'étais heureux, plus je me sentais menacé par la beauté du monde et par l'histoire cuelle des hommes...Le malaise dont je parlais tout à l'heure ... me semblait venir du fond des âges et d'un espace sans bornes.

(p.254-255)
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La littérature vivante d'aujourd'hui, qui m' a si souvent emmerdé avec son sérieux implacable et son pédantisme expérimental et toujours avorté, je lui rends bien volontiers la monnaie de sa pièce et je l'envoie se faire foutre avec beaucoup de gaieté.

(p.26)

La vie littéraire s'est changée en un désert surpeuplé sans la moindre oasis.

(p.57)
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