Un petit chef d'oeuvre découvert lors du « Forum méditerranéen des femmes ».
« Autofiction » selon l'auteur, c'est en fait un long monologue à bâtons-rompus où le « je » est fictionnel. Dans les brumes du passé, les méandres de la mémoire, une mère et sa fille se perdent et se trouvent, à travers d'infinies errances de mondes en mondes, entre le « pays mort » et le « pays des rêves » (entendez, si vous le voulez, la Pologne et Israël), errances multipliées encore par les défaillances de la pauvre vieille mémoire narratrice. N'attendez pas un récit, ce que vous trouverez, c'est une écriture blanche que vous lirez gorge serrée, une souffrance hébétée, une incapacité à s'ancrer dans le réel ou dans l'amour et l'indicible, toujours, partout l'indicible : « là-bas » une marque sur un bras, un homme qui ne revient pas, un passé qui ne peut que s'engloutir, tout ce qui sépare une mère de sa fille née après-guerre. L'indicible. La Shoah.
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Une personne âgée laisse courir sa plume, raconte, revient, anticipe. C'est parfois difficile à suivre, car rien n'est nommé et le style est très "oral", mais cela reste un livre intéressant... car on comprend la difficulté à revenir des camps ("là-bas"), à renouer avec son enfant (à qui le journal est destiné), à vivre dans différents pays, à perdre ses proches...
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Moi, je savais. Il n'y a que ceux qui n'ont pas été "là-bas" et une enfant pour croire qu'un an après notre retour quelqu'un puisse encore revenir. Comme cette femme qui chaque jour allait élégante, attendre son mari sur le quai de la gare, un gâteau à la main. Ainsi pendant une année. Puis elle s'est résignée. Elle ne l'aurait peut-être même pas reconnu. Elle ne s'est jamais remariée. Et elle continue d'ëtre élégante.