Une histoire pitoyable. C'est ce que l'on se dit, non au sujet du livre lui-même, mais à la découverte de ses lamentables protagonistes. Et l'on souhaiterait presque que le récit d'Orwell relevât de la pure fiction. Et pourtant !
«
Une histoire Birmane », donc, témoigne de l'expérience de l'auteur en tant que policier aux Indes. Force donc est de croire que le récit, même avec des personnages inventés, correspond à une réalité de l'époque coloniale de l'empire Britannique. Des temps sans gloire, en vérité.
Sous ces « tristes tropiques », on éprouve non seulement l'accablante et précoce chaleur de l'Asie du Sud-Est, mais aussi la lourdeur du climat humain qui règne au sein de l'administration coloniale.
Toute l'ambiance dans ce roman est délétère. Les protagonistes apparaissent vils, corrompus et calculateurs. Il n'y a partout qu'abrutissement et avidité, crainte et servilité, rapports de haine et de dépendance.
Les personnages sont réellement détestables, du notable birman ambitieux au cockney gueulard qui éructe sa bile, de la jeune anglaise hautaine à son ivrogne d'oncle, du lieutenant puant d'arrogance à la courtisane exerçant le chantage. Qu'il s'appellent Verall, U Po Kyin, Ellis ou Lackersteen, ce sont tous d'irrécupérables crapules...
Au-milieu de ce vivier, Flory, le personnage principal, se débat tant bien que mal, cherchant encore quelque raison d'espérer.
Mais sa quête, au final, se révèlera vaine et stérile, tout comme le contexte ambiant, et tout comme la prétention britannique à l'hégémonie mondiale.