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Ramené en souvenir d’un voyage en Birmanie, ce récit m’a fait plonger en pleine époque coloniale, vers 1920. Sans doute largement inspiré par sa propre expérience de fonctionnaire de Sa Majesté sur place (aux « Indes », comme on disait), Orwell nous raconte le quotidien de la petite communauté britannique (une dizaine de personnes) de Kyautkada, bourgade provinciale en bordure de jungle.
Quasiment oubliés (et oublieux) de la Mère Patrie, ces exilés volontaires ont pour point de ralliement le « Club », où ils se réunissent quotidiennement, accablés de chaleur, d’ennui et d’alcool. Le gin mis à part, leur autre passe-temps favori est de critiquer les Birmans, accusés de tous les maux, et qualifiés, entre autres, de sales fainéants bons à rien qui, ingrats, ne pensent qu’à se soulever contre leurs bienfaiteurs civilisés. En vertu de l’ « incontestable » suprématie de la race blanche, les colonisés sont « naturellement » rabaissés au rang d’esclaves ou de bêtes de somme.
Imaginez alors la tête de ces Rosbifs quand leur parvient une lointaine circulaire leur enjoignant d’intégrer un « indigène » au sein du Club. Certains manquent s’étouffer de rage, voyant là le début de la décadence du glorieux Empire des Indes.
D’autres péripéties s’enchevêtrent à ce psychodrame de l’élection d’un « nègre » au Club : l’arrivée d’Elizabeth, jeune nièce écervelée (elle a des excuses) des Lackersteen, qui va chambouler le cœur de Flory (il a des excuses aussi), célibataire endurci par la force des choses (càd par l’absence de femmes occidentales dans ces contrées) ; les manœuvres et complots en tous genres fomentés par le détestable U Po Kyin pour s’attirer les faveurs des Blancs, et/ou des pots-de-vin, et/ou des avancements (tous les coups seront permis).

Premier roman de George Orwell, ce qu’il décrit n’est sans doute pas très éloigné de la réalité de l’époque, et c’est consternant. Entre le désœuvrement des colons et l’incurie de certains fonctionnaires locaux, les Indes britanniques semblent plus proches de la décadence que de la gloire. Le racisme à l’encontre des Birmans (et des races autres que blanche) est effrayant. Ils ne sont tolérés que parce qu’ils sont utiles.
Orwell n’est pas tendre avec ses compatriotes, et on peut supposer que le jeune Flory est son double romanesque, considéré comme « bolchevik » en raison de ses idées égalitaristes.
Certains personnages sont croqués férocement (et pas seulement dans le clan anglais), mais le ton n’est pas dépourvu d’un certain humour british.
Récit bien écrit, dans un style classique et linéaire, ce livre est agréable à lire. Mais je déconseille l’édition Ivrea, de qualité médiocre (mauvais papier et encre, marges intérieures parfois très limitées).

Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Ce roman publié en 1934 s'inspire de l'expérience de l'auteur qui fut officier anglais en Birmanie entre 1922 et 1927.
Flory, le personnage principal, est un homme d'environ 35 ans, célibataire, il est marchand de bois et ami du docteur Veraswami ce que lui reproche férocement les autres membres du Club, tous des colons plutôt aigris, racistes… Quant à lui, Flory, il aime la Birmanie, ses autochtones. Bien évidemment cela ne suffit pas à faire un roman, vient s'ajouter aux querelles des « blancs » une histoire d'amour, des complots, d'ailleurs le magistrat Birman U Po Kyin est prêt à tout pour réussir.
Orwell dépeint très bien cette atmosphère lourde de racisme, de haine, de jalousie, de révoltes, de mesquinerie de la vie coloniale, ce qui donne du réaliste au roman, beau sous la plume d'Orwell mais bien triste par son histoire, on se révolte en le lisant, le poil se hérisse parfois, voir souvent.
Un très bon roman dont l'intrigue vous tient tout le long de sa lecture, pas de longueurs, belle écriture.
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Un excellent roman, le premier d'un auteur qui devait devenir célèbre après sa mort avec la fameuse dystopie "1984".
Birmanie coloniale britannique, années 1920. Dans une petite station, où les colons anglais s'occupent essentiellement d'administrer cette partie est de l'Empire Indien et d'en exploiter les ressources forestières, les quelques ressortissants britanniques mènent une vie d'ennui et de boisson, centrée autour du Club qui leur est exclusivement réservé. Parmi eux Flory se distingue par ses relations d'amitié avec un médecin indien, le Dr Veraswamy, et par le fait qu'il considère Birmans et Indiens comme des êtres humains et non comme des peuples inférieurs, contrairement à Ellis, ouvertement raciste. Souvent taxé de "Bolcho" en raison de son humanisme, il souffre pourtant de la solitude et de l'exil, noyant son mal-être dans l'alcool ou dans une relation avilissante avec une concubine. C'est alors que survient Elizabeth, nièce orpheline du couple Lackersteen et jeune fille à marier, et Flory, malgré ses complexes, fait figure de héros à ses yeux, pour l'avoir sauvé d'un buffle inoffensif, puis lui avoir fait partager une partie de chasse. Il tombe amoureux et se prend à rêver au mariage... C'est compter sans le jeune lieutenant de cavalerie Verall et les intrigues tortueuses d'un sous-magistrat birman sans scrupules dont l'ennemi est le médecin indien, et donc par ricochet Flory.
Une peinture sans concession de la mesquinerie et de l'ennui de la vie coloniale, du mépris des Occidentaux pour la population, une évocation émerveillée de la nature et des usages birmans, des moments forts comme la partie de chasse ou une rébellion spontanée et avortée qui fait trembler les Européens, un drame à l'intrigue impeccable, un suspense qui croît au cours de la lecture. Bref un remarquable classique à redécouvrir.
Lu en V.O.
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Livre acheté et lu pendant mon séjour en Birmanie. Quoi de mieux, que de lire cette intrigue coloniale dans le pays même ?
On suit une petite communauté anglaise dans un poste reculé et oublié dans le nord du pays.
Les conflits entre les « contre » et « pro » colonisation se font déjà sentir. On assiste souvent au mal-être des Britanniques, nostalgiques de la mère-patrie, qui se retrouvent à essayer de préserver leurs traditions anglaises au milieu d'une culture qu'ils jugent inférieure mais qui tend à les acculturer. Mais, loin de tout manichéisme, les Birmans ne sont pas toujours présentés comme respectables. On assiste alors à des complots, des retournements de situation, en fonctions des alliances personnelles.
Certainement autobiographique, Orwell ayant été soldat dans ce pays, ce roman est une petite merveille.
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C'est le premier roman, publié en 1934, d'un inconnu nommé Eric Blair. Qui ne signera plus que sous le nom de George Orwell.
La première édition de Burmese Days , traduite sous le titre La tragédie Birmane , avait été publiée en France en 1946.
C'est une histoire tragique qui se déroule dans une petite ville du nord de la Birmanie. Quelques individus y tournent en rond , les réunissent l'ennui , l'alcool, et le dégoût de la race inférieure indigène.

Le personnage central, Fleury, est sans doute le seul que je sauverais de ce gâchis. Ce n'est pas un mauvais bougre, mais il a une très mauvaise image de lui, et est, forcément, très soucieux du regard posé sur lui. Il aime la Birmanie, il a des amis indiens, mais les soutenir publiquement est au dessus de ses forces.
Mais il ne faut pas croire que ce soit plus sain de l'autre côté où la corruption règne.
C'est un livre tout à fait autobiographique. Né au Bengale, Eric Blair est rentré à l'âge d'un an en Angleterre. Son père est employé des services de lutte contre l'opium; la famille de sa mère fait du commerce en Birmanie.
Et à 19 ans, il s'engage dans la police impériale indienne... Il sera policier en Birmanie pendant ces 5 ans, et c'est bien là, en Birmanie, que sa lucidité devant les injustices en a fait l'écrivain qu'il est devenu.


C'est un livre que j'ai mis longtemps à lire, non pas parce qu'il est difficile, pas du tout, bien au contraire, les descriptions si justes de cette bêtise humaine n'ont pas pris une ride, et pourraient être transposées à notre époque dans n'importe quel petit cercle fermé. Rien n'a beaucoup changé, hélas.
Mais parce que baigner dans cet univers est assez pesant ( se rajoute le poids de la nature, la jungle, très étouffante..) que le pauvre Fleury me faisait pitié, et que je craignais la fin. Je l'ai fini, pas de surprise...

Très bon et réaliste document, beau et triste roman.


Un ( long) extrait:
" Ah, docteur, soupira Fleury, étendu sur sa chaise longue, quelle joie de me retrouver ici après ce fichu Club! Quand je viens vous voir, j'ai le sentiment d'être un pasteur non conformiste en goguette qui ramène une putain de la ville. C'est si bon de se sentir en vacances, loin de ces gens là- il pointa un talon en direction du Club- de mes bien-aimés collègues bâtisseurs d'Empire.
Le prestige britannique , le fardeau de l'homme blanc, le pukka sahib sans peur et sans reproche et tout le bazar! Ca soulage, une petite parenthèse comme ça.
- Allons, allons, cher ami, voyons, je vous en prie!Ce n'est pas bien! Il ne faut pas dire des choses pareilles de ces honorables gentlemen anglais.
- On voit bien docteur, que vous n'avez pas à supporter les propos de ces honorables gentlemen. Moi, je les ai supportés jusqu'à la limite de ma patience: Ellis et ses "sales nègres", Westfield et ses plaisanteries, Macgregor et ses citations latines éculées et ses " veuillez donner quinze coups de fouet au porteur"......
... - Ecoutez, monsieur Flory, vraiment, il ne faut pas parler comme cela! Pourquoi dites-vous toujours du mal des pukkha sahibs, comme vous les appelez? Ils sont le sel de la terre. N'oubliez pas les grandes choses qu'ils ont réalisées , n'oubliez pas les grands administrateurs qui ont fait de l'Inde britannique ce qu'elle est..... Voyez la noblesse de sentiments des gentlemen anglais! Leur admirable loyauté les uns envers les autres! Même ceux d'entre eux dont le comportement n'est pas des plus louables- car certains Anglais sont effectivement arrogants, je vous l'accorde- ont les grandes, les solides qualités qui nous manquent, à nous autres Orientaux. Sous leur écorce rugueuse, ils ont des coeurs en or.
- Disons de plaqué or. Il y a entre les Anglais installés dans ce pays une sorte de camaraderie complètement bidon. C'est pour nous une tradition que de nous saouler la gueule de conserve , d'échanger des invitations à dîner et de faire semblant d'être amis, alors que nous nous haïssons cordialement. Nous appelons ça nous serrer les coudes. Il y a là une nécessité politique. C'est la boisson, bien sûr, qui fait tourner la machine; sans elle , nous deviendrions tous fous furieux et nous nous mettrions à nous entretuer au bout d'une semaine. Tenez, docteur, voilà un beau sujet pour un de vos essayistes distingués: de la boisson en tant que ciment de l'Empire!
Le docteur secoua la tête.
" Je ne sais vraiment pas, monsieur Flory, ce qui vous rend cynique à ce point. C'est horriblement gênant. Un gentleman anglais si doué, si comme il faut, tenant des propos séditieux dignes du Patriote birman!
- Séditieux? dit Flory. Je ne suis pas séditieux le moins du monde. Je ne veux absolument pas que les Birmans nous éjectent de ce pays. le ciel nous en préserve! Si je suis ici, c'est pour faire de l'argent, comme tout le monde. Je suis contre ce vieux canular de fardeau de l'homme blanc, voilà tout. Je refuse de poser au pukka sahib. C'est assommant. Ces pauvres connards du Club eux- mêmes pourraient se révéler un peu plus vivables si, tous autant que nous sommes, nous ne vivions pas dans un perpétuel mensonge.
- Quel mensonge, cher ami?
- Mais, voyons, celui qui consiste à prétendre que nous sommes ici pour le plus grand bien de nos pauvres frères de couleur, alors que nous sommes ici pour les dépouiller, un point c'est tout. Je suppose que ce mensonge est on ne peut plus naturel. Mais il nous corrompt de diverses manières que nous n'imaginons même pas. Nous avons constamment le sentiment d'être des spoliateurs, des menteurs; ce qui nous rend coupables et nous amène à nous justifier sans trêve ni répit. C'est là le fondement d'une bonne partie de notre conduite infecte à l'égard des indigènes. Nous pourrions être à peu près supportables, pour peu que nous voulions bien admettre que nous sommes des voleurs et que nous continuions à voler sans complexes..."


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Du rêve oriental au cauchemar colonial
Dès ce premier ouvrage, Orwell se montre fin portraitiste de la réalité sociale. Ici, le colonialisme anglais dans la Birmanie de l'après première guerre mondiale.
Portrait peu flatteur mais certainement très lucide, qui montre le caractère profondément corrupteur des esprits de cette forme de la domination.
On en apprend plus dans ce roman, sur certaines des racines psychologiques de la domination marchande, que dans beaucoup de laborieux livres d'histoire et de sociologie.
On ignore généralement qu'Orwell est né en Inde où son père appartenait à l'administration coloniale et que même s'il revint très vite en Angleterre où il fit ses études, couvait en lui dans sa jeunesse des rêves d'orient. Pour accomplir ce rêve, il n'hésita pas à prendre l'uniforme et fut affecté à la police impériale en Birmanie.
Ce roman rend fort bien compte de la hauteur de sa déception et de sa prise de conscience de la terrible médiocrité et mesquinerie de la vie coloniale et de la nuisance de l'impérialisme britannique. Prise de conscience qui fut certainement fondatrice de son évolution et de ses choix ultérieurs. C'est donc bien à partir de sa propre expérience qu'Orwell décrit cet univers sclérosé où frustration et racisme vont de pair et qui contenait en lui-même sa propre destruction. Ce que cet ouvrage paru en 1934 annonçait déjà assez clairement.
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Birmanie, dans les années 1920, qui est une province des Indes britanniques…

C'est l'effervescence au club, cercle très fermé réservé aux blancs persuadés d'être les meilleurs. Chacun traine son ennui, boit, et méprise les indigènes.

De tout ce petit monde, seul Fleury peut s'attirer quelque sympathie. Il aime ce pays, ne méprise pas les habitants ; il n'a rien contre l'entrée au club de son ami médecin, indien ; mais n'a pas le courage de le soutenir ouvertement !

Une histoire birmane, s'inspire directement de l'expérience birmane de l'auteur, alors qu'il est officier de l'armée britannique. Il prendra conscience du traitement réservé aux indigènes par l'occupant. A contrario, tout n'est pas rose de l'autre côté. Les crapules, ne se cachent guère ; corrompu jusqu'à la moelle, le magistrat use de tout son pouvoir pour nuire à la réputation pourtant impeccable de Veraswami, le médecin indien.

Dans ce roman, Orwell décrit avec un réalisme déconcertant la vie coloniale. L'atmosphère est parfaitement rendue. Et quand vient la mousson, la chaleur et la moiteur ne font que renforcer la sensation étouffante du climat politique et humain du moment. Il se veut une satire féroce du pouvoir colonial

Si j'ai apprécié la lecture de ce livre, je ne suis pas en mesure de le comparer avec 1984 dont la lecture est très ancienne (et pour être tout à fait honnête, j'en ai que trop peu de souvenirs), et en tout cas de le situer dans l'oeuvre de l'auteur.

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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L'un des attraits de la lecture est de pouvoir explorer les temps, les lieux et les contextes sociaux plus ou moins éloignés de notre propre réalité temporelle, géographique et sociale, et d'épanouir ainsi de façon enrichissante notre regard sur le monde. Quoi de plus agréable pour poursuivre ce dessein que le format du roman ? C'est donc l'un de ces voyages aux multiples facettes que j'ai entrepris avec la lecture d'''Une histoire birmane'' de George Orwell. Le contexte est l'impérialisme colonial britannique ; le lieu est l'ex Birmanie, parcelle de l'empire des Indes orientales il n'y a pas si longtemps. G. Orwell les abordent en connaisseur, puisque qu'il a lui-même vécu cette situation. On ressent de façon générale une critique de l'impérialisme mais ça va beaucoup plus loin que ça et tous les points de vues sont scrupuleusement exposés par le truchement des divers personnages, aussi bien colons qu'indigènes. Moeurs, activités et interactions de ces deux classes sont explicitées tout au long de la trame du roman où magouilles, désespoir et espérance reviennent tour à tour à l'avant-scène. Il est amusant de constater un certain parallèle avec le fameux ''1984'' : dans ''Une histoire birmane'', le personnage principal se sent également dans l'obligation de garder secrète et pour lui-même sa nature profonde pour éviter les conflits avec son entourage et cette situation le ronge et le plonge dans une grande détresse morale.

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L'observation scrupuleuse et le regard décalé de Georges Orwell sur ses contemporains colons et l'administration coloniale de Birmanie. On ne s'ennuie jamais, et l'on fait le constat, médusés, du comportement et des pensées des serviteurs de l'Empire Britannique de ce magnifique pays.
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Flory travaille depuis quinze ans dans une garnison de Birmanie pour exploiter le teck au profit de l'Empire. Il est conscient de la paresse, de la lâcheté et de l'alcoolisme qu'il partage avec ses compatriotes. Ils sont huit sahiblogs, pour la plupart célibataires, avec à leur service un nombre indéterminé de nègres (entendez indigènes), dont l'élite rêve d'être admise au Club Européen. Flory a son propre rêve : Trouver quelqu'un pour partager sa vie en Birmanie - mais la partager vraiment, partager sa vie intérieure et secrète, rapporter de Birmanie les mêmes souvenirs que lui. Quelqu'un qui aimerait la Birmanie tout comme il l'aimait, qui la haïrait comme la haïssait. Qui l'aiderait à vivre sans que rien demeurât caché, inexprimé. Quelqu'un qui le comprendrait : bref, un ami (p 96). Survient une jeune anglaise (que l'auteur, ou le traducteur, décrit comme presbyte !) qui a vécu à Paris et dont la mère avait des prétentions artistes. Ils s'entendent, mais un tremblement de terre interrompt la demande en mariage (!), puis une médisance intéressée les éloigne : Les dieux sont justes : ils font de nos vices (bien agréables, il faut l'avouer) les instruments de nos tourments. Il s'était souillé au-delà de toute rédemption, et voilà qu'il récoltait ce qu'il avait semé. le roman s'achève sur une émeute et un suicide.
Orwell met dans ce roman un peu d'exotisme et surtout la dénonciation de l'impérialisme britannique et de ses corollaires, le racisme, le favoritisme et le laisser-aller : En Inde, toute Européen, du fait de sa fonction ou plus exactement de sa couleur, est un brave type du moment qu'il n'a pas commis d'action vraiment pendable. C'est une sorte d'honorariat. […]. N'oubliez pas, mon garçon, n'oubliez jamais que nous sommes des sahiblogs alors qu'eux, c'est de la merde ! […]. Flory avait coupé à la guerre parce que l'Orient l'avait déjà corrompu et qu'il ne tenait nullement à troquer son whisky, ses domestiques et ses petites Birmanes contre l'ennui du terrain de manoeuvre et la fatigue de longues marches […] C'est pourtant très simple. le fonctionnaire maintient le Birman à terre pendant que l'homme d'affaires lui fait les poches […]. L'Empire des Indes est un despotisme – bien attentionné, à n'en pas douter, mais néanmoins un despotisme qui a le vol pour finalité […]. J'ai lu ce livre en rentrant de Birmanie, un pays d'eau, de lacs et d'estuaires, à la population fière et superbe. La République de l'Union du Myanmar vient de passer quarante ans sous une autre dictature, non moins avide, non moins aveugle. Depuis quelques jours, un ami de Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, est au pouvoir. Peut-on espérer ?
Une histoire birmane est une histoire d'échec, où Orwell excelle dans l'ironie, une histoire désespérante parce qu'il n'aime pas ses personnages. le dénouement hésite entre happy end et perfidie mais la perfidie l'emporte, quelque peu caricaturale. Il faudra attendre dix ans et l'installation des totalitarismes criminels en Europe pour atteindre la noirceur parfaite de la ferme des animaux et de 1984.
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