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3,3

sur 112 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'Usine est un roman sombre, critique du monde du travail. L'Usine pourrait être n'importe quel gros complexe industriel, les trois protagonistes pourraient être n'importe quel travailleur que vous croisez dans le métro le matin. Ce monde est normal, si réel, si ancré dans notre réalité et pourtant tout nous semble irrél tant certaines situations sont ridicules, aberrantes, mornes.

Nos trois protagonistes font partie de cette entreprise sans trop savoir pourquoi ils ont été embauchés tant leurs tâches leur semblent invraisemblables, vides de sens et futiles. L'une déchiquette des papiers à longueur de journée, l'un corrige des feuilles qui ne font aucun sens et n'a jamais aucun retour et le dernier a été engagé pour un projet lié à l'implantation de mousses végétales dans le complexe mais sans avoir de lignes directives et sans posséder vraiment de savoir-faire. Ils sont là à leur poste, sans avoir de réelles ambitions, ils sont là car ils doivent bien travailler. Tout est à leur disposition dans ce grand complexe : restaurants, salles de sport, parcs, activités, logements... le temps passe, les heures défilent, les chronologies se mélangent. La monotonie de leurs tâches nous envahit et nous interroge sur l'aliénation au travail.

L'ambiance est sombre, le rythme est lent. On avance à pas de loup pour mieux comprendre cet univers qui représente bien le monde du travail et qui pourtant nous semble si éloigné, comme si ce complexe se trouvait dans un brouillard dont les employés ne peuvent plus sortir car ils ne savent même plus qu'ils y sont...

Un roman étrange, et révélateur de nos sociétés.
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Trois candidats à l'embauche arrivent successivement à l'Usine, énorme complexe industriel comprenant aussi des commerces, des restaurants, des logements. L'un, chercheur en biologie, est chargé de la végétalisation des toits, mais avec des consignes vagues et un projet sans consistance. L'autre se retrouve à charger de documents une déchiqueteuse, à longueur de journées. le troisième corrige des documents divers et sans rapport avec la production de l'Usine. Que produit-elle, d'ailleurs ?
L'adjectif « kafkaïen » est employé dans la quatrième de couverture, j'ai pensé plutôt à Ismaïl Kadaré ou alors à Yoko Ogawa… en tout cas, on se trouve dans une critique du monde du travail teintée d'une touche de fantastique. Quelques détails intriguent d'abord, et puis quels sont ces oiseaux qui ne se trouvent qu'aux abords de l'Usine et dont le comportement surprend ? Une lecture aussi rapide que prenante qui donne envie de lire le deuxième roman paru en français de cette jeune autrice, intitulé « le trou »…
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"L'Usine" m'a happée dans un univers déstabilisant, comme le font si bien certains romans japonais.

Raconté à la première personne, le récit croise les points de vue de plusieurs employés ayant rejoint l'Usine.

Au départ, on peut imaginer un roman sur la culture d'entreprise nippone. Et par certains aspects, le sujet est bien abordé même si dès le départ, ce sont les trois nouveaux employés qui éveillent notre intérêt, avec leur embauche, la découverte de leur poste. Puis le rythme s'accélère. La temporalité n'est plus si évidente. L'absurdité de certaines situations ressort.

Ce roman aux accents kafaïens m'a rappelé mes quelques lectures de Murakami où l'impossible (ou l'improbable) se mêlent au quotidien. Ici, la perte de repères est progressive. L'inattendu pressenti rapidement prend de l'ampleur au fur et à mesure que le récit avance.

Malgré son étrangeté, le texte reste vif et centré en apparence sur les rapports humains, l'analyse des situations personnelles, le quotidien d'employés de l'Usine. Je m'attendais à un texte sombre. Il l'est, en quelque sorte, sans pour autant tomber dans une atmosphère pesante. La toute puissance de l'Entreprise et l'impact de l'activité économique sur la nature sont deux thèmes auxquels je m'attendais en ouvrant ce roman. Les voilà détournés dans un récit trompeur où l'ont suit avec fascination trois personnages – dont on ne sait au final rien ou presque – dans leurs missions répétitives et aberrantes.

Très particulier (comme souvent avec les récits japonais) mais passionnant si vous aimez vous laisser surprendre .

(Avis complet sur le blog - davantage de détails sur l'intrigue)
Lien : http://www.myloubook.com/202..
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Le Hibook a lu « L'Usine» de Hiroko Oyamada. le monde du travail au Japon est un sujet porteur tant il est dépaysant pour nous . Essai, et fictions (« Stupeur et tremblements » par exemple) s'y complaisent. Ce roman de Hiroko Oyamada en fait un portrait aussi onirique qu'inquiétant . Trois personnages (une femme , deux hommes) sont embauchés sous des statuts divers dans « L'Usine » , entreprise aussi tentaculaire que totalitaire ( en ce sens qu'elle pourvoie à tout) . Les tâches proposées sont répétitives,vides de sens ( déchiqueter des documents ,corriger des textes improbables, répertorier les mousses présentes dans l'établissement). Chaque personnage narre son quotidien de manière minutieuse mais curieusement décousue ( rapports entre collègues , interrogations sur le sens de leur travail). Peu à peu ,suinte un sentiment d'étrangeté , comme s'insinuent dans l'espace indéfini de l'Usine d'étranges animaux . le récit se détache du réel pour glisser vers le conte métaphysique , ces vies privées de sens ne seraient-elles pas les nôtres ? On pense bien entendu à Kafka , mais aussi au Ionesco de « Rhinocéros » ,dans un ouvrage qui est un chef d'oeuvre de suggestion.
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Ils viennent d'être embauchés dans l'Usine, un immense complexe industriel qui emploie des milliers de personnes et fait la fierté de la région. Mais les tâches qui leur sont confiées sont quelque peu ubuesques : la jeune femme déchiquète des documents, l'homme corrige des textes qui lui reviennent remplis d'erreurs, et le dernier doit étudier les mousses qui poussent dans l'enceinte de l'Usine. Nous suivons leur installation à leur poste de travail et découvrons avec eux cette « ville » et son obscur fonctionnement : tout se déroule en vase clos et il est impossible de savoir ce qui y est produit. L'atmosphère est d'autant plus pesante que peu à peu, une faune surprenante prolifère : cormorans, lézards et ragondins. Rapidement, les trois protagonistes s'interrogent sur l'utilité de leur travail : face à un management sans chef identifiable, ont-ils des objectifs à atteindre ? de manière insidieuse, l'Usine va exercer une emprise sur leur existence et celle de leur famille.

Dans son premier roman traduit en français, l'autrice trentenaire évoque l'aliénation au travail des jeunes actifs japonais, qui doivent accepter des emplois monotones, mais aussi ce monde de l'entreprise où les tâches sont tellement spécialisées qu'elles en perdent leur sens. le lecteur est souvent déstabilisé par une écriture à la première personne qui ne précise pas qui parle et par une chronologie assez floue ; le voilà donc aussi perdu que les personnages dans cet étrange univers.
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Ce roman à l'atmosphère toute particulière croise les destins de trois nouvelles recrues de l'Usine, complexe industriel tentaculaire qui constitue presque une ville à part entière. Chômeur longue durée, jeune diplômé et victime d'un plan social, ces trois profils sur-diplômés s'estiment heureux d'avoir un salaire, même si les tâches qui leurs sont confiées semblent peu motivantes. Déchiqueter et corriger des documents sans fin, étudier les mousses pour un objectif incertain, l'absurdité du milieu professionnel semble ici la règle absolue. Après avoir tous trois postulés sans conviction leurs journées se succèdent dans un morne ennui. Trois destinées sacrifiées sur l'autel du travail, des situations grotesque et presque kafkaïennes, mais aussi trois espèces animales (ragondins, lézards du lave-linge et cormoran) qui se sont adaptées à leur environnement d'une bien étrange façon. Un texte de fiction qui filtre avec le fantastique et questionne l'aliénation professionnelle.
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Premier roman traduit en français pour cette autrice japonaise qui a remporté le prestigieux prix Akutagawa en 2014. Une atmosphère dérangeante émane de ce roman aux accents dystopiques. Les personnages évoluent dans les entrailles d'un conglomérat gigantesque dont les activités restent obscures et qui se referme lentement sur eux. L'Usine est une entité à part entière, isolée et vorace, dans laquelle les humains perdent pied petit à petit. L'autrice dénonce dans ce texte l'absurdité d'un monde du travail invasif qui s'est vidé de son sens. Un roman étrange et savoureux, petite pépite de la littérature japonaise contemporaine.
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