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Silvain Chupin (Traducteur)
EAN : 9782267051667
160 pages
Christian Bourgois Editeur (06/04/2023)
3.23/5   52 notes
Résumé :
Le Trou HIROKO OYAMADA Le bourdonnement incessant des cigales et la chaleur ne facilitent pas les choses pour Asa. La jeune femme vient de déménager à la campagne, et elle tente de s’adapter à la situation. Si son mari a changé d’emploi, elle a perdu le sien, et elle vit désormais près de ses beaux-parents, soucieuse de remplir ses journées vides de toute occupation sérieuse. Asa se décide donc à explorer son environnement et, lors d’une de ses promenades, tombe dan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Prix Akutagawa 2020.
Deuxième livre de l'écrivaine japonaise Hiroko Oyamada, non encore traduit en français, mais dont le premier livre "L'Usine" vient d'être traduit et publié très récemment.
C'est l'histoire d'Asahi, une jeune femme mariée, qui déménage de la ville à la campagne, à côté de chez ses beaux parents, suite à la mutation de son mari et se retrouve sans job, presque à ne rien faire dans Un Trou perdu. D'une vie structurée et surchargée, elle saute dans une autre totalement libre sans planning. Dans la chaleur d'un été torride fait de rencontres singulières avec des animaux étranges qu'elle n'arrive pas à définir, un beau-frère resté dans l'enfance et dont elle ne connaissait pas l'existence jusqu''alors, elle tombe dans "Un Trou" juste à ses mesures, “ un piège sur mesure pour moi “. Les Trous , ils sont nombreux dans ce livre, par commencer ceux de la mémoire. Asahi ne sait pas ce que fait comme boulot son mari, ni sa belle-mère, ni son beau-père, ni ne peut définir celui à temps partiel qu'elle vient de quitter. le Trou, métaphore des normes sociales dans lesquelles nous sommes engoncées, mais pourrait aussi bien en être le contraire 😁....
Dans ce récit minimaliste où les personnages sont définit d'un seul trait, mari si non au boulot toujours à bricoler avec son Smartphone, une belle-mère toujours occupée par son boulot, un beau-père qu'on voit rarement toujours au golf et un grand-père qui si laissé seul arrose le jardin en permanence......Un livre sur le point de vue d'une femme dans le Japon actuel, dans le contexte de la vie privée et professionnel.
Un livre singulier qui exprime si bien la solitude de nos vies, ce que l'on croit vivre et ce que l'ont vit vraiment. Un livre assez pessimiste, mais très réaliste qui en 92 pages illustre la vacuité de la notion de « famille » et l'absurdité du scénario de nos vies structurées aux normes sociales. Après sans ces structures et normes, ce que pourrait en être le résultat ou l'alternative ? le Trou, Les Trous ?
Pas facile de comprendre ce qui se passe dans ce livre qu'on lit d'une traite, pourtant en y réfléchissant après il y a beaucoup de matières à méditer !
Brillant !
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Suite à la mutation professionnelle de son mari, la trentenaire Asahi quitte son énième CDD mal payé pour s'installer à la campagne, à proximité de ses beaux-parents, dans une maison qui appartient à ces derniers. Plus de loyer à payer et une vie de femme au foyer : pour sa collègue envieuse, c'est le rêve, le rêve « d'avoir quelqu'un qui subvient à tes besoins et de rester à la maison pour s'en occuper tranquillement, de faire son pain, de jardiner… La chance, la chance ! »


La jeune femme découvre donc un nouveau rythme de vie, dans la torpeur d'un été aussi abrutissant que l'infernale stridulation des cigales. Confinée sans moyen de locomotion dans un court rayon n'incluant que les proches voisins, le supermarché et la rivière, elle autrefois si active se retrouve à meubler ses journées de tâches ménagères répétitives, à cuisiner et à préparer le bento d'un mari qui travaille jusqu'à point d'heure et, une fois rentré, n'a d'yeux que pour son smartphone. Egalement pris par son travail, son beau-père est invisible. Sa belle-mère court entre ses obligations professionnelles et familiales. Ne reste que le grand-père, lui aussi livré à lui-même malgré sa tête plus tout à fait claire, tout entier absorbé par sa perpétuelle et unique activité : arroser sans fin le jardin.


Mais voilà que cet univers vide et figé s'anime soudain d'une étrange fantaisie. C'est d'abord un animal bizarre, peut-être un de ces tanukis, entre chien et raton laveur, qui ont nourri la mythologie japonaise, qui l'entraîne dans une zone de hautes herbes où elle tombe dans un trou profond, métaphore de son existence. Elle ne parvient à s'en extraire qu'avec l'aide d'une énigmatique voisine, pour enchaîner d'autres rencontres toutes plus fantasmagoriques les unes que les autres, comme si, à force de vivre en marge du monde, elle ne parvenait plus à comprendre le moteur des autres, désormais étrangère à leurs activités et à leurs préoccupations. Comme Alice au pays des merveilles tombée dans un puits à la suite du lapin blanc, Asahi s'initie à un monde parallèle, dont on ne sait plus la part de réel ou de fantasme, toute une intériorité qui la mènera peut-être à une nouvelle issue, qui sait ?


Profondément déconcertante dans son étrangeté inexpliquée et dérangeante, cette fable métaphorique empreinte de réalisme magique est une critique aussi sévère qu'onirique de la société japonaise. le travail y avalant nuit et jour ceux qui en ont un, sans pour autant les préserver de la précarité comme ces salariés en CDD, qui, passés trente ans, ne trouveront sans doute jamais d'emploi stable et mieux payé, la vie de famille s'y réduit au croisement sans vrai partage de parcours la plupart du temps séparés, au point que Asahi, à force d'attendre son mari à la maison, se sente presque aussi isolée que ces hikikomori repliés dans leur bulle, faute de parvenir à se conformer à la norme sociale.


Un petit livre étrange, qui, après L'usine qui s'attaquait sévèrement au monde du travail japonais, démonte cette fois la famille et le mode de vie au pays du Soleil Levant, si contraignant et aliénant qu'il pousse certains à s'en extraire totalement dans un isolement extrême, ou à s'inventer une réalité altérée.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Hiroko Oyamada, présentée comme la jeune génération d'auteurs japonaisdans un numéro de Granta (printemps 2014, Granta #127, 272 p.). Deux romans, ou plutôt deux longues nouvelles et un roman lui ont déjà valu de recevoir le Akutagawa Prize. C'est le prix littéraire le plus prestigieux et le plus médiatisé du Japon. Il a surtout le don de booster les ventes, un peu notre Goncourt. Et dire que je ne lis pas, par principe les Goncourt, souvent plus effets de marketing que de littérature.
Donc « le Trou » (Ana) non traduit en français, mais en anglais par David Boyd (2020, New Directions Pub. Co, 112 p.). La référence à « Alice au pays des merveilles » est évidente. « le trou dans lequel je suis tombé était exactement à ma taille, un piège fait juste pour moi ». On comprend que Asahi va rencontrer, non point le Lapin Blanc ou le Chat du Cheshire, ni la Reine de Coeur ou le Chapelier, mais toute sorte d'éléments bizarres.
Le mari d'Asahi, Muneaki, vient d'être muté dans une campagne perdue, mais près de là où il a passé son enfance et où ses parents ont deux maisons. Asahi quitte son emploi pour devenir femme au foyer, dans la tradition japonaise, ou malgré cette tradition. La ficelle est grosse, on va avoir presque tous les poncifs liés à la chose. Couple de presque la quarantaine, sans enfant, sans voiture et pour la femme, sans occupation autre que sa maison. On s'attend au pire, et il arrive à grands pas.
C'est le trou, qui justifie le titre. « Il avait probablement quatre ou cinq pieds de profondeur, mais je me suis débrouillée pour retomber sur mes pieds ». Evidemment, sinon coma profond et le livre partait en description traumatisantes, sans véritable narratrice.
Heureusement il y a les cigales. Elles ont partout en été au Japon, et on les dénomme par leur chant. Il y a ainsi les niini-zemi, la kikiki ou kanakanakana ou encore l'abura-zemi qui chante « Jiiiiiiiijirijirijirijiri » à ne pas confondre avec l'ezo-zemi qui fait « Guiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii” » ou la kuma-zemi qui stridule des « washawashawashaaashaashaa » ou des « sensensensensen ». On trouve un tas d'animaux plus ou moins bizarres ou peu identifiés « Ce que j'ai vu n'était pas une fouine, ni un raton laveur. Il devait être aussi gros qu'un retriever » ou « un scarabée a volé vers [s]on visage » et « une fourmi noire a pris l'une des fourmis rouges dans ses mandibules tandis que d'autres rouges lui ont mordu les pattes ». On dirait la vie des insectes de Jean Henri Fabre, sauf que ce dernier s'y connaissait en bêtes à pattes.
Bref, Asahi est plus intégrée dans son trou qu'elle ne l'est dans son voisinage. On ne parle d'elle qu'en la nommant « la mariée », « l'épouse de Mune-chan ». Il faut dire que le reste de la famille consiste en un grand père semi-sénile et un beau-frère pour le moins étrange « self-acknowledged good-for-nothing » (autoreconnu comme bon à rien). le voilà habillé pour la suite. Il faut reconnaître que les descriptions psychologiques sont plus minces que celles des insectes.

Un peu déçu par cette nouvelle littérature japonaise. Des phrases courtes, une description qui fait plutôt penser à du remplissage. On dirait presque des reportages sur la vie des animaux. Des phrases souvent répétées qui pourraient être supprimées, bien que le livre soit déjà fort court. Quant au fond, c'est-à-dire la condition de la femme…. Il est à peine abordé, ou plutôt suggéré. Mais nulle part, on ne trouve de solution, ni de révolte de la part de Asahi. Faut-il en conclure qu'elle se plait ou se complait dans sa situation. Au moins Emma, qui s'ennuyait en Normandie avec son médecin célèbre, a pris les choses en mains, et le flacon d'arsenic de l'autre. On aurait pu s'attendre à des nouveautés du point de vue de l'écriture, non cela reste très plat, sans créativité. Un vocabulaire également pauvre. Il faut reconnaître que tout le monde ne peut être Charles Lutwidge Dogson, ni même professeur de mathématiques ou encore seulement Chapelier.
En conclusion, on pourrait se poser la question sur cette nouvelle orientation de la politique éditoriale des (grands) éditeurs. Des livres, non point à lire, mais à vendre. Humpty Dumpty, reviens, ils sont devenus des marchands.

Pour ne pas finir sur cette impression, j'ai voulu lire d'autres nouvelles de Hiroko Oyamada. Et il y a de quoi. L'une « Spider Lillies » est parue dans le magazine « Granta », spécial nouvelle littérature du Japon (printemps 2014, Granta #127, 117-135). La nouvelle et son titre font référence à des fleurs qui poussent spontanément, notamment dans les cimetières, allez savoir pourquoi, au Japon. Cette leur, ou « lis araignée », souvent rouge (« Lycoris radiata ») ou « Higan bana » ou « Shibito bana » ou encore « fleur aux 600 noms ». la forme de ses pélaes, trèsfines et assez longues font effectivement penser aux pattes des araignées, d'où le nom anglais. C'est une fleur particulière dont un des noms fait référence à l'équinoxe, passage pendant lequel le soleil change d'hémisphère céleste. Rien d'étonnant donc qu'on l'associe à la mort, elle aussi passage d'un état à un autre.
Quoiqu'il en soit, l'auteur se rend à un service en mémoire de sa grand-mère paternelle. Stupeur de la famille qui constate que ces fleurs ont poussé toutes seules près de la tombe. On sait que leurs bulbes sont extrêmement toxiques. Mais ces mêmes bulbes une fois séchés sonr utilisés comme cataplasme pour les femmes qui allaitent. C'est du moins ce que la grand-mère paternelle apprend à la narratrice.
Un peu plus tard, lors de la toute première rencontre entre la narratrice et ses beaux-parents, les deux femmes font à nouveau conversation sur les bienfaits de ces fleurs. On y apprend les débuts du fils Hiroyuki et les problèmes liés à son sevrage. Celà donne matière à discussion entre les deux femmes. Trois épisodes de la vie de la narratrice avec comme fil conducteur cette fleur. Courte nouvelle sans prétention.

Un troisième livre « Niwa » (Jardin), (2018, Shinchosha, 299 p.) partiellement traduit en anglais par David Boyd est paru au Japon en 2018. Il s'agit de 15 nouvelles à la fois humoristiques et dérangeantes.
La première nouvelle « Uragyu » narre l'histoire d'une femme qui retourne chez ses parents « Je divorce de mon mari. Je dois le signaler à mes parents ». Elle est emmenée par son grand-père pour un rituel mystérieux, dans lequel on retrouve le lis araignée. « ma modeste vie quotidienne se transforme de manière absurde, mes contours commencent également à fluctuer ». Au lis araigne l'auteur ajoute un gecko qui vit dans l'appartement, et « un petit crabe qui apparaissait souvent dans les bâtiments scolaires quand j'étais à l'école de filles ». Dans « Mères », la visite au jardin se fait parmi des fleurs étranges, et un sac mystérieux, avec dedans des tomates. « Nous avions un petit potager au fond du jardin, et les tomates étaient de saison, mais il n'y avait aucun moyen que ce soient les nôtres » Et fait étrange « la plupart de nos tomates s'étaient révélées déformées et non comestibles ». Dans « Visite à une tante », la narratrice rend visite à une femme dont le chien « Ancre » est parti. « C'était un chien de chasse. Maigre, avec un pelage lisse, une fourrure cuivrée ». Nouvelles étranges, et cependant agréables à lire.

Ceci dit, un conseil. Si vous voulez vous faire plaisir, il faut lire les deux tomes de « Alice au Pays des Merveilles » et de « L'Autre côté du Miroir/ La Chasse au Snark » dans l'excellente traduction de Henri Parisot (1968, 1969, Flammarion, 196 p., 236 p.) dans la regrettée collection « L'Age d'Or », avec une couverture de Max Ernst. Allez, en prime quatre vers du Jabberwocheux
« Il était reveneure ; les slictueux toves
Sur l'allouinde gyraient et vriblaient ;
Tout flivoreux vaguaient lrd borogoves ;
Les verchons fourgus bourniflaient »
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le mari de Asa est muté non loin de la campagne et de la maison de ses parents.
Asa quitte son travail pour le suivre.
le couple s'installe à la campagne dans une maison voisine des parents.
Asa devient alors femme au foyer et aux yeux de tous « la jeune épouse ».
Elle explore les environs et fait de biens étranges rencontres.

Deuxième lecture d'Hiroko Oyamada.
J'avais lu « L'usine » qui m'avait laissé assez mitigé.
« Le Trou » a reçu le renommé prix Akutagawa en 2013 au Japon et…
Je suis de nouveau assez mitigé !

Le récit navigue entre réalité et fantastique.
Elle n'est plus que la jeune épouse, sans emploi, sans enfant à s'occuper et elle déambule.

Rapidement, on ne sait plus ce qui est réel de ce qui est inventé.
La plupart des rencontres sont fugaces, les personnages ténus. Par exemple son mari est quasiment juste décrit comme « étant sur son téléphone » quand il n'est pas au travail, le grand-père « arrose le jardin », sa belle-mère est au travail…

Les phrases sont très courtes et se succèdent comme mitraillées. Même lors des dialogues.
Plusieurs fois, je ne savais plus si le dialogue était réel ou s'il s'agissait d'un monologue d'Asa.

Le quatrième de couverture annonce « la critique sociale rencontre une envoûtante réécriture du monde par les moyens du réalisme magique ».

La critique est à la fois évidente et ténue.

La réécriture du monde tient surtout à la succession d'évènements et de rencontres bizarres, mais hélas surtout anodines.

Alors oui, c'est surtout un roman d'ambiance au Japon à la campagne avec le bruit des cigales.
Je connais personnellement, la campagne japonaise brulante en été.
Mais retrouver cette atmosphère n'a pas été suffisant pour compenser la platitude du récit.

P.S.: Je n'ai pas évoqué « le trou ». Oui, « y en a » (comme on dirait dans « les tontons flingueurs »), on y tombe, on en sort et c'est tout.
Lien : https://post-tenebras-lire.n..
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À la suite de la mutation du mari, un couple déménage dans un coin perdu en pleine campagne. Son mari au boulot jusqu'à pas d'heure, Asa se retrouve seule, femme au foyer sans enfant, sans amis, sans réseau social. L'été est lourd, les rayons du soleil écrasants et le chant des cigales étourdissant. Au détour d'une promenade, Asa aperçoit un drôle d'animal et elle tombe dans un trou, pas très grand, pour en sortir assez rapidement apparemment sans encombre.

Comme dans son premier roman (L'Usine), Oyamada explore la thématique du travail, mais cette fois de l'autre côté de la barrière, celui d'une femme sans emploi dans une société qui ne valorise que le travail. Un court roman à l'ambiance étrange, presque irréelle (les références aux aventures d'Alice de Carroll sont explicites), rendue avec un style simple. Très japonais quoi. J'aime toujours lire les prix Akutagawa (quand ils sont traduits en français) pour prendre le pouls de la nouvelle littérature japonaise.
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critiques presse (4)
OuestFrance
12 juillet 2023
Dans « Le Trou », l’écrivaine japonaise décortique avec génie la place des femmes dans notre société au moyen du réalisme magique.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LeMonde
11 juillet 2023
Quand on y regarde de près, le réel est une fiction que chacun vit et lit à sa manière. Asa en fait l’expérience en tombant dans un trou sur le chemin du village, entre clin d’œil à Alice au pays des merveilles et critique délicatement ­moqueuse de la condition féminine au Japon.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LesEchos
17 mai 2023
L'histoire de cette jeune femme qui voit son quotidien banal se remplir de phénomènes bizarres se déploie en une fable surréelle qui laisse lecteur troublé et ébloui.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LaCroix
17 avril 2023
Pour échapper à la banalité étouffante de la vie dans la campagne japonaise où elle est exilée, l’héroïne du nouveau roman d’Hiroko Oyamada « Le trou », plonge dans un univers imaginaire.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le chant des cigales rend l’air plus visqueux. À droite il y a le fleuve, à gauche une succession de maisons particulières possédant toutes un jardin qui resplendit d’un vert intense et dont les façades sont agrémentées de melons amers ou d’autres plantes grimpantes autour des fenêtres. Derrière ces feuillages touffus, on ne perçoit pas de présence humaine. Aucun bruit d’activité, pas de télévision allumée. Ni de cris d’enfants. La berge est couverte d’herbes drues, et du chemin celles-ci semblent presque faire disparaître la surface du fleuve. Dans l’eau parmi les herbes se tiennent de grands oiseaux gris clair, des hérons probablement, qui ne doivent pas être migrateurs. L’endroit est envahi par les graminées géantes, les kudzus et d’autres plantes que j’ai déjà vues mais dont j’ignore les noms. Par endroits, la surface est d’un bleu trouble, d’un vert stagnant ou bien toute noire sous l’effet de la lumière vive. Les herbes sèches exhalent une odeur de fibres grillées.
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Je me lève avant six heures, prépare le bento pour le déjeuner de mon mari ainsi que son petit-déjeuner, puis quand il est parti, je petit-déjeune à mon tour, vais au supermarché, m’active pour la lessive, le ménage, et ensuite je n’ai plus rien à faire. C’est donc ça la vie de « rêve » dont ma collègue parlait ? J’ai du mal à croire qu’avant je travaillais du matin au soir. Que la femme qui ne pouvait pas vivre sans travailler toute la journée et celle qui, après s’être débarrassée de ses corvées le matin, se contente de bayer aux corneilles jusqu’au moment de préparer le dîner sont réellement une seule et même personne. Je pensais que j’en aurais marre au bout d’une semaine, alors qu’en fait il n’a fallu qu’une journée. Ensuite, chaque nouvelle journée est devenue aussi assommante que la précédente. Je regarde la télévision, ouvre l’ordinateur, bouquine, je cuisine de bons petits plats et me fais des gâteaux comme quand j’étais célibataire, mais tout cela a un coût, en électricité, en gaz, il faut acheter les livres… bref, ce n’est pas donné. « Trois repas, sieste comprise », ai-je entendu un jour railler la vie des femmes au foyer, mais la sieste est en effet le moyen le plus économique et le plus efficace de passer le temps. Le temps s’écoule lentement, et pourtant les journées, les semaines défilent singulièrement vite. Lorsqu’on n’a plus d’emploi du temps, de délais à respecter, de réunions auxquelles assister, de jour de paie à attendre, toutes ces choses qui rythment une existence, c’est comme si le temps glissait entre les doigts, qu’on ne parvenait plus à le saisir.
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La famille, c'est une institution bizarre, vous ne croyez pas ? C'est un couple, un homme et une femme, autrement dit un mâle et une femelle. Ils s'accouplent, et pourquoi ? Pour laisser une descendance. Mais alors, tout le monde sans exception doit en laisser une, c'est ça ? Par exemple, moi, je suis un descendant de papa et maman, mais pour autant suis-je quelqu'un qui mérite de perpétuer la vie dans une génération suivante ? Pour élever un enfant comme moi dont il ne sait pas s'il le mérite ou pas, papa a sué sang et os, maman a dû vivre sous le même toit que mamie, avec qui elle n'avait aucun lien de sang et avec qui elle ne s'entendait pas. D'accord, mamie est morte jeune, mais elle a été obligée de prendre soin d'elle et à la fin, ça n'a pas été une partie de plaisir. Elle en a bavé jusqu'à ce qu'elle meure. Une fois ça réglé, elle s'est mise au service du grand-père, qui n'a pas un caractère facile. Être une épouse, une mère, c'est se mettre au service des autres sans en attendre aucune contrepartie. Et tout ça, papa et maman le font pour une unique raison : laisser vaille que vaille derrière eux une descendance, c'est à dire moi, la génération suivante. Moi, ça me terrifie. Ça me terrifiait. Vous comprenez ? non, comment le pourriez-vous ? Ah, tant mieux que vous ne me compreniez pas. Une personne qui s'insurge dans une famille, c'est suffisant. Pour moi, c'était insupportable, alors j'ai fui...
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"Le temps s’écoule lentement, et pourtant les journées, les semaines défilent singulièrement vite. Lorsqu’on n’a plus d’emploi du temps, de délais à respecter, de réunions auxquelles assister, de jour de paie à attendre, toutes ces choses qui rythment une existence, c’est comme si le temps glissait entre les doigts, qu’on ne parvenait plus à le saisir."
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"Les CDD, on n’est que des variables d’ajustement."
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