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sur 288 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Amos Oz nous présente ici une idée qui ne court pas les rues : et si Judas Iscariote n'avait pas été le traître qu'on nous présente depuis deux millénaires mais le premier, le seul et le dernier vrai chrétien ? On dit qu'il a envoyé Jésus tout droit sur la Croix ; oui, mais seulement parce qu'il pensait réellement que ce serait l'occasion pour le Messie de montrer au monde entier qu'il était le Sauveur ; la croix ne pouvait pas l'abattre, Jésus commettrait le nouveau miracle de survivre et les sceptiques seraient foudroyés dans leur incroyance. En fait, ça ne marcha pas comme ça et comme nous le savons tous, Jésus mourut. Judas n'y survécut pas.


« Avant l'aube, [Pierre] renia Jésus par trois fois. Judas ne le renia point. Quelle ironie […] que le premier et dernier Chrétien, le seul Chrétien qui ne quitta pas Jésus d'une semelle ni ne le trahit, le seul Chrétien à avoir cru en la nature divine de Jésus jusqu'à son dernier souffle sur la croix, le seul Chrétien persuadé jusqu'à la fin que Jésus descendrait de la croix au vu et au su de tous à Jérusalem et dans le monde entier, le seul Chrétien qui ne lui survécut pas, le seul qui fut anéanti par sa mort, ait été considéré […] pendant des milliers d'années comme l'archétype du Juif, le plus haïssable, le plus méprisable de tous. L'incarnation de la traîtrise, l'incarnation du judaïsme, l'incarnation du lien entre ces deux concepts. »


Amos Oz s'arrête à cette considération, peut-être pour ne froisser aucune part de son lectorat oecuménique. Il ne tranche pas sur l'humanité ou non de Jésus et, même s'il laisse à penser que celui-ci était finalement plus humain que divin, on peut aussi imaginer que rien n'avait été laissé au hasard pour que le destin de Jésus se déroule ainsi qu'il devait l'être.


Dans la réalité du roman, Judas tient très peu de place puisqu'il n'est que le sujet de recherche du doctorant Shmuel. Quelques chapitres y sont consacrés mais la plus grande partie du texte raconte l'histoire de ce jeune homme foireux qui décide un jour de travailler comme garde-vieux. Tous les soirs, il s'occupera ainsi d'un vieillard un peu caustique et désabusé, et il croise dans les couloirs de la maison une femme plus âgée que lui. Shmuel se pose des questions : qui sont-ils ? comment en sont-ils arrivés là ? quelle est leur histoire ? Faut dire que le mystère règne dans la baraque et on parle plus souvent d'histoire juive que d'histoire personnelle.


Amos Oz sait bien doser le suspens. Normal, on devrait se douter qu'il arrive à percevoir le cerveau de son lecteur aussi finement qu'il construit la psychologie de ses personnages. Malgré quelques écueils pathétiques classiques dans la résolution de l'histoire d'amour, ça faisait longtemps que je n'avais pas pris autant de plaisir à lire un roman. En ce qui concerne le rapport entre Judas et l'histoire du personnage, faudra m'expliquer parce que je ne l'ai pas perçu. Mais c'est pas bien grave.
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Jérusalem, années 1950, Shmuel, un étudiant en pleine période de remise en question décide de devenir homme de compagnie d'un vieillard érudit. Les conversations entre les deux hommes vont nous faire découvrir un personnage, M Abravanel, lequel s'était opposé dans les années 40 à la création unilatérale d'un état juif au détriment du peuple palestinien. Abravanel sera mis au ban de la société israélienne et sera traité de traître .
L'auteur fait un parallèle entre Abravanel et le mémoire consacré à Judas en cours de rédaction par l'étudiant ...
On peut percevoir, à travers ce roman, les interrogations d'Amos Oz sur la genèse de la création de l'État d'Israël, l'auteur étant lui-même régulièrement traité de traître ...
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C'est grâce au site Babelio - que je remercie -, que j'ai pu découvrir cette histoire originale écrite par AMos Oz. Sceptique au début (je n'ai pas l'habitude de lire ce genre littéraire), je me suis laissé guider par la plume de l'auteur.

A travers une histoire tout à fait banale, l'auteur développe une théorie religieuse novatrice et totalement surprenante. Et si Judas Iscariote, le traître biblique, celui qui a conduit Jésus à la mort sur la croix, et si ce Judas-là était en fait le premier chrétien ? le premier à avoir cru en Jésus ? C'est la théorie que va chercher à développer Schmuel Asch, un jeune étudiant en plein écriture de mémoire de fin d'études. Malheureusement, il va devoir mettre sa thèse de côté, car ses parents ne peuvent plus subvenir à ses besoins financiers. Pour combler ce vide financier, Schmuel va répondre à une annonce qui offre le gîte et le couvert en échange de quelques heures par jours de conversation avec une personne âgée.

Très vite embauché, Schmuel va faire la connaissance de Gershom Wald, un intellectuel fantasque, avec qui il va débattre durant des jours. Des débats enflammés qui se porteront plus particulièrement sur la religion chrétienne et sur la création de l'état hébreux en Israël. Aux idées des deux hommes, vient s'ajouter celles d'un troisième, défunt, malheureusement. Il s'agit de Shealtiel Abravanel, le beau-frère de Gershom. Abravel avec des idées bien claires sur la question Israélienne. En effet, il ne voulait pas de la création d'un état d'Israël. Au contraire, il croyait en l'adaptation et le savoir-vivre des Israéliens capables de vivre en communauté avec les Arabes. Mais son idée était loin de faire l'unanimité. Comme Judas, il fût traité de traître et de lâche, obligé de se retrancher dans sa maison, où il vécut caché jusqu'à sa mort.

Pour alléger l'atmosphère et rendre la lecture plus fluide, Amos Oz a intercalé aux questions existentielles et intellectuelles, des moments de la vie quotidienne de Schmuel. On découvre plus en profondeur ce personnage énigmatique et très sensible. Il répugne sa famille, qui l'a toujours dénigré et repoussé. Il n'a pas vraiment d'amis et s'est vu voler son ex petite copine. Il se retrouve donc seul, à loger dans le grenier de cette grande maison, avec pour seule compagnie, le vieil homme à nourrir et à entretenir intellectuellement, et Attalia, la jeune femme qui l'a embauchée. Attalia, cette mystérieuse femme au charme certain, qui séduit d'un coup d'oeil tous les hommes qu'elle croise. Evidemment, Schmuel n'échappe à la règle et tombe amoureux de la belle Attalia...

Tout le monde n'est pas apte à lire et à comprendre Judas. Je ne prétends pas avoir tout compris, loin de là, mais j'ai su capter l'essence même du message qu'essayait de faire passer l'auteur. Réflexions et questionnements. Idées politiques et religieuses balancées au détour d'une page. Et amour... Merci Amos Oz pour ce joli roman.
Lien : http://addictbooks.skyrock.c..
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Un bon documentaire sur l histoire du peuple juif où je me suis un peu perdue trop de citations et de personnages évoqués trop rapidement quand on n'est pas féru d histoire
Par contre les trois héros sont très attachants
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L'histoire se passe à Jérusalem et voila bien l'interet de ce livre de voir le héros , ce jeune un peu perdu dans ses études, sa spiritualité et sa vie amoureuse chercher refuge chez un intellectuel infirme. BIen écrit et avançant dans un faux rythme , l'historie se deploit et nous fait découvrir les secrets des habitants de la maison.
Plaisant mais trop long à mon gout....le livre restera pour moi une clé pour découvrir ce peuple israélite que je connaissais bien peu
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Un roman sur la croyance: croyance en la divinité de Jésus, croyance en la réconciliation entre les Juifs et les Palestiniens en 1947, cette "naïveté" qui fait passer aux yeux des autres pour un traître (d'où le titre) et donc aussi sur la solitude. le personnage principal se laisse porter par les vagues, par les décisions que les autres prennent et dont il subit les conséquences. Pas vraiment convaincu par ce roman parfois répétitif...
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Premier roman étranger de cette rentrée littéraire. Une belle découverte pour ma part. D'Amos Oz, je ne connaissais que le magistral 'Une histoire d'amour et de ténèbres', sur les débuts de l'état d'Israël et la vie dans les kibboutzim. L'action de ce nouveau roman, à la construction complexe, se situe en 1959, et il s'agit d'une sorte de huis-clos entre trois personnages, au coeur d'une petite maison de pierre située dans le centre historique de Jérusalem. Déjà séduite par 'Une histoire d'amour et de ténèbres', J'ai été également charmée par cette oeuvre à l'écriture exigeante, précise et d'une grande densité.
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