La folle histoire du Katorza

Dans l'après-midi du jeudi 16 septembre 1943, à Nantes, on jouait "Monsieur La Souris" au Katorza.
Tiré du roman de Simenon, ce film évoque le destin d'un clochard aimable et bavard, servi par l'immense talent de Raimu, et qui aimait à jouer le voiturier devant un cabaret.
Un jour, l'une des portières en s'ouvrant laissa apparaître un cadavre dont La Souris a finalement subtilisé le portefeuille ...
Mais cet après-midi là, à Nantes, une demi-heure après le début de la séance, la sirène a retenti et durant 25 minutes, 160 avions ont lâché 1000 bombes de 500 Kg sur la ville.
Nantes était est sous le choc, dévastée et presque anéantie.
En lieu et place du Katorza, ne restait plus qu'un trou béant où l'on apercevait encore le balcon du cinéma mythique de Nantes !
Car si beaucoup de nantais l'ont aujourd'hui oublié, ce cinéma du centre-ville, fondé par l'un des pionniers du cinéma, Salomon K'Torza, cette salle du centre ville de Nantes est bel et bien mythique.
Le 4 juin 1920, ouverture du cinéma Katorza, rue Corneille, à toucher le théâtre Graslin, avec au programme le premier épisode d'un tout nouveau film "Barrabas", splendide ciné-roman de Louis Feuillade ...
Et c'est l'histoire de ce cinéma, depuis sa création, qui est racontée dans ce livre de Caroline Grimault, Marc Maesen et Stéphane Pajot.
Il y a de l'amour du cinéma là-dedans, et aussi un gros travail de recherche.
L'histoire est déroulée de manière vivante, et enrichie de nombreuses illustrations : photos, reproductions d'affiches, vieux tickets de cinéma ...
Tout, vous saurez tout sur le Katorza, de sa création à aujourd'hui.
Enfin presque puisque le livre est paru fin 2020 aux éditions d'Orbestier.
Les éditions d'Orbestier ont la volonté de faire la part belle à la ville de Nantes et à ses alentours.
C'est réussi avec ce livre qui s'attache à un pan de la culture passée et présente de la ville de Nantes.
Ce livre, que j'ai acheté par curiosité, ne pouvait que me parler, moi dont le grand-père Auguste, a aussi joué un moment au cinématographe ambulant avec un camion et un grand drap blanc au début du vingtième siècle, avant d'ouvrir finalement la salle du Trianon à Valognes dans la Manche.
Le cinéma est une grande aventure, et ce livre le prouve.
Il est bien écrit, judicieusement articulé, et captivant.
On y parle de festivals, d'art et essai, de "Jacquot de Nantes, de petites salles et de multiplexes, du prix des places, d'une absurde séance où se côtoient les films d'auteurs, les séries B, les nanars, les classiques et les perles rares ... et de bien d'autres choses ...
Publié à l'occasion des cent ans du Katorza, ce livre, plus qu'un bilan, est la preuve du nouveau souffle que nous offrent les lumières de la salle à chaque fois qu'elles s'éteignent et laissent apparaître de nouveau, intacte, toute la magie du cinéma ...