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3,7

sur 250 notes
« Trop semblable à l'éclair » est un roman de SF qui me faisait de l'oeil depuis sa sortie. Les éditions du Bélial ont eu la gentillesse de me le faire parvenir, je les en remercie.

Je suis mitigé sur ma lecture, heureusement il y a du positif tout de même, comme l'écriture qui est vraiment belle, avec du vieux français, et ce mélangé à de la SF ça donne une originalité certaine. de plus c'est addictif on veut savoir, l'écriture nous pousse à continuer, même si l'on a pas tout compris au livre.

Les côtés négatifs sont pour moi cette profusion de déambulations philosophiques qui m'ont empêchées de tout comprendre, qui m'ont même troublé dans ma vitesse de lecture et dans mon empathie des personnages, qui d'ailleurs eux sont assez nombreux, parfois appelés par leur prénom, parfois par leur nom, ce qui m'a embrouillé et m'a perdu. J'ai continué ma lecture grâce à la belle écriture mais au final je n'ai pas vraiment compris le livre, enfin si la trame principale, qui est intéressante mais gâchée à mon goût par tout ce surplus pas vraiment utile de philosophie qui part dans tous les sens.

Pour conclure, j'ai aimé l'histoire principale et l'écriture, mais ma lecture a été très longue et indigeste pour les différentes raisons citées ci-dessus. Dommage, mais je ne poursuivrai pas la série.
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J'ai enfin lu Trop semblable à l'éclair d'Ada Palmer ! Ce roman utopique a été cité à de multiples reprises comme un futur classique de la SF. Il avait de quoi attirer mon attention, à tel point que l'ai acheté en VO bien avant sa sortie en France. Qu'en ai-je pensé ?

C'est sans doute une remarque qui revient assez souvent, mais Trop semblable à l'éclair est une utopie qui construit un monde véritablement original. Dans les années 2400, l'humanité a connu de profonds bouleversements, technologiques dans un premier temps, mais surtout sociaux. Ada Palmer a choisi de s'inspirer de la pensée des philosophes des Lumières pour inventer une société à la fois familière et unique en son genre. Dans sa structure dans un premier temps : finies les familles bâties autour des liens du sang. Les individus vivent dans des bash, des sortes de colocations où les membres sont choisis selon leurs intérêts.

Finies les nations, le monde est divisé en “Hives”, en Ruches, qui regroupent les personnes selon leurs affinités, intérêts culturels et philosophiques, et leur adaptation à certains systèmes politiques plutôt que d'autres, de la démocratie jusqu'à l'Empire au système de passation du pouvoir qui ne repose pas sur l'hérédité. Parfois c'est très curieux, puisque les cousins sont régis par un système de suggestion box, par une boîte à idées du coup, ce qui semble être tout droit sorti de l'esprit maniaque d'un Chief Happiness Officer trop zélé.

En outre, le monde d'Ada Palmer s'explique à travers des avancées technologiques et techniques immenses. Dans un premier temps, les transports. Les voitures volantes autonomes existent et ont réduit la distance entre les hommes, littéralement et métaphoriquement, car c'est ce qui les a permis de construire des sociétés sans nations. le transhumanisme apparaît par petites touches à travers différents éléments. Les hommes vivent bien plus longtemps grâce à des sortes de bains de rajeunissement, 70 ans est considéré comme le milieu de la vie. Il existe moults autres exemples, comme les set-set, des humains élevés pour devenir de véritables ordinateurs, et une Ruche entière se dédie au développement technologique.

L'autre côté de la pièce, c'est qu'il existe des tabous. le premier est la religion. Suite à des guerres violentes ayant éclaté après la chute des nations. Il est ainsi interdit de parler de croyances en comité de plus de deux à trois personnes, ce qui a aboutit à l'apparition de sensayers, des sortes de conseillers spirituels. Un autre tabou est celui du genre, qui n'existe plus, ou du moins est dissimulé. Il n'y a guère que Mycroft qui s'amuse à appeler les autres personnages selon un pronom de son choix, plus lié à sa perception de ce qui est relié, ou non, aux idées reçues d'un sexe que de la réalité biologique. Les vêtements sont totalement agenres, le langage est en grande partie agenre également, ce qui apparaît assez coercitif envers les personnes cisgenres il faut l'admettre.

Nous arrivons à l'histoire à la troisième sous-partie, mais que se passe-t-il, Geekosophe ? Eh bien pas grand chose, malheureusement. Enfin pas grand chose, disons qu'on n'est pas beaucoup plus avancés sur les deux trames narratives principales : l'histoire d'un enfant de 13 ans, Bridger, qui semble être doté de pouvoirs divins dans un monde où la religion est interdite, et une autre qui même le vol de la liste des influenceurs mondiaux et des accidents de voitures autonomes volantes. Oui, c'est un peu confus dit comme ça. le problème est que “Trop semblable à l'éclair” semble être plus une sorte d'essai qui expose un monde original qu'une véritable histoire.

L'autrice entrecoupera par exemple son récit de nombreuses références directes aux philosophes des Lumières, dans le fond comme dans la forme. le roman est raconté à la première personne comme une suite de dialogues du point de vue de Mycroft, personnage trouble qui semble catalyser beaucoup de pouvoirs et d'attentions. C'est un procédé directement hérité de Diderot et de son Jacques le Fataliste. le fondateur de l'Encyclopédie aura par ailleurs droit à quelques paragraphes sur sa vie, son oeuvre, tout comme Voltaire et consort. le problème est que ce choix ralentit l'intrigue dans un premier temps.

Dans un second temps, cela donne un texte un aspect un peu pompeux, voire pédant (ironique, huhu. Bon, c'est peut-être Mycroft qui fait son malin). Avouons-le, les personnes qui mangeaient de la philosophie des Lumières en étude de lettres tout comme ceux qui n'y connaissent rien n'ont pas spécialement envie d'entendre la vie de ces derniers, mais plutôt d'en voir une analyse à l'aune de cette société futuriste.

Pourtant, le récit ne manque pas de potentiel. J'ai tout d'abord bien apprécié cette graduation dans l'univers. Ce dernier nous est d'abord présenté comme un endroit idyllique qui a su trouver un équilibre parfait entre force du groupe et besoins individuels. Tout comme Mycroft qui, bien que Servant, donc reprisede justice, nous semble bien lisse et doux. Mais petit à petit, l'univers comme notre narrateur gagnent en profondeur et en noirceur. Mycroft nous révèle un passé trouble et un petit côté manipulateur. le monde de Terra Ignota n'est pas si idyllique, avec ses petites politiques, les accointances entre les puissants et autres lieux troubles, comme le croisement déstabilisant d'un bordel et d'un couvent.

Ce dernier élément m'a par ailleurs sortie de l'histoire tant la scène du dialogue qui s'y déroule est surréaliste. Autre élément que j'ai trouvé peu crédible, Mycroft travaille pour beaucoup de personnages très puissants au sein du récit. Il me semble étrange que son statut lui donne accès à de nombreuses informations confidentielles qu'il pourrait facilement monnayer ou utiliser à l'encontre d'autres personnes. D'autant plus qu'il s'agit toujours d'un homme condamné. Mais peut-être y aura-t-il une explication à cet état de fait dans le second tome de la saga ?

La lecture s'est révélée dense et assez laborieuse. C'est pourtant le genre de concept qui me botte, entre transhumanisme, philosophie et manigances politiques. le récit a le mérite de nous plonger dans une société très bien structurée qui nous semble très éloignée de ce que nous connaissons. Des codes aux modes d'organisation politiques, le dépaysement est total. Cependant, j'ai trouvé le scénario peu accrocheur tant la complexité du monde a nécessité une exposition longue et aime à disserter.

Pourtant, il y a un beau potentiel car l'autrice joue bien avec les faux-semblants, mais reste qu'au bout des quelques 600 pages, je n'ai pas eu l'impression d'être bien avancée depuis le début du roman. Je lirais sûrement la suite ceci dit, car je suis curieuse de connaître le fin mot de l'histoire et que je pense qu'il y a des chances pour que le deuxième tome de la saga réalise pleinement le potentiel de l'oeuvre.
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J'étais très motivée pour découvrir cette histoire ! le titre (Terra Ignota, terre inconnue) et la couverture (qui m'a fait penser à un space opera dans un futur lointain) étaient prometteurs. Et pourtant, il m'a manqué de l'action pour rentrer dans cette histoire. Il y a beaucoup de dialogues, des concepts originaux (la philosophie des Lumières, le non-genre, l'apolitisme) qui auraient pu m'emmener dans ce monde futuriste...mais je restai toujours en marge en saississant certains points mais d'autres me ramenant dans l'obscurité.
Je suis allée jusqu'au bout espérant avoir le déclic... Dommage ! Je ne pense pas lire le tome 2...
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On va faire simple, pour moi ce premier tome de Terra Ignota est un coup de coeur. Mais étrangement plus j'essaye de faire une chronique structurée plus j'ai un mal fou à ordonner mes idées tellement ce livre est dense et riche. Je vais donc mettre tout ça un peu en vrac. Tout concourt à avoir le cerveau en ébullition.
- L'univers qu'a construit Ada Palmer, vient questionner nos idées sur la famille (on oublie la famille mononucléaire), les nations (y appartenir devient un choix), la religion (interdit d'en parler à plus de deux), les sciences (les immuables, les Utopistes), la justice et la gestion des prisons (servir la société pour expier) le genre (il ou elle ont disparu, enfin sauf pour le narrateur qui pense nous aider en les employant de temps en temps). Tout ça n'est qu'une partie de l'iceberg à vous de découvrir le reste, mais tout est cohérent, logique, même dans les déviances, rien n'est du au hasard. On pense être dans une sorte d'utopie au début et plus l'histoire avance plus nos douces illusions de monde parfait disparaissent.
- La forme aussi est multiple et parfois déroutante, le personnage principal, Mycroft Canner brisant dès le début le quatrième mur en s'adressant au lecteur. Mais on en vient vite à se demander si c'est vraiment à nous qu'il s'adresse réellement. Des chapitres entiers prennent la forme de pièces de théâtre. le vieux français fait aussi des apparitions.
- Les personnages sont tous ciselés à la perfection, des hautes sphères du pouvoir (tous plus beaux les uns que les autres, merci la génétique) aux immuables (ordinateurs humains aux capacités de calcul inimaginables) les caractères sont marqués et finement travaillés. Mycroft, Dominic, Jehovah, Sniper, Saladin, Martin, Bridget tous vont rester un long moment dans ma mémoire.
- Même si j'ai été parfois perdu par un manque évident de culture du 18ème siècle et de certains concepts philosophiques (merci Wiki) j'ai aimé l'équilibre qu'a trouvé l'autrice entre cette période et les années 2400. On se demande au début ce que ça vient faire là mais pas d'inquiétude, explication il y a.
- Et au milieu de tout ça une enquête qui se complexifie de page en page (le dernier chapitre m'a tellement donné envie d'avoir la suite entre les mains). L'intrigue principale/secondaire (je ne sais pas trop où placer l'histoire de Bridget) qui devient de plus en plus sombre. L'histoire et l'univers s'assombrissent au fil de la lecture, le malaise s'infiltre en nous, les masques tombent de tout côtés, la forêt aux belles couleurs et à la belle lumière se transforme, plus on avance en son coeur, en marais putride, humide et malodorant. Il faut quand même reconnaitre que l'histoire n'avance pas très vite et que les amateurs de rythme effréné risquent d'être frustrés.

Pour résumer une lecture exigeante qui je pense divisera le lectorat mais qui pour moi est une réussite totale dont j'attends la suite avec envie et impatience. Merci Ada Palmer.
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Terra Ignota est LE titre de SF de cet automne dont tout le monde parle. Il a été très bien vendu sur les réseaux sociaux et dans les librairie où des auteurs phares comme Ken Liu et Robert Charles Wilson en faisaient l'éloge. Alors forcément, j'ai craqué, surtout que l'autrice est également une historienne et comme c'est ma formation d'origine, ça m'a vraiment attirée. Malheureusement, contrairement à l'enthousiasme général, je ressors assez mitigée de ma lecture.

Ada Palmer démarre sur les chapeaux de roues en nous plongeant tête la première dans un monde tel qu'on n'en a jamais lu. Elle a l'excellente idée d'imaginer un univers où les Etats-nations ont disparu suite à l'invention d'une voiture volante réduisant à presque rien les distances entre chacune, et la philosophie des Lumières est maintenant le socle commun de cette nouvelle humanité. Les gens vivent donc dans des "Ruches" qu'ils choisissent par affinité et non à cause de leur lieu de naissance, sexe, religion, couleur de peau, etc. Dans ce nouveau monde, les termes genrés ont également été en grande partie abolis et la religion est quelque chose qui relève de la sphère très privée. Parlez-en dans un groupe de plus de 2 personnes et vous aurez commis un délit ! C'est dans cet univers que nous allons suivre deux intrigues en parallèle : la découverte d'un enfant qui pourrait faire basculer "les croyances" de ce nouveau monde, et l'enquête sur le vol de la liste des 10 principaux influenceurs dont la publication joue énormément sur les rapports de force entre les Ruches.

En tant que lectrice, j'ai donc eu pendant un long moment, le sentiment d'être complètement perdue dans cet univers complexe et surtout totalement inédit. Terra Ignota est une lecture ardue qui nécessite de s'y consacrer entièrement. C'est agréable de découvrir un système aussi innovant et inventif qui change de tout ce qu'on connait, mais ici, j'ai trouvé que sa présentation manquait de subtilité. J'ai vraiment eu le sentiment au cours de ma lecture d'être étouffée par cet univers, au détriment de l'intrigue, qui était bien effacée. Celle-ci m'a plus semblé être un prétexte que l'élément moteur de l'histoire et je le regrette vraiment. Ce sentiment ne s'est effacé que dans le dernier quart du roman et vu son épaisseur, ce fut trop tard pour me convaincre. J'aime être surprise mais j'aime aussi avoir une trame narrative suffisamment dense pour adhérer aux personnages et à ce qui leur arrive. Découvrir comment fonctionne un monde que je ne connais pas ne me suffit pas.

De plus, je n'ai pas accroché, non plus, à certains aspects de la plume de l'autrice. Oui, elle est agréable à lire dans le sens où elle est très vivante et dynamique. Mais bon sang, a-t-on besoin de tant d'effets de styles totalement pompeux et artificiels. J'ai trouvé ridicule les moments où l'un des héros pensait en ancien français. Les longs passages philosophiques m'ont ennuyée au possible et faisait beaucoup trop "cours de lycée" pour moi. Si j'ai envie d'apprendre des choses sur les philosophes des Lumières, je prends un bouquin de Philosophie ou d'Histoire mais pas un titre de SF. Oui, je sais que certains d'entre vous ne seront pas d'accord et seront content de trouver ça ici, mais pour moi cela manquait trop de subtilité, c'était trop plaqué par paragraphes entiers en plein milieu de l'intrigue, cassant le rythme de celle-ci. Je n'ai vraiment pas aimé et pourtant le siècle des Lumières est mon sujet préféré avec la Révolution française... Et je ne parle pas de la volonté d'effacer toute notion de genre, remplaçant les il/elle par "on" et ils/elles par "ons", mais pas tout le temps. C'est certainement un engagement personnel mais je ne vois pas l'intérêt de le faire disparaitre pour des personnes se considérant ouvertement comme homme ou femme. Ça fait à nouveau très artificiel.

Tout cela est vraiment dommage, parce que quand on fait le tri, qu'on évacue tous ces passages redondants et superflus, il se dégage une intrigue vraiment passionnante faite de ramifications bien vues et avec de bons rebondissements. J'ai beaucoup aimé suivre l'enquête sur la liste, les rivalités entre les différentes Ruches, les magouilles que chacune orchestre en douce et ce vers quoi tout ça nous mène. C'est assez évident mais non moins intéressant à voir se mettre en place. J'ai trouvé le personnage de Mycroft Canner aussi terrifiant que fascinant, tout comme le système qui l'a amené là. Celui de J.E.D.D. Maçon l'est tout autant et il a un gros potentiel pour la suite. La façon dont leur histoire s'imbrique avec d'autres que l'on découvre au fil du tome pour former une vaste trame concernant tout le monde et visant à renverser tout est fascinant. C'est simple mais terriblement efficace, on voit que l'autrice est historienne ici. J'ai moins accroché à l'aspect religieux qui entoure Carlyle et sa découverte, mais c'est mon côté athée.

Pour conclure, j'ai trouvé ma lecture des 647 pages de ce roman fort longue, surtout au début. Certes l'univers est fascinant mais ça ne suffit pas à en faire une bonne lecture pour moi. Il manque un équilibre certain entre worldbuilding et trame narrative, cette dernière ne devenant intéressante que dans la fin de ma lecture. Trop d'effets également de la part de l'autrice ont eu raison de moi parfois. Certes c'est une lecture ardue, mais plus par la forme que par le fond. L'histoire, elle, est simple et prévisible pour toute personne un peu passionnée par L Histoire ou attentive à ce qui se passe dans notre monde. Je pense donc avoir déjà deviné une bonne partie de la suite et compte m'arrêter là. Ce n'est pas le genre d'univers et de saga qui me passionne en SF.
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Terra Ignota est une quadrilogie de romans de science-fiction de l'écrivaine américaine Ada Palmer, historienne de formation. Elle y explore le futur de l'humanité à partir des transformations profondes qu'ont provoqué les bouleversements sociaux-politiques et les inventions techniques, technologiques et scientifiques.
Un titre général qui intéresse mon côté latiniste ; « ignota » peut signifier inconnue, méconnue, ignorée et même pardonnée… Vaste programme !

Je ne connaissais pas cette autrice et appréhendais un peu de me plonger dans un univers qui s'annonce dense, les trois opus actuellement traduits en français avoisinant ou dépassant les 600 pages…

Je découvre le livre premier, Trop semblable à l'éclair, grâce à NetGalley dans la version audio lue par Benjamin Jungers, un narrateur que j'ai déjà eu l'occasion d'apprécier.
Embarquement pour plus de vingt heures d'écoute ! Une audio-lecture que j'ai fractionnée de mi-juillet à fin août 2022.

Nous voilà projetés en 2454.
L'organisation de la société a de quoi nous surprendre : dix milliards d'êtres humains se répartissent par affinités, autour de concepts rattachés à des notions primordiales de paix, de prospérité et d'abondance, au sein de sept Ruches aux ambitions distinctes et aux ambiances variées.
Ce XXVème siècle s'inspire directement de l'époque des Lumières et plonge de nombreuses racines dans le XVIIIème siècle européen tel que nous l'avons étudié, sur le plan littéraire, artistique, utopiste.
Un étrange personnage sert de fil rouge à l'ensemble du récit : Mycroft Canner, vraisemblablement coupable de crimes atroces, condamné à une servitude perpétuelle mais confident des puissants. Il enquête sur le vol d'un document crucial, la liste des dix principaux influenceurs mondiaux, dont la publication annuelle ajuste les rapports de force entre les Ruches ; Mycroft assure aussi la protection d'un enfant aux pouvoirs uniques, quasi divins.

Un récit foisonnant, protéiforme…
Un intertextalité et un univers référentiel d'une immense richesse…
Un travail intéressant sur le langage, sur le genre…

Si je reconnais avoir eu un peu de mal à entrer dans cette histoire, m'y être souvent perdue, ne pas avoir tout saisi, j'avoue aussi avoir adoré l'ambiance, l'écriture et ne m'être jamais ennuyée.
L'autrice, consciente de la longueur de son récit et du risque de perdre ses lecteurs en route, les fait apostropher souvent par son narrateur pour les impliquer dans son histoire. Cela fonctionne admirablement.

Pour une fois, le choix de la version audio m'a laissé insatisfaite, frustrée car, même si je n'ai absolument rien à reprocher à Benjamin Jungers qui se tire admirablement bien des difficultés de la performance, j'aurais souvent eu besoin de voir les choses écrites, les noms des personnages, des lieux, l'articulation des pronoms inventés…

Un bel univers, du niveau de Dune ce Franck Herbert…

#Tropsemblableàléclair #NetGalleyFrance


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Cette critique est issue de la lecture des quatre premiers tomes du cycle Terra Ignota. J'ai appris à la fin du quatrième tome qu'il y aura un cinquième tome à la rentrée 2022. Si j'avais su j'aurai attendu pour des raisons pragmatiques.

J'ai vécu trois faux départ à la lecture du premier tome en presque deux ans. La raison est la complexité de cette oeuvre dans son écriture que dans les dizaines de personnages actifs dont il faut retenir les noms et pas toujours appelé de la même manière par chaque protagoniste ou suivant les situation ou le mode de narration. le mode de narration est l'autre grande difficulté (et richesse, j'y reviendrais). Je devais me mettre dans un état de concentration extrême pour suivre ce que disait les lignes et ce que soufflait les interlignes. Je suis un lecteur lent d'habitude, environ 30 pages par heures ; J'ai souvent l'impression que la lecture à haute voix pourrait être plus rapide. Lent mais avec l'avantage d'une grande immersion de sons et d'images. Pour la lecture de ce cycle, je crois que j'ai du plafonner à 20-25 pages par heurs. Je crois que je ne suis pas le seul à faire ce constat ; alors futur lecteur armes toi de patience et d'abnégation ça vaut le coup, sinon tu risques les coups et l'abandon.

Ce cycle est une expérience de narration : polymorphe, changeant, en constante mutation. le plus visible est le traitement du genre qui altère la langue utilisé pour le récit, et heurte le processus de lecture car on doit faire un effort conscient de retraduction ou plus difficile d'acceptation de la nouvelle syntaxe. Il s'agit ensuite d'un récit d'événement d'abord réalisé par un narrateur, puis deux, en faisant intervenir le « lecteur » souvent au début sous une forme de révoltes épisodiques suivi d'un silence d'acceptation, d'un commentateur extérieur en la personne du philosophe Hobbes, même les traces algorithmiques de programmes en cours d'exécution, et certainement d'autres artifices qui font exploser le quatrième mur. Outre le récit, il y a beaucoup de réflexions de nature historiques, sociologique, philosophique et théologiques. D'ailleurs les dieux et Dieu sont des personnages d'un mondes hyper-technicisé qui souvent nous font croire à la magie. A jouter le talent de l'autrice à manipuler le lecteur dans ce qu'il croit savoir, comprendre et ressentir. Et cette forme d'écriture sert l'intrigue et ce que nous devons/pouvons en comprendre.

D'abord tout au long il faut savoir que rien ne semble être ce qu'ils parait être. Un exemple dans le premier tome : certains d'entre vous, comme moi, vont lier des relations de sympathie avec certains personnages du premier cercle du narrateur/héros. Pourtant sans cesse le narrateur vous mettra en garde (ce qui provoque les révoltes épisodiques du lecteur, que l'on valide naturellement), et les révélations sont douloureuses. Douloureux comme si un de vos amis vient accompagner au dîner que vous avez organisé d'un partenaire qui se révèle être Adolf Hitler (vous me comprendrez à la fin du premier tome).

L'intrigue est complexe mais elle peut se résumer simplement : le monde vie dans une utopie depuis près de trois siècles, mais les rouages de cette utopie sont viciés. La révélation de ces vices va sidérer le monde (tome 1 & 2), le déstabiliser au point où la marche à la guerre est inexorable (tome 3), pour finir par avoir lieu (tome 4). A l'issue des deux premiers tomes, j'étais incapable de « choisir un camp ». A l'issue du tome 3, j'avais l'impression de relire « Les Somnanbules » de Christopher Clark (je crois que c'était le but de l'auteur, je ne serai pas étonné qu'elle a lu ce livre - j'y reviendrai). A l'issue du tome 4, première partie de la guerre, j'avais presque les larmes aux yeux.

Dès le premier tome j'étais dans l'expectative devant la richesse des thèmes abordés. Il y a beaucoup de réflexions. Quelques unes sont maladroites (je penses), facilement réfutables. D'autres m'ont profondément fait réfléchir, comme lorsqu'elle affirme que « la liberté d'expression est l'allié/l'outil des ploutocrates ». J'ai d'abord été choqué, mais en y réfléchissant en regardant au-delà de la théorie philosophique (point de vue formel), c'est tout à fait vrai d'un point de vue pratique (point de vue réel).

Mais de quoi parle cette oeuvre finalement. Ce n'est encore qu'une théorie, mais je crois que l'oeuvre est un essai sur le pouvoir de la création et de l'imagination. Cet essai est soutenu par les bizarreries de l'intrigue : la présence évoquée de Dieu, la présence réel d'un Dieu voisin, les avatars des dieux et héros de la mythologie grecques. Elle est aussi soutenu par les multiples niveaux de narrations évoquées plus haut. Pour résumer ma thèse à grands traits je dirai que l'auteur affirme que le pouvoir de création (au sens divin) est le même que le pouvoir de création de l'artiste (de celui qui imagine et réalise) ; que ce que l'artiste crée n'est pas moins réel que nous créé par un être divin.

Il y a des indices narratifs : tout ce qui touche à la création est un enjeu dans l'intrigue. Par exemple le destin et la menace sur la « ruche utopiste » est au centre des enjeux (qui dépassent les rivalités entre ennemis – tome 4). Car cette ruche porte les espoirs, l'imagination et l'oeuvre de l'humanité dans son essence. L'évocation parfois subtile, parfois explicite, parfois même expliqué, des grandes oeuvres de la littérature et de leurs auteurs, dans la « déconstruction » de leur fonctionnement et de ce qu'elles apportent de richesses est un autre indice.

Il y a des indices techniques à cette thèse. D'abord aucun des personnages n'évolue dans son être (métaphysique) de sa volonté propre, si ce n'est par la volonté (transcendante) d'un personnage qui a le pouvoir de les faire évoluer. Généralement dans la littérature moderne, l'enjeu c'est la transformation du héro à la suite d'épreuve : cette transformation provient de sa volonté propre (immanente). Tous les personnages sont des automates qui agissent selon leur « programmation » psychologique. Ils agissent les uns les autres au grès des circonstances en fonction de leur « programme » et non selon leur libre arbitre. S'ils changent (de « programmation psychologique ») c'est parce que une puissance supérieur l'ordonne en les « touchant ». L'autre point est la constante référence à la providence : il n'y a pas de liberté car tout est écrit/défini par une volonté divine. Il faut prendre la notion de « tout est écrit » au sens littéral du terme. Vous lisez un livre, le destin des protagonistes est scellé, il ne peut pas changer, juste être révélé en tournant les pages. de plus, le livre visant une finalité (divine), la providence crée des destins remarquables pas de destins banals (sinon ce serait du fatalisme).

Pour finir, je voudrais évoquer une autre résonance de l'oeuvre sur notre monde moderne. Comme je l'ai dit le tome 3 fait le récit des événements avant le déclenchement de la guerre. Cette guerre a été voulu par quelques « visionnaires » sur un simple constat « plus longue aura été la paix, plus féroce la guerre qui s'en suivra ». C'est ce que l'on pu constaté pour la première guerre mondiale, certains parlent de la guerre civile européenne 1914-1945, qui suivi un siècle de (quasi)paix. Pour ma part j'ai souvent choqué quand j'affirme que la première guerre mondiale est plus cruelle que la seconde : car la seconde dépasse en degré ce que la première a fait apparaître en nature. le récit de l'année 2454 se cale sur l'été 1914.

Quand je vois la situation géopolitique en 2022, après 75 ans de paix, j'ai de quoi frémir. On a l'impression que tout avance lentement, sans voir les inexorables rouages tournées. Tous refusent la conclusion fatale en estimant que nous sommes plus intelligent que ça. Les fausses preuves de paix et de concordes alimentent un espoir parfois cyniques. C'est l'ambiance du tome 3, en résonance avec 2022. Si on part du modèle des méthodes guerrières innovantes et inattendues exposées dans le tome 4, une nouvelle guerre mondiale serait tout aussi surprenante et cruelle.

Il me reste le tome 5 à lire à sa parution : j'espère en partie une fin heureuse (les leçons de la providence). Et il faudra que je relise cette oeuvre complète d'ici quelques années.
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Il y a quelques semaines je pensais qu'[anatèm] de Neal Stephenson était le livre le plus difficile qu'il m'ait été donné de lire. Après avoir lu Trop semblable à l'éclair d'Ada Palmer, je suis obligé de revoir mon jugement. [anatèm] est à mon humble avis beaucoup plus abordable car c'est une transposition de notre histoire scientifique, philosophique et religieuse. Après une centaine de pages, l'univers décrit par Neal Stephenson devenait assez vite compréhensible. Pour le roman d'Ada Palmer, c'est plus compliqué...

Ada Palmer nous transporte dans un futur proche mais un futur qui n'a plus grand chose à voir avec notre monde. Elle nous jette son univers à la figure sans nous donner la moindre clé, bien au contraire elle y ajoute des portes qu'elle prend soin de verrouiller… ! Ce qui est à la fois très jouissif et très énervant. Il faut prendre son mal en patience. Après 300 pages (sur les 670 que compte ce premier roman !) rien n'est vraiment clair. Alors oui de temps en temps, il y a de la lumière, la porte s'entrebâille, c'est le moment d'en profiter mais cela ne dure vraiment pas longtemps…

Pourquoi est-ce si compliqué ?

Tout d'abord l'univers décrit est complètement novateur. Il faut oublier notre monde, sa conception politique, géographique, religieuse, tout cela a volé en éclat. le concept de famille a lui aussi été remodelé. Ada Palmer se réfère au Siècle des Lumières, citant Voltaire, Diderot..., s'accaparant leurs idées et les transposant dans son récit.

Ensuite l'écriture et le style de l'autrice ne sont pas faciles à appréhender. Entre le narrateur qui apostrophe le lecteur et ce dernier qui lui répond et le questionne, les parties qui ne sont que dialogue avec le nom du personnage qui s'exprime au-dessus de la réplique ou encore ces quelques phrases en latin traduites au fur et à mesure, cela peut être pesant.

Sans oublier ces nombreux personnages qui déboulent assez vite dans le récit. Parfois difficiles à identifier et à mémoriser surtout que certains sont affublés de plusieurs noms selon qui parle d'eux !

Et en point d'orgue l'absence de genre, ce n'est pas le sexe qui détermine le féminin ou le masculin et l'on a le droit à des pronoms non genrés tout le long du texte ce qui ne facilite pas la compréhension. On ne pourra que féliciter la traductrice, Michelle Charrier pour son excellent travail.


Mais pourquoi c'est si prenant ?

Tout simplement parce que c'est différent, ambitieux et d'une richesse extraordinaire !

Mais c'est avant tout pour la découverte des Ruches, "conglomérats" que l'on pourrait réduire à l'expression "Qui se ressemble s'assemble". La fin de l'Etat-Nation au profit de communautés aux philosophies très différentes. Chaque Ruche a son mode de vie, ses us et coutumes et ses restrictions.

Et c'est surtout grâce à Mycroft, le narrateur, qui nous promène tout le long du roman. Il nous relate les faits qu'il a vécus mais à sa façon, il ne nous dit pas tout et même nous ment effrontément et nous le fait savoir. Il nous raconte également des épisodes de la vie d'autres protagonistes où il n'était pas présent mais qu'on lui a raconté à moins qu'il n'ait tout imaginé ou du moins transformé pour que le récit aille dans son sens. Bref il se joue de nous et c'est assez jouissif.


Quelques mots sur l'histoire.

Nous sommes en 2454, dans un monde rêvé, où tout semble aller pour le mieux. Une véritable utopie que rien ne semble pouvoir ébranler. Mais voilà, les pouvoirs quasi-divins d'un jeune garçonnet et le vol de la liste des Sept-Dix (comprendre les dix principaux influenceurs du moment) avant sa parution va mettre à mal ce bel équilibre. Et c'est donc Mycroft Canner, un Servant banni de la société mais qui a aussi ses entrées chez les plus grands de ce monde qui va nous guider dans cet univers au bord de l'explosion.


Trop semblable à l'éclair est donc un roman surprenant à plus d'un titre et il ne pourra pas plaire à tout le monde. Ce roman long et complexe est très exigeant et il faut accepter de ne pas tout comprendre (bien connaître le Siècle des Lumières et les philosophies de l'époque doit apporter un indéniable plus dans la compréhension globale).

Et dire que ce n'est que le premier opus de la série. le second tome arrive au mois de mars prochain. C'est avec appréhension et curiosité que je lirai Sept Redditions en espérant y trouver quelques réponses.


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Je craignais de faire partie de la minorité qui était passé à côté de Trop semblable à l'éclair et du génie d'Ada Palmer. Et malheureusement, cette crainte était fondée. le roman est pourtant impressionnant, tant dans sa richesse que dans son originalité. Mais l'ennui et la difficulté ont pris le place sur l'enthousiasme initial et je ne poursuivrais probablement jamais la lecture de la série. Éblouichiant indeed.

Critique complète sur yuyine.be!
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Terra Ignota vient nous parler du futur, de notre monde dans le futur qui a évolué suite aux progrès effectués dans la vitesse de déplacement des véhicules. Comme les humains n'ont plus besoin de rester toute leur vie au même endroit, ils ont fait le choix de se regrouper dans des ruches selon leurs affinités, en abolissant la notion de pays ou de frontières, puis en bash, des espèces de familles qui peuvent regrouper des personnes qui choisissent de vivre ensemble.
Certains d'entre eux n'en font pourtant pas parti et parmi eux il y a Mycroft, un étrange personnage qui est mis au service de l'humanité toute entière même s'il a tendance à souvent tourner autour du bash Saneer-Weeksbooth. 
Je ne vais pas tourner autour du pot bien longtemps, si j'ai tenu si longtemps dans ma lecture c'est grâce à Mycroft et le mystère qu'il traine autour de lui et de son passé. Il est à la fois complètement hors du système en étant un simple Servant et complètement intégré au système puisque toutes les ruches font appel à lui. 
Et quand un scandale menace d'éclater suite au vol d'une liste de personnalités influentes qui doit être publiée dans un journal, c'est vers lui que tout le monde se tourne pour qu'il dénoue le problème (bien que dans les faits, c'est surtout le très chou Martin Guildbreaker qui se tape tout le boulot).

Ce volet là du livre m'a beaucoup plu. Parce que j'ai beaucoup aimé Mycroft bien sur, mais aussi parce que c'est une petite intrigue sympathique qui permet de faire connaissance avec l'univers sans trop se prendre la tête. 
J'ai adoré les révélations faites au fur et à mesure du récit, découvrir les différentes ruches et notamment les Utopistes. Et bien sur Saladin et la révélation du passé de Mycroft.
Mais il y a aussi un autre volet qui est développé avec l'arrivée du sensayer Carlyle, un autre personnage qui m'a bien plu au premier abord avant de totalement m'indifférer, et la présence de Bridger, un enfant qui a des pouvoirs, et qui m'est un peu passé au dessus de la tête. Mais j'aurai sans doute pu passer outre s'il n'y avait pas eu tout le reste.

Terra Ignita peut au premier abord nous sembler un monde parfait, celui dans lequel l'humanité a trouvé un équilibre et où chacun peut vivre selon ses principes. Mais dans le fond, rien n'a changé.
Le monde est en réalité régi par des personnes qui vivent selon les principes des Lumières du XVIIIème siècle, Rousseau, Voltaire, l'amour libre et tout ce qui s'en suit. 
Et si on essaie de nous faire croire que tout a évolué vers plus d'égalité, avec l'interdiction de parler de religion dans un groupe de plus de deux personnes afin d'éviter tout prosélytisme ou avec un récit genré au neutre par exemple, il y a tellement d'exceptions qu'on retombe dans quelque chose de bien plus proche de nous que ce qu'on veut nous faire croire. 

On en arrive à quelque chose qui devient compliqué très artificiellement alors qu'au contraire tout est très simple. On a bien de grandes avancées scientifiques, et des Utopistes dont j'ai aimé la façon très … utopiste de voir les choses (Aldrin et Voltaire sont terriblement mystérieux et j'ai adoré ça). Mais à l'arrivée, ça m'a surtout donné l'impression d'être une grande construction artificielle pour cacher que, dans le fond, les humains sont toujours les mêmes, et toutes les digressions pour arriver à cette conclusion ne m'ont pas du tout intéressée.
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