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3,69

sur 244 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Des nouvelles du XXVème siècle…

Je voudrais d'abord remercier Babelio et les éditions le Bélial' pour l'envoi de ce premier tome de Terra ignota.
Ada Palmer a écrit avec ce roman (« terre inconnue » en latin) un véritable livre-univers, un univers original, riche et complexe : les nations ont disparu pour laisser place à sept Ruches, qui visent chacune des objectifs bien particuliers, et les familles ont été remplacées par les bash, des « collectifs de vie «  inspirés de l'épicurisme, regroupant « quatre à vingt amis choyant ensemble enfants et idées ».
Le narrateur du récit est un homme du XXVème siècle nommé Mycroft Canner, un personnage tout à fait étonnant puisqu'il s'agit d'un criminel qui purge sa peine en effectuant des tâches contraignantes et qui a des accointances avec les grands de ce monde !
Mycroft est confronté à une double énigme : l'une concerne un enfant aux pouvoirs fabuleux, l'autre le vol d'une liste des « plus puissants influenceurs mondiaux ». Les modifications de cette liste peuvent avoir des répercussions considérables sur l'équilibre de ce monde prospère, d'autant plus que les relations entre les Ruches donnent lieu à des manoeuvres pas très nettes…
Si l'univers créé par Ada Palmer est original, le traitement narratif ne l'est pas moins car l'auteure a pris pour modèle Jacques le fataliste de Diderot : son roman est donc une succession de dialogues entre le narrateur et les autres personnages, et le narrateur interrompt très souvent le récit pour s'adresser au lecteur (un lecteur d'après 2454 !) et donner d'abondantes explications, concernant notamment la philosophie des Lumières et ses relations avec cette société du XXVème siècle.
Je dois avouer que ce choix narratif nuit quelque peu au rythme du récit et engendre par moments une certaine lassitude, d'autant plus que rien n'est vraiment résolu à la fin du premier tome (647 pages tout de même) et qu'il faudra attendre la parution du second tome pour avoir une réponse à toutes nos interrogations...
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La tétralogie Terra Ignota est l'oeuvre d'Ada Palmer et a été annoncée en grande pompe par les éditions le Bélial'. Trop semblable à l'éclair en est le premier tome et est déjà conséquent avec ses plus de six cents pages.

Nous suivons ici un enquêteur un brin particulier : Mycroft Canner, esclave des plus puissants des oligarques, a des possibilités d'enquête et de connaissances plutôt étendues dans ce XXVe siècle où les religions et les États semblent avoir été abolis. Il doit naviguer entre les Ruches, ces "castes" librement choisies par les différents citoyens, pour retrouver un fichier hautement sensible : la liste des dix personnes les plus influentes de la société mondiale, objet de convoitise tant qu'elle n'est pas dévoilée au grand public et tant qu'elle peut encore être modifiée.
Pour décrire le monde qu'elle met en scène et l'enquête qu'elle déroule au compte-gouttes, Ada Palmer a opté pour un style très particulier qu'on ne risque pas d'oublier après sa lecture. En effet, dès le départ, elle prévient son lecteur que son labeur ne fait que commencer puisqu'il faudra patienter une bonne centaine de pages (plutôt plus, de mon point de vue) pour bien saisir le rythme d'écriture de l'auteur et le jeu de rôle entre les différents personnages. Ajoutez à cela qu'elle est passionnée par le siècle des Lumières au point d'y faire des allusions très récurrentes, parfois jusque dans le niveau de langage utilisé (on a même droit de temps en temps à des transcriptions, intéressant), et vous comprendrez qu'il faut attaquer cette lecture avec l'esprit reposé et disposé à une plongée totale dans un univers fouillé.

Clairement, il me faudra donc une autre lecture pour assimiler un certain nombre d'éléments et ainsi davantage savourer cette saga si dense.
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« Trop semblable à l'éclair » est un roman de SF qui me faisait de l'oeil depuis sa sortie. Les éditions du Bélial ont eu la gentillesse de me le faire parvenir, je les en remercie.

Je suis mitigé sur ma lecture, heureusement il y a du positif tout de même, comme l'écriture qui est vraiment belle, avec du vieux français, et ce mélangé à de la SF ça donne une originalité certaine. de plus c'est addictif on veut savoir, l'écriture nous pousse à continuer, même si l'on a pas tout compris au livre.

Les côtés négatifs sont pour moi cette profusion de déambulations philosophiques qui m'ont empêchées de tout comprendre, qui m'ont même troublé dans ma vitesse de lecture et dans mon empathie des personnages, qui d'ailleurs eux sont assez nombreux, parfois appelés par leur prénom, parfois par leur nom, ce qui m'a embrouillé et m'a perdu. J'ai continué ma lecture grâce à la belle écriture mais au final je n'ai pas vraiment compris le livre, enfin si la trame principale, qui est intéressante mais gâchée à mon goût par tout ce surplus pas vraiment utile de philosophie qui part dans tous les sens.

Pour conclure, j'ai aimé l'histoire principale et l'écriture, mais ma lecture a été très longue et indigeste pour les différentes raisons citées ci-dessus. Dommage, mais je ne poursuivrai pas la série.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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J'ai enfin lu Trop semblable à l'éclair d'Ada Palmer ! Ce roman utopique a été cité à de multiples reprises comme un futur classique de la SF. Il avait de quoi attirer mon attention, à tel point que l'ai acheté en VO bien avant sa sortie en France. Qu'en ai-je pensé ?

C'est sans doute une remarque qui revient assez souvent, mais Trop semblable à l'éclair est une utopie qui construit un monde véritablement original. Dans les années 2400, l'humanité a connu de profonds bouleversements, technologiques dans un premier temps, mais surtout sociaux. Ada Palmer a choisi de s'inspirer de la pensée des philosophes des Lumières pour inventer une société à la fois familière et unique en son genre. Dans sa structure dans un premier temps : finies les familles bâties autour des liens du sang. Les individus vivent dans des bash, des sortes de colocations où les membres sont choisis selon leurs intérêts.

Finies les nations, le monde est divisé en “Hives”, en Ruches, qui regroupent les personnes selon leurs affinités, intérêts culturels et philosophiques, et leur adaptation à certains systèmes politiques plutôt que d'autres, de la démocratie jusqu'à l'Empire au système de passation du pouvoir qui ne repose pas sur l'hérédité. Parfois c'est très curieux, puisque les cousins sont régis par un système de suggestion box, par une boîte à idées du coup, ce qui semble être tout droit sorti de l'esprit maniaque d'un Chief Happiness Officer trop zélé.

En outre, le monde d'Ada Palmer s'explique à travers des avancées technologiques et techniques immenses. Dans un premier temps, les transports. Les voitures volantes autonomes existent et ont réduit la distance entre les hommes, littéralement et métaphoriquement, car c'est ce qui les a permis de construire des sociétés sans nations. le transhumanisme apparaît par petites touches à travers différents éléments. Les hommes vivent bien plus longtemps grâce à des sortes de bains de rajeunissement, 70 ans est considéré comme le milieu de la vie. Il existe moults autres exemples, comme les set-set, des humains élevés pour devenir de véritables ordinateurs, et une Ruche entière se dédie au développement technologique.

L'autre côté de la pièce, c'est qu'il existe des tabous. le premier est la religion. Suite à des guerres violentes ayant éclaté après la chute des nations. Il est ainsi interdit de parler de croyances en comité de plus de deux à trois personnes, ce qui a aboutit à l'apparition de sensayers, des sortes de conseillers spirituels. Un autre tabou est celui du genre, qui n'existe plus, ou du moins est dissimulé. Il n'y a guère que Mycroft qui s'amuse à appeler les autres personnages selon un pronom de son choix, plus lié à sa perception de ce qui est relié, ou non, aux idées reçues d'un sexe que de la réalité biologique. Les vêtements sont totalement agenres, le langage est en grande partie agenre également, ce qui apparaît assez coercitif envers les personnes cisgenres il faut l'admettre.

Nous arrivons à l'histoire à la troisième sous-partie, mais que se passe-t-il, Geekosophe ? Eh bien pas grand chose, malheureusement. Enfin pas grand chose, disons qu'on n'est pas beaucoup plus avancés sur les deux trames narratives principales : l'histoire d'un enfant de 13 ans, Bridger, qui semble être doté de pouvoirs divins dans un monde où la religion est interdite, et une autre qui même le vol de la liste des influenceurs mondiaux et des accidents de voitures autonomes volantes. Oui, c'est un peu confus dit comme ça. le problème est que “Trop semblable à l'éclair” semble être plus une sorte d'essai qui expose un monde original qu'une véritable histoire.

L'autrice entrecoupera par exemple son récit de nombreuses références directes aux philosophes des Lumières, dans le fond comme dans la forme. le roman est raconté à la première personne comme une suite de dialogues du point de vue de Mycroft, personnage trouble qui semble catalyser beaucoup de pouvoirs et d'attentions. C'est un procédé directement hérité de Diderot et de son Jacques le Fataliste. le fondateur de l'Encyclopédie aura par ailleurs droit à quelques paragraphes sur sa vie, son oeuvre, tout comme Voltaire et consort. le problème est que ce choix ralentit l'intrigue dans un premier temps.

Dans un second temps, cela donne un texte un aspect un peu pompeux, voire pédant (ironique, huhu. Bon, c'est peut-être Mycroft qui fait son malin). Avouons-le, les personnes qui mangeaient de la philosophie des Lumières en étude de lettres tout comme ceux qui n'y connaissent rien n'ont pas spécialement envie d'entendre la vie de ces derniers, mais plutôt d'en voir une analyse à l'aune de cette société futuriste.

Pourtant, le récit ne manque pas de potentiel. J'ai tout d'abord bien apprécié cette graduation dans l'univers. Ce dernier nous est d'abord présenté comme un endroit idyllique qui a su trouver un équilibre parfait entre force du groupe et besoins individuels. Tout comme Mycroft qui, bien que Servant, donc reprisede justice, nous semble bien lisse et doux. Mais petit à petit, l'univers comme notre narrateur gagnent en profondeur et en noirceur. Mycroft nous révèle un passé trouble et un petit côté manipulateur. le monde de Terra Ignota n'est pas si idyllique, avec ses petites politiques, les accointances entre les puissants et autres lieux troubles, comme le croisement déstabilisant d'un bordel et d'un couvent.

Ce dernier élément m'a par ailleurs sortie de l'histoire tant la scène du dialogue qui s'y déroule est surréaliste. Autre élément que j'ai trouvé peu crédible, Mycroft travaille pour beaucoup de personnages très puissants au sein du récit. Il me semble étrange que son statut lui donne accès à de nombreuses informations confidentielles qu'il pourrait facilement monnayer ou utiliser à l'encontre d'autres personnes. D'autant plus qu'il s'agit toujours d'un homme condamné. Mais peut-être y aura-t-il une explication à cet état de fait dans le second tome de la saga ?

La lecture s'est révélée dense et assez laborieuse. C'est pourtant le genre de concept qui me botte, entre transhumanisme, philosophie et manigances politiques. le récit a le mérite de nous plonger dans une société très bien structurée qui nous semble très éloignée de ce que nous connaissons. Des codes aux modes d'organisation politiques, le dépaysement est total. Cependant, j'ai trouvé le scénario peu accrocheur tant la complexité du monde a nécessité une exposition longue et aime à disserter.

Pourtant, il y a un beau potentiel car l'autrice joue bien avec les faux-semblants, mais reste qu'au bout des quelques 600 pages, je n'ai pas eu l'impression d'être bien avancée depuis le début du roman. Je lirais sûrement la suite ceci dit, car je suis curieuse de connaître le fin mot de l'histoire et que je pense qu'il y a des chances pour que le deuxième tome de la saga réalise pleinement le potentiel de l'oeuvre.
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Terra Ignota vient nous parler du futur, de notre monde dans le futur qui a évolué suite aux progrès effectués dans la vitesse de déplacement des véhicules. Comme les humains n'ont plus besoin de rester toute leur vie au même endroit, ils ont fait le choix de se regrouper dans des ruches selon leurs affinités, en abolissant la notion de pays ou de frontières, puis en bash, des espèces de familles qui peuvent regrouper des personnes qui choisissent de vivre ensemble.
Certains d'entre eux n'en font pourtant pas parti et parmi eux il y a Mycroft, un étrange personnage qui est mis au service de l'humanité toute entière même s'il a tendance à souvent tourner autour du bash Saneer-Weeksbooth. 
Je ne vais pas tourner autour du pot bien longtemps, si j'ai tenu si longtemps dans ma lecture c'est grâce à Mycroft et le mystère qu'il traine autour de lui et de son passé. Il est à la fois complètement hors du système en étant un simple Servant et complètement intégré au système puisque toutes les ruches font appel à lui. 
Et quand un scandale menace d'éclater suite au vol d'une liste de personnalités influentes qui doit être publiée dans un journal, c'est vers lui que tout le monde se tourne pour qu'il dénoue le problème (bien que dans les faits, c'est surtout le très chou Martin Guildbreaker qui se tape tout le boulot).

Ce volet là du livre m'a beaucoup plu. Parce que j'ai beaucoup aimé Mycroft bien sur, mais aussi parce que c'est une petite intrigue sympathique qui permet de faire connaissance avec l'univers sans trop se prendre la tête. 
J'ai adoré les révélations faites au fur et à mesure du récit, découvrir les différentes ruches et notamment les Utopistes. Et bien sur Saladin et la révélation du passé de Mycroft.
Mais il y a aussi un autre volet qui est développé avec l'arrivée du sensayer Carlyle, un autre personnage qui m'a bien plu au premier abord avant de totalement m'indifférer, et la présence de Bridger, un enfant qui a des pouvoirs, et qui m'est un peu passé au dessus de la tête. Mais j'aurai sans doute pu passer outre s'il n'y avait pas eu tout le reste.

Terra Ignita peut au premier abord nous sembler un monde parfait, celui dans lequel l'humanité a trouvé un équilibre et où chacun peut vivre selon ses principes. Mais dans le fond, rien n'a changé.
Le monde est en réalité régi par des personnes qui vivent selon les principes des Lumières du XVIIIème siècle, Rousseau, Voltaire, l'amour libre et tout ce qui s'en suit. 
Et si on essaie de nous faire croire que tout a évolué vers plus d'égalité, avec l'interdiction de parler de religion dans un groupe de plus de deux personnes afin d'éviter tout prosélytisme ou avec un récit genré au neutre par exemple, il y a tellement d'exceptions qu'on retombe dans quelque chose de bien plus proche de nous que ce qu'on veut nous faire croire. 

On en arrive à quelque chose qui devient compliqué très artificiellement alors qu'au contraire tout est très simple. On a bien de grandes avancées scientifiques, et des Utopistes dont j'ai aimé la façon très … utopiste de voir les choses (Aldrin et Voltaire sont terriblement mystérieux et j'ai adoré ça). Mais à l'arrivée, ça m'a surtout donné l'impression d'être une grande construction artificielle pour cacher que, dans le fond, les humains sont toujours les mêmes, et toutes les digressions pour arriver à cette conclusion ne m'ont pas du tout intéressée.
Lien : https://yodabor.wordpress.co..
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Ce livre a suscité des critiques remarquables. J'y ajoute ma petite pierre.
Je donne la note de 3 parce que ce livre est très réussi
Et je donne la même note parce qu'il est très réussi
Je m'explique : ce livre construit un univers cohérent, totalement différent du notre bâti sur des concepts originaux. A ce titre, il mériterait la note 5
Mais sa réussite a ses limites. L'univers en question et les concepts sur lesquels il est fondé sont tellement étrangers que pour ma part, je suis incapable d'y entrer, de ressentir une quelconque empathie pour ses personnages.
Et malgré plusieurs tentatives, je n'ai jamais pu dépasser la page 200; j'ai quand même fait un saut jusqu'à la page 400 (ATTENTION SPOILER!) où l'on connait enfin le crime de Mycroft. Déception: ce n'est pas un crime inconcevable contre les règles de la société, non, tout simplement Mycroft, c'est Hannibal lecter (sans l'agent Sterling)

J'ai conscience qu'il est paradoxal de reprocher à un livre un excès d'originalité.
Mais en définitive, je n'aime pas ce livre, je trouve la société qu'il décrit horrible, elle peint en réalité une utopie dégénérée qui n'est pas sans rapport avec"Le meilleur des Mondes" (lui dystopie consciente bien sûr)
et pour cela j'aurais voulu lui mettre 1.
Alors j'ai fait la moyenne.
Sur la qualité du livre, je ferai quand même quelques réserves : il paraît que son univers est inspiré par le XVIIIeme siècle français.
L'auteur s'en fait une bien étrange image. Quelle idée d'appeler Voltaire le Patriarche, comme un quelconque gourou ! Voltaire en aurait bien ri, ou pleuré. Je sais qu'au XIX des gens qui ne l'avaient pas lu, ou mal, l'ont surnommé "Le Patriarche de Ferney," mais rien n'est plus étranger à l'homme qu'il était qu'un tel qualificatif. (Tiens, le bouquin a dû être écrit avant que les universités américaines décident que Voltaire, mâle blanc cisgenre pas net sur la question du racisme, n'était pas fréquentable)
Et il ne suffit pas pour un auteur de s'adresser directement à son lecteur pour être Diderot. Les Anglais Fielding et Sterne (ce dernier avec une fulgurante modernité d'ailleurs), qui n'ont rien à voir avec les Lumières, le font aussi. C'est un procédé d'une époque où le roman naissant se cherchait.
Quant à l'emploi des "s longues", sans doute destiné à faire d'époque, il vient comme le proverbial cheveu sur la soupe

Autre chose : l'emploi de pronoms personnels "non genres" comme on dit, reflet d'une mode bien actuelle et discutable, est énervant, pour ne pas dire plus. J'espère de pas m'attirer les foudres du politiquement correct.
Et là je me rends compte qu'après avoir voulu faire équilibré et balancé, je suis en train d'ereinter le bouquin. Tant pis, je laisse comme ça, comme dit l'autre, "Quod scripsi, scripsi', comme le dirait l'Empereur MACON (des types sympa, les empereurs MACON, un peu dans le genre de Caligula)
Une question qui n'a rien à voir :je me suis demandé si le nom de Mycroft devait quelque chose au Frère Plus Futé de Sherlock ? Quelqu'un a une idée ?
Comme quoi ce livre est lourd d'interrogations philosophiques
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Voilà un livre que j'aurais adoré aimer. Avec une belle campagne promotionnelle de son éditeur français le Bélial' entamée quelques mois avant la sortie de ce roman, des auteurs prestigieux pour adouber l'auteure (Ken Liu en tête) et pas mal de bons échos, il y avait de quoi allécher le chaland assoiffé de bonne SF.

Et pourtant, après 250 pages de ce pavé, je me suis décidé à stopper ma lecture. Ada Palmer est une auteure douée, intelligente, sans doute érudite, même. Il n'en fallait pas moins pour imaginer cet univers complexe dans lequel la religion est taboue, les nations n'existent plus, et chacun se déplace à sa guise avec une rapidité foudroyante.

Oui mais voilà, de bonnes idées et des références chiadées (Voltaire, les penseur grecs...) ne suffisent pas à faire un bon livre, à mon sens. Car Trop semblable à l'éclair me fait penser à ces monolithes d'une beauté incontestable, mais d'une froideur tout aussi évidente. A aucun moment je n'ai réussi à m'attacher à l'un des nombreux personnages, à commencer par le narrateur Mycroft Canner. Dès lors, comment progresser dans ce monde inconnu et complexe, sans attache émotionnelle ? Surtout quand le style de l'auteur (débordant notamment d'adresses au lecteur plus ou moins utiles) ne vous convainc pas ?

Tant pis pour moi, d'autres épopées SFFF m'attendent, et j'espère que le cycle Les Rois du monde de Jean-Philippe Jaworski ou La Tétralogie des origines de Stéphane Przybylski m'apporteront plus de plaisir de lecture.
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En étant franc, ce livre possède un Worldbuilding éblouissant et je pense que c'est le seul élément qui a porté mon intérêt tout le long de ce livre. Et si il y a bien une chose à éviter de faire, c'est de le connaître en long, en large et en travers grâce à certaines critiques. Parce que niveau rythme, action et enjeux, à part les dialogues entre puissants et les révélations. le reste est d'un ennui mortel, mais bon sachant qu'il a été encensé par tant de personnes. Peut être suis je juste l'une des rares exceptions à qui ce livre n'a pas fait d'effet.

Nous sommes en 2454 et le monde tel que nous le connaissons a changé. Beaucoup changé. Ada Palmer voulait nous faire visiter un monde assez étranger très inspiré par la philosophie de la Renaissance et des Lumières. Ainsi, Trop Semblable à l'Éclair rebat entièrement les cartes socio-politico-religieuses du XXIème siècle. Et surtout grâce à un élément...

La voiture volante, elle s'est imposée comme l'unique moyen de transport de par le monde. Il est désormais possible de traverser le globe en quelques heures et de se retrouver en Asie ou en Océanie avec une facilité déconcertante. Cette révolution a eu des conséquences tout à fait inattendues. En supprimant le paramètre distance, la voiture volante a rendu la nation obsolète. Les hommes ont donc abandonné leur territorialité pour se réorganiser en Hives (Ruches) qui regroupent les individus non plus par origine géographique mais par affinités sociales, politiques, philosophiques ou culturelles. Il existe sept grandes Hives et chacune dispose de son système de loi, de ses habits traditionnels et de son système politique propre.

Une autre grande innovation, c'est le concept de bash. Un bash c'est une famille mais sans les liens du sang. Il y a aussi un autre concept très important, c'est en rapport avec la justice. Les criminels dans ce monde, ils sont condamnés à servir la communauté et privé de tout droit de propriété à cause de leurs crimes. Ils sont en quelque sorte un mélange entre valet et esclave des temps moderne. Mycroft est justement l'un d'entre eux mais lui, il est au service des oligarques les plus puissants de cette planète.

Et en tant que serviteur, on lui donne bien tâche mais cette fois ci, c'est d'une importance capitale. Il va enquêter sur la liste des 7-10, cette liste contient le nom des personnes les plus puissantes du monde de manière numérotés. Cette liste permet surtout au chercheur de ruche de connaître celle à laquelle ils veulent appartenir. Et la population des ruches déterminent leur puissance en quelque sorte. Tout ceci se retrouve mélangé à un autre secret, celui d'un enfant prodigieux qui cache un pouvoir surnaturel. Et dans ce monde ou toute discussion sur la religion est réglementé par des sensayer, cela peut poser problème.

Alors en soit l'enjeu peut être intéressant mais d'après moi, le gros problème de ce livre ce sont bien les personnages. L'absence de genre car le masculin et le féminin ont disparu ne participe vraiment pas à l'immersion. Ada Palmer essaie sans convaincre d'attacher le genre non à un sexe mais à un comportement, ou encore à une attitude. Mais quand ce livre possède des personnages sans saveur et sans charisme, un moment on l'appelle empereur puis après on lui met du elle. On encore le sensayer ou après une interruption dans une scène plate, on nous sort "mais il y a pas de genre donc je peux mettre du elle". La confusion et le manque de caractérisation créent des personnages confus et inintéressants au possible.

D'ailleurs pour un roman érudit, moi j'ai été franchement déçu. On nous parle de Rousseau, de Diderot ou de Hobbes mais rien n'est vraiment développé. Je prends l'exemple de R Scott Bakkker, quand il nous colle de la philo, il nous la donne de manière intéressante et immersive. Mais la, le bordel totalitaire de la perversion, moi je me suis fait chier dans cette explication dont le rapport avec l'intrigue est vraiment limite...

700 pages pour juste nous montrer que cette société utopiste ne l'est pas mais un peu quand même. Entre les interruptions de Mycroft, "cher lecteur, vous êtes un débile et je vais tout vous expliquer" ou avec des scènes d'actions plates à en mourir. On nous parle de révolution dans 7 jours, mais moi cette visite de 4 jours dans cet univers ne me donne vraiment pas envie d'y replonger. Ce livre n'est pas exigeant d'après moi, c'est juste qu'il fait de l'érudition sur n'importe quoi. Mais encore une fois, si l'intrigue et les perso sont nuls, les concepts sont très novateurs. Cette oligarchie prête à tout pour conserver le pouvoir, ce corporatisme qui détient les trois quart de cette planète.

Oui il y a de bonnes idées, je continuerai quand tout le diptyque sera sorti mais pour l'instant, l'ennui m'a coupé l'appétit en quelque sorte. Plus novateur que Damasio qui n'a pas évolué depuis le remix de 1984, mais pas pour autant que je lui décernerai la palme du meilleur livre de sf... Mais je préfère avertir, nombreux sont ceux qui ont aimé.
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Je sors de cette lecture avec un sentiment très mitigé. Au temps j'ai été happé par le côté mystères, un brin surnaturel et la description de cette société dystopique, au temps, les très nombreuses digressions dans l'histoire m'ont fait perdre le fil principal. L'univers, les personnages, les imbrications entre chaque partie en présence sont à la fois fines et complexes, ce qui peut rendre la lecture assez ardue. Je me suis souvent accroché avec l'espoir que les réponses, tel un flash semblable à un éclair illuminant soudain un ciel obscur, seraient apportées dans les pages suivantes. Bon, la réalité est souvent différente de ce qu'on imagine (l'éclair n'illumine que rarement un ciel plus de quelques secondes) et je finis ce premier tome avec beaucoup d'interrogations.
La curiosité me poussera sans aucun doute à chercher les réponses dans les livres suivants déjà parus.
Un roman SF à découvrir néanmoins pour sa grande richesse et rentrer dans l'imaginaire très poussé de son auteure.
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Je suis … Partagée sur ce livre. Il part dans tous les sens. Je vais essayer de ne pas faire pareil, et de donner un petit résumé : Dans un futur relativement lointain, l'humanité s'est divisé en sorte de caste, appelées Ruches, suivant la fonction/le métier exercé. le concept d'état-nation n'existe plus (ou est sensé ne plus exister, parce que des pays comme le Japon et la Chine sont souvent cités), tout comme le concept de religion (alors que si dans l'idée, mais passons), et de genre (idem). Au milieu de tout ça, un enfant, nommé Bridger, est capable d'exercer des miracles, et doit être protégé à tout prix.

Bon, je vais le dire : c'est fouillis. Beaucoup de concepts et de personnages sont balancés sans ménagement en moins de 100 pages, et c'est difficile de s'y retrouver. Beaucoup ne tiennent pas la route (voir ci-dessus). L'autrice est apparemment professeur d'histoire, et ça se sent. Aucun mal à avoir de la culture et voir utiliser des concept existants dans la vie réel, c'est souvent utile pour créer un lien avec notre monde, mais là, c'est trop. Encore une fois, encore des parallèles avec la Grèce Antique et les penseurs d'époque ? Et pourquoi cette obsession avec les Lumières ? Montrer sa culture, c'est bien. L'étaler pendant des paragraphes pour montrer comme son récit est profond, c'est lourd. Autre chose de lourd, le constant rappel qu'on lit un livre. Les injonctions au lecteur, et l'incursion systématique du « lecteur », le brisage du quatrième mur, c'est quelque chose que je déteste personnellement. Ca me sort du récit, et de l'histoire.

Ce n'est, je tiens à le dire, pas un mauvais livre. Je pense sincèrement qu'Ada Palmer sait écrire et a une culture incroyable. Je lirai la suite. Mais je crois ne pas être le public. En tout cas, ce livre n'était pas pour moi. Dommage, car c'est un livre très beau, et d'une super maison d'édition indé.
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