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3,7

sur 250 notes
En général quand on part en 2500 après JC dans un roman de SF, on en a pour son argent. Si on n'y croise pas forcément des centaines d'espèces extraterrestres, on a au moins le loisirs de traverser un morceau de galaxie peuplé d'humanoïdes exotiques. Mais pas dans le 25e siècle d'Ada Palmer.

Ici on reste le plus souvent sur Terre, et si on s'envoie parfois en l'air, ce n'est que très brièvement, le temps d'un saut de puce en voiture volante entre le Chili et Paris. Enfin, la voiture volante c'est quand même bien sympa, surtout quand dans une logique très matérialiste, elle remodèle tous nos systèmes religieux, moraux et politiques.

C'est LA bonne idée du bouquin, faire découler toute une utopie planétaire, d'une simple innovation technologique. Avec l'ensemble de la planète à moins de deux heure de bagnole, les états nations deviennent obsolètes, la coexistence religieuse insoutenable, les conventions morales bouleversées. L'humanité s'organise alors en un joyeux bordel intersectionnel où chacun choisit sa nation, sa famille et sa religion à la carte.

Trop semblable à l'éclair nous propose donc une utopie très originale et suffisamment extrapôlée de notre monde contemporain pour qu'elle nous parle. le monde décrit est enivrant et compense largement la quasi absence de conquête spatiale : au ras des pâquerettes, le "sense of wonder" est quand même là.

À cela s'ajoute une réflexion sur les fondements philosophiques de nos sociétés modernes et futures, qui donne un joli vernis intello à l'ensemble. Certes cela paraîtra trop bavard à certains. Et certes l'intrigue met un temps fou à se déployer et ne commence vraiment qu'à la toute fin du livre. Et certes, l'irruption du surnaturel dénote un peu dans l'ensemble et paraît même parfois saugrenue. Et certes, le narrateur est un personnage aussi intriguant que son style est pénible...

Mais on passe tout de même un plutôt bon moment à décortiquer les fondements et les limites de notre civilisation contemporaine sous les cieux exotiques de sa descendante. Assez pour avoir envie d'y retourner pour la suite, mais pas beaucoup plus.
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Le plus français des romans de SF américaine que j'ai jamais lu, l'ouvrage futuriste le plus XVIIIème siècle que je n'ai jamais tenu entre les mains : une saveur surprenante, comme la première fois qu'on goûte un plat sucré-salé.

[...]

Jacques le Fataliste dans le monde des voitures volantes.

L'histoire va nous être conté par Mycroft, humain réduit en esclavage en raison d'actes qu'il a commis, qui bénéficie d'un rapport privilégié, bien qu'à l'origine énigmatique, avec tous les grands de ce monde.

Et il va nous la raconter d'une manière peu commune : à la façon de Jacques le Fataliste, de Diderot. Jacques m'avait énormément énervé à une autre époque de ma vie. Il est également arrivé que Mycroft me tape sur le système. Je ne sais pas si le fait que le récit cherche volontairement à me faire ressentir ce genre de sentiment rend cela génial ou encore plus lourd à mes yeux… Sans doute un peu des deux.

Donc, ce style, ça ressemble à quoi ? Une langue vieillie, des digressions érudites ou personnelles, des redites, un narrateur qui s'adresse directement au lecteur, voire qui interagit avec une version de celui-ci tout droit sorti de son imagination et auquel il prête de nombreuses remarques et pensées. Entre connivence et manipulation.

La sensation la plus intéressante qu'a produit chez moi ce procédé, c'est un étrange sentiment de décalage temporel. Un homme de 2454 s'adresse à son lecteur potentiel, donc une personne vivant après 2454, en lui prêtant une manière spécifique de penser, dans un langage librement inspiré du XVIIIe siècle… Un plongeon dans l'abime du temps.

Par ailleurs, le choix de ce style littéraire est intrinsèquement lié au thème et aux évènements du livre…

Dès le début, Mycroft nous annonce qu'il va nous parler de la fin d'un monde et du début d'un autre, le « renouveau abrupt de la philosophie du XVIIIe siècle ». Un programme ambitieux, donc, qui nous entraine tout d'abord sur deux chemins apparemment sans rapport l'un avec l'autre.

D'un côté, on découvre Bridger, un (grand) enfant capable de faire littéralement des miracles puisqu'il donne vie aux choses. [...] de l'autre, on assiste aux début d'une enquête portant sur le vol d'un classement de personnalités politiques, dont la disparition et la réapparition semble à même de troubler l'ordre d'un monde par ailleurs totalement pacifié…

Dans ce premier tome, c'est cette trame politico-policière qui est la plus développée. Mais ne vous attendez pas à des retournements de situation à répétition. le récit se déroule sur une poignée de jours et, plus qu'une avancée dans le temps, c'est une avancée dans les profondeurs et les méandres de la politique. de la scène aux coulisses.

D'abord, on prend connaissance des différentes forces en présence. On découvre leur rôle dans la société, leur place politique, leur image médiatique. Puis, on s'approche un peu plus d'eux, on les voit à l'oeuvre dans leurs tâches quotidienne. Puissants mais humains. Et enfin, cette image officielle se morcelle et cède la place à une connaissance plus intime des différents protagonistes, mettant à jour des rouages et des ficelles jusqu'alors invisibles. Car, comme le dit parfois Mycroft, les personnes réellement importantes, décisives, ne sont pas forcément sous les feux des projecteurs…

Qui est marionnette et qui est marionnettiste ?

Un des gros points forts du roman pour moi, c'est l'univers qu'il développe. Un monde où les États, dans la version géographique que nous connaissons, ont disparu, laissant place à des nationalités fluctuantes et choisies. [...] L'individu est au centre de cet univers : c'est lui qui choisit sa Ruche, détermine (ou pas) son genre, définit ses croyances (pour ne citer que trois thèmes saillants du roman). Chacun est particulier, unique, faisant de l'humanité un camaïeu de minorités apte à faire disparaître les systèmes oppressifs basés sur les notions de groupe et de majorité. [...]
Lien : https://vaisseaulivres.wordp..
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Je viens de terminer ce premier volume de « Terra Ignota » qui en comptera deux. Je ne me lancerai pas dans un résumé ce qui me paraîtrait un peu vain et surtout fort difficile ,mais je vais essayer de préciser mon ressenti à cette lecture. C'est un choc ! Il y a longtemps que je n'avais pas été aussi intrigué , étonné par un livre .Pourtant je ne suis ni un poulet de l'année(72 ans ,hélas) , ni un lecteur novice(voir Babelio) , ni un débutant en SF (j'en lis depuis mes 13 ans) . Je peux comprendre que le lecteur en soit perturbé , dérouté , tant la forme et le fond en sont originaux. Mais pour moi, ce fut jubilatoire , car ce livre correspond à ce que j'attends de la SF : une stimulation, l'ouverture de perspectives nouvelles . Et en plus Ada Palmer fonde son utopie sur les philosophes des Lumières ,époque et littérature également chères à mon coeur. Alors allez-y , foncez , mais attachez vos ceintures . Par contre si pour vous la SF c'est uniquement l'univers Marvel, ou Stars War ( que j'apprécie aussi) passez votre chemin.
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Grosse déception. le roman m'est tombé des mains, j'ai pourtant persévéré jusqu'à la page 600. Aucune empathie avec les personnages, une l'intrigue inutilement boursouflée, un style lourd. Je m'attendais à un roman du même calibre que l'exceptionnel Anatèm de Neal Stephenson... raté et de loin !
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J'ai reçu Terra ignota dans le cadre des explorateurs de l'imaginaire. Merci au bélial et au site lecteurs.com pour cette merveilleuse découverte. Voilà une excellente lecture, passionnante, originale et dense.
Ada Palmer ne nous offre pas toutes les clés de compréhension au départ. le lecteur s'acclimate peu à peu ce qui est un effort qu'il faut accepter de faire et qui vaut la peine. Je n'ai pas pu m'empêcher de rattacher ce point nécessaire à ma lecture d'anatem : il faut accepter le fait qu'on ne comprendra pas tout tout de suite.
L'univers est très original, développé, construit et d'une grande variété.
L'intrigue se déroule dans un futur où les distances ne sont plus un problème et où la religion est éradiquée. La technologie est primordiale et influence la construction de la société. Entre les voitures volantes qui anéantissent les distances, les traceurs, les animaux robots…, on est loin d'un futur où tout s'est effondré. Ce qui est complètement différent du présent c'est le découpage de la Terre, il n'y a plus de pays mais 7 ruches indépendantes de leur localisation géographique. Devenu adulte, chacun choisit quelle ruche correspond le mieux à sa philosophie de vie, son ambition. Chaque ruche suit sa direction, elle a son fonctionnement et une politique qui lui est propre et unique. Découvrir la construction de chaque ruche est passionnant. Il est aussi possible de devenir hors ruche ce qui entraine liberté mais aussi une absence complète de protection juridique.
Autre originalité, il n'y a plus de famille au sens actuel du terme. Les personnes sont regroupés en bash. Cette structure est constitué de 4 à 20 membres qui vivent et élèvent les enfants en commun. Cette unité de base permet une grande liberté au niveau des relations. A première vue, l'univers en paix avec un fonctionnement original fait penser à une utopie mais est-ce vraiment le cas. Entre les servants qui sont des esclaves modernes, les immuables qui sont discriminés, les inégalités sociales qui persistent… on est loin d'avoir un univers si lisse et sans soucis qu'on attend d'une utopie.
Si l'univers est particulièrement bien construit et développée, l'écriture et la langue n'ont pas été négligées pour autant et colle avec l'univers. Les références littéraires et philosophiques sont nombreuses en particulier celle liées aux Lumières. La langue utilisée est aussi une preuve de l'évolution de la société. Il n'y a plus de genre, c'est même insultant d'utiliser les marque de genres et pour illustrer cela, le traducteur utilise on pour le singulier et ons pour le pluriel. C'est déroutant ce choix de traduction du they anglais, ça demande un temps d'adaptation mais ça marche vraiment bien. Je me demande si je n'aurai pas préféré l'utilisation de iel/iels mais il est vrai que ce choix aurait probablement aussi dérangé certaines personnes.
Les jeux de langage sont aussi nombreux : entre les interrogations sur l'étymologie, les remarques sur la perte à la traduction et les réponses potentielles du lecteur au narrateur rédigé en ancien français avec l'ancienne graphie, garder un bon rythme n'était pas évident et pourtant c'est réussi. Autre aspect qui aurait pu casser le rythme de l'histoire, les digressions sont nombreuses. le narrateur s'adresse au lecteur, fait des pauses philosophiques, insère des fausses pistes et manipule le lecteur. Encore une fois, c'est bien dosé et ça fonctionne.
Un dernier point clé de cette lecture, le narrateur est très intéressant, son ambivalence participe à l'atmosphère du récit. Il affirme dès le départ qu'il est horrible, qu'il ne faut ni lui faire confiance ni s'attacher à lui et pourtant on aime le suivre et on s'attache ce qui rend d'autant plus marquant la révélation sur son passé. J'ai adoré ma lecture mais il est important de prévenir que c'est une lecture exigeante où tout fonctionne mais demandera une certaine concentration. Hâte de lire le second tome.

update : j'ai aussi écouté la version audio
Terra ignota est ma saga coup de coeur absolue. Quand j'ai vu que le premier tome paraissait en version audio et qu'il était disponible sur netgalley, j'étais la plus heureuse du monde entier et j'avais hâte de redécouvrir cette oeuvre via un autre support. Malheureusement j'ai vite déchanté mais pour bien comprendre ce qui m'a posé soucis, il est important de rappeler les principes clés de l'univers. C'est une société dégenrée, sans communauté religieuse, avec 7 ruches remplaçant les pays, des bashs remplaçant les familles et une société dégenrée. Oui j'ai écrit 2 fois dégenrée car ça a son importance au vu de l'audio. Est ce que je recommande la lecture ? Oui. Est ce que je recommande l'audio ? hélas non. J'ai l'impression que le lecteur n'a pas compris ce qu'il a lu et a tout pris au pied de la lettre. Oui le roman est présenté comme un compte rendu historique, non ce n'est pas un rapport classique sans prise de position du narrateur. du coup, lire le récit de Mycroft comme un livre d'histoire d'une voix monotone sans le ton décalé et impertinent qui fait tout le charme de ce texte, ce n'est pas très judicieux mais à la rigueur on peut faire avec. Donner une voix molle et digne de Winnie l'ourson, à Sniper alors que c'est le/la sex symbol ultime que tout le monde mettrait bien dans son lit, ça ne vend pas du fantasme une telle voix, mais ça aussi on peut faire avec. Entendre un millier de fois J E d'D Maçon, c'est lourd à écouter, le prononcer Jedd comme tout le monde ça serait plus fluide mais à la rigueur ça aussi on peut faire avec. En revanche, ce qui ne passe pas c'est le genrage des protagonistes. On est dans un univers dégenré, c'est même insultant de genrer ou de spéculer sur ce qu'il y a dans le slip d'autrui. Alors oui, Mycroft, le narrateur pour être impertinent genre les personnages mais il explique bien que c'est son interprétation lié aux clichés de genres passés et que ça ne colle pas forcément avec la réalité. Là le lecteur utilise des voix « féminines » et « masculines » en suivant les pronoms utilisés par le narrateur quitte à modifier la voix en cours de route s'il découvre que derrière le « elle » a un corps de « il » et inversement et ça non je suis désolée mais ça va à l'encontre de la philosophie de la saga. Pour finir sur une touche moins négative, les musiques inter-chapitres sont chouettes. En résumé, j'ai adoré ma lecture mais pas du tout mon écoute.
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[Avis lecture] Tomes 1 et 2 de Terra Ignota :Trop semblable à l'éclair, Sept Redditions par Ada Palmer

La première fois que j'ai entendu parlé de cette saga, c'était à la radio, pendant l'émission la méthode scientifique sur France Culture, où Ada était invitée par l'équipe de Nicolas Martin pour parler de son oeuvre. Et j'ai été profondément intriguée par cette présentation, si bien que j'ai filé en librairie pour me prendre le premier tome. Puis il a sombré dans ma PAL pendant plus de 2 ans..
Il aura fallut que j'aille aux Utopiales en octobre dernier pour voir mon envie de lire cette saga renaître, après avoir entendu et vu Ada Palmer en live pendant de nombreuses tables rondes (notamment avec Jo Walton 🥰), parler de féminisme, d'utopie, d'écologie et autres sujets qui sont chers à mon coeur. Ça vision des choses était construite et absolument passionnante tout en étant quelqu'un d'humble et de tolérant.
J'ai acheté la suite de la saga au salon, je suis rentrée chez moi, puis j'ai lu les 2 premiers tomes.
J'ai appris que les tomes fonctionnaient par 2, que le premiers des deux installait les choses pour permettre au second d être plus dans l'action, alors j'ai dévorer les 2 d'un coup.
Et j'ai ABSOLUMENT adoré. C'était passionnant, complexe, construit, comme un documentaire romancé sur une autre vision du monde, un futur hypothétique, ses mécanismes, ses limites.
La lecture est exigeante c'est certain, et si on aime pas les choses un peu philosophiques ou pleine de descriptions, je peux concevoir qu'on soit perdu tant cela ressemble à un essai. La narration est particulière, l'histoire se mêlant sans cesse aux commentaires du narrateur ou de l'un ou l'autre protagoniste, comme s'ils analysaient en tant réel l'oeuvre produite pendant qu'elle était rédigée. Il faut bien atteindre le premier tier pour être plus à l'aise avec l'utilisation de pronoms non genrés, et certains concepts ne sont expliqués que plus tard, au moment le plus opportun pour ne pas noyer le lecteur dans une succession d'explications litterales. Mais cela valait tellement le coup de s'accrocher. Je me suis régalée, mon esprit était en ébullition et j'ai pris de nombreuses notes pour en discuter avec mes amis pendant nos soirées à refaire le monde. Cette saga est un manifeste à penser le monde autrement. Et il me tarde de lire la suite.
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Il y a des livres qui font peur, et Trop Semblable à l'Eclair d'Ada Palmer, à pendant un moment fait parti de cette catégorie pour moi. Entre les avis dithyrambique, ceux mitigé mettant l'accent sur la lenteur ou l'érudition excessive de son autrice, j'avais envie de découvrir ce que beaucoup considère comme un futur monument de la SF, mais j'avais peur de passer à côté, de ne pas y arriver, d'être trop con pour saisir les subtilités. D'autant plus que c'est le premier tome d'une tétralogie, du coup si on se lance, c'est pour de bon !
Bon du coup j'ai profité d'un SP de l'audio livre pour essayer et grand bien m'en a fait, car oui, ce livre est brillant. Mais oui, il peut être chiant et à parfois tendance à s'écouter parler.

25e siècle, sur une Terre qui a dépassé les clivages des nations et où la population s'organise désormais par affinité dans ce que l'on appelle des ruches, Mycroft Canner, un Servant, esclave moderne sans aucun droit à la propriété, punition reçu pour ses crimes innommables, va nous narrer une semaine clef de cette société.
Ce moment commence par la rencontre des lecteurices avec un jeune adolescent aux pouvoirs prodigieux permettant de donner vie aux objets inanimés et se poursuit par un vol, celui de la liste des 9 personnes les plus influente, dressé par un journal indépendant, le Black Sakura.

* * *

Bon commençons par évacuer les défauts, ce sera plus vite fait.
Clairement, ce livre est bavard, très bavard, trop bavard je trouve. Son protagoniste principal, Mycroft aime s'écouter parler et cela à du charme, et contribue clairement à l'ambiance du récit. Parfois c'est juste assez pour amuser et captivé, parfois c'est juste sur la ligne entre un le vertige et l'ennui, et parfois cela franchit la ligne.
Il en va de même pour l'érudition de l'autrice. Celle-ci semble vouer un amour profond pour les philosophes de la période des lumières, et cela transpire quasiment à chaque page. Les références sont nombreuse, et parfois c'est trop. Trop de culture étalé, trop de référence, un manque de subtilité qui parfois agace. Je pense à certains passages particulier où même sans posséder les références, celles-ci sautent aux yeux et c'est franchement indigeste.

* * *

Mais au-delà de ces défauts qui peuvent plomber le réçit, et pèse pendant une bonne moitié du livre, Trop semblable à l'éclair possède de grandes qualités.
Tout d'abord son univers riche et fouillé propose des changement de sociétés radicaux qui sont franchement passionnant. Les structures sociales, familiales, étatiques, tout est bouleversé, rebattu et permets des explorations et de nombreux questionnement, que ce soit sur la politique, la morale, le genre, l'éthique, Ada Palmer est très exhaustive.

Si je regrette que beaucoup de personnage soient à mon sens relativement utilitaire et pas assez caractérisés, ce n'est pas le cas de Mycroft notre narrateur. Et si parfois la verve chargée de l'autrice pèse, souvent, Mycroft est très réjouissant. Que ce soit dans sa manière de nous narrer l'histoire, de briser le quatrième mur ou par ses multiples contorsions, manipulations et rétentions d'informations qui égarent le lecteur pour mieux jouer avec.
Il ment par omission, travesti la réalité, lâche ses révélations au compte goutte et le tout avec un ton qui est souvent des plus savoureux.

* * *

Si l'intrigue principale (l'enquête sur le vol de la liste) peut paraitre anecdotique et confuse dans un premier temps, c'est parce qu'elle n'est en apparence qu'un prétexte pour nous faire voyager dans l'univers d'Ada Palmer et nous en dessiner les contours.
Les enjeux sont flous un bon moment mais lorsque ceux-ci commencent à s'éclaircir, lorsque tout commence à se mettre en place, on est soufflé par l'élégance du procédé.

C'est ainsi que cette quasi utopie qu'on nous promet tout au long de la première partie du roman se craquelle doucement, que le vice apparait sous le vernis. Que cette société parfaite qui semble avoir bannis prison, violence et prosélytisme religieux pour une société qui semble plus juste et égalitaire, dévoile son jeux.
Sa violence feutrée, son esclavagisme déguisé, la culture politique des masses proche du néant, son incapacité à adresser réellement le crime, la consanguinité incestueuse de ses cercles de pouvoirs.

Oui, Trop Semblable à l'Eclair est un roman exigeant qui demande concentration et implication, qui a besoin qu'on accepte de se laisser promener un moment, mais si on s'accroche, si accepte la proposition de l'autrice, ses pirouettes et digressions sa parfois lourdeur, la récompense est à la hauteur sous la forme d'un roman d'une richesse phénoménal, tortueux, surprenant et aussi attachant.

Lien : https://imaginelec.blogspot...
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Je suis … Partagée sur ce livre. Il part dans tous les sens. Je vais essayer de ne pas faire pareil, et de donner un petit résumé : Dans un futur relativement lointain, l'humanité s'est divisé en sorte de caste, appelées Ruches, suivant la fonction/le métier exercé. le concept d'état-nation n'existe plus (ou est sensé ne plus exister, parce que des pays comme le Japon et la Chine sont souvent cités), tout comme le concept de religion (alors que si dans l'idée, mais passons), et de genre (idem). Au milieu de tout ça, un enfant, nommé Bridger, est capable d'exercer des miracles, et doit être protégé à tout prix.

Bon, je vais le dire : c'est fouillis. Beaucoup de concepts et de personnages sont balancés sans ménagement en moins de 100 pages, et c'est difficile de s'y retrouver. Beaucoup ne tiennent pas la route (voir ci-dessus). L'autrice est apparemment professeur d'histoire, et ça se sent. Aucun mal à avoir de la culture et voir utiliser des concept existants dans la vie réel, c'est souvent utile pour créer un lien avec notre monde, mais là, c'est trop. Encore une fois, encore des parallèles avec la Grèce Antique et les penseurs d'époque ? Et pourquoi cette obsession avec les Lumières ? Montrer sa culture, c'est bien. L'étaler pendant des paragraphes pour montrer comme son récit est profond, c'est lourd. Autre chose de lourd, le constant rappel qu'on lit un livre. Les injonctions au lecteur, et l'incursion systématique du « lecteur », le brisage du quatrième mur, c'est quelque chose que je déteste personnellement. Ca me sort du récit, et de l'histoire.

Ce n'est, je tiens à le dire, pas un mauvais livre. Je pense sincèrement qu'Ada Palmer sait écrire et a une culture incroyable. Je lirai la suite. Mais je crois ne pas être le public. En tout cas, ce livre n'était pas pour moi. Dommage, car c'est un livre très beau, et d'une super maison d'édition indé.
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Tout ça pour ça !

Une fois la dernière page lue, c'est la première (et dernière) chose qui m'est venue à l'esprit.

660 pages, pfff je ne sais qui a décidé que tout bon livre de SF doit faire un minimum de 500 pages pour être bon et être cité au Nebula, mais ça commence à me dégouter d'en lire (J'ai pourtant des souvenirs de chefs d'oeuvres de 100 misérables feuillets).
Du coup on est dans le remplissage forcené. C'est flagrant dans ce roman ou la forme torpille le fond dans un mélange de philo, de saupoudrage de références littéraires, de "Latinades", de didascalie and cie, de paragraphes sans queue ni tête bref tout un attirail pour "abattre" un lecteur comme moi.

Dommage car il y a de quelques belles choses dans le fond, mais je passe mon tour pour les autres 56 3230 pages des autres tomes.

PS : entierement d'accord avec la critique du LeScribouillard, que je trouve même gentil.
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Trop semblable à l'éclair est un premier tome et un premier roman qu'on peut qualifier de chef-d'oeuvre. Très imprégné de la philosophie du 18e siècle, le texte est porté par un narrateur époustouflant à la psychologie soignée qui nous raconte a posteriori des évènements graves qui ont eu lieu à son époque et qui ont probablement causé la chute de cette société qui frôle l'utopie. J'ai dévoré ce premier tome et précommandé le second dans la foulée tant j'ai été convaincue, tant j'ai été emballée. Sans hésiter, je qualifie ce roman de coup de coeur et je le recommande très chaudement. Attention toutefois, à mon sens, sa lecture demande un peu de préparation préalable pour l'apprécier dans son ensemble.
Lien : https://ombrebones.wordpress..
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