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sur 516 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Trois femmes, de trois générations différentes. Trois combats, en trois lieux et trois époques.
Ces femmes ce sont Ba, qui signifie "grand-mère" en vietnamien, puis H. qui est l'une de ses trois filles (les deux autres ont aussi un prénom en H, alors celle-ci sera la "seconde H.") et, enfin, à la troisième génération, il y a Line. Car ce texte est autobiographique. Et ces combats, endurés par ces trois femmes, ont réellement eu lieu. Ce fut une succession de guerres pour Ba, l'exil pour "la seconde H." et la maladie pour Line.
Entre ces trois combats, des liens existent. Ba a traversé les multiples affrontements qui ont meurtris son pays : Japonais, Américains, Chinois, Français sont tous venus faire parler les armes sur ce territoire. Line Papin retranscrit parfaitement la vie dans ces conditions, la peur, la faim, le deuil, mais aussi l'attachement aux traditions et le lien avec la nature et les éléments.
La seconde H., elle, s'est mariée à un Français installé au Viêt-Nam. le lieu change alors : direction Hanoi… avant que l'exil s'impose : le Français veut rentrer chez lui après 15 ans au bout du monde. Là encore, le ressenti de cette 2e femme est très finement retranscrit. Nous vivons avec elle la difficulté de l'acclimatation à un environnement si éloigné de ses repères, face à des personnes toutes différentes d'elle-même et dont elle ne parle pas la langue.
Mais l'exilée est arrivée en France avec 2 enfants ; et la plus jeune, Line, n'a alors que 10 ans. Si le cours de la vie de H. a pu être influencé par toutes les guerres que sa mère a traversées, mais sans que ce lien soit vraiment certain, il n'y a au contraire aucun doute que la chute de Line nait du déracinement qu'elle et sa propre mère ont vécu. Car tandis que H. s'adapte, Line s'effondre. Anorexie, repli sur soi, isolement, hôpital, désir de mort, pulsion de vie : l'autrice nous expose tout ce par quoi elle est passée, dans une langue brute, claire, sans équivoque et de ce fait bouleversante. Ses épreuves sont douloureuses et elle parvient à transmettre cette douleur, avec le recul des années, d'une manière glaçante, révélatrice d'un indéniable talent.
Ce talent transparait de toute façon tout au long de son livre : dans la moiteur du Viêt-Nam rural, dans l'agitation d'Hanoi, sur les trottoirs parisiens, dans le couloir sombre d'un vieil appartement ou dans les chambres blêmes des hôpitaux, Line Papin donne vie à ses peines, ses joies, ses souffrances, ses attachements, ses arrachements au travers d'une époustouflante association de réalisme et de poésie, comme si la deuxième permettait de se protéger un peu du premier.
L'autre protection, qui correspond aussi à la prise de recul que j'ai évoquée plus haut, tient dans la manière de Line, l'autrice, d'évoquer Line, le personnage, sous trois points de vue différents, dont la place dans le texte évolue au fil des pages : la troisième personne du singulier, présente au début, reste prépondérante dans la majorité des chapitres qui suivent ; puis la deuxième personne entre en scène, de loin en loin ; et, enfin, bien plus tardivement, Line Papin, l'autrice, ose écrire "je".
C'est peut-être alors qu'elle parvient à réconcilier ce "je" avec "elle" et "tu", à réunir Line, l'autrice, et Line, le personnage, à harmoniser les deux moitiés d'elle-même, métisse franco-vietnamienne, et à enfin devenir l'unique Line Papin.
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Line Papin est une écrivaine française. Elle est née à Hanoï, y a vécu jusqu'à l'âge de dix ans avant de rejoindre la France. Après des études de lettres et d'histoire à la Sorbonne, elle se consacre à l'écriture. Son premier roman, L'Éveil, a obtenu plusieurs prix littéraires et a été traduit en plusieurs langues. Les Os des filles est son troisième roman. Il fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs 2020 du Livre de Poche. C'est en ma qualité de jurée que je l'ai découvert.

Nous finissons tous ainsi, après tout, et c'est doux. C'est doux parce que c'est commun. Il y aura eu bien des injustices, bien des secousses, bien des dangers ; il y aura eu des joies, des rires, des peurs, des amours, des haines, des ressentiments, des passions ; il y aura eu des accidents, des voyages, des crises, des maladies… Nous aurons été chacun à notre manière déformés par la vie. Il restera les os humains - ce que nous avons été au minimum, ce que nous avons tenté d'être au maximium.
Les os des filles, c'est une histoire de femmes, de trois femmes : Ba, sa fille et sa petite-fille (qui n'est autre que l'auteure elle-même). Ces trois générations de femmes traverseront trois combats : celui de la guerre, celui de l'exil et celui de la maladie.

Les os des filles commence dans les années 1960, pendant la seconde guerre d'Indochine, dans un petit village situé à une trentaine de kilomètres d'Hanoï. Pour échapper aux coups de son mari et aux réflexions cinglantes de sa seconde épouse, Vu Thi Gao décide de fuir sa maison. Elle part avec ses deux filles s'installer sur un lopin de terre. Elle y érige une maisonnette. Dans cette cabane de terre elle élève ses filles qui très vite vont l'aider aux rizières. L'une d'elle à seize ans décide d'apprendre à lire et de comprendre tout ce qu'on ne lui disait pas. Dès lors, Ba s'inscrit aux cours de Trang, l'un des fils du chef du village, professeur de littérature et d'histoire. de leur amour naîtra trois filles.

En 1968, les trois soeurs sont belles, maigres et vivent dans un pays qui croule sous sept millions de tonnes de bombes. Malgré tout, elles sont fortes. Au décès de la mère de Ba, la famille quitte la campagne pour rejoindre Hanoï, cette ville tentaculaire, vrombissante qui leur ouvre les bras et le coeur. La seconde fille épouse un expatrié, un français. de leur union naîtra deux enfants dont Line. Dix ans plus tard, le cordon ombilical avec Hanoï est rompu. Ba, son mari et ses enfants quittent le Vietnam pour atterrir en Touraine, une province froide de la France. Quelques années plus tard c'est à Paris qu'ils échoueront.

À force de déracinements, Line est devenue l'épave de sa guerre intérieure. Elle n'a faim de rien, ne sourie plus. Line crève jusqu'à ce que l'hôpital vienne la chercher avec la même urgence et le même devoir que les forces américaines en Normandie. Elle y est restée une année entière. Line a abîmé ses os, elle ne grandira plus. C'est fini pour les os et les eaux. Mais Line vivra. Déracinée, elle n'était plus nourrie de cette sève qui coulait dans ses veines et a failli dépérir. L'année de ses dix-sept ans puis l'été de ses vingt-trois elle est revenue. Elle n'a pas tout à fait reconnu la ville où elle avait grandi. Elle est une étrangère au Vietnam, une étrangère en France, une étrangère... Mais elle connaît Paris et Paris la connaît. L'armistice a été signé. La vie pouvait recommencer.

Les os des filles c'est une histoire de femmes, de celles qui sont arrachées à leur terre, de celles qui ne sont nulle part chez elles, qui souffrent dans leur chair en silence et qui un jour parviennent à éteindre leur guerre intérieure, pour renaître. Les os des filles est de ces romans qui touche en plein coeur. La plume de Line Papin est délicate, subtilement dosée mêlant douceur et douleur. Tout n'est qu'émotions. Les os des filles est à lire pour comprendre la douleur que ceux qui quittent emportent.
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Je suis reconnaissante à la prêteuse qui m'a donnée à lire ce beau texte. Cette histoire de famille racontée par une des filles de la troisième génération. Tout en découvrant des coutumes du Vietnam, la vie à Hanoï, on chemine dans la vie de ces trois femmes, dans leur époque. Et puis la déchirure de cette petite fille arrachée à sa vie de 10 ans sa décente aux enfers et sa reconstruction.
Les photos et dessins au milieu du livre effacent le mot roman.
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Petit livre par la taille mais qui n'en reste pas moins un livre fort par son contenu. Line Papin nous raconte avec une très belle plume sa vie, ou plutôt sa jeunesse puisque l'écrivaine n'a que 24 ans. Et cette jeunesse n'a pas toujours été simple.

Tout commence par la famille, grands-parents, parents, leur histoire est abordée en évoquant rapidement le contexte de guerre, l'auteur étant d'origine vietnamienne. Et puis ensuite, la naissance surprise de l'écrivaine et les premières années de sa vie dans un pays pauvre qui n'a pas encore vu les produits occidentaux franchir ses frontières.

Les mots sont bien choisis pour nous conter cette jeunesse qui semble heureuse malgré les conditions difficiles et puis le tournant survient. Un déménagement en France et une petite fille qui vit très mal ce déracinement. le récit s'assombrit alors. On sent que la période a été extrêmement compliquée pour l'écrivaine qui en est tombée gravement malade. la plume reste relativement distante comme pour ériger une barrière de protection.

Enfin, troisième étape, le retour aux sources, les voyages vers ce pays qui l'a vu naître, les retours en France...

C'est un beau livre, c'est une belle plume, on sent surtout que l'écriture de ce roman était nécessaire pour l'auteur comme un exorcisme pour mettre fin à cette période difficile pour elle. Pour le lecteur, c'est aussi une vraie réflexion sur le déracinement qui peut parfois être très mal vécu.
Un livre qui vaut donc la peine d'être lu.
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Après avoir été confrontés récemment à un heurt entre deux civilisations suite au détour par la Patagonie (référence à "L'amant de Patagonie" d'Isabelle Autissier), nous voici arrachés à une ville, Hanoï, et parachutés en France. L'auteure, née au Vietnam d'un père français et d'une mère vietnamienne, se trouve, encore adolescente, soumise au violent déracinement culturel que constitue ce déplacement de l'Asie vers l'Europe.

le ton utilisé pour rendre compte des états d'âme de la petite fille, puis de la jeune fille, est poignant. L'auteure utilise pour cela tous les pronoms possibles (je, tu, elle, nous) pour exprimer les différents sentiments éprouvés au cours des étapes successives de son adaptation au changement radical qui lui est imposé.

On pourra être choqué, comme je l'ai été, par la façon dont sont présentés la mère et le père de l'enfant. La mère est la "seconde soeur H." et le père "le jeune Français". Ce qui n'est guère chaleureux. En revanche, les divers pronoms utilisés pour présenter les sentiments de la jeune fille sont très intéressants puisqu'ils permettent à l'auteure tantôt de prendre de la distance avec son personnage (elle), tantôt d'être sa complice (tu), ailleurs d'être solidaire et de connivence avec elle (nous) et enfin, parfois, de parler en son nom propre (je).

Ce procédé de narration est mis au service de l'expression du drame vécu par l'adolescente : comme un végétal transplanté en pleine floraison, elle ne supporte que très mal son implantation dans un nouveau monde et traverse une phase dramatique d'anorexie et une longue hospitalisation.

le drame n'est pas seulement culturel ; les dégâts causés par l'arrachement vont jusqu'à rendre la fille indifférente à sa mère : elles devinrent étrangères l'une à l'autre : "Soudain, une femme devenait étrangère dans un pays ; soudain une femme devenait étrangère au coeur de son enfant". Tout le talent de l'auteure est mis au service de la traduction du désarroi né de l'exil : "Personne ne pouvait comprendre ce que c'était que d'avoir contre sa peau un pays et une mère pendant dix ans, puis de les perdre soudain, sans que rien soit expliqué, sans que rien les remplace".

Ce roman n'est pas pessimiste. Il est ferme, intense, et rappelle un peu "Qui suis-je quand je ne suis pas moi ?" : le lecteur ressent toutes les angoisses d'un être humain soumis à un violent tangage combiné avec un lancinant roulis, mais, même si on ne navigue pas dans les mêmes eaux dans l'un et l'autre livre, on peut les refermer tous les deux avec une citation de Baudelaire : "Enfin un rivage fut signalé, et nous vîmes, en approchant, que c'était une terre magnifique" (Le spleen de Paris)
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J'ai choisi Les os des filles pour sa première de couverture que je trouvais stylée, pour l'histoire intergénérationnelle, pour découvrir la plume de son autrice, Line Papin. J'ai bien fait !

Les Os des filles narre d'abord l'histoire de trois femmes :

la grand-mère Ba, révolutionnaire dans l'âme, à la pointe de la technologie en fin de vie, motivée à cravacher et à se battre, à mordre la poussière.

la silencieuse seconde H, la fille de Ba, cadette d'une sororité à trois éléments, celle à droite de la première de couverture du livre, regard vers le sol, distinguée et de stature altière, déjà consciente de sa classe, discrète mais présente dans le quatuor féminin représenté par sa mère et de ses deux frangines,

la petite fille -l'autrice Line Papin- celle dont on n'attendait pas la venue, la déracinée qui a perdu pied -et presque vie-, celle qui a du mal à trouver un pays-refuge.

La quatrième de couverture parle de trois femmes, trois fronts : la guerre, l'exil, la maladie mentale. J'en rajouterai un commun : celui de la faim - et dans une moindre mesure, celui de la pauvreté. Trois femmes d'une même lignée, trois destins, trois périodes : la dernière née est le fruit métisse de la réconciliation entre deux nations : le Vietnam et la France.

Les Os des filles nous berce dans le Vietnam si cher à Marguerite Duras (dont on sent la discrète présence et l'allusion avec La petite fille au regard de la jeune fille de l'Amant), en période troublée de conflit avec les Français.

Dans Les os des filles, on ne manque pas d'amour malgré le manque de tout, mais rien n'est simple. Ba élève ses trois filles, souvent seule, dans le plus grand dépouillement : le sol à même la terre, une baraque dont les murs ne tiennent qu'à un fil, chaque sortie avec les copains coûte et est souvent refusée. Une vie à la dure qui renforcera les caractères, les envies d'ailleurs, l'envie d'avoir mieux. La seconde H est le personnage le moins marquant des trois femmes, assurément la plus déterminée aussi, faisant la preuve d'une capacité hors du commun d'adaptation, d'une intelligence méthodique à construire son bonheur. La petite fille -l'inattendue- porte en elle tout l'espoir et l'amour de sa famille : celui de la date d'anniversaire de sa grand-même Ba, celui de la première petite fille, celui d'une incomprise aussi. C'est finalement elle qui marquera la faiblesse de tous ces beaux parcours, elle qui en représentant le trait d'union de réconciliation, va se fissurer en refusant de choisir, elle qui finalement sera malmenée et malaimée puisqu'elle n'a pas choisi l'exil, l'a subi sans qu'on lui explique, parce qu'elle n'a pas choisi la faim, parce qu'elle subit elle aussi la guerre - une guerre interne, vicieuse, sournoise, dévastatrice.

J'ai tout aimé dans Les Os des filles : le texte propre, intelligent, brillant, déroutant passant parfois au "elle" au "je" au "nous" (si cher à Julie Otsuka dans Certaines n'avaient jamais vu la mer) : l'instabilité et la fragilité s'expriment aussi par la forme. Il y a une très grande pudeur et aussi une façon pertinente de monter d'un cran la pression, de se mettre à nu, de se dévoiler sans choquer. Il y a une écriture maîtrisée au phrasé dynamique, parfois irrégulière dans la poésie. Il y a des descriptions qui donnent envie de découvrir Hanoï, d'aller embrasser Co Phai, de lui dire merci pour tout l'amour qu'elle a porté. Il y a cette intelligence des détails : la lettre H des trois soeurs, H comme Hanoï, H comme hôpital :  trois nominations centrales de cette épopée. En lisant Les os des filles, j'ai pensé au père et à la mère de Line Papin, je me suis demandé comment ils avaient reçu/perçu ce roman, cette douleur au départ si intérieure qui a dépassé l'extérieur, cette exposition feutrée de leur intimité même si leur fille, Line, ménage leurs personnages, les ménage après les avoir tant ébranlés.

Les Os des filles parle de vie, de mort, de sépulture, de renaissance, de pardon, d'ascension sociale, de discussions politiques, de grand-même rock'n roll, de tante contestataire, de petite-fille en sourdine, de balades en moto, de circulations routières anarchiques, d'émancipation féminine. Des photos et des dessins de l'autrice donnent corps à ce roman très complet et solaire. Avec une telle ascendance, Line Papin avait déjà un destin tout tracé, qu'elle a sublimé.

À la mode de ma copine Alex, je retiens deux images : celle des emballages colorés de bonbons, uniques jouets d'enfants en temps de disette et d'embargo (on y apprend que les papiers argentés valent dix fois ceux d'une autre couleur) ; celle de sandales dans la neige russe.

Lien vers mon blog :
https://jemelivre.blogspot.com/2020/07/les-os-des-filles-line-papin.html?m=1
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J'avais découvert Miss Papin en lisant son premier roman

Celui ci est aussi bon... mais plus intime, car elle y parle de son enfance entre son pays de naissance, avec toute la liberté de l'époque et son arrivée en France et son adolescence perturbée par ce changement violent... l'anorexie qui en découle... Bref des années difficiles
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J'ai rencontré Line sur le stand du très bon salon "Saint Maur en poche" et ce petit bout de femme m'a dit spontanément : c'est un livre sur mon anorexie. Je l'ai regardé, surprise, car c'est une belle jeune femme, toute timide et l'annoncer comme cela, m'a fait l'effet de : je me jette à l'eau, j'avoue tout ! et j'ai acheté le livre. Déroutée par l'écriture car il n'y a pas de prénom, c'est écrit "rapidement" phrase plutôt courts, on est au Vietnam mais pas de descriptions, non des gens qui sont ses ancêtres, qui vivent dans un pays en guerre, pays martyrisé. On ressent cette guerre, la peur des bombes, terreur permanente. Cela fait l'objet d'une partie. la deuxième, c'est Line qui parle d'elle soit avec "tu" soit avec "elle", jamais de "je". distanciation nécessaire fasse à cette anorexie repoussée de justesse. Car Line a été élevée par sa grand mère puis par une nounou vietnamien. oh les parents étaient là, mais un père français, une mère qui a découvert le luxe en venant en France et bien trop occupée pour aimer cette fille qui est venue sur un retour de couche, que l'on n'attendait pas, dont on ne voulait pas. Alors Line en France, ne va pas trouver sa place. Elle va toucher le fond, devenir un sac d'os et le mot os et incroyablement présent dans tout ce court roman. Elle va bien sûr retourner au Vietnam se ressourcer à 17 ans quand elle aura vaincue ses angoisses, doucement et toujours sans l'aide de sa mère. Parcours douloureux et pourtant lumineux.
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Line Papin, dans ce troisième roman, livre une partie sombre de son histoire. Elle raconte le déchirement qu'elle a subi lorsque ses parents prirent la décision de quitter le Vietnam, son pays natal, alors qu'elle était enfant.

Avec une plume délicate, rythmée et poétique, des chapitres courts, l'auteure met en lumière les conséquences d'un déracinement, d'une séparation brutale et inattendue.
Alors que Line vivait une enfance merveilleuse à Hanoï, entourée d'amis, choyée par une grand-mère et une nourrice aimantes, sous la chaleur moite d'un pays exotique, elle est arrachée à sa vie, à son enfance.
Arrivée en France, esseulée, elle fait face à un mal-être dont elle n'arrive pas à comprendre avec précision l'origine. Face à l'incompréhension, à sa perte d'identité, elle sombre dans l'anorexie.

Line Papin tutoie la petite fille qu'elle a été, la met à distance pour mieux la raconter. Une lecture pleine de délicatesse dans les descriptions de sentiments, un récit d'enfance brisée bouleversant (et dépaysant).
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J'ai ouvert ce livre en pensant lire pour la énième fois l'oeuvre d'un écrivain surcoté, plus habitué des émissions littéraires grâce au carnet d'adresses de son éditeur que pour le talent littéraire de l'auteur. Cette fois, je mes suis furieusement trompé. Les os des filles retrace sur plusieurs générations les sinuosités d'une famille vietnamienne depuis les rizières escarpées d'Asie jusqu'au Vème arrondissement de Paris. Dans ce récit largement autobiographique, Line Papin questionne sans fard la notion d'héritage familial, explore le thème du déracinement, et évoque la dépression. Telle l'odeur du bo bun qui parfume les rues d'Hanoï, les sentiment affleurent à la surface des pages. C'est le roman d'une jeune fille qui cherche perpétuellement à trouver sa place au sein d'une famille, dans une ville, et tout simplement dans la vie. Extrêmement touchant et porté par une écriture bien supérieure à celle des écrivains contemporains, cette auteure est une très bonne surprise.
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