Citations sur Sorcière (10)
A partir de la Renaissance, deux images cohabitent. Il y a d'un côté la sorcière jeune et sensuelle, tentatrice par excellence. De l'autre, l'hideuse vieille au savoir maléfique exhibant en grimaçant ses cheveux hirsutes et ses seins tombants. Les deux sont nues, signe de leur sexualité dévoyée, ou vêtues comme des paysannes. Les accusées de sorcellerie sont souvent issues d'un milieu rural, pauvre et isolé.
Jusqu'au xxe siècle, en Occident, seules les jeunes filles et les prostituées laissent leurs cheveux détachés. La femme vertueuse doit être voilée, chapeautée ou coiffée.
Longs cheveux roux désordonnés, robe noire, yeux exorbité, sourcils froncés et bouche pincée. Cette femme a tout l'air d'une sorcière.
Avec les progrès médicaux de l'époque moderne, les médecins envisagent de plus en plus les femmes marginales comme des malades qu'il faut soigner voire interner plutôt que comme des sorcières.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les médecins s'intéressent à l'épilepsie et à l'hystérie, un mal féminin qui connaîtra un véritable " âge d'or " au XIXe siècle.
A partir des années 1960, les mouvements féministes occidentaux régénèrent cette figure ancestrale (sorcière) en l'extirpant de son univers onirique. Elle devient le symbole du pouvoir féminin que redoute la société patriarcale.
À la fin du XVIIIe siècle, la chasse aux sorcières n'est plus qu'un mauvais souvenir. Mais Francisco de Goya, fasciné par la part d'ombre et de folie de l'esprit humain, connait cet épisode terrible. En tant qu'Espagnol, il se rappelle des procès du Pays basque.
Quelle puissance que celle de la bien aimée de Satan, qui guérit, prédit, devine, évoque les âmes des morts, qui peut vous jeter un sort...
Jules Michelet
En quelques mois, plus de cent personnes sont suspectées d'être des sorcières. Ce sont des femmes pour l'écrasante majorité, mais il y a aussi quelques hommes au banc des accusés. Au départ, on calomnie une métisse, une marginale, puis quiconque, jeune ou vieux, trop ou pas assez pieux ou serviable ...
Une vieille femme au visage émacié baisse les yeux. Une corde a été nouée autour de son cou : elle attend manifestement d’être pendue. Son étrange chapeau nous renseigne sur le crime dont elle est accusé : la sorcellerie. […] Entre le XVe et le XVIIe siècle, les hommes ou les femmes accusés de graves crimes de sorcellerie sont souvent affublés, au moment de leur condamnation à mort, d’un chapeau de ce type. Cette coiffe infamante et grotesque est ornée de dessins du Diable, que les condamnés sont supposés adorer.
[…] aucun peintre n’avait encore eu l’idée de nous donner une Jeanne d’Arc réelle, une simple paysanne dans le cadre de son petit jardin lorrain. (Émile Zola, « Le naturalisme au salon », Le Voltaire, 1880)