Je viens de dénicher ce matin, dans un vide grenier d'Albi, cette magnifique Histoire Générale de L'ENSEIGNEMENT et de L'EDUCATION en FRANCE, en 4 volumes, qui va du Ve siècle avant Jésus-Christ à la fin du XXe siècle.
Il s'agit d'une publication réalisée en 1981 sous le patronage de l'Institut National de Recherche Pédagogique.
Tome I : des origines à la Renaissance (Ve siècle A.C -XVe siècle A.D)
Tome II : de Gutenberg aux Lumières
Tome III : de la Révolution à l'école républicaine
Tome IV : l'école et la famille dans une société en mutation
Chaque tome est très richement illustré et documenté, en noir et blanc (majoritairement) et couleur par des cartes, documents d'époques, illustrations, tableaux, gravures, hors texte, graphiques....
Après un premier survol, ça m'apparaît infiniment plus intéressant encore qu'au moment où je me suis décidée à l'acheter et je suis totalement enchantée de ma trouvaille, seul hic, je n'ai que trois mois pour lire ces quelque 2500 pages, car cette histoire était destinée à ma Pépette pour son anniversaire... j'espère que c'est jouable.
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Ces spectacles (combats de gladiateurs) qui durèrent jusqu'à la fin de l'Empire tardif circonscrivaient ainsi la violence à une certaine catégorie d'hommes condamnés, esclaves, ou épaves sociales, c'est-à-dire à des êtres inférieurs, véritables instruments auxquels on offrait la liberté s'ils se rachetaient par leur courage au combat. La cité des hommes libres se trouvait ainsi purgée du vice et de l'infamie et protégée des pulsions de mort, de la même manière que, dans la Gaule indépendante, les sacrifice humains sauvaient la tribu de la vengeance des dieux. Là où nous ne voyons aujourd'hui que goût du sang, sadisme et dégradation humaine, les anciens Gallo-Romains croyaient tout au contraire que la cruauté publiquement satisfaite élevait la société des hommes libres, c'est-à-dire créait la cité.
Ce n'est pas le moindre des paradoxes de l'enseignement qu'il vise à former des personnalités autonomes par l'absence de responsabilité : cette contradiction entre son propos et sa méthode, qui éclate de nos jours avec force parce que notre temps est traversé par une aspiration incoercible à l'autonomie des personnes et que l'individu rejette les normes qui lui sont imposées, n'est pas un élément mineur dans la crise qui éprouve aujourd'hui l'ensemble de l'institution enseignante.
(Préface, René Rémond)
Théoriquement, le choix de la nourrice ne peut être laissé au hasard. Depuis Hippocrate et Galien, toute une littérature a soigneusement défini les qualités requises d'une bonne nourrice. Il faut qu'elle ne soit ni trop jeune, ni trop vieille, que sa santé soit robuste, que ses seins ne soient ni trop gros, ni trop petits, ses mamelons en forme de noisette, son lait ni trop épais, ni trop séreux. Il est bon qu'elle soit brune et non blonde ("les blondes ayant pour l'ordinaire une odeur désagréable"), qu'elle ne louche pas et qu'elle n'ait point les dents gâtées. Enfin il faut accorder plus d'importance encore à ce qu'elle soit de bonnes mœurs. En effet, il n'est pas douteux que le caractère de celle qui allaite n'influe beaucoup sur l'enfant qui suce les vices avec le lait...
Par une disposition aisément compréhensible, tout enseignant incline à tenir l'enseignement dont il est le produit pour le meilleur qu'on puisse concevoir et son idéal sera d'en étendre les bienfaits à ceux qu'il a mission de former à son tour : admettre le contraire serait se remettre soi-même en question ; l'enseignement qu'il a reçu faisant corps avec ses propres structures mentales, sa contestation ruine sa propre identité. De là il résulte que,contrairement à une idée largement répandue, les enseignants sont plutôt conservateurs pour leur conception de l'enseignement et dans l'exercice de leur métier. Qu'ils se rangent souvent parmi les opposants au régime politique ou à l'ordre social n'est pas contradictoire : leur formation les rend critiques (opinions avancées, convictions résolument contestataires) pour tout ce qui est étranger à leur profession, ce qui compense leur conservatisme corporatif.
(Préface, René Rémond)