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EAN : 9782369147954
256 pages
Libretto (05/01/2023)
4.41/5   45 notes
Résumé :
Deux Coréennes est l'histoire d'une Nord-Coréenne racontée par une Sud-Coréenne. Le récit de l'enfance, de l'éducation, de l'emprisonnement puis de la fuite de l'une (Jihyun) se mêle au sentiment de culpabilité de l'autre (Seh-Lynn).
Après une enfance plutôt heureuse, la vie de Jihyun s'écroule.
Une partie de sa famille est emportée par la famine avant que son jeune frère ne meure sous les balles parce qu'il a tenté de fuir en Chine. Elle-même a été ve... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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L'histoire révoltante et terrifiante d'une jeune fille de la Corée du Nord.
Sous forme de conversation de deux femmes (l'une en Corée du Sud , l'autre en Corée du Nord), on apprend bcp de choses en peu de pages.
Un regard chargé d'humanité, qui fait le parallèle des deux faces d'un seul pays.
L'une traduit les souvenirs de l'autre.
Un endoctrinement à la limite du supportable. Une propagande qui amène à réfléchir. Je connaissais déjà les atrocités énoncées par ce dictateur mais lire cela à travers les yeux d'une fillette, c'est éprouvant.
Malgré la fluidité de la plume, j'ai quand même dû m'octroyer des pauses. C 'est un témoignage éprouvant. Mais nécessaire;
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Je voudrais tout d'abord commencer par remercier la Masse Critique Babelio ainsi que les éditions Libretto pour l'envoi de ce livre.

Concernant la couverture, je la trouve relativement parlante. J'imagine qu'il s'agit du dictateur au pouvoir (Kim Il-sung ou Kim Jung-il), entouré d'élèves de l'Association des Jeunes Pionniers, comme l'attestent les foulards rouges. le fait que la couleur soit ne soit centrée presque que sur lui résume à elle-même une grande partie du livre.

Concernant la plume, je l'ai trouvé fluide et agréable. Seh-Lynn arrive parfaitement à retranscrire les émotions de Jihyun, son évolution, sa prise de conscience devant les horreurs qui se passent dans son pays, comme en Chine. J'ai beaucoup aimé le fait qu'il y ait des mots et des discussions en coréen, avec leur traduction française derrière.

J'étais vraiment curieuse de lire ce livre. On entend tellement de choses sur le régime dictatorial de la Corée du Nord, que j'avais envie de démêler le faux du vrai. Et bien, pour vous dire, ce qu'on raconte est encore en deçà de la vérité. C'est ce qui est encore plus terrifiant et révoltant.

L'histoire est faite en deux temps, par alternance. D'un côté, Seh-Lynn raconte comment elle en est venue à rencontrer Jihyun puis à écrire ce livre, certaines de leur entrevues, également. de l'autre, elle retranscrit via sa plume les souvenirs de celle qui est devenue son amie.

Jihyun est élevée par des parents relativement aimants avec sa soeur aînée et son petit frère. Là où le bas blesse, c'est avec le contexte qui, pour moi, m'a fait penser à une secte à très grande échelle, à l'échelle d'un pays.

Chaque famille possède une photo encadrée du dirigeant, qu'il faut absolument nettoyer tous les jours. Il faut tout connaître de sa vie, de son histoire, de sa famille. Par coeur. Et savoir le réciter sans erreur. Il écrit un poème ? Il faut l'apprendre par coeur. Il faut lui être fidèle à tous niveaux. Plus qu'à sa propre famille. L'aimer plus que sa propre famille.

Le pays fonctionne aussi avec un système de caste les "pour la famille Kim" qui ont des privilèges et ceux qui ont un jour fait quelque chose ayant causé du tort au pays (calomnies, révolte, fuite...). Ceux là sont très mal vus, "maudits" sur trois générations et seront pénalisés sur beaucoup de choses. Les habitants se nourrissent via des tickets de rationnement qui dépendent de leur âge, de leur travail (ou non) ainsi que de leur caste.

Le système en cours est aussi celui de la délation. À raison d'une ou deux fois par semaine, à l'école, dans l'immeuble où l'on réside, au travail, il faut dénoncer : qui est arrivé en retard, qui a mal appris sa leçon et eu des mauvaises notes, qui a mal fait son travail, qui a été absent... Les familles vivent en constante peur d'être dénoncée pour n'importe quoi.

Il ne faut pas non plus oublier les entraînements d'urgence, en cas d'attaque ennemie. Oui, la Corée du Sud (les méchants !), le Japon et les États-Unis peuvent attaquer à tout moment !
N'oublions pas non plus que les enfants sont régulièrement envoyés, via leur classe, dans les champs pour des travaux agricoles harassants, non payés (bien entendu) et même pas nourris par ceux chez qui ils travaillent. Ce n'est ni plus ni moins de l'esclavagisme.

Vous croyez avoir tout entendu ? Et bien non ! le système aurait pu être encore potentiellement vivable (bien que privant les individus de tout individualisme, de toute personnalité...) si au début des années 1990, le pays n'avait pas connu une famine sans précédent. Plus de tickets de rationnement, de plus en plus d'enfants qui ne viennent plus à l'école (pour aller chaparder à manger... ou parce qu'ils sont morts de faim... comme leurs parents). Certaines familles sont obligées de vendre leur appartement pour acheter à manger, puis se retrouvent dans la rue...

La dernière solution reste la fuite vers la Chine, vers une vie que certains ne pensent que meilleure. Mais la traversée est chère, longue et dangereuse. Quitter le pays est, bien entendu, interdit. Jihyun aura vécu des horreurs dans son pays, fait des choix déchirants, ce qui lui aura ouvert les yeux, mais la fuite représente-t-elle la fin de ses souffrances, ou le commencement de nouvelles ?

J'ai vraiment été prise aux tripes par l'histoire de cette petite fille innocente et naïve, fière de son pays, qui devient une femme horrifiée par ce qu'on leur demande d'endurer, de supporter au nom de leur Leader bien aimé... Comment aimer quelqu'un qui laisse son peuple mourir de faim et qui lui interdit toute porte de sortie ? Comment laisser mourir de faim sa propre famille sans rien tenter pour la sauver ? Impossible pour Jihyun.

L'histoire de la Corée du Nord, bien qu'on entende certaines choses de nos jours, gagnerait à être connue. Je sais que ce n'est pas le seul pays sous un régime de dictature, mais traiter son peuple ainsi et exiger en retour tout leur amour et toute leur fidélité, au détriment de leur propre famille... Je suis désolée, mais non ! Surtout aujourd'hui ! Ce genre de chose, d'oppression, ne devrait plus exister !

En résumé, c'est un témoignage dont il est difficile de dire qu'on en a adoré la lecture de part les atrocités qu'il contient et pourtant... Il est plein d'émotions, de courage et de combattivité. Jihyun a vécu des choses horribles, mais son duo avec Seh-Lynn, alors qu'elles sont normalement élevées et conditionnées pour être ennemies, l'une coréenne du nord, l'autre coréenne du sud, est quelque chose de beau et de magique, qui montre que les frontières, les tabous et les préjugés peuvent être franchis et dépassés si on le veut vraiment.

P.S. : Juste une petite grogne contre le résumé qui dit que le frère de Jihyun est décédé. Si je ne me trompe pas, à la fin du livre, elle dit certes qu'elle n'a jamais eu de ses nouvelles, mais personne ne lui a annoncé sa mort.
Lien : http://booksfeedmemore.eklab..
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Récit de Juhyun Park, coréenne du Nord vivant actuellement à Manchester, recueilli par Seh-Lynn, une coréenne du Sud vivant à Londres.

C'est lors d'un colloque d'Amnesty Internationale que les deux Coréennes se sont rencontrées, l'une en tant que témoin, l'autre en tant qu'interprète (elle remplaçait une de ses amies, elle est auteure de métier). Une amitié s'est nouée entre les deux et quand Juhyun Park a décidé d'écrire son histoire afin de témoigner et de militer pour les droits de l'homme en Corée du Nord, c'est tout naturellement vers Seh-Lynn qu'elle s'est tournée.

Nous suivons la vie quotidienne d'une famille ordinaire qui réside à Ranam, près de Chongjin, une ville industrielle située sur la côte est de la Corée du Nord. le père est chauffeur de tracteur excavateur et membre du parti, la mère est femme au foyer "ajumma" et les trois enfants, deux filles et un fils, vont à l'école et sont adhérents à l'Association des Jeunes Pionniers. Juhyun, née en 1968, est la deuxième de la fratrie. Même si son enfance est pauvre et si elle souffre souvent de la faim, elle est insouciante et fière de son pays grâce à la propagande totalitaire qui lave les cerveaux. "Les chants de solidarité, les efforts collectifs, les encouragements des camarades : c'était là l'univers de mon enfance où nous nous sentions indispensables et importants."

Jours de distribution des rations, travail à la ferme coopérative, concert de chorale lors des événements nationaux que sont les anniversaires de Kil Il-sung ou Kim Jong-il, portrait du dictateur dans chaque appartement, nettoyage du linge au ruisseau, apprentissage du maniement du pistolet ... tout cela fait partie du quotidien.

Le premier questionnement de Juhyun sur le bienfait du Parti se fait quand elle n'obtient pas l'université qu'elle souhaite en raison de la classe sociale inférieure de sa mère. Juhyun parvient cependant, grâce au marché noir de sa mère, à devenir enseignante, ce qu'elle souhaitait. En 1990, la voilà donc en poste quand une gigantesque famine décime les coréens. Les ennemis (Occident et Corée du Sud) sont accusés d'avoir livré de l'engrais empoisonné ce qui aurait détruit les rizières et d'avoir des espions qui manipulent l'économie. Les distributions de rations sont interrompus, les enfants et adultes meurent de faim.

C'est à ce moment là que le petit frère de Juhyun, parti trois ans auparavant faire son service (qui dure dix ans) refait surface en ayant déserté.

Une seule solution s'offre alors à la famille : fuir en Chine.

S'en suit la description glaçante des conditions de vie des femmes nord-coréennes vendues à des hommes chinois. Sans papier, coincée dans sa "belle-famille", esclave sans nom, séparée de sa famille, Juhyun va montrer une grande force de caractère pour arriver à s'en sortir.

Tout est décrit calmement, les faits avant les émotions, d'une voix sensible. C'est un récit très fluide et facile à lire même si certains passages font froid dans le dos.

Des chapitres entrecoupent le récit, ceux des rencontres entre les deux co-auteures du livre. ce qui nous permet de souffler.

Un témoignage très intéressant sur la vie quotidienne en Corée du Nord mais aussi une belle leçon de vie et de volonté portée par une écriture toute en retenue.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Deux coréennes de Jihyun PARK et Seh-Lynn

Découvert par hasard, ce livre est bouleversant. Ecrit à deux mains et autobiographique, il decrit les conséquences de la fracture entre la Corée du nord et celle du sud. C'est une partie de l''Histoire encore peu connue par les occidentaux. Je le recommande vivement pour tous ceux et celles qui souhaitent découvrir une autre réalité de la Corée.

Une coréenne du nord et une coréenne du sud se rencontrent au cours d'un congrès sur les droits de l'homme. Malgré les préjugés et le conditionnement politique, ces deux femmes se prennent peu à peu d'amitié. Puis vient le moment où Jihyun, qui milite contre les conditions de vie atroces de la Corée du nord, souhaite que son histore soit racontée par cette auteure coréenne du sud.

On suit donc Jihyun de son enfance jusqu'à sa fuite hors de la Corée du nord. Déshumanisation, conditionnement, manque de tout sont le quotidien des habitants. Même la fuite devant la famine amène son lot d'épreuves et de souffrance. J'avoue avoir été déstabilisée et sidérée par ce récit qui semble d'un autre temps. La comparaison avec le regime communiste russe est évident.
C'est une lecture très éprouvante et littéralement irréelle. On ne peut croire que cela a pu et existe encore. A découvrir.
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J'ai été un peu déçue par ce récit, mais c'est de ma faute, je n'avais pas fait attention aux dates. En voyant que l'année d'édition était 2019, j'ai cru que le récit de Jihyun Part, une exilée Nord Coréenne, retranscrit par Seh-Lynn, exilée également mais Sud Coréenne, serait relativement récent, et comparerait les différences de vie entre le mode de vie Nord coréen et Sud coréen, ainsi que les différences politiques et économiques. Or, il n'en est rien. Jihyun Part arrive au Royaume-Uni en 2008, elle témoigne auprès d'Amnesty International et Seh-Lynn lui fait raconter sa vie, en partant de son enfance misérable mais enthousiaste au service de l'idéal socialiste nord coréen, suivie de l'horreur de la grande famine des années 1990, et enfin sa « fuite » en Chine où elle est en fait vendue en esclave pour payer le passage d'autres membres de sa famille. C'est un témoignage poignant, mais très personnel et qui n'a rien de journalistique.

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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
L'histoire de Jihyun pourrait être la mienne. Elle a mon âge, parle ma langue, adore le kimchi et elle est coréenne. Elle s'est enfuie en Chine pour échapper à la dictature et protéger sa famille avant de trouver, il y a une dizaine d'années, refuge en Angleterre. Moi, je suis arrivée à Londres à la même période suite à un déplacement professionnel de mon mari et j'y suis restée. Je n'ai pas traversé le fleuve Tumen à la nage, ni confronté le désert de Mongolie comme l'a fait Jihyun, mais j'ai franchi beaucoup de frontières. A chaque fois, comme une tortue qui porte sa carapace, j'ai transporté mon identité de coréenne d'un pays à l'autre. Jihyun est du Nord, moi du Sud, mais il n'y a qu'une seule identité, nous sommes toutes les deux coréennes. Et cela suffit pour nous unir.
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Mon oncle était mort de faim, mon père agonisait et moi, je vivais comme un rat à creuser la terre pour nous trouver quelque chose à manger.

Comme une machine qui sort programmée de l'usine et qui à du mal à se "déprogrammer" je m'écoutais dire : C'est la faute de l'Occident ! C'est lui qui nous impose des sanctions ! Nous sommes un Etat socialiste, personne ne devrait mourir de faim !

Le ventre creux faisait ainsi sortir le loup des bois : le lavage de cerveau faisait à nouveau son travail malgré tout le mal que je me donnais à le combattre. Quelle arme puissante pour une population qui, par nécessité d'assurer son existence, devait se raccrocher à quelque chose pour justifier son sort.
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- Tu les as trouvé comment les premiers Sud-Coréens que tu as rencontrés en Angleterre ?

- J'ai été très surprise quand ils m'ont dit qu'ils pouvaient aller visiter des pays librement, qu'ils pouvaient aller vivre n'importe où ! En revanche, je n'ai pas réussi à me sentir proche d'eux tout de suite ; j'avais encore trop de haine en moi, haine que j'étais censé ressentir pour eux ... ce n'est pas facile de s'en défaire. En fait, pour tout te dire, je crois que tu es la première Sud-Coréenne à qui je fais confiance.

"Ne sommes-nous, après tout, rien d'autre que le produit de différences artificiellement créées ?"
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Je croyais que j'étais heureuse lorsque j'étais enfant mais je ne sais pas si j'étais heureuse parce qu'on m'avait dit que je l'étais ou si je l'étais vraiment. Mon bonheur avait été prescrit et était venu avec son mode d'emploi : solidarité, vie collective, optimisme. La posologie disait d'en prendre douze heure par jour et douze heure par nuit. Effectivement, nos journées bien remplies ne nous donnaient pas le temps de penser, de réfléchir à notre sort. Chaque heure, chaque minute, il fallait apprendre quelque chose. Même pendant le sommeil, nous n'avions qu'une hâte, c'était de nous lever le lendemain et de nous dépêcher de retourner au travail. Ne pas pouvoir penser... nous permettait-il d'être "heureux" d'une certaine façon ?
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Et ma pensée s'envole encore vers ce pays étrange où tous les rires sont faux, artificiels, un endroit où on est obligé de jouer la comédie pour ne pas mourir. Les gens sont affamés mais ils font semblant de ne manquer de rien ; les larmes ne sont pas permises sauf pour pleurer le Grand Leader. Pas étonnant qu'il n'y ait pas de révolution. Que la population ne se soulève jamais. À part le lien familial - et même ça, on le détruit -, il n'y a rien qui les unit, qui puisse créer le lien entre eux et les solidariser ! Le malheur seul n'est pas suffisant pour rassembler les humains, il faut quand même un peu de bonheur !
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