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EAN : 9781922143365
Emue (13/03/2014)
3.75/5   4 notes
Résumé :
L'égalité des sexes, quel ennui ! Les personnages tourmentés de Ray Parnac ne vivent que dans les excès. Cruels ou vulnérables, ils cherchent à prendre le contrôle de leur vie mais peinent à trouver l'équilibre. Mangeuses d'hommes, méchantes mamies, chômeuses en vison... côtoient maniaques de bureaux, travelos et dandys gays. Un cocktail explosif d'humanité déjantée où, entre rire et larmes, on réalise que les plus forts ne sont pas toujours ceux qu'on croit.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Trois ans après la parution de son premier ouvrage 'Le doigt de l'historienne', Ray Parnac est de retour, éblouissante.

Les quatorze nouvelles de ce recueil sont courtes et fortes, à la fois denses et limpides, grâce à une plume précise et acérée qui sollicite les cinq sens du lecteur.
L'auteur sait captiver dès les premiers mots. Chaque récit démarre sur les chapeaux de roue, on est immédiatement imprégné d'une ambiance, plongé dans un décor, tout en se demandant, perplexe, où nous mène la conteuse. Sa façon de brouiller les pistes et de cultiver l'ambiguïté pique la curiosité. On dévore, mais pas trop goulûment quand même, la plume se savoure. On essaie d'anticiper, on se laisse surprendre avec plaisir. Les rebondissements et dénouements peuvent rester légèrement opaques, se révéler différents de ce qu'on espérait, plus sombres, moins spectaculaires. Tant pis. Et tant mieux : la déception, la frustration donnent envie de relire intégralement le récit.

Comme dans son premier recueil, Ray Parnac décrit des relations de pouvoir entre individus dans le milieu professionnel, familial, en amitié, en amour. Sadisme, harcèlement, manipulation ou toxicité involontaire, maladresse. Victime qui s'aplatit et se laisse piétiner, ou qui parvient à reprendre le dessus - la souris devient chat.
Malgré ces thèmes récurrents, les nouvelles sont variées. Certaines situations semblent familières tant elles sonnent juste : un entretien de recrutement humiliant, la compagnie d'un enfant débordant d'énergie, des cancans entre collègues aigris... Les personnages sont souvent en difficulté, en souffrance, sur le fil. Mais certains d'entre eux retombent du bon côté, grâce à leur énergie ou au gré des événements, des rencontres.

Le ton est tour à tour sombre, cynique, émouvant, lumineux, souvent empreint de douceur. J'ai retrouvé avec plaisir le talent de conteuse de l'auteur, ses tournures sobres, jolies et percutantes, son humour. de même que la pertinence de ses propos, sa finesse, son originalité et la richesse de ses idées.

J'aime et j'admire tout cela.
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"L'égalité des sexes, quel ennui!" C'est cette affirmation un brin iconoclaste qui ouvre le message qui figure en quatrième de couverture de "Croque-monsieur", recueil de nouvelles de Ray Parnac. Considérant que l'ennui naquit un jour de l'égalité, l'auteure, qui vit à Londres depuis vingt ans, offre ici quatre nouvelles courtes et tranchantes qui sont autant de variations sur les jeux de pouvoir entre les sexes. Sachant que souvent, le sexe faible n'est pas celui qu'on croit, et vice versa. le tout, avec un certain sourire...

Questions de distance

L'auteure prend du recul par rapport à ses personnages, et préfère le plus souvent les regarder évoluer avec un sourire en coin, qui évacue l'idée de jugement mais ne se montre jamais dupe. Ce sourire est souligné par de discrètes formules astucieuses ou décalées: par exemple, et pour évoquer le titre de la dernière nouvelle, qu'est-ce qu'une "femme à 90%"? Et que peut-être un "Croque-monsieur", à part une spécialité culinaire - surtout si l'on comprend l'expression au sens littéral?

Enfin, certaines ellipses ironiques confèrent à la narration une couleur ingénue: "Elle fit ainsi allusion à une mystérieuse valeur ajoutée puis se laissa glisser sous son bureau. - La petite affaire faite, elle déposa son butin dans la tasse en porcelaine de l'homme,...", lit-on au terme du récit d'un entretien qu'on devine important - embauche, peut-être.

De ce point de vue, "Ricky Love et moi" se place à part dans le recueil: c'est la seule nouvelle écrite à la première personne. Dès lors, ce n'est plus la voix de l'auteur qu'on entend, mais celle de Soo, le personnage principal: une femme en détresse psychique. Une voix crédible! Celle-ci crée un supplément d'empathie entre le lecteur et le personnage de Soo, et adopte une démarche de rapprochement qui tranche avec la prise de distance teintée d'ironie qui caractérise les autres textes.

Questions de pouvoir

"Croque-monsieur", ai-je dit - j'ajoute que c'est une manière comme une autre de prendre le pouvoir. Au fil des nouvelles, l'auteure montre des femmes qui prennent le pouvoir, sans armes, sans haine et sans violence.

Il y a aussi une manière de tenir les hommes par le sexe dans "A la force du poignet" (superbe double sens dans le titre - je ne vous en dis pas plus, mais en fait vous en savez déjà trop...). Il s'agit d'une évocation fataliste de la violence conjugale pratiquée par une femme à l'encontre de son conjoint ("Je te tiens..."). Dans cette nouvelle, cependant - pouvoir suprême de l'auteur, celui de manipuler le lecteur - a-t-on vraiment envie de prendre le parti de ce mari battu? Si oui, on adopte le point de vue d'une sorte d'eunuque; sinon, on cautionne la violence conjugale au féminin. le choix est impossible...

Enfin, le pouvoir de l'amour, d'autant plus fort qu'il n'est jamais vraiment dit, a des conséquences tragiques dans "Ses mains de gaucher", une belle évocation sentimentale de l'incommunication qui caractérise notre société.

Questions de modernité

Ce recueil de nouvelles est résolument actuel, et touche à des situations et des thèmes généralement des plus ordinaires pour notre temps - avec un surcroît de romanesque dans "Gabriel se décarcasse", nouvelle portée par un certain humour à l'anglaise; mais quelle femme n'aimerait pas que son amoureux se décarcassât pour elle comme Gabriel?

L'actualité des nouvelles de "Croque-monsieur" est soulignée par une ambiance cosmopolite, faite de l'utilisation discrète d'anglicismes. Ceux-ci s'accompagnent d'un décor qui, au fil des nouvelles, oscille entre France et Grande-Bretagne - cette oscillation étant illustrée au mieux par la nouvelle "Croque-monsieur". Quant aux noms, ils ont volontiers une consonance bien anglaise.

Présente de façon discrète (quelques répliques, des noms de personnages, des anglicismes) dans ce recueil, la langue anglaise pourrait figurer ici, voire souligner, la volonté d'universalité des nouvelles du recueil. Une universalité évidente: il est question d'amour, de pouvoir, de relations humaines... autant de choses qui devraient parler à des lecteurs avides de textes courts et incisifs, finement ironiques, à lire et à méditer.
Lien : http://fattorius.over-blog.com
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Lorsque j'ai choisi ce roman lors de la dernière opération Masse Critique organisée par Babelio, je n'avais pas vu que ce roman était un recueil de nouvelles.
Très fin, ce livre d'à peine 100 pages se lit en peu de temps. Une heure suffit pour lire ces quatorze nouvelles.
D'une écriture parfaitement maitrisée, sans faux pas (une seule faute dans tout le recueil, de nos jours, c'est un exploit !), plein d'émotions, vivante, ces petites tranches de vie m'ont toutefois laissée sur ma faim. J'aurais aimé plus de corps, plus d'analyse des personnages, plus de dialogues peut-être aussi.
Les petites histoires sont banales, sans surprise, des événements de tous les jours, mettant en scène des femmes, des hommes, des enfants, dans des situations plus ou moins habituelles.
On ne fait qu'effleurer le fond du sujet, sans assez entrer dans le détail à mon goût.
Les différentes histoires racontent : l'obsession d'un homme qui envoie des lettres anonymes aux femmes ; une femme qui joue le tout pour le tout pour être embauchée ; une femme fascinée par son voisin de train tous les matins ; six salariés choqués depuis le décès d'une collègue ; une femme dévoreuse d'homme qui dévoile un scandale ; un entretien dans un organisme pour trouver du travail ; une grand-mère qui gagne sa vie avec le téléphone rose ; une jeune fille handicapée mentale amoureuse ; un dandy qui tombe amoureux de sa biographe ; une vieille dame qui résout le mystère des massacres de chats (ma préférée) ; un homme battu par sa femme ; la mort d'une vieille dame détestée par tous ; un petit garçon traumatisé par l'arrestation de son oncle serial-killer ; la médiatisation d'un homme transsexuel.

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Tout d,abord merci aux éditions Émue . Recueil de 14 nouvelles toutes différentes les unes des autres. Pas de perte de temps,l'auteur entre dans le vif du sujet rapidement et y aborde des thèmes aux antipodes les uns des autres. Les histoires sont concises et bien ficelées. Les personnages principaux sont tous d'horizons différents, mettant en scène tour à tour des enfants, des hommes, des femmes, des mamies ...une fenêtre ouverte sur une tranche de leur vie plus ou moins banale. le lecteur fait le grand écart à chaque nouvelles. Ce recueil se lit d'une traite, bien que toutes les histoires ne soient pas captivantes, je n'ai pas sauter une ligne . A essayer ....pourquoi pas !
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
" - Dis, Mémé, pourquoi on va jamais chez les gens ?
- Parce qu'on n'a pas envie qu'ils viennent chez nous.
- Et pourquoi faut pas qu'ils viennent chez nous, les gens ? "
Serge était quelquefois un tout petit peu usant.
(p. 43)
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Elle rentra en se disant que, franchement, toute cette petitesse ne valait pas les £71 par semaine qu'on allait peut-être lui donner. Elle retrouverait un emploi rapidement, c'était certain. Elle se regonflait, s'empêchait de sangloter mais il fallait se rendre à l'évidence, elle était passée de l'autre côté. (p. 39)
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