Nous sommes tous dans l'addiction à internet qui met tout en oeuvre pour capter notre attention, notre ressource la plus précieuse : le temps. Avons-nous désormais la capacité de concentration d'un poisson rouge ?
Comment est-on passé, aux débuts du Web, d'une utopie de partage, d'échange inspirée par le philosophe
Teilhard de Chardin qui annonçait au début du XXème siècle, une conscience universelle et planétaire mettant en relation les champs de la connaissance à une captation de l'attention, une domination capitaliste, économique menée par les plateformes et les géants du Web ?
Internet utilise les ressorts de la psychologie comportementale pour capter notre attention, le système de la récompense aléatoire (par le biais des notifications), par la primauté des réflexes sur la réflexion, de l'émotion sur la raison, de la crédibilité sur la vérité. le "Rashmon effect" du nom du film polyphonique de Kurosawa, multiplie les versions d'un même fait et loin d'aboutir à plus de vérité, développe relativisme, incertitude, doute, mise en cause de la presse, des médias, des journalistes professionnels. le Gate keeping, théorie sur la responsabilité des journalistes et l'agenda setting, leur capacité à dicter l'agenda, choisir les sujets à traiter (et non ce qu'il faut penser) sont perçus comme de la censure ou un choix qui serait conforme à une caste homogène et dominante opposée au peuple.
Les biais cognitifs, biais de confirmation, théorie de Dunning Kruger développent davantage encore la méfiance, le doute, les fake news et surtout captent notre attention.
L'essai n'est pas du tout un pamphlet contre internet et les nouvelles technologies aux possibilités incommensurables mais à une dénonciation d'un modèle économique.