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Citations sur Tokyo année zéro (17)

Je ne veux pas me souvenir. Je ne veux pas me souvenir
"Elles n'ont pas voulu regarder mon visage. Elles ont dit que Noma était mort...."
Mais, dans la pénombre, je ne peux pas oublier....
"Elles n'ont pas voulu regarder mes pieds...."
Ils nous punissent tous....
"Elles ont dit que j'étais un fantôme...."
Nous avertissent tous....
Personne n'est qui il paraît être.
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Nishi fait le bon singe pendant le retour à Tokyo, alors que les champs se muent en ruines, que les ruines se muent en bidonvilles, que les bidonvilles se muent en immeubles et, assis, je le regarde en regrettant de ne pas avoir eu l'intelligence et le courage de rentrer à pied, de retourner à Tokyo pieds nus parmi les champs et parmi les ruines, en regrettant d'être assis là, à l'arrière de la jeep des Vainqueurs, à écouter Nishi confondre les l et les r pendant que les Vainqueurs rient, lui lancent des cigarettes et des chewing-gums, tandis qu'un sourire enfantin éclaire son visage reconnaissant, puis, quand nous descendons devant le quartier général, nous nous inclinons aussi bas que possible et les remercions mille fois, après qu'ils sont partis en riant et en blaguant, en lançant leurs cigarettes et leurs chewing-gums, même si je sais que, ce soir, ça les brûlera et ça les démangera, qu'ils pleureront et qu'ils se gratteront, ce n'est pas une consolation et je pivote sur moi-même puis gifle violemment Nishi, si violemment qu'il tombe sur la chaussée et ne se relève pas...
Parce que Nishi n'a pas de courage. Pas de courage.
Parce que Nishi est lâche...
Lâche. Lâche...
Exactement comme moi.
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Tout le monde parle du contre-amiral qui a tué son épouse, son fils de onze ans et sa fille de neuf ans, puis s'est suicidé en laissant ce message : Disposez de nos corps comme vous le feriez pour des chiens...
Tout le monde parle des cendres de millions de Victimes de guerre qui n'ont pas été réclamées, des quatre millions de civils et de soldats rapatriés, beaucoup avec les os et les cendres de leurs camarades et des membres de leur famille dans de petites boîtes blanches qu'ils portaient au cou, du million qui n'est pas rentré... Vivre des existences de joyaux brisés, pas d'argile ordinaire... Tout le monde parle de la pisse et de la merde des rivières, du choléra et du typhus, des catastrophes ferroviaires et des manifestations syndicales, des appels à la grève sur les flancs des trains... Je n'ai pas l'impression d'être libre. Je n'ai pas l'impression d'avoir des droits...
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Elles gardent le silence tandis que nous attendons l’ascenseur, que nous regardons les portes de l’ascenseur s'ouvrir, que nous y entrons, que nous regardons les portes se fermer...
Elle est ici. Elle est ici. Elle est ici...
Elles gardent le silence tandis que nous attendons l’ascenseur plongé dans le noir, puis regardons les portes s'ouvrir à nouveau, que la lumière revient...
Elle est ici. Elle est ici...
Elles gardent le silence tandis que nous suivons le couloir de la morgue, qu'elles enfilent les mules, franchissent les portes et pénètrent dans la pénombre de la morgue...
Elle est ici, ici...
Elles s'inclinent mais gardent le silence quand elles sont présentées au docteur Nakadate, quand les employés sortent un chariot du réfrigérateur...
Ici est Ryuko...
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Ce lieu de silence. Ce lieu de Mort...
Dans ce lieu de défaites et de capitulation. Ce lieu de dépôts des armes et d'occupation. Ce lieu de fantômes...
Ce corps n'est plus que des os...
Dans ce lieu où rien de résiste.
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Des fenêtres volent en éclats (en italiques). Une femme vêtue de satin rouge tombe. Mon fils a dit qu'il se trancherait la gorge (en italiques) ! Des maisons sont incendiées. Le mien aussi (en italiques) ! Des réfugiés se terrent dans les entrées d'immeubles. Un vrai Japonais (en italiques) ! Des hommes perdent leur épouse. Fuyez (en italiques) ! Des mères perdent leurs enfants. Cachez-vous (en italiques) ! Une cage à oiseau gît, piétinée, sur la chaussée. Non (en italiques) ! C'est ainsi que ça commence, parmi les cadavres. Soixante-dix Calmotine, soixante et onze (en gras).
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Ici, il n'y a qu'une loi : acheter ou être acheté. Vendre ou être vendu. Manger ou être mangé; c'est là que viennent les cannibales...
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On distribue du cyanure de potassium aux femmes, aux enfants et aux vieillards, car il paraît que le récent remaniement ministériel annonce la fin de la guerre, la fin du Japon, la fin du monde...
Nishi montre une petite boîte et demande : «C'est ce que vous cherchez ?»
Je lui arrache la boîte de Muronal des mains. Je regarde son contenu. Suffisant. Je la fourre dans la poche de ma veste...
Sirènes et alertes pendant toute la nuit ; Tokyo torride et noire, cachée et tremblante ; nuit et jour : rumeurs de nouvelles armes, peur de nouvelles bombes ; Hiroshima, puis Nagasaki, Tokyo ensuite...
Bombes qui signifient la fin du Japon, la fin du monde...
Pas de sommeil. Seulement des rêves. Pas de sommeil. Seulement des rêves...
Nuit et jour, c'est pourquoi je prends ces cachets...
Voilà ce que je me dis, nuit et jour...
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Douze heures trente.
Tout est perdu ; il y aura une réunion de tous les chefs de service de la Première division ; il y aura les rapports, verbal et écrit ; il y aura la nomination du responsable, la délégation de pouvoir, la répartition des tâches, de l’enquête et de l’évaluation ; de nouvelles heures perdues dans des pièces torrides…
« Pas de chance que ta brigade soit tombée sur cette affaire, dit Adachi. Vingt et un jours d’affilée. Pas de congé. Vous êtes tous coincés ici, à Atago, certains que vous ne résoudrez jamais l’affaire, que vous ne la classerez jamais, certains que tout le monde s’en fiche, mais certains aussi qu’un échec de plus figurera dans votre dossier…
– Ce sera donc exactement comme l’affaire Matsuda Giichi », je dis.
L’inspecteur Adachi approche son visage du mien…
Personne n’est qui il prétend être…
« Cette affaire est classée, caporal », crache-t-il.
Les gens ne sont pas qui ils paraissent être…
Je fais un pas en arrière. Je baisse la tête. Je m’excuse.
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la ville est un océan immense de personnes déplacées, qui s’en vont puis reviennent à leur point de départ à la recherche d’un parent, d’un emploi, d’un repas, d’un visage familier ou d’une rue non bombardée dans un quartier qui n’a pas brûlé, vendent ceci ou cela, d’une chambre à l’autre, d’un endroit à l’autre, ici une minute, disparues la suivante, revenues puis parties à nouveau, poissons minuscules dans une mer démontée…
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