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Citations sur Tokyo année zéro (17)

Je demande : "As-tu tué Hayashi Jo?
- C'est une question très étrange, répond Fujita en riant, parce que c'était à peine si je connaissais Hayashi Jo et ce n'est pas moi qui ai donné le nom de ce malheureux Hayashi à Senju Akira..."
Le jour est la nuit. La nuit est le jour. Le jour est la nuit. La nuit est le jour...
Fujita sourit. "Je croyais que c'était toi, caporal?"
Le jour est la nuit. La nuit est le jour. Le jour est la nuit...
Fujita rit. "C'est toi, n'est-ce pas?"
La nuit est le jour. Le jour est la nuit. Le jour est...
J'ouvre la bouche mais la lumière s'éteint...
La nuit. La nuit. La nuit. La nuit...
C'est une nouvelle coupure d'électricité...
La nuit. La nuit. La nuit...
"C'est toi, n'est-ce pas?" souffle à nouveau Fujita dans le noir.
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Le jeune homme lève la tête et dit : « Elles croient que je suis mort au champ d'honneur il y a trois ans. Elles ont reçu une citation du maire de Tokyo ou était dit qu'on n'oublierait jamais le soldat Noma et que son âme reposerait en paix. On leur a donné un petit cercueil blanc dans lequel les cendres de mon corps avaient été rapatriées au Japon. Elles on déposé le cercueil au temple. Elles ont posé une photo de moi, en uniforme, sur le butsudan familial Elles ont fait brûler de l'encens pour moi, fait des
offrandes de riz blanc et de saké... » Je ne veux pas me souvenir. Je ne veux pas me souvenir. Elles n'ont pas voulu regarder mon visage. Elles ont dit que Noma était mort... »

Mais, dans la pénombre, je ne peux pas oublier... «Elles n'ont pas voulu regarder mes pieds...

Ils nous punissent tous...

«Elles ont dit que j'étais un fantôme...>

Nous avertissent tous...

Personne n'est qui il paraît être.
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Il y a une femme dans le couloir. Il y a une femme nue dans le couloir. Il y a une femme nue, dans le couloir, à quatre pattes. Il y a une femme nue, dans le couloir, à quatre pattes, qui n'a pas plus de quatorze ans. Il y a une femme nue, dans le couloir, à quatre pattes, qui n'a pas plus de quatorze ans, qu'un Vainqueur pénètre dans le cul, qui fixe le long, long couloir où nous nous trouvons, Nishi et moi, et je vois les larmes qui coulent sur ses joues, roulent sur ses joues et dans sa bouche tandis qu'elle dit: Oh. très bon, Joe, Merci, Joe. Très bon, Joe. Merci, Joe.

Oh, oh, oh, Joe...
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« Vous n’allez pas descendre là-dedans, n’est-ce pas ? demande le gardien.
– C’est aussi la question que je voulais poser », blague Fujita.
Je déboutonne mon pantalon. Je l’ôte…
– Il y a des rats, là-dedans, dit le gardien. Et l’eau est contaminée. Une morsure ou une entaille et vous serez… »
Je dis : « Mais elle ne va pas sortir toute seule, n’est-ce pas ? »
Fujita déboutonne maintenant sa chemise, jure…
« Ce n’est qu’un cadavre de plus, fait-il.
– Vous aussi, dis-je aux deux agents en uniforme de Shinagawa. Un à l’intérieur, l’autre qui maintient les portes ouvertes…
Je noue mon mouchoir sale sur mon visage…
Je remets mes chaussures. Je prends la torche…
Je descends une, deux, trois marches…
Fujita derrière moi, qui jure toujours…
« Et Nishi qui est au bureau ! »
Je sens le plancher de l’abri sous l’eau qui m’arrive aux genoux. J’entends les moustiques et je perçois la présence des rats…
De l’eau jusqu’à la taille, je me dirige vers le placard…
Mes chaussures glissent, mes jambes trébuchent…
Mon genou heurte le coin d’une table…
J’espère avec ferveur que c’est un bleu, un bleu, pas une entaille…
J’atteins l’extrémité opposée de l’abri…
J’atteins les portes du placard.
Elle est dedans. Dedans…
Je l’aperçois en tirant les portes, mais elles sont coincées, des meubles submergés l’emprisonnent, bloquent les battants…
L’inspecteur Fujita tient la torche tandis que nous dégageons, l’agent en uniforme et moi, les chaises et les tables une par une…
Une par une jusqu’au moment où les portes pivotent…
Les portes pivotent et la voilà…
Corps gonflé par endroits, percé à d’autres…
Des morceaux de chair ici, seulement des os là…
Ses cheveux pendent sur son crâne…
Dents écartées comme si elle allait parler…
Murmurer : Je suis là…
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Tokyo, 32°, beau
« Inspecteur Minami ! Inspecteur Minami ! Inspecteur Minami ! »
J’ouvre les yeux. Hors de rêves qui ne m’appartiennent pas. Je me redresse sur ma chaise, derrière mon bureau. De rêves dont je ne veux pas. Mon col est mouillé, mon costume tout entier humide. Mes cheveux me démangent. Ma peau me démange.
« Inspecteur Minami ! Inspecteur Minami ! »
L’inspecteur Nishi décroche les rideaux du black-out, des rais lumineux et chauds d’aube et de poussière emplissent le bureau alors que le soleil se lève derrière les fenêtres zébrées de papier collant…
« Inspecteur Minami ! »
– Tu as dit quelque chose ? » je demande.
Nishi secoue la tête. Nishi répond : « Non ».
Je regarde fixement le plafond. Rien ne bouge dans la lumière vive. Les ventilateurs sont arrêtés. Pas d’électricité. Les téléphones sont silencieux. Pas de lignes. Les toilettes sont bouchées. Pas d’eau. Rien…
« Kamagaya a été touché pendant la nuit, dit Nishi. On parle d’une fusillade au Palais…
– Donc je ne rêvais pas ? »
Je sors mon mouchoir. Il est vieux et sale. Je m’essuie à nouveau la nuque. Puis je m’essuie le visage. Et je fouille dans mes poches…
On distribue du cyanure de potassium aux femmes, aux enfants et aux vieillards, car il paraît que le récent remaniement ministériel annonce la fin de la guerre, la fin du Japon, la fin du monde…
Nishi montre une petite boîte et demande : « C’est ce que vous cherchez ? »
Je lui arrache la boîte de Muronal des mains. Je regarde son contenu. Suffisant. Je la fourre dans la poche de ma veste…
Sirènes et alertes pendant toute la nuit. Tokyo torride et noire, cachée et tremblante, nuit et jour : rumeurs de nouvelles armes, peur de nouvelles bombes, Hiroshima, puis Nagasaki. Tokyo ensuite…
Bombes qui signifient la fin du Japon, la fin du monde…
Pas de sommeil. Seulement des rêves. Pas de sommeil. Seulement des rêves…
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Il y a une femme dans le couloir. Il y a une femme nue dans le couloir. Il y a une femme nue, dans le couloir, à quatre pattes. Il y a une femme nue, dans le couloir, à quatre pattes, qui n'a pas plus de quatorze ans. Il y a une femme nue, dans le couloir, à quatre pattes, qui n'a pas plus de quatorze ans, qu'un Vainqueur pénètre dans le cul, qui fixe le long, long couloir où nous nous trouvons, Nishi et moi, et je vois les larmes qui coulent sur ses joues, roulent sur ses joues et dans sa bouche tandis qu'elle dit : "Oh, très bon, Joe. Merci, Joe. Très bon, Joe. Merci, Joe. Oh, oh, oh, Joe..."
Il vaut mieux qu'elle soit morte. Il vaut mieux que je sois mort...
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Les petites rues de Shibuya, puis les ruelles de Shibuya, où nous frappons aux portes des adresses trouvées dans le dossier Abe, où on nous donne une autre adresse puis une autre, parce que la ville est un océan immense de personnes déplacées, qui s'en vont puis reviennent à leur point de départ à la recherche d'un parent, d'un emploi, d'un repas, d'un visage familier ou d'une rue non bombardée dans un quartier qui n'a pas brûlé, vendent ceci et vendent cela pour acheter ceci et cela, d'une chambre à l'autre, d'une maison à l'autre, d'un quartier à l'autre, d'un endroit à l'autre, ici une minute, disparues la suivante, revenues puis parties à nouveau, poissons minuscules dans une mer démontée...
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