AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Tokyo année zéro (17)

Le jeune homme lève la tête et dit : « Elles croient que je suis mort au champ d'honneur il y a trois ans. Elles ont reçu une citation du maire de Tokyo ou était dit qu'on n'oublierait jamais le soldat Noma et que son âme reposerait en paix. On leur a donné un petit cercueil blanc dans lequel les cendres de mon corps avaient été rapatriées au Japon. Elles on déposé le cercueil au temple. Elles ont posé une photo de moi, en uniforme, sur le butsudan familial Elles ont fait brûler de l'encens pour moi, fait des
offrandes de riz blanc et de saké... » Je ne veux pas me souvenir. Je ne veux pas me souvenir. Elles n'ont pas voulu regarder mon visage. Elles ont dit que Noma était mort... »

Mais, dans la pénombre, je ne peux pas oublier... «Elles n'ont pas voulu regarder mes pieds...

Ils nous punissent tous...

«Elles ont dit que j'étais un fantôme...>

Nous avertissent tous...

Personne n'est qui il paraît être.
Commenter  J’apprécie          00
Il y a une femme dans le couloir. Il y a une femme nue dans le couloir. Il y a une femme nue, dans le couloir, à quatre pattes. Il y a une femme nue, dans le couloir, à quatre pattes, qui n'a pas plus de quatorze ans. Il y a une femme nue, dans le couloir, à quatre pattes, qui n'a pas plus de quatorze ans, qu'un Vainqueur pénètre dans le cul, qui fixe le long, long couloir où nous nous trouvons, Nishi et moi, et je vois les larmes qui coulent sur ses joues, roulent sur ses joues et dans sa bouche tandis qu'elle dit: Oh. très bon, Joe, Merci, Joe. Très bon, Joe. Merci, Joe.

Oh, oh, oh, Joe...
Commenter  J’apprécie          00
Tout le monde parle du contre-amiral qui a tué son épouse, son fils de onze ans et sa fille de neuf ans, puis s'est suicidé en laissant ce message : Disposez de nos corps comme vous le feriez pour des chiens...
Tout le monde parle des cendres de millions de Victimes de guerre qui n'ont pas été réclamées, des quatre millions de civils et de soldats rapatriés, beaucoup avec les os et les cendres de leurs camarades et des membres de leur famille dans de petites boîtes blanches qu'ils portaient au cou, du million qui n'est pas rentré... Vivre des existences de joyaux brisés, pas d'argile ordinaire... Tout le monde parle de la pisse et de la merde des rivières, du choléra et du typhus, des catastrophes ferroviaires et des manifestations syndicales, des appels à la grève sur les flancs des trains... Je n'ai pas l'impression d'être libre. Je n'ai pas l'impression d'avoir des droits...
Commenter  J’apprécie          80
Ici, il n'y a qu'une loi : acheter ou être acheté. Vendre ou être vendu. Manger ou être mangé; c'est là que viennent les cannibales...
Commenter  J’apprécie          10
On distribue du cyanure de potassium aux femmes, aux enfants et aux vieillards, car il paraît que le récent remaniement ministériel annonce la fin de la guerre, la fin du Japon, la fin du monde...
Nishi montre une petite boîte et demande : «C'est ce que vous cherchez ?»
Je lui arrache la boîte de Muronal des mains. Je regarde son contenu. Suffisant. Je la fourre dans la poche de ma veste...
Sirènes et alertes pendant toute la nuit ; Tokyo torride et noire, cachée et tremblante ; nuit et jour : rumeurs de nouvelles armes, peur de nouvelles bombes ; Hiroshima, puis Nagasaki, Tokyo ensuite...
Bombes qui signifient la fin du Japon, la fin du monde...
Pas de sommeil. Seulement des rêves. Pas de sommeil. Seulement des rêves...
Nuit et jour, c'est pourquoi je prends ces cachets...
Voilà ce que je me dis, nuit et jour...
Commenter  J’apprécie          10
Douze heures trente.
Tout est perdu ; il y aura une réunion de tous les chefs de service de la Première division ; il y aura les rapports, verbal et écrit ; il y aura la nomination du responsable, la délégation de pouvoir, la répartition des tâches, de l’enquête et de l’évaluation ; de nouvelles heures perdues dans des pièces torrides…
« Pas de chance que ta brigade soit tombée sur cette affaire, dit Adachi. Vingt et un jours d’affilée. Pas de congé. Vous êtes tous coincés ici, à Atago, certains que vous ne résoudrez jamais l’affaire, que vous ne la classerez jamais, certains que tout le monde s’en fiche, mais certains aussi qu’un échec de plus figurera dans votre dossier…
– Ce sera donc exactement comme l’affaire Matsuda Giichi », je dis.
L’inspecteur Adachi approche son visage du mien…
Personne n’est qui il prétend être…
« Cette affaire est classée, caporal », crache-t-il.
Les gens ne sont pas qui ils paraissent être…
Je fais un pas en arrière. Je baisse la tête. Je m’excuse.
Commenter  J’apprécie          10
« Vous n’allez pas descendre là-dedans, n’est-ce pas ? demande le gardien.
– C’est aussi la question que je voulais poser », blague Fujita.
Je déboutonne mon pantalon. Je l’ôte…
– Il y a des rats, là-dedans, dit le gardien. Et l’eau est contaminée. Une morsure ou une entaille et vous serez… »
Je dis : « Mais elle ne va pas sortir toute seule, n’est-ce pas ? »
Fujita déboutonne maintenant sa chemise, jure…
« Ce n’est qu’un cadavre de plus, fait-il.
– Vous aussi, dis-je aux deux agents en uniforme de Shinagawa. Un à l’intérieur, l’autre qui maintient les portes ouvertes…
Je noue mon mouchoir sale sur mon visage…
Je remets mes chaussures. Je prends la torche…
Je descends une, deux, trois marches…
Fujita derrière moi, qui jure toujours…
« Et Nishi qui est au bureau ! »
Je sens le plancher de l’abri sous l’eau qui m’arrive aux genoux. J’entends les moustiques et je perçois la présence des rats…
De l’eau jusqu’à la taille, je me dirige vers le placard…
Mes chaussures glissent, mes jambes trébuchent…
Mon genou heurte le coin d’une table…
J’espère avec ferveur que c’est un bleu, un bleu, pas une entaille…
J’atteins l’extrémité opposée de l’abri…
J’atteins les portes du placard.
Elle est dedans. Dedans…
Je l’aperçois en tirant les portes, mais elles sont coincées, des meubles submergés l’emprisonnent, bloquent les battants…
L’inspecteur Fujita tient la torche tandis que nous dégageons, l’agent en uniforme et moi, les chaises et les tables une par une…
Une par une jusqu’au moment où les portes pivotent…
Les portes pivotent et la voilà…
Corps gonflé par endroits, percé à d’autres…
Des morceaux de chair ici, seulement des os là…
Ses cheveux pendent sur son crâne…
Dents écartées comme si elle allait parler…
Murmurer : Je suis là…
Commenter  J’apprécie          00
Tokyo, 32°, beau
« Inspecteur Minami ! Inspecteur Minami ! Inspecteur Minami ! »
J’ouvre les yeux. Hors de rêves qui ne m’appartiennent pas. Je me redresse sur ma chaise, derrière mon bureau. De rêves dont je ne veux pas. Mon col est mouillé, mon costume tout entier humide. Mes cheveux me démangent. Ma peau me démange.
« Inspecteur Minami ! Inspecteur Minami ! »
L’inspecteur Nishi décroche les rideaux du black-out, des rais lumineux et chauds d’aube et de poussière emplissent le bureau alors que le soleil se lève derrière les fenêtres zébrées de papier collant…
« Inspecteur Minami ! »
– Tu as dit quelque chose ? » je demande.
Nishi secoue la tête. Nishi répond : « Non ».
Je regarde fixement le plafond. Rien ne bouge dans la lumière vive. Les ventilateurs sont arrêtés. Pas d’électricité. Les téléphones sont silencieux. Pas de lignes. Les toilettes sont bouchées. Pas d’eau. Rien…
« Kamagaya a été touché pendant la nuit, dit Nishi. On parle d’une fusillade au Palais…
– Donc je ne rêvais pas ? »
Je sors mon mouchoir. Il est vieux et sale. Je m’essuie à nouveau la nuque. Puis je m’essuie le visage. Et je fouille dans mes poches…
On distribue du cyanure de potassium aux femmes, aux enfants et aux vieillards, car il paraît que le récent remaniement ministériel annonce la fin de la guerre, la fin du Japon, la fin du monde…
Nishi montre une petite boîte et demande : « C’est ce que vous cherchez ? »
Je lui arrache la boîte de Muronal des mains. Je regarde son contenu. Suffisant. Je la fourre dans la poche de ma veste…
Sirènes et alertes pendant toute la nuit. Tokyo torride et noire, cachée et tremblante, nuit et jour : rumeurs de nouvelles armes, peur de nouvelles bombes, Hiroshima, puis Nagasaki. Tokyo ensuite…
Bombes qui signifient la fin du Japon, la fin du monde…
Pas de sommeil. Seulement des rêves. Pas de sommeil. Seulement des rêves…
Commenter  J’apprécie          00
la ville est un océan immense de personnes déplacées, qui s’en vont puis reviennent à leur point de départ à la recherche d’un parent, d’un emploi, d’un repas, d’un visage familier ou d’une rue non bombardée dans un quartier qui n’a pas brûlé, vendent ceci ou cela, d’une chambre à l’autre, d’un endroit à l’autre, ici une minute, disparues la suivante, revenues puis parties à nouveau, poissons minuscules dans une mer démontée…
Commenter  J’apprécie          10
Nishi fait le bon singe pendant le retour à Tokyo, alors que les champs se muent en ruines, que les ruines se muent en bidonvilles, que les bidonvilles se muent en immeubles et, assis, je le regarde en regrettant de ne pas avoir eu l'intelligence et le courage de rentrer à pied, de retourner à Tokyo pieds nus parmi les champs et parmi les ruines, en regrettant d'être assis là, à l'arrière de la jeep des Vainqueurs, à écouter Nishi confondre les l et les r pendant que les Vainqueurs rient, lui lancent des cigarettes et des chewing-gums, tandis qu'un sourire enfantin éclaire son visage reconnaissant, puis, quand nous descendons devant le quartier général, nous nous inclinons aussi bas que possible et les remercions mille fois, après qu'ils sont partis en riant et en blaguant, en lançant leurs cigarettes et leurs chewing-gums, même si je sais que, ce soir, ça les brûlera et ça les démangera, qu'ils pleureront et qu'ils se gratteront, ce n'est pas une consolation et je pivote sur moi-même puis gifle violemment Nishi, si violemment qu'il tombe sur la chaussée et ne se relève pas...
Parce que Nishi n'a pas de courage. Pas de courage.
Parce que Nishi est lâche...
Lâche. Lâche...
Exactement comme moi.
Commenter  J’apprécie          100






    Lecteurs (263) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

    Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

    seul
    profond
    terrible
    intense

    20 questions
    2879 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

    {* *}