La première fois que j’ai lu ce tome 6, je l’avais trouvé confus et fouilli, donnant l’impression d’un bon vieux roman-feuilleton s’arrêtant avant même d’avoir vraiment commencé… La deuxième fois j’ai pigé le truc, mais j’en regrette d’autant plus que les auteurs n’ai pas pu développer la formule au-delà des traditionnelles 48 pages. (Encore que, le master plan de Guillaume de Lecce fera l’objet de l’intégralité de la saison 2 de la série, et ce "The Persuaders!" napoléonien sera transformé en "Wild Wild West" napoléonien dans le cycle "Empire" des mêmes auteurs)
Après les cités grecques, la Sicile de Frédéric II et la Renaissance italienne, Aker n’en démord pas et nous remet ça avec la Révolution française ! Pour que ses idées triomphent en Europe et dans le monde, elle mise tout sur un petit officier venu de Corse… Nous suivons donc la geste napoléonienne de Toulon à Saint-Jean-D’acre, à travers les yeux d’acteurs méconnus de cette dernière :
- Antoine Le Picard de Phélippeaux donnerait sa propre vie pour tuer celui qui lui a volé sa chance ; Louis Marie Maximilien de Caffarelli du Falga donnerait sa propre vie pour celui qui lui a donné sa chance… Ils se haïssent cordialement !
- William Sidney Smith, agent secret d’Erlin, a pour mission d’assassiner Napoléon Bonarparte ; Jules Lascaris de Vintimille, agent secret d’Aker, a pour mission de protéger Napoléon Bonarparte… Ils se respectent mutuellement !
Au fil des événements, ces deux derniers sont de plus en plus gagnés par le doute : la fin justifie-t-elle les moyens ? servent-ils le bon maître ? servent-ils la bonne cause ?...
Car l’objectif de la campagne d’Egypte est de retrouver la magie des origines, et c’est tout naturellement qu’on repasse par les lieux visités en Egypte et au Proche-Orient dans les tomes 1 et 2… Mais ce que ne savent ni Erlin ni Aker, c’est que Bonarparte est en train de devenir Napoléon sous l’influence néfaste de Guillaume de Lecce. Le Cinquième Archonte n’est pas resté inactif depuis les Guerres de Religion et il décidé d’appliquer aux guerres de masses les expériences du Docteur Dee sur la nécromancie et la manipulation des probabilités (une idée probablement dérivée des apprentis sorciers du "Thor Meets Captain America" de David Brin).
Au-delà de la guerre de l’ombre entre magiciens et sorcier des différentes maisons, on croise et on recroise moult héros de l’expédition d’Egypte, mais avec une crudité de langage et un humour à plusieurs coup qui fleure bon les dialogues de Michel Audiard. C’est un vrai régal de voir Dumas, Kléber, Junot et compagnie se prendre la tête avec Boney sous le regard médusé des Anglais de Nelson et des Turcs de Djezzar Pacha (il ne manquait plus qu’Abdallah-Jacques pour que la fête soit complète !)…
Le détournement de l’Histoire est réjouissant, mieux, savoureux… ^^ (Mais encore faut-il connaître un peu l’Histoire ! blink) Le concept est génial et j’imagine la supracoolitude du truc si c’était adapté en film, avec ou sans les éléments ésotériques, fantastiques et horrifiques qui font tout le sel de cette Série B !
Que dire des graphismes d’Igor Kordey ? Je suis bien conscient des défauts du dessinateur croate, beaucoup de visage étant plus esquissés que dessinés, mais au niveau de découpage et de la mise en scène, il sait donner du rythme et du souffle là où d’autres en restent au classicisme franco-belge d’antan mais sans la saveur et la valeur du classicisme franco-belge d’antan. Je me suis bien amusé : 3,5 étoiles arrondies 4.
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Encore un saut dans le temps où nous retrouvons les archontes et les cartes talismans au coeur de la campagne militaire de Napoléon en Égypte.
Je ne me suis pas senti porté par le récit de cet album qui comporte beaucoup moins d'action que le précédent. Les interactions entre les personnages, les bruits de couloir, les intrigues de palais et les spéculations très nombreux m'ont fait perdre le fil de l'histoire ; et malgré une période historique dont j'ai de meilleures connaissances que les précédentes...
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- Ce n’est pas la peste.
- Ah, permettez général, c’est moi le médecin et je vous affirme que c’est bien la peste !
- Et moi, je suis votre général en chef et je vous donne un ordre : ce n’est pas la peste !!
- Heu ? Mais… Ah bon, très bien…
[Dumas] Vous n’aurez qu’à dire que c’est la grippe, c’est vrai que le temps fraîchit, ça s’attrape vite en cette saison !
[Bonaparte] Général de brigade Dumas, je vous dispense de votre humour…
[Dumas] Citoyen général, je vous emmerde ! On vient d’éventrer 3000 prisonniers de guerre et piller une ville comme les derniers des barbares, maintenant la peste s’abat sur le camp et vous voulez qu’on cache la nouvelle aux hommes ! Allez-vous faire foutre !!
[Bonaparte] Considérez-vous comme étant aux arrêts, Dumas !!
[Dumas] Non, la Constitution me donne le droit de quitter l’armée pour un rapport au Directoire, c’est ce que je vais faire. Celui qui essaiera de m’arrêter devra utiliser la force, des amateurs ?
[Bonaparte] Laissez-le partir, encore faudrait-il trouver un passage à travers le blocus anglais, Dumas ! Bonne chance !!
[Caffareli] Ce siège, c’est n’importe quoi, on n’a même pas de boulets du bon calibre !! Il va falloir payer les grenadiers pour qu’ils rapportent ceux qui seront tirés par les Turcs, quelle merde, c’est ridicule !!
[Kléber] Dites donc, à qui fait-il s’en prendre ?! Conté avait une proposition pour transporter notre artillerie !! Qui a pris la décision de la faire passer par la mer, directement dans la poche des Anglais qui n’ont eu qu’à se baisser pour la ramasser ?!
[Junot] C’est une décision du général en chef !
[Kléber] Junot, lèche-cul, je sais de qui vient la décision, j’étais présent figure-toi !!
- Putain, Jean-François, comment tu peux manger au milieu de tout ça…
- Ben j’ai faim… Ça les fera pas revenir, et pis c’étaient que des mahométans, c’est moins grave quand même !
- Ah, tu crois ça, toi ? Bougre d’âne ! J’ai pas fait Valmy pour égorger des pauvres bougres, mahométans ou pas !
- C’étaient des ordres ! On n’y est pour rien ! Un soldat ça doit obéir aux ordres !!
- On les a éventrés ! Il a fallu qu’on leur ouvre le ventre ! Aux 3000 !! T’appelles cela des ordres, toi ??
- Ouais, « qu’un sang impur abreuve nos sillons », cette fois on a fait vachement fort…
- Général Bon, bordel ! C’est pas le moment de se bourrer la gueule !!
- C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour obéir aux ordres de Bonaparte !
- Quels ordres ?
- La demi-brigade de chasseurs doit rassembler tous les prisonniers sur la plage…
- Et alors ? Il veut les vendre ?
- Non, il veut les tuer !
- Quoi ? Tu étais déjà bourré lorsque tu as pris les ordres, espèce de vieille ganache !!
- Je me suis fait répété les ordres trois fois, ce n’est qu’après que je me suis bourré la gueule : exécuter tous les prisonniers, et l’arme blanche, pour économiser la poudre… Il y a 3000 hommes sur la plage Dumas...
[Kléber] Général, qu’est-ce que c’est que ces tranchées ? Vous, avec votre taille, ça peut aller, mais moi, ça m’arrive aux couilles !!
[Bonaparte] Adressez-vous à Caffareli, c’est lui le responsable du génie ! Et depuis quand un général de cavalerie se promène dans une tranchée de siège, c’est pas votre boulot, bordel !!
"Jour J, qui a tué le président ?", Fred Duval, Jean-Pierre Pécaud, Colin Wilson, éditions Delcourt
Conseil lecture de la bande dessinée par Stéphane Nappez, co-fondateur de l'association Baraques Walden.
Entretien mené à l'Abbaye de Jumièges (département de la Seine-Maritime)
Vidéo : Paris Normandie