Mon portugais était balbutiant mais je commençais à m'habituer à ses conversations floues où le mystère d'une phrase se révèle au détour d'un seul mot compris comme par enchantement.
— Par curiosité je suis allé acheter votre dernier bouquin et…
— Et c’est très mauvais.
— Euh… Non. J’ai bien aimé…
— Eh ben… Pas moi.
— Quand même… C’est votre livre !
— Oui… C’est bien ça qui m’embête… J’aurais préféré que ce soit celui de quelqu’un d’autre.
Mon portugais était balbutiant...
... mais je commençais à m'habituer à ces conversations floues...
... où le mystère d'une phrase se révèle au détour d'un seul mot compris...
... comme par enchantement.
- Et d'où elle sort cette bouffe ?
- Ben, au début, le patron du bistrot m'a dit qu'il ne faisait que des sandwichs... Alors je lui ai répondu "Faites-moi des sandwichs, mais sans mettre le pain...et tant qu'à faire, vous laissez le pâté dans le bocal."
- Tu sais pourquoi les patrons, ils aimaient bien les portugais ?
- Je...
- Parce qu'ils fermaient leur gueule, tu comprends ?
- Quand même... C'est votre livre ! ...
- Oui... C'est bien ça qui m'embête... J'aurai préféré que ce soit celui de quelqu'un d'autre
-C'est juste que... Tu fais ce que tu veux! T'as pas de comptes à leur rendre.
-J'y arrive pas. J'ai 52 ans. Et j'y arrive pas.
ça va mon ami communiste ?
Je ne suis pas communiste ... C'est toi qui est un sale conservateur...
Et toi Simon, tu es quoi ?
Moi ?? - Je ne sais pas trop ... Ben ... Je me pose cette question depuis un bon moment en fait ...
Hé, si tu cherche, tu trouves !
Il parait ...
Je savais que je ne m'étais pas, une fois de plus, dérobé à ce silence.
J'avais l'impression d'avoir fait un premier pas adulte dans la vie.
Le premier pas, c'est le plus difficile.
J'étais fasciné et heureux. Un vrai crétin. Et je me demandais bien d'où venais cette étrange colère, puis cette douce mélancolie qui m'étaient tombées dessus sans crier gare en moins de 24 heures.