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EAN : 9782881081651
Editions de l'Aire (24/03/1992)
4.75/5   2 notes
Résumé :
Si j’excepte le séjour d’une année que je fis à Rome, où mes supérieurs de l’Abbaye de Saint-Maurice m’avaient envoyé pour y achever mes études théologiques, c’est à quarante-deux ans que je fis mon premier voyage, moi qui, depuis, n’ai cessé de parcourir les pays que j’aime, cherchant à y découvrir de nouveaux visages, des sagesses nouvelles, de nouveaux cœurs amis. A quinze ans j’ignorais l’existence des bananes, et c’est au couvent, âgé de plus de vingt ans, je m... >Voir plus
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Rares sont les personnes d'origines modestes, ayant toujours vécu une vie modeste et promises à une mort modeste à avoir écrit leur biographie. Tel fut pourtant le cas d'Alexis Peiry, fils d'un très modeste manoeuvre du canton suisse de la Gruyère, devenu chanoine puis instituteur et auteur de livres pour enfants aujourd'hui à peu près oubliés.

Il ne faut, évidemment, pas prendre ce livre en espérant y trouver une histoire palpitante, une plume éblouissante, une verve unique. C'est le récit de l'enfance simple d'un homme simple. Mais entendre la voix de l'homme ordinaire, n'est-ce pas ce que tout un pan de la société réclame à cor et à cri, y compris sur ce site ? Voici justement quelqu'un qui a grandi dans la pauvreté, a vécu une vie de labeur anonyme. Alors, écoutons ce qu'Alexis Peiry a à dire.

Il est l'ainé d'une famille nombreuse et très pauvre. Son père, bien que ne possédant ni terre ni bétail, fait preuve d'une indépendance farouche et d'une grande fierté. le petit Alexis en héritera très tôt : à sept ou huit ans, il vivra comme une terrible humiliation de devoir aller quotidiennement mendier un peu de lait dans les fermes, un hiver particulièrement rude… Et pourtant, ce qui frappe dans sa personnalité, c'est son naturel et son humilité. Rien de posé, d'ampoulé, pas non plus de misérabilisme – quand bien même plusieurs de ses frères et soeurs sont morts de misère en bas âge. Très tôt également il fait preuve d'une foi profonde et lumineuse qui, visiblement, ne l'avait pas quittée à cinquante ans, quand il écrivit ces lignes.

Mais il n'est pas non plus un exemple-type : même, il souffre d'être pauvre « différemment » des autres. Les autres sont en guenilles, mais sa mère remue ciel et terre pour qu'il ait des vêtements propres et en bon état – quitte à le chausser de bottines de femmes trop grandes données par charité. Il a une vivacité d'esprit et une rapidité de compréhension que les autres n'ont pas, il a acquis des connaissances par lui même grâce à une très précoce passion pour les livres. Heureusement pour lui, ses camarades de classe ne voyaient pas cela comme une tare comme c'est le cas de nos jours.

Vous l'aurez compris, ce n'est pas un livre ordinaire. Si l'on veut s'y plonger et comprendre la richesse de ce témoignage mieux vaut, comme son auteur, faire preuve d'humilité.
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