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Citations sur Dieu de l'univers. Science et foi (44)

La conservation et la transmission d'un message révélé n'en demeurent pas moins l'objectif fondamental des grandes religions ; leur but est d'ouvrir le cœur de l'homme à la transcendance, de le greffer en quelque sorte sur cette transcendance. Tel est bien le sens du mot latin “religare”, relier. La religion rassemble les individus en une communauté de croyance ; les rites qu'elle impose sont la manifestation de ce lien qui fait d'une foule un peuple, mais, dans le même temps, la religion « relie » ce peuple avec la ou les divinités : elle est donc, au sens étymologique du terme, « source de liens ». À cette définition de Lucrèce s'en ajoute une autre, de Cicéron, où religion dériverait cette fois de “relegere”, relire. Ici, le mot nous invite à relire les textes fondateurs et, sans doute, à relire simultanément les informations concernant le réel, afin d'en élargir le sens, de mieux comprendre l'univers, bref, de faire œuvre de philosophe et de scientifique. Cette seconde définition évoque la maïeutique grecque, la « manducation » de la parole, et la pratique de l'oraison en vigueur dans les monastères de contemplatifs.
Mais les religions ne sont pas seulement des entités spirituelles. À travers l'histoire, toutes se sont moulées dans des institutions humaines souvent puissantes et puissamment conservatrices. Or, si le lien particulier d'un croyant à sa religion se noue au cœur d'une conscience et échappe par là à la sagacité de l'observateur, il en va tout autrement de l'institution elle-même, omniprésente, sécurisante ou dérangeante selon le regard qu'on porte sur elle. Ces institutions ont beau être religieuses, elles n'échappent en rien aux lois communes qui régissent la naissance, le mode de fonctionnement, la sénescence, voire la mort des institutions humaines.
p. 204 - 205
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Est-ce pour cela que le Ciel décida un jour de le faire seconder par le dernier venu du « club des Douze », saint Paul de Tarse ? Imaginons le Christ ressuscité prenant acte de l'insuffisance de ceux qu'il avait choisis et décidant de leur adjoindre in extremis ce nouveau compagnon, lequel allait se révéler d'une efficacité peu commune dans l'édification et le développement de cette puissante « multinationale » de la foi qu'est devenu, au long des vingt siècles suivants, le christianisme ! Mais c'est là une irrévérencieuse façon de fourrer son nez dans les voies et desseins de l'Éternel, qui, comme chacun sait, sont insondables...
Quoi qu'il en soit, le fait est là : dans un univers culturel où s'est affirmée de tout temps la primauté de l'homme et où les femmes n'occupent qu'une place chichement mesurée, le Christ, tout en ayant choisi douze apôtres, se révèle d'abord aux « saintes femmes ». Et c'est encore une femme, la Vierge Marie, qui restitue la condition humaine parfaite qu'Éve avait défaite.
p. 189
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Qu'en sera-t-il de l'homme ? L'enjeu est de taille, d'autant plus que le néocortex n'a guère accru son pouvoir d'intégration par rapport aux autres couches cérébrales. Voilà donc l'humanité menacée pour n'avoir pas réussi l'évolution harmonieuse, coordonnée et sans heurts de l'organe qui fait précisément son originalité. Finira-t-elle asphyxiée sous le poids des productions du cerveau ? L'artificialisation croissante de l'environnement mettra-t-elle en péril les équilibres de la nature et de la vie ? L’hyper-sophistication des technologies finira-t-elle par nous y asservir ? Quelque fou, particulièrement inapte à réguler sa « machine à penser », déclenchera-t-il un cataclysme planétaire. Les paris sont ouverts : tout est possible, y compris les pires dérèglements.
S'il est quasi impossible d'avancer une date et un scénario pour la disparition de l'espèce humaine, emportée par quelque apocalypse, il reste toujours possible d'évoquer la mort individuelle, certaine, celle-ci, quoique tout aussi mystérieuse.
Biologistes et médecins débattent à l'infini sur le point de savoir à quel moment précis survient la mort. Longtemps, on a considéré qu'était mort celui qui ne respirait plus et dont le cœur avait cessé de battre. Le progrès des techniques de réanimation ont remis en cause cette définition.
p. 180
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… il se trouve que chaque hémisphère du cerveau a, si l'on peut dire, sa personnalité propre. L'hémisphère gauche serait le siège de la pensée déductive, qui sécrète l'aptitude à décortiquer les versions latines ou les problèmes de math ; logique, rationnel, cartésien, il dissèque, analyse, soupèse, s'exprime par des signes, des chiffres, des lettres ; plus masculin que féminin, il engendre la science et semble frappé, depuis quelques siècles, en Occident, d'une étonnante hypertrophie qui a produit notre monde contemporain, avec ses prouesses scientifiques, ses merveilles mais aussi ses périls technologiques. Le cerveau droit, au contraire, excelle dans l'approche intuitive, synthétique, concrète du réel ; il analyse moins qu'il ne ressent ; il est tout naturellement sensible à l'unité profonde de l'univers ; les arts, la musique sont ses expressions familières ; ignorant les chiffres et les lettres, il s'exprime par des symboles, parle un langage imagé, avec fables et légendes, mythes et prophéties, exprimant dans un langage simple et sans âge les vérités immémoriales de la sagesse des nations. Le cerveau gauche est académique ; le cerveau droit est empirique. En médecine, par exemple, l'un est celui des professeurs, l'autre celui des guérisseurs.
De tous temps, dans toutes les cultures, le langage symbolique des hommes a tenté d'évoquer leurs origines, le sens de leur destinée. Chaque culture possède ainsi son propre trésor qui s'exprime dans ses cultes, ses religions, ses mythes et légendes.
p. 171
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L'islam nous offre au contraire l'image d'un Dieu triomphant, régnant en majesté au zénith comme le soleil de midi. Point de faille nécessaire : Allah s'impose comme une évidence à l'entendement du croyant dont tout acte, toute pensée d'orgueil ne saurait être que dérisoire. Allah ne laisse aucun choix à ses fidèles qui se soumettent tout naturellement à sa volonté, d'où le sens du mot islam : soumission ; d'où cet abandon que nous appelons à tort fatalisme, caractéristique des richesses spirituelles de l'islam mais que l'on retrouve aussi dans la tradition chrétienne d'abandon à la providence et à la volonté de Dieu. L'islam contemporain est certes plus menacé de fanatisme que de fatalisme, mais nulle tradition, nulle confession, nulle idéologie n'est à l'abri de cette dangereuse déviance.
p. 162
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Aussi est-il parfaitement légitime de dire, comme le font les athées, que « Dieu est une créature de l'homme » dans laquelle celui-ci se projette pour s'accomplir en rêve dans un au-delà qui n'est qu'une création de son imaginaire. Ce à quoi les croyants rétorquent avec une égale pertinence que Dieu ne peut se révéler à l'homme que par ce manque, précisément, qui est prise de conscience de notre propre insuffisance et nous met en chemin vers plus que nous sommes : car, comme l'affirme fièrement la devise de la Maison de Bruges, Plus est en nous ! Ce n'est qu'en se dépassant que l'homme est pleinement humain : « Apprenez que l'homme passe infiniment l'homme », dit aussi Pascal. Accepter ses incertitudes et ses imperfections, ses insuffisances et ses insatisfactions, telle est l'entrée dans la voie de la sagesse, qui refoule l'hydre toujours renaissante de l'orgueil humain. Cet orgueil qui, justement, entraîna la chute de l'homme, parce qu'il colmate toutes les brèches et le rend imperméable à Dieu — un Dieu qui, selon la tradition chrétienne, ne peut pénétrer que par une faille, car il est, selon la belle expression de l'auteur des Pensées, « un Dieu caché » : un enfant pauvre qui frappe discrètement à la porte.
p. 160-61
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Les Droits de l'homme... et après
Des réflexions et des actions novatrices s'imposent d'urgence, auxquelles les scientifiques sont désormais conviés à apporter leur concours, en vue de définir ce que pourraient être les fondements d'une éthique pour le troisième millénaire. Ceux-ci, en effet, ne sont pas étrangers au mouvement de la pensée scientifique qui laisse désormais ouverte la question de l'existence d'une réalité au-delà du réel immédiatement perceptible, bref, d'une référence extérieure à l'homme et à sa condition.
Qui se préoccupe, par exemple, de promouvoir une réelle éthique des médias dont l'omniprésence et l'omnipotence marquent si profondément l'évolution de la société ? Qui se préoccupe de la violence, de l'agressivité, voire de la débilité à la télévision, des exclus de l'antenne, du poids incroyable de l'argent, de la recherche du sensationnel à tout prix, de la capacité de jeter en un instant le discrédit sur une personne par une information prématurée, de la manipulation des images avec la montée en puissance des images virtuelles, de la présentation systématique de ce qui ne va pas au détriment de ce qui va bien, de la concentration des pouvoirs et des moyens au sein de trusts tout puissants à qui les satellites vont offrir une diffusion mondiale, du faible intérêt réservé au développement culturel et spirituel ? Autant de tares dont nos grands systèmes de communication sont affectés depuis des années sans que nul ne s'en inquiète vraiment. Or, la vision du monde qu'ils proposent à nos enfants, sous des apparences de modernité, est puissamment contre-éducative, et souvent, dans un milieu familial fragile, assurément destructrice.
p. 121-122
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Vatican II mit un terme à la guerre de position que l'Église menait contre la science depuis le chanoine Copernic en reconnaissant sa légitimité et son autonomie, son domaine spécifique ainsi que la liberté de la recherche. l'instigation de ce pape exceptionnel que fut Jean XXIII, le concile affirma également le droit à la liberté religieuse, droit pour chaque conscience de s'exprimer selon sa propre foi, déjà proclamé depuis deux siècles par la Déclaration des Droits de l'homme. Le pluralisme des opinions, des opinions religieuses en particulier, étant désormais reconnu, les temps s'ouvraient au dialogue et à la communion. C'en était enfin fini du trop fameux : « Hors l'Église, point de salut ! »
L'Église reconnut aussi à la science le droit d'explorer, par ses méthodes, sa propre histoire et celle des Écritures.
p. 115
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La neurobiologie, toujours foncièrement matérialiste, fait néanmoins entendre quelques points de vue discordants selon lesquels le cerveau ne sécréterait pas la pensée « comme le foie sécrète la bile » ; il y aurait, selon Eccles, deux niveaux de réalité : l'une neuronale, l'autre extérieure et indépendante, dont les interactions susciteraient l'émergence de la conscience. Enfin, les sciences humaines ont été amenées à relativiser l'impérialisme du freudisme, du structuralisme et du marxisme en s'ouvrant à d'autres courants de pensée ; l'astrologie elle-même frappe à leur porte...
Bref, par opposition au scientisme dominant de la fin du XIXe siècle, on voit aujourd'hui de nombreux scientifiques, fort de ces nouvelles hypothèses ou de ces nouvelles théories, jouer des coudes pour élargir la brèche ouverte dans le matérialisme ambiant et orienter la science vers un autre ordre de réalité, considéré désormais non plus comme concurrent, mais comme complémentaire de son domaine. S'introduit ainsi l'idée de transcendance, de réalité de l'être, pour reprendre une terminologie d'essence anglo-saxonne ; réalité essentielle, présente au-delà du champ de la science, mais aussi, paradoxalement, au plus intime des consciences. Bref, la raison laisse un espace ouvert à la foi.
Force est toutefois de constater que cette importante évolution de la pensée scientifique n'a encore que très imparfaitement atteint notre pays. Plus cartésienne, puisqu'elle est la patrie de Descartes, plus réductionniste, plus attachée à la pensée linéaire, la France semble prendre du retard dans ce mouvement général de la pensée, nettement plus affirmé dans les pays anglo-saxons.
p. 112-113
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Car les sciences aussi, on l'a vu, sécrètent leurs dogmes, leurs religions, leurs clercs intransigeants et sectaires : ce n'est pas un privilège réservé aux seules Églises ! En l'occurrence, l'impérialisme et le grégarisme dominants avaient singulièrement rapetissé le champ de ces sciences. Malheur au chercheur indépendant, non inféodé à une école, voire à une chapelle : le système ne laissait aucune place au marginal, car les clercs sont les serviteurs zélés du dogme ; ils ont l'intellect sec et le cœur dur. Le monopole de quelques-uns sur les sciences humaines avait pris de telles proportions que des chercheurs aussi éminents que Jacques Ellul, René Girard, Paul Ricoeur, Michel Serres, tenus à l'écart en raison de leurs positions hétérodoxes, durent aller travailler aux États-Unis. Carl Jung lui-même, l'un des plus grands esprits de ce temps, fut soigneusement tenu en lisière.
Dieu merci, le climat est aujourd'hui plus ouvert, et cette fin de millénaire s'accompagne partout, dans toutes les sciences, de la chute des idoles et de l'effondrement du credo scientiste.
p. 108-109
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