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Citations sur Dieu de l'univers. Science et foi (44)

Car les sciences aussi, on l'a vu, sécrètent leurs dogmes, leurs religions, leurs clercs intransigeants et sectaires : ce n'est pas un privilège réservé aux seules Églises ! En l'occurrence, l'impérialisme et le grégarisme dominants avaient singulièrement rapetissé le champ de ces sciences. Malheur au chercheur indépendant, non inféodé à une école, voire à une chapelle : le système ne laissait aucune place au marginal, car les clercs sont les serviteurs zélés du dogme ; ils ont l'intellect sec et le cœur dur. Le monopole de quelques-uns sur les sciences humaines avait pris de telles proportions que des chercheurs aussi éminents que Jacques Ellul, René Girard, Paul Ricoeur, Michel Serres, tenus à l'écart en raison de leurs positions hétérodoxes, durent aller travailler aux États-Unis. Carl Jung lui-même, l'un des plus grands esprits de ce temps, fut soigneusement tenu en lisière.
Dieu merci, le climat est aujourd'hui plus ouvert, et cette fin de millénaire s'accompagne partout, dans toutes les sciences, de la chute des idoles et de l'effondrement du credo scientiste.
p. 108-109
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L'astrophysique, elle, ne manipule pas : elle observe, elle photographie, elle simule sur ses puissants ordinateurs ; mais elle reste d'abord et fondamentalement une science “contemplative”, et sans doute n'insistera-t-on jamais assez sur la beauté du ciel étoilé pour les mortels que nous sommes, et d'abord pour les astronautes, émus et fascinés par la splendeur de la Terre, vue de l'espace, dans son éternel ballet avec la Lune. Tous se sont exprimés en poètes, manifestant combien le cerveau droit retrouve son rôle dès qu'explosent les notions étroitement terrestres du temps et d'espace !
p. 96
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Au terme de cet ouvrage consacré à la physique quantique, Bernard d'Espagnat pense que « de plus en plus, il apparaît comme hautement vraisemblable (ici je ne dis pas “certain”, car je n'ai pas de théorème qui me permettrait de le faire) qu'en définitive, cet existant dont je parle n'est pleinement connaissable ni par la science, ni plus généralement par la raison ». Prudent, il évite de se laisser entraîner sur le terrain de la transcendance ; il ajoute : « Je prends désormais la pré-caution, chaque fois que j'utilise les mots “réalité indépendante”, de bien souligner qu'ils ne se réfèrent pas à une réalité pensée a priori comme transcendante, et donc indépendante de notre action, mais bien à une réalité dont, au départ, il est posé que son existence et ses attributs généraux sont indépendants de notre existence à nous, hommes. » Voici donc que la physique aboutit à l'une de ses limites, et celle-ci est le réel qu'elle ne peut plus prétendre embrasser, expliquer et expliciter dans sa globalité.
Les principes fondamentaux de la physique quantique restent parfaitement étrangers à nos contemporains.
p. 91
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Pascal est au contraire plus sensible aux relations subtiles qui lient les choses et les êtres les uns aux autres en réseaux d'une complexité inouïe. Il écrit : « Toute chose étant causée et causante, aidée et aidante, médiatement et immédiatement, et toutes s'entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes, je tiens pour impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître les parties. »
Ces lignes peuvent être considérées comme l'un des textes fondateurs de l'écologie, voire d'une science ouverte, opposée au réductionnisme simplificateur encore trop répandu aujourd'hui dans toutes nos disciplines, hormis peut-être l'astrophysique.
p. 64
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Réduire les animaux à de simples machines, à des « choses », à des automates, est à l'évidence une erreur que l'écologie aura toutes les peines du monde à redresser, tant nos mentalités restent imprégnées par l'idée de notre absolue supériorité sur tous les autres vivants. Or, on a vu comment la conscience n'est pas apparue abruptement avec l'homme, mais émerge progressivement tout au long de l'évolution pour, il est vrai, exploser, s'épanouir et culminer en l'homme. En séparant aussi radicalement l'âme du corps – ce que n'avaient jamais fait ni les Hébreux de l'Ancien Testament, ni les premiers Pères de l'Église –, Descartes introduit ce que Franck Cosson, dans un récent essai critique, appelle une « rupture anthropologique dans la mesure où, d'une certaine manière, l'homme s'oppose à lui-même, puisque composé à la fois d'une partie corporelle, matérielle et sensible, et d'une autre partie immatérielle et purement intelligible ; il a en lui-même deux principes ou deux ordres de réalité hétérogènes l'un à l'autre et qui ne peuvent être envisagés qu'en termes d'opposition. La dualité qui caractérise ainsi la nature de l'homme devient, à l'intérieur du sujet, une tension et une opposition difficilement surmontables. Celui-ci est donc affecté d'une scission interne ...
p. 61
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Bref, pour Pascal, la raison n'est pas capable de démontrer que Dieu existe ; elle n'est pas davantage capable de démontrer qu'il n'existe pas : l'autocritique de la raison marque le commencement de la foi qui se déploiera ensuite sur l'autre chemin de la connaissance.
p. 59
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Thomas, lui, nous invite à esquisser, à chaque époque, mais uniquement pour cette époque — car l'avenir ne nous appartient en rien —, les nécessaires synthèses dont nous sommes si étonnamment privés en un siècle comme le nôtre, si riche en multiples spécialisations, en technologies hyper-sophistiquées, mais si pauvre en visions globales, en synthèses satisfaisantes et cohérentes. Deux orientations dont il importe, aujourd'hui plus que jamais, que nous entendions la leçon si nous ne voulons pas périr étouffés par les slogans, les modes médiatiques, les pseudo-mots d'ordre de la “modernité”.
p. 54
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Enfin, si le cerveau gauche est bien, comme on l'a longtemps nommé, le cerveau dominant », celui par lequel s'expriment la conscience claire du moi et sa volonté de s'affirmer dans et par le pouvoir, il est remarquable de constater que la tradition du monachisme, depuis les tout premiers siècles du christianisme, s'est appliquée à réduire ces tendances dominatrices par le moyen des trois vœux monastiques. Le vœu d'obéissance exhorte à l'esprit d'acceptation et d'abandon ; il s'oppose à la tentation de domination par le pouvoir. Le vœu de pauvreté s'oppose à la tentation de dominer par l'argent. Quant au vœu de chasteté, il contrecarre la tentation de dominer ou de se laisser dominer par le sexe. En freinant l'expression des noyaux limbiques de l'agressivité et celle des modules neuronaux néocorticaux du cerveau gauche, la mise en pratique de ces vœux contribuait à l'inverse à favoriser le déploiement des potentialités du cerveau droit, siège de la musique (le grégorien), de la créativité (l'art des cathédrales), de l'union mystique (aboutissement normal et sans doute jamais vraiment atteint d'une vocation monastique).
p. 52-53
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Lire Thomas d'Aquin est aujourd'hui un exercice particulièrement ardu ; décrypter ses cinq preuves de l'existence de Dieu est une tâche réservée aux seuls philosophes avertis. Pourtant, curieusement, une de ses idées vient de réémerger dans la modernité : il s'agit du « principe de subsidiarité » selon lequel le “pouvoir” doit être le plus proche possible des gens, ou, plus exactement, les gens doivent être les premiers à décider de ce qui les concerne directement dans leur vie quotidienne. Ce principe, l'Europe de Bruxelles l'a repris à son compte, tout en ayant bien du mal à le mettre en pratique !
p. 50
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Alors qu'Averroès tendait à opposer la foi et la raison comme sources de deux vérités difficilement conciliables, n'ayant ni méthodes ni objet communs — à ses yeux, l'autonomie de la raison ne s'accorde pas avec l'obéissance par la foi, et pas davantage avec la subjectivité de l'amour —, Thomas transcende cette opposition apparemment radicale entre les deux savoirs et dépasse ce dualisme irrecevable pour un croyant dès lors que ce dernier attribue au même Dieu créateur les lumières de la raison et les révélations, du mystère. Il reconnaît néanmoins la spécificité des deux domaines : l'objectivité du savoir scientifique et la subjectivité de la croyance, l'universalisme de la science et l'incommunicable intériorité de la foi, la première se fondant sur une certitude acquise par des expériences répétées et reproductibles, la seconde étant adhésion à un témoignage révélé. Un tel enseignement, tout en accordant priorité à la foi, ne pouvait que s'harmoniser à un monde où le progrès technique faisait passer l'homme d'une économie agraire à la civilisation urbaine, avec l'introduction organisée des corps de métiers, le développement de l'économie de marché, ...
p. 48
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