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EAN : 9782251453507
37 pages
Les Belles Lettres (19/08/2022)
4.28/5   29 notes
Résumé :

Un jour, j'ai changé d'odeur. Je me suis mis à sentir le végétal. D'un coup. Moi, je n'avais rien demandé à personne. Mais à chaque fois c'était pareil : j'éteignais la lumière, je me déshabillais, j'ôtais mon tee-shirt, et pendant que ma tête se retrouvait coincée entre mon torse et le tissu, mon nez avalait de pleines bouffées de terre. Je me débattais avec. Plus de sueur, p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
« Un jour, écrit le narrateur de Végétal, j'ai changé d'odeur. Je me suis mis à sentir le végétal. D'un coup. Moi, je n'avais rien demandé à personne. » 
Mais ce n'est pas tout. Peu à peu, les signes d'une transformation plus radicale se font jour : « Quand j'ai commencé à chier tout vert, j'ai su que rien n'arrêterait ma métamorphose. Ça commençait à sentir mauvais pour moi.  »
Car c'est bien de cela qu'il s'agit, de la métamorphose d'un jeune homme en arbre. Avec lucidité, celui-ci raconte en détail la transformation de son corps : « Je commençais à être dur au contact, mes bras devenaient âpres, rugueux, blessants si je ne faisais pas attention[…] Mon corps se transformait en une jardinière qu'on regarde pousser avec attention. »
Rapidement, une idée va l'obséder : en quelle espèce d'arbre va-t-il se transformer ? Plusieurs scénarios sont envisagés, parfois avec colère, le plus souvent avec humour  (car on le sait, l'humour est, avec l'écriture, l'arme ultime, la dernière flèche de ceux qui n'en ont plus pour très longtemps...)
Cet étrange et beau récit doit en effet être lu comme une métaphore du mal qui a emporté son auteur, à 25 ans à peine, et des dégâts physiques et psychologiques causés par ces maladies dites « longues », chez ceux qui en sont atteints.
Comme Ivan Illitch, le héros tolstoïen, le malheureux personnage de Végétal peut éprouvrer ce faisant la fragilité des liens qui l'unissent aux autres : les pages où il sent que sa copine s'éloigne de lui parce qu'il est devenu une sorte de monstre à ses yeux, comptent ainsi parmi les plus poignantes.

Quelque part du côté d'Ovide, de Kafka et de Matheson, ce très court récit est une merveille.
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Cela commence par un changement d'odeur. le narrateur se rend soudain compte que son corps nu sent l'humus, que son torse est " recouvert de mousse".
La "mutation organique" est en route et elle sera inexorable. Abordant tous les aspects de cette métamorphose, même les plus triviaux, ce narrateur sans nom relate avec précision sa transformation en arbre, sa relation conflictuelle avec les docteurs, car il ne veut pas devenir "un phénomène de foire dans un laboratoire".
En 38 pages, Antoine Percheron réussit un prodige poignant, celui de raconter avec distanciation son propre destin , celui d'un homme atteint d'une tumeur qui pousse "des racines au fond du cerveau", comme le précise une note en fin de texte.


Paru une première fois en 2001 aux Éditions L'Escampette, ce texte vient d'être réédité aux Éditions Belles Lettres et il ne faut surtout pas le rater.
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Le récit imaginaire poignant de la transformation d'Antoine en arbre, plein de lucidité sur l'inévitable issue de celle-ci : la mort.
De très beaux passages : le marronnier de la cour d'école, les platanes de la nationale 14...

Antoine Percheron était un jeune homme atteint d'une tumeur au cerveau qui, peu avant sa mort, à écrit des textes mettant en mots sa souffrance, sa peur, ses renoncements, tout cela avec beaucoup d'humour et sans aucun apitoiement, ni lamentation.

Ces écrits ont été trouvé dans les affaires du jeune homme peu après sa mort, à 25 ans.
Ses proches ont décidé de publier ces textes, en respectant leur caractère inachevé.
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Texte court. ce n'est pas la métamorphose de Kafka, mais celle de Percheron. Pas en cafard, mais en arbre.
J'ai pensé que les notes de l'éditeur faisait partie intégrante de l'ouvrage "le texte qui suit a été retrouvé dan les papiers d'Antoine Percheron après sa mort. Il avait vingt-cinq ans et souffrait d'une tumeur au cerveau. Cela explique le caractère inachevé de ces pages, respecté jusque dans les blancs ménagés par l'auteur en vue d'une révision qu'il n'a pas pu faire".
Je l'ai lu comme ça : avec cette idée de fiction sur l'auteur. En fait non, c'est réel.
Remarquable travail de l'éditeur L'Escampette : mise en page, format du livre, coût adapté, sobriété dans la présentation de l'auteur, respect du texte.
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Un court texte, notes ou journal sans dates, d'un jeune homme atteint d'une tumeur au cerveau, et qui se sent devenir végétal, plus précisément arbre, il ne sait pas trop lequel. Cela commence ainsi : « Un jour, j'ai changé d'odeur. Je me suis mis à sentir le végétal. D'un coup. » le récit est prenant, Antoine Percheron sait l'issue fatale, il s'imagine en platane en bord de route, en marronnier de cour d'école, … Émouvant, éprouvant et poétique à la fois. Impossible de ne pas songer à la Métamorphose de Kafka ou au Pays sous l'écorce de Jacques Lacarrière, mais c'est plus brut et plus minimaliste.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les platanes regardaient défiler ma voiture et je les laissais plantés là, sans doute occupés à compter les bolides pour trouver le sommeil, tandis que je disparaissais dans le noir. Bientôt sans doute je connaîtrais le même sort : platane de route ! Tu parles d'une vie, regarder les bagnoles passer ! Imaginez un peu : vivre à la campagne et border une route si ce n'est pas une frustration de voir des paysages mais de sentir la puanteur : ne même pas être considéré dignement, avec un peu d'amour, d'intérêt, ou de respect, mais juste presque comme un panneau de circulation : dormir par intermittence, réveillé non seulement par les phares en pleine gueule, et puis par le bruit. Ça ne m'étonne pas qu'ils aient toujours l'air crevés, déprimés, pas en forme quoi.
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J'allais finir tout en feuilles et en fleurs : un arbre, quoi. Putain quelle mort. Mes veines ressemblaient à un delta homérique, devenaient noueuses, formant une sinuosité de plus en plu complexe, avec des boules par endroits, des nœuds ailleurs. Le plus difficile, c'était que j'étais devenu froid, gelé, et presque insensible. Quand je me glissais dans le lit apaisant, chaud, j'essayais avec toute la prudence possible, mais je n'arrivais qu'à déclencher une avalanche de menaces.
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Je ne rêvais que de me rouler dans la mousse, la pluie, que l'humus mouillé abreuve et délivre mes racines. Je ressentais ce besoin de la terre, celle fraîchement arrachée, pour m'en recouvrir et me vautrer dedans , la sentir sur mon corps et pouvoir enfin la flairer.
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