Protéger ou disparaître : Le débat français sur le protectionnisme

L'historien Jacques Bainville critiqua les thèses défendues par Keynes. Il insista sur le fait qu'en cas de non-application totale ou partielle des réparations de guerre, l'Allemagne serait encouragée à préparer et à se lancer dans une nouvelle guerre d'agression contre la France. il situait cette guerre dans les vingt ans à venir, c'est-à-dire en 1940 !
Revant sur cette question à la fin de sa vie, Jacques Bainville écrivait : " Le commerce peut séparer aussi bien qu'il peut unir. "L'éconimique" engendre indifféremment la guerre ou la paix.
Les effroyables difficultés financière de l'Europe ne changent rien aux règles du jeu poliitique. Elle y ajoutent un élément, si ce n'est un excitant. Elles n'enpêcheront rien et elles provoqueront peut-être beaucoup de choses". (p. 76)

Le grand libéral qu'étais Maurice Allais savait parfaitement distinguer entre le véritable libre-échange qui supposait, selon lui, une concurrence entre pays comparables sur le plan du développement économique et des les législations en vigueur, et ce qu'il appelait le " laissez-fairisme " : " Au nom d'un pseudo libéralisme, écrivait-il, et par la multiplication des déréglementations, on installe peu à peu une espèce de chienlit mondialiste" "laissez-fairiste". Autrement dit, on place en situation de concurrence des pays situés à des niveaux de développement très différents et dotés de législations incompatibles entre elles. C'est ce que l'Union Européenne a commencé à faire à partir de 1974 avec les conséquences économiques et sociales que l'on devine. (p.30)

La prospérité d'un peuple, écrivait-il [Friedrich List], ne dépend pas de la quantité de richesses, de valeurs échangeables qu'il possède, mais du degré de développement des forces productives. Autrement dit, le protectionnisme n'est pas une fin en soi, mais un moyen de renforcer la base industrielle et productive du pays.
Friedrich List a ainsi ironisé sur ce qu'il appelait la "liberté de Ricardo". Cette liberté était pour lui le moyen pour l'Angleterre d'établir son hégémonie économique et commerciale sur le monde et en soumettant les autres pays moins développés. (p. 66)

Comme le notait l'historien Maurice Bouvier-Ajam : "Le commerce extérieur ne doit pas consister à prendre au dehors des marchandises parce qu'elles y sont au meilleur marché, critérium individuel, ceci est la loi des échanges à l'intérieur du groupe national, mais celles que l'on ne peut pas physiquement trouver ou produire sur le territoire national, soit à cause de la nature, soit à ceux de l'histoire". (p. 67)