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Citations sur Le Hussard (40)

Frédéric savait que depuis des temps immémoriaux l’homme s’était battu contre ses semblables pour des raisons souvent matérielles et immédiates : la nourriture, les femmes, la haine, l’amour, la richesse, le pouvoir… Ou même simplement parce qu’on le lui commandait, et, fait étrange, la peur des punitions se superposait fréquemment à la peur de la mort qui pouvait le guetter dans la guerre. À maintes reprises, il s’était demandé pourquoi des soldats aux sentiments grossiers, peu enclins aux motivations d’ordre spirituel, ne désertaient pas en plus grand nombre ou ne refusaient pas de faire leur service quand ils étaient appelés. Pour un paysan qui ne voyait pas plus loin que sa petite terre, sa chaumière ou la nourriture indispensable à la survie de sa famille, partir pour des pays lointains défendre des monarques tout aussi lointains devait représenter une entreprise stérile, absurde, dans laquelle il n’avait rien à gagner et beaucoup à perdre, y compris son bien le plus précieux : la vie.
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J’ai découvert que la guerre, c’est un peu d’action et beaucoup, beaucoup trop d’attente. On te fait lever avant le jour, on te promène en long et en large, on te conduit sur un champ de bataille sans que tu puisses comprendre qui est en train de gagner ou de perdre… Il y a des escarmouches, tu t’ennuies, tu es fatigué. Mais personne ne peut te garantir que, quand tout aura été terminé, ta contribution au résultat final aura eu quelque valeur. Il y a même des tas de soldats qui assistent à une bataille sans tirer un seul coup de feu, sans donner un seul coup de sabre.
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Il avait parlé d’une nouvelle Europe sans frontières, de l’expansion d’une culture commune orientée vers le progrès, de nouvelles idées, de l’Homme auquel il fallait restituer sa dignité. L’Espagne, avait-il ajouté, était un pays prisonnier de son passé, refermé sur lui-même, en proie à l’obscurantisme et aux superstitions. Seules les idées neuves, l’intégration dans un système politique moderne et européen pouvaient le tirer de la geôle où l’avaient jetée l’Inquisition, les prêtres et les monarques incompétents.
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Un duel est une affaire entre deux hommes de cœur, il a ses règles, et sa conclusion doit être honorable pour les intéressés.
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— Jamais je ne dépouillerai un cadavre, dit Frédéric, la mine sombre.
Philippo haussa un sourcil.
— Pourquoi ? Les morts s’en fichent bien.
— C’est indigne.
— Indigne ? – Philippo éclata d’un rire aigu. – C’est la guerre, mon cher. Naturellement, ce sont là des choses que l’on n’apprend pas à l’École militaire. Mais vous apprendrez, je vous l’assure… Imaginez, Glüntz, que vous marchiez sur un champ de bataille après une dure journée sans avoir avalé une bouchée et que vous trouviez un soldat mort, le sac bien garni. Vos scrupules vous empêcheront-ils de vous restaurer ?
— Je préfère mourir de faim, dit Frédéric avec une conviction absolue.
Philippo hocha la tête, réprobateur.
— Je vois que vous n’avez guère eu faim dans votre vie, mon vieux…
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- C’est un bon sabre.
- Ce n’est pas une arme de gentilshommes.
- Pourquoi ?
- Parce qu’un sabre exclut toute forme d’élégance… Il est terriblement lourd et vulgaire.
- Tu préfères peut-être une arme à feu ?
- Pour l’amour de Dieu, certainement pas. Tuer à distance n’est guère honorable, mon cher. Un pistolet n’est rien d’autre que le symbole d’une civilisation décadente.
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— Tout hussard qui se respecte doit savoir reconnaître immédiatement un bon cheval, un bon vin, un bon cigare et une jolie femme.
— Dans cet ordre-là ?
— Dans cet ordre-là. Ce genre de subtilités dans l’appréciation est ce qui différencie un officier de cavalerie d’un de ces tristes soldats qui vont à pied, de la gadoue plein les bottes, et se battent au ras du sol, comme des paysans.
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Que Napoléon soit un foudre de guerre ne signifie pas que son génie s’étende au domaine de la musique. Il est clair que, de ce côté, il présente quelques lacunes.
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C’était aussi ça, la guerre, se dit-il. Des hommes et des bêtes qui marchaient dans la nuit, des villages dont on ne connaîtrait jamais le nom et qui signifiaient seulement des étapes sur le chemin d’un lieu inconnu. Et surtout, ces ténèbres infinies qui semblaient couvrir la surface de la terre, à tel point que l’on avait du mal à imaginer qu’en ce même instant, sur un autre endroit de la planète, le ciel était bleu et que le bienheureux père soleil brillait très haut.
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— Nous livrons une guerre étrange qui ne figure pas dans les livres que nous avons étudiés à l’École militaire. Tu te rappelles notre conversation de cette nuit ? Il est difficile de renoncer à des guerres loyales, contre des ennemis parfaitement identifiables et bien alignés en face de nous.
— Des guerres propres, résuma Bourmont.
— Oui. Des guerres propres, où les curés ne battent pas la campagne avec leur soutane retroussée et un tromblon à l’épaule, où les vieilles n’arrosent pas nos soldats d’huile bouillante. Où les puits contiennent de l’eau et non des cadavres de camarades assassinés.
— Tu demandes beaucoup, Frédéric.
— Pourquoi ?
— Parce qu’à la guerre, on hait. Et c’est la haine qui motive les hommes.
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