Ce premier tome des Lames du Cardinal fut une lecture très agréable et extrêmement distrayante !
C'est l'une des rares fois où j'ai peiné à lâcher un livre tellement j'étais happée par l'histoire. Ce n'est pas une grande surprise si j'ai aimé ce tome. Je savais qu'avec
Pierre Pevel, je m'attaquais à une valeur sûre puisqu'il y a quelques années maintenant, j'avais dévoré sa trilogie de Wielstadt. Ici, nous restons dans de la Fantasy historique, notamment dans le roman de cape et d'épée, mais bien que l'atmosphère soit quelque peu semblable, l'intrigue diffère totalement. Déjà nous n'avons pas affaire à un seul héros mais à une multitude de protagonistes. Chose qui n'a pas manqué de me déstabiliser au départ. Et raison pour laquelle, j'avais du mal à quitter le livre, je ne voulais absolument pas perdre le fil de l'histoire. J'avais peur de ne pas m'y retrouver, si je ne le lisais pas d'une traite. Bien heureusement, j'ai quand même fini par me faire à ces nombreux personnages, et à les identifier petit à petit, grâce aux portraits extrêmement précis dressés par l'auteur.
Cet enchaînement, cette navigation perpétuelle entre les figures principales, donne énormément de dynamisme au récit. J'aurais du mal à dresser moi-même une chronologie précise des évènements, mais ce que je peux dire, c'est que l'auteur est particulièrement doué pour synchroniser les actions de ses personnages. Les pièces du puzzle finissent tout de même par s'emboîter et fusionnent parfaitement.
L'atmosphère est assez différente de la trilogie de Wiesltadt. On retrouve un peu de cet aspect occulte, avec la magie draconique, mais pour le moment Les Lames du Cardinal m'apparaît comme moins cabalistique, moins sombre. J'ai donc une légère préférence pour les aventures du Chevalier Kantz mais j'attendrai d'avoir lu Les Lames du cardinal dans leur intégralité pour confirmer cette impression.
Pierre Pevel prend donc son temps pour tisser l'immense toile de son intrigue, il choisit de nous présenter ses personnages un à un et de nous entraîner petit à petit dans leurs aventures respectives. Avec une plume lyrique, mais pas alourdie pour autant, l'autre nous offre des descriptions et des précisions sur le contexte historique, géographique, politique, ou démographique.
Avec brio,
Pierre Pevel nous entraîne non pas dans une, mais dans mainte aventure palpitante. Il crée un univers riche dans lequel les mousquetaires côtoient les spadassins et où les dragons évoluent librement. Nous croisons des vyvernes, grandes montures aériennes, des dragonnets, à la fois espions redoutables et équivalent charismatique des pigeons voyageurs et enfin des dracs ou sang-mêlés, à la fois homme et dragon. Ce mariage entre histoire et fantastique est finement mené et bien harmonisé.
Une fois que j'ai réussi à identifier les divers protagonistes, ma préférence est bien sûr allée aux fameuses Lames. Après des années d'absence, -leur organisation fut démantelée à la suite d'une bavure et de la trahison d'un des leurs-, elles reprennent du service en répondant à l'appel du Cardinal Richelieu. Ce dernier n'est finalement pas si antipathique et perfide que l'on pourrait le croire. Bien qu'il agisse avant tout pour servir ses propres intérêts, et qu'il possède un fort ascendant sur le roi, Richelieu est ici dépeint comme un homme fragile physiquement, rongé par la maladie, ce à quoi je ne m'attendais absolument pas. En ce qui concerne le Vicomte de Rochefort, j'imagine que sa réputation sournoise et machiavélique est assez bien rendue. Mais d'une manière générale, ce n'est pas un récit très manichéen. Bien sûr, qu'il y a des gentils et des méchants, mais je dirais que c'est plus complexe que ça. Ils servent leurs desseins respectifs et obéissent du mieux qu'ils peuvent à leur instances supérieures. Cela participe à créer un climat de tension, ainsi que de nombreux retournements de situation inattendus !
A la tête des Lames, se trouve le plus âgé, le plus sage mais aussi le méfiant La Fargue. Trahi dans le passé par l'une des Lames, qui n'était autre que son meilleur ami, il ne fait plus vraiment confiance à personne. La Fargue dirige d'une main de maître cette compagnie, où l'on retrouve un sang-mêlé assez mystérieux nommé Saint-Lucq, un ancien et vaillant mousquetaire de sa Majesté appelé Leprat, la séduisante Agnès, la seule femme du groupe, Marciac, le gascon enjôleur, Ballardieu et Almadès, qui malgré leur importance ne sont peut-être pas les plus marquants pour l'instant.
Malgré ses talents incontestés, cette élite de bretteurs, joue aussi le dindon de la farce dans cette histoire. Les Lames aident le Cardinal autant qu'elles se font manipuler par lui. Chacun a son rôle à jouer, et certains jouent même sur plusieurs tableaux à la fois. Nous sommes totalement plongés dans un univers de complots, d'espionnages, de trahisons et d'intrigues plus complexes les unes que les autres. C'est donc un récit jubilatoire, et bien que je rechigne à utiliser ce terme, ce premier tome est un vrai « page-turner ».
Finalement, bien qu'ayant beaucoup de doutes et d'appréhension en commençant cette lecture, je termine ce roman vraiment satisfaite. Cette temporisation des intrigues ne m'a absolument pas gênée et j'ai encore passé un excellent moment de lecture grâce à
Pierre Pevel. Ce livre m'a une fois de plus convaincue que j'aime énormément la littérature de cape et d'épée et je n'ai désormais plus aucune excuse pour ne pas m'essayer à Dumas et à ses Trois Mousquetaires.