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EAN : 978B0000DSXY1
Robert Laffont (30/11/-1)
5/5   1 notes
Résumé :
Sommaire : Préface : Les deux flèches du temps. - Prélude : La nuit des temps. - 1. Les dieux paléolithiques. - 2. Les âges légendaires. - 3. Les temps historiques. - 4. L'âge de Ptolémée. - 5. Les temps modernes. - 6. Les temps nouveaux. - Conclusion : L'innomable. - Annexes. - Notes.‎
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le temps ne se dirigerait pas seulement de manière unilatérale –du passé vers l'avenir, comme cela nous semble correct aujourd'hui-, mais aussi de l'à-venir à ce-qui-a-été, du Possible vers la Durée. le curée d'Ars ne fut pas le seul à le deviner. Il l'exprima cependant dans des termes d'une extrême justesse et d'une belle poésie :


« Bande-toi les yeux, tourne le dos au futur, avance dans la nuit. Alors, ni près ni loin, ici, s'ouvre le lieu où l'avenir comme un buttoir te pousse, où le néant est derrière toi, où la vraie liberté se montre : […] le Miracle asservi, dont le Possible est le germe. »


La liberté sera l'objet voilé des réflexions mythiques. Impossible de la définir absolument : elle échappe à quiconque soupçonne l'existence d'une graduation des plans d'univers. Avant même de parler de dieu, avant l'émergence de toute figure symbolique, trois façons de se comporter vis-à-vis de l'univers conditionnent l'arrivée de la nouvelle pensée : le plan du Je-Moi, celui du Je-Tu et celui du Je-Lui :


« Soit un objet : L'hiver de Breughel l'Ancien, le nombre 12 ou une jeune fille. […] Je peux analyser les réactions de la fille, rechercher les diviseurs de 12, critiquer le Breughel. Je les appréhenderai sur le plan du Je-Moi.
Mais je puis brûler d'amour pour le Breughel et ne plus pouvoir vivre sans le contempler, haïr le nombre 12 […] ou lui sacrifier ma vie, comme des Chrétiens la leur au dogme des Douze apôtres. […]
Enfin, je puis détruire la peinture ou la recommencer ; imposer le nombre 12 comme emblème à ma firme ou me choisir une garde de douze soldats. Je puis parer la jeune fille de la robe et des bijoux qui la complèteront pour posséder en elle la Beauté. Et je les appréhenderai sur le plan du Je-Lui. »


Ne pas croire que nous choisissons. Nous tombons dans un paradigme et l'adoptons plus ou moins absolument, parce que nous ne pouvons pas vivre dans la communauté sans la réalisation de cet effort minimum. Nous ne soupçonnons pas que nous sommes contenus à cause de la multitude des formes que permet cependant ce schéma de pensée fini. le caractère génial de la progression involutive réside dans l'imbrication du déterminisme et de la liberté : nous devons aller vers quelque chose d'inévitable et bien que nous ne puissions échapper à cette direction, nous pouvons tout du moins choisir les différentes voies possibles qui nous permettent d'y accéder. Etre libre c'est « pouvoir (et devoir) hésiter entre les partis ».


Ris et sois joyeux si tu te sens porté par l'arrivée des temps mystiques, si tu marches du nord vers le sud en te dirigeant à la rencontre du nouveau dieu qui t'unira à la liesse commune ; mais ne perds pas espoir si tu quittes ces temps de gloire et t'aventure du sud vers le nord, vers les siècles au matérialisme morose, à la raison exaltée, à la métaphore appauvrie. Lorsque la Science actuelle répugne à parler d'âme et frisonne devant les audaces psychologiques ratées du New Age, lorsqu'elle s'essaie à aborder les territoires de l'inconnu en brandissant les nouveaux termes de « mélancolie », de « névrose », d' « inconscient » ou de « neurosciences », elle définit sans le savoir le langage nécessaire à l'exaltation de l'ère suivante. Elle croit construire ses thèses par l'observation d'évènements causaux –elle les construit peut-être parce qu'elle sent la nécessité future.


Bientôt, le Verseau soulèvera les eaux croupies dans lesquelles stagne le dieu Poissons, vieux de deux millénaires. On ne le renie pas, on ne l'exècre pas ; simplement, il n'est plus nécessaire. Son temps a passé, les conséquences de son apparition sur terre se sont déroulées ainsi que l'exigeait l'humanité et tout a changé. le besoin assouvi, le désir ne disparaît pas mais change de forme : il faut un nouveau dieu. Dieu d'Amour dominant, maltraité par les forces tauriques de l'islam, renforcé par la continence de la Vierge et par la douceur des Gémeaux –dieu Poisson suivi sous le nom du Christ ou du Bouddha, que tu aies influencé le soufisme ou l'hindouisme, tu es maintenant épuisé. En ce temps-là, le triomphe dura cinq siècles puis l'arrivée de l'islam instaura le doute. L'adversité, elle-même nourrie du mythe, l'affaiblit et le força à s'adapter aux luttes contre les vents contraires. de schisme en concile, le dieu perd certaines de ses forces mais en acquière de nouvelles et comme on remet en doute la légitimité d'un être versatile, la foi des adeptes s'adapte à son tour, entre résistance et désistement. Les derniers siècles sont ceux du désespoir. La raison cherche à évacuer la foi sans remarquer qu'elle utilise les moyens de la croyance. Nietzsche avait déjà révélé l'imposture de la Science dans Par-delà le bien et le mal et nous pouvons aujourd'hui démasquer le triomphe du dieu gémique dont la symbolique du Double, de l'Image et du Miroir transparaissent avec fracas dans le règne de l'audiovisuel et de la publicité. La consommation frénétique n'est plus que l'appropriation du totem qui permettra de ressembler à l'Image parfaite du Double-modèle que l'on perçoit dans le Miroir de l'imaginaire collectif.


Liberté – Egalité – Fraternité. On connaît la combine mais elle ne peut plus durer. L'ère du Verseau annonce l'arrivée imminente (mais qui ne se mesure pas à l'échelle d'une vie) d'un nouveau paradigme qui pourra encore s'accorder, à la limite, au premier terme de cette triade poisson. Ce sera alors une Liberté qui ne ressemble en rien à celle que nous connaissons. Nous pouvons tout juste la deviner : elle sera dionysiaque et ivresse, gratuité et générosité –elle transparaît déjà dans la symbolique de l'Arbre. Ce seront de jeunes personnes qui l'exalteront. Certains se réunissent déjà pour sa gloire : la fête de l'Arbre célèbre le refus de la technique, de la rigidité et de la cupidité par son exacerbation de la création, de l'ardeur et de la générosité. Un nouveau fléau –comme tant d'autres auparavant- viendra décimer la technique de l'ère matérialiste. Considérez l'Holocauste comme un avant-goût de ces cataclysmes heureusement rares, d'une envergure proportionnelle au refus opposé par l'humanité face à l'évidence de l'arrivée d'une nouvelle ère. D'une ambivalence discutable, l'Holocauste fut une réussite des nazis dans le sens où elle empêcha l'émergence immédiate d'une nouvelle pensée mystique en devenir –qui pense encore à la spiritualité lorsque la préoccupation immédiate consiste à se préoccuper de sa survie ?- mais elle fut aussi un échec des forces de pensées rationnelles : le régime nazi n'est pas durable. Son échec catalysa plus tard le besoin d'un renouveau spirituel.


Jean-Charles Pichon écrit peut-être sous l'inspiration d'un mythe qui le manipule à son insu. Il espère cependant avoir suffisamment fait connaissance avec les manifestations divines de lieux et d'époques variés pour rester à une distance qui lui permettra d'échapper à l'influence contemporaine. Un demi-siècle après la publication de L'homme et les Dieux, la conversion d'une part sans cesse croissante de l'humanité aux avatars d'une renaissance spirituelle ne fait que se confirmer. Nous constatons actuellement le dernier sursaut de vie du dieu Poissons combiné aux germes du dieu Verseau à travers la prolifération des manifestations (néo)-hippies (Rainbow Family, twee attitude…). le chant du cygne prépare l'arrivée du dieu Verseau : le jeune sort de son servage vis-à-vis de l'adulte, comme autrefois l'esclave ou le pauvre. On en repère déjà les prémisses dans le développement des communautés d'entraide, de troc, de don ou de gratuité. Il s'agit de trouver les moyens d'exacerber sa Création individuelle dans les ordres d'une Hiérarchie. Et si toutes les névroses qui nous martèlent le crâne aujourd'hui se résolvaient en même temps que cette déchirure existentielle :


« Comment être moi-même en étant tous les autres ? Comment obtenir que les informations qui me parviennent d'autrui m'informent sans me déformer ? Comment conserver mon intégrité dans l'intégration ?
Mais également : comment oeuvrer tout en oeuvrant pour moi-même ? Comment inclure une pierre nouvelle dans l'édifice sans faire s'effondrer l'édifice ? Comment atteindre à un ensemble qui soit autre chose qu'un complexe ? »


Lorsque nous saurons nous fondre dans l'ensemble sans cesser de percevoir clairement notre individualité, lorsque l'ensemble ne menacera plus l'unité, la flèche du temps s'inversera. Nous entrerons alors dans ce Temps-là, pour la douzième fois depuis l'existence de l'humanité.

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Citations et extraits (106) Voir plus Ajouter une citation
Ainsi, la plus dure bataille, ce ne fut pas contre le monde que l’auteur dut la livrer ; mais ce fut le dévoilement progressif des mensonges, des faux semblants, des masques dont il s’était couvert ; puis, ce fut la découverte des mythes et croyances dégénérés dont était constitué son Moi. En ce temps-là encore il ne distinguait pas le Moi référentiel de la Personne. Il se crut « fait de vide » et renonça à vouloir.
Par cet ultime piège, nos sociétés s’emparent de ceux qui avaient su éviter tous les autres. « Si je ne suis rien, pourquoi combattre –et comment ? Pourquoi ne pas accorder le peu qu’on me demande, ne serait-ce qu’un faux semblant, et taire mes angoisses ? Si je ne suis rien, que me prendra la mort ? Pourquoi ne pas admettre que le Passé me pousse et que le Néant me guette, comme on me dit que cela est ? »
Mais il faut croire qu’au cœur de la pire lâcheté demeure (dans l’âme ou dans l’esprit) une évidence muette et brûlante comme un soleil. Cette voix silencieuse, un jour, s’exprima. Elle disait : « La vie t’a été donnée. » Et cela voulait dire : « Tu n’es pas à l’origine de ta propre existence ; tu en ignores les fins. Tu ne l’as pas créée et tu es incapable de la prolonger une heure, une seconde, car tu ne sais même pas de quoi elle est faite. Tu ne dois donc pas craindre ; tu ne peux qu’espérer. »
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A cinq ans, on prendra l’enfant, on commencera de le réduire ; à seize ans –ou vingt ans, ou trente- on pourra le lâcher dans le monde, soit arrêté dans son évolution normale, s’il était lent, soit détruit ou brisé, si son exigence s’était révélée plus forte que les techniques scolaires.
Ce bref passage initiatique de l’enfance à la maturité, que nos ancêtres –et les « sauvages »- situaient dans la quinzième année, n’aura-t-il pas fallu le prolonger pendant le quart d’une vie, pour prendre tout le temps de détruire la Personne et son origine même ?
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Il conviendrait peut-être de se demander si l’information rend compte de tout le réel, ou si la soumission de l’observateur à la flèche du temps passé-avenir n’entraîne pas pour lui, nécessairement, une vision entropique de l’univers ; c’est-à-dire si le coupable est Dieu, ou s’il n’est pas la science rationnelle, comparable à l’enfant qui brise tout ce qu’il touche et dit : « ce n’est pas moi ! »
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Les mœurs [de Charlemagne] étaient très libres. Non seulement la « petite histoire » lui prête de nombreuses maîtresses (il en aurait eu de quinze à vingt enfants), mais il semble qu’envers ses sœurs et ses filles, il se montrât plus disposé à leur tolérer des liaisons fugaces que des mariages « injurieux ». […]
Ce respect de l’Amour –fût-ce contre la loi- allait de pair avec une conception particulière de la justice. Les jugements de Charlemagne étaient les jugements de Dieu ; ses décrets admettaient l’épreuve de la croix, l’un debout en face de l’autre : celui qui supportait l’épreuve le plus longtemps était reçu comme ayant le meilleur droit pour lui.
Mais, réciproquement, ce refus de la Loi indique une foi profonde, Charlemagne s’élève contre le mythe de Justice comme Moïse s’élevait contre le Veau d’Or. Ce qu’ils combattent l’un et l’autre, c’est un dieu dépassé, le passé enlisant, qui interdit à l’homme de vivre en Dieu, de l’Instant vers l’Eternel.
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Il se découvre ainsi que, tout comme les prêtres des Eglises constituées, les sorciers, les medecine-men ou les chamans ont bien pour principale fonction de maintenir en éveil la mémoire des traditions mortes ou sommeillantes, afin qu’elles puissent renaître quand l’heure en sera venue. Mais renaîtront-elles jamais semblables à ce qu’elles furent, il y a six mille ou huit mille ans ?
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