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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Contrairement à la tristesse des éléphants qui rentrait plus dans le registre du fantastique, Mille petits riens est un roman beaucoup plus terre à terre, que j'ai préféré et adoré...

Ruth, elle a 44 ans, elle est infirmière obstétrique, elle est mère d'un grand ado de 17 ans, elle est américaine. Elle est noire...
Turk est un jeune homme marié à Brit, prêt à devenir père d'un instant à l'autre d'un petit garçon prénommé Davis, il est américain. Des tatouages longent son corps. Amour et haine. Sur son crâne, la croix gammée... Il est blanc. Il est raciste.
Kennedy est avocate. Habituée aux petits délits, elle s'occupe de la Défense publique. Elle ne voit pas la couleur de peau.

Lorsque Davis, le nouveau-né de Turk et Brit est pris en charge par Ruth, les parents s'offusquent et demandent à l'infirmière chef que leur bébé ne soit plus confié aux soins d'un personnel de couleur. Ruth est offusquée, elle pour qui la couleur de peau ne veut rien dire quant à la qualité des soins à prodiguer.
Lorsque le petit Davis décède brutalement, la haine et la colère des parents s'abattent sur l'infirmière noire.
La machine judiciaire est lancée. Ruth est écartée de son travail puis inculpée pour homicide volontaire. L'avocate Kennedy prend le dossier en main à la volée. Au-delà de la défense, Kennedy et Ruth vont tisser une relation d'amitié, permettant à Kennedy de s'apercevoir qui se cache derrière la couleur noire, ce que cela entraîne dans la vie de tous les jours d'être noire.

Sur fond de racisme et de relations inter-humaines, on est ici devant un roman à trois voix expliquant tour à tour l'opinion de Ruth, Turk et Kennedy. C'est un roman tout à fait passionnant et très bien construit. Mille petits riens peuvent conduire à détruire une vie tout comme l'amener à son apogée. Chaque petits riens a autant son importance que les rencontres, le regard qu'on pose sur les autres, sa capacité à voir au-delà, l'importance de s'exprimer et du droit de chacun à être libre. Beaucoup d'humanité parsème le roman avec des personnages dignes, exemplaires et attachants.
Mille petits riens, une histoire intemporelle du marasme de la haine et de l'amour où chaque sentiment proche de l'autre débordera, semant ses conséquences et ses milles petits riens...
A découvrir car c'est un très beau roman.
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Ruth Jefferson, Africaine-Américaine, comme elle se qualifie, travaille en tant qu'infirmière très expérimentée dans une maternité.
Elle a un grand fils Edison, très bon élève, inscrit dans un collège d'Américains blancs.
Étonnantes ces remarques d'ordre raciales à l'heure actuelle et on va voir que la différence entre personnes d'origine africaine et personnes blanches va encore prendre plus d'ampleur.
Ruth soigne un bébé nouveau-né d'un couple de suprémacistes blancs. Ils la prennent en grippe et interdisent qu'elle s'approche de leur enfant.
Malheureusement, cet enfant n'a pas besoin de querelles autour de lui car il présente une maladie génétique qui demande des attentions de toutes parts.
Un procès pour brutalités sur le nouveau-né est intenté contre Ruth qui pourra compter sur l'intelligence de son avocate commis d'office.
C'est un roman plein de surprises, où Jodi Picoult nous livre toutes les remarques que les personnes de couleur doivent encore subir aujourd'hui. Nous, Européens, ne soupçonnons pas que les haines raciales existent encore à ce point surtout après la venue du président Obama.
Un roman choral avec les points de vues de
- Ruth, l'infirmière accusée.
- de Turk, le père suprémaciste blanc, ancien délinquant, idiot et borné qui m'a bien agacée je l'avoue.
- de Kennedy McKenzie, avocate commise d'office, qui ne fait aucune différence entre les humains, à qui Ruth fait comprendre le quotidien des personnes de couleur.
Le livre est divisé en 5 parties dont chacune porte le nom d'une phase de l'accouchement.
Un roman très bien écrit par Jodi Picoult avec une traduction de grande qualité assurée par Marie Chabin.

Challenge pavés
Challenge plumes féminines
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Un nourrisson de quelques jours, jusqu'ici en bonne santé apparente, décède brutalement à la maternité de l'hôpital de New York où Ruth est infirmière obstétrique depuis vingt ans. Les parents sont de violents suprémacistes blancs, Ruth a la peau noire. Cela suffit pour que la malheureuse se retrouve aussitôt accusée de meurtre par le couple aveuglé par la douleur et la haine, licenciée avec interdiction d'exercer sa profession, et bientôt au centre d'un procès retentissant, où la défense est assurée par Kennedy, avocate commise d'office, ravie de tenir enfin la grande affaire de sa carrière. Pour l'avocate et pour la justice américaine, le tribunal doit statuer sur les raisons médicales du décès et une éventuelle responsabilité humaine, pas sur l'injustice, due au racisme le plus flagrant, qui a désigné d'office Ruth comme bouc émissaire.


Le thème central du roman est le racisme aux Etats-Unis et l'hypocrisie qui l'entoure : le racisme extrême et sans fard, aisément reconnaissable et condamnable, des suprémacistes blancs, skinheads néo-nazis et autres mouvances descendant en ligne droite du KKK, mais aussi celui, plus subtil et plus pernicieux, qui se cache au plus profond des perceptions et des préjugés, biaise les comportements parfois les mieux intentionnés, nourrissant un racisme institutionnel qui continue à structurer l'ordre social malgré les lois qui proclament l'égalité.


En alternant les points de vue, quitte à revivre les mêmes scènes sous plusieurs angles, blanc ou noir, Jodi Picoult réussit à faire entrer les lecteurs blancs, le temps du livre, dans la peau d'une femme noire, leur faisant vivre de l'intérieur les grandes injustices, mais aussi les mille détails du quotidien qui, insidieusement, stigmatisent en permanence l'existence des noirs américains.


Souvent dure et choquante, destinée à sensibiliser et à faire réfléchir, cette lecture s'avère addictive, portée par un vrai suspense, des personnages crédibles soigneusement campés à partir d'une documentation solide, et l'écriture fluide de Jodi Picoult. Si le dénouement est sans doute bien trop théâtral pour être totalement réaliste, il porte l'espoir que la prise de conscience et la mobilisation de chacun, par l'addition de mille petits riens, puissent finir par faire bouger les lignes. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Aujourd'hui c'est un anniversaire ! Avec beaucoup de bougies !

1000e critique, donc 1000 livres lus en près de 6 ans d'addiction «babéliote», faite de coups de coeur, de coups de gueule, de rencontres d'auteurs ou de lecteurs, de conseils et de découvertes grâce à la Communauté, que je salue et remercie. (Parenthèse refermée)

Il convenait donc de choisir un livre adapté et accepter pour une fois de sortir de mon confort littéraire en prenant sans apriori un titre symbolique.
(Je n'ai quand même pas pris trop de risques avec Actes Sud )

Ce fut une excellente pioche par une immersion oppressante dans la culture américaine contemporaine et ses vieux démons de racisme ordinaire. Une navrante fiction qui fait froid dans le dos pour une afro-américaine, infirmière piégée en bouc émissaire dans la responsabilité collective du décès d'un nourrisson, subissant les méthodes de cow-boy des institutions policière et judiciaire.

Jodi Picoult nous immerge dans une société où mille petits riens sont autant de petites agressions racistes, où il convient encore de savoir survivre dans un monde de blancs, faisant face aux bons sentiments bien intentionnés jusqu'à la cohabitation avec des idéologies suprématistes.
Une histoire sur le fil du rasoir, faite par plusieurs narrateurs, où chaque personnage, profondément humain pour le pire et le meilleur, fait face à des sentiments multiples de haine, de douleur, de révolte. Où le lecteur se projette avec effroi dans la peau d'une victime expiatoire et serre les dents pour tenter de voir le bout du tunnel. On peut chipoter sur quelques longueurs et une chute narrative un peu expéditive, mais l'ensemble est convainquant.

Et puis cette excellente jaquette de petite fille appuyée au mur en état de sidération, telle une fiche d'identification policière…
Un gros coup de coeur.
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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais vous parler d'un livre embarrassant intitulé Mille petits riens et signé par une autrice nord-américaine, Jodi Picoult.

-Quelle jolie petite fille ! Ca va parler de son enfance ?

-Non. Ou très peu de temps.

Or donc Ruth Jefferson, infirmière en néonatalogie expérimentée et compétente, reçoit l'ordre de ne plus s'occuper du nouveau-né d'un couple de suprémacistes. Hélas, le bébé fait un malaise en présence de Ruth et meurt. Les jeunes parents déposent plainte pour se venger de Ruth tandis que l'hôpital abandonne son employée modèle. Ruth va-t-elle gagner son procès ?

-Oh, une histoire pleine d'injustice et de combat contre les forces du mal comme dans Erin Brockovich !

-Oui, on peut dire ça…

-Mais pourquoi tu dis que le livre est embarrassant ?

-Parce que je suis allée lire les critiques sur Goodreads pour savoir ce que nos amis anglo-saxons en pensaient. J'y reviendrai.

Trois voix narrent l'intrigue, chacune avec son ton, ses mots : celle de Ruth, l'infirmière dévouée qui a passé sa vie à ne pas faire de vagues, celle de Kennedy, qui a passé la sienne à ne pas bien savoir ce qu'est le racisme, celle de Turk, enfant blessé devenu un adulte violent et haineux. L'exercice m'a captivée : la plongée dans l'esprit d'un skin n'est pas de tout repos, ce n'en fut pas moins une expérience intéressante. C'était troublant de lire comment il pouvait se montrer éperdu d'amour, capable de tendresse, tout en commettant des actes de violence affreuse.

Entre les pages consacrées à Turk, répugnant de bête cruauté, et celles de Ruth, touchante de volonté, se trouvent celles de Kennedy, l'avocate : elle représente une Blanche qui ne se croit pas raciste et qui va prendre conscience de ses failles et se remettre en question.

-Mouais. Moi, j'aimerais quand même dire que les répétitions m'ont bien grave ennuyée. Quel intérêt de répéter deux ou trois fois le même bout d'histoire ?

-Ah, ça t'a ennuyée, toi ? Moi, j'ai trouvé que c'était l'une des trouvailles les plus brillantes du roman.

-Ah bon ?

-Mais oui ! J'ai trouvé admirable le travail du point de vue ; il démontre que les faits et la réalité ne se rejoignent pas forcément, loin de là, et que ce qu'on a dans la tête pervertit la perception.

-Et la partie embarrassante ?

-J'ai adoré ce bouquin.

-Ben pourquoi ça t'embarrasse ?

-Parce que je crains d'être victime du phénomène Mille femmes blanches, encensé alors que je l'ai détesté. J'ai cherché une critique négative : je n'en ai pas trouvé. Alors, je suis allée visiter Goodreads, où les avis sont plus nuancés. Certains lecteurs étaient trop choqués par ce qu'ils lisaient et abandonnaient, d'autres pestaient contre ce texte rempli de clichés et de stéréotypes.

Et cela m'a inquiétée : je ne suis pas capable de détecter lesdits stéréotypes, si vraiment il y en a. Tout au plus puis-je reconnaître une patine hollywoodienne dans le déroulement de la narration, une sensation vague de déjà-vu.

Je suis tombée sur une critique qui parlait d'un livre écrit « par une Blanche pour les Blancs ». Je suis assez d'accord : ce roman est rédigé avec un soin tout particulier accordé à la pédagogie, il dit « voilà comment les choses marchent, voilà pourquoi ce n'est pas normal ni sain ». Mais ce livre peut-il être considéré comme un élément de lutte contre le racisme par les Noirs ? Je ne sais pas.

J'ai également éprouvé des difficultés avec le personnage d'Adisa. Son franc-parler m'a plu, mais j'ai eu du mal à comprendre ses choix de vie. Ruth souhaite s'élever dans la société et offrir une vie meilleure à son fils. Adisa ne semble pas encourager le travail chez ses enfants et vivote comme elle peut. Est-ce « blanc » que de vouloir étudier, se sortir de la pauvreté et exercer un métier valorisant ? Ou refuse-t-elle de le faire pour ne pas intégrer une société trop blanche, justement ? Lui accorder plus de parole à ce propos aurait livré un autre point de vue intéressant et instructif sur la question du racisme et des façons d'y résister.

-Moi, ce qui m'a gênée, c'est le coup de théâtre.

-Oui, nous sommes d'accord, il n'était ni subtil, ni crédible, il est vrai. Juste cathartique.

Quoi qu'il en soit, Mille petits riens représente un splendide jeu d'écriture engendrant des émotions variées et complexes. Cette fiction pousse à s'interroger sur soi et sur la réalité. Il est bien parti pour devenir mon roman préféré de l'année. »
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Ruth Jefferson est une sage-femme afro-américaine de 44 ans. Elle exerce depuis plus de vingt ans et pourtant, les parents d'un bébé l'accusent de la mort de celui-ci. Autour de cet évenement, c'est le racisme qui est mis en avant. Ruth raconte comment sa vie a changé, comment elle vit les remarques au quotidien. Kennedy, l'avocate qui prendra l'affaire en charge, a un autre point de vue en tant que Blanche. Enfin, il y a la voix de Turk et suprémaciste blanc et le père du bébé qui déverse tout sa haine pour les Noirs et autres minorités.
Dès que j'ai vu la couverture de ce roman et le titre, j'ai eu envie de le lire. Mais prudence, quand j'ai trop d'attentes, je suis parfois déçue. Heureusement pour moi, ce livre a été une fabuleuse découverte. Cette histoire à trois voix autour du racisme aux Etats-Unis est magnifiquement racontée par Jodi Picoult.
C'est une lecture très agréable, j'ai aimé suivre les vies de Ruth et Kennedy, connaitre leurs pensées sans filtre sur un sujet qui peut être tabou au Etats-Unis. J'ai eu plus de mal avec le personnage de Turk, sentir tout ce venin sortir d'une personne, c'est assez dur. Jodi Picoult a fait un excellent travail de recherche pour en faire ce roman très abouti et déceler les différences nuances entre racisme et considérations sur la couleur. Quand je tente de faire une comparaison avec la situation en France, je me dis qu'il y a des différences... La fin est bien amenée, comme un espoir sur notre futur même s'il est un peu utopique.
C'est un gros roman mais il se lit tout seul (presque 600 pages) ! Un vrai coup de coeur !
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Voici un livre de 660 pages que j'ai dévoré .
Je tiens à remercier sincèrement Sabine pour me l'avoir fait acheter.

Une lecture bouleversante, addictive, entraînante , une fois commencée , vous ne la lâchez plus:
Une histoire sociale, vibrante d'une humanité profonde, récit subtil basé sur certains faits réels, traduisant malgré sa bienveillance et sa lucidité nos lâchetés à propos d'un sujet essentiel , épineux , difficile, le racisme en général , la ségrégation raciale , au sein d'une Amérique rongée par son histoire ainsi que celle du vivre ensemble.

Trois personnes prennent à tour de rôle la parole en exprimant leur ressenti , l'histoire de leur vie, leurs sentiments : colère , indignation, peur , retour sur soi, stupéfaction, crise , deuil, combat ......

D'abord Ruth sage femme noire de 44 ans dans un service- maternité depuis plus de vingt ans , modèle de professionnalisme, veuve, mère attentive d'Edison, dix sept ans.....dont la vie va basculer, un jour ordinaire d'octobre, Turk, jeune père skinhead et Brittany son épouse , tous deux suprémacistes blancs , le jour de la naissance de leur premier enfant , Kennedy, avocate remarquable de la Défense publique , une femme blanche.

Ce que j'ai apprécié ce sont les positions de l'auteure , elle expose tous les problèmes sans jamais accuser, elle a fait des recherches approfondies sur ces sujets délicats .
Elle nous pousse à réfléchir avec justesse , clarté, lucidité , à propos de nos non - dits, derrière «  ces petites choses » , ces injustices invisibles, qui en disent long sur nos attitudes.
On en ressort profondément ému par ces parcours poignants qui prouvent aussi que , quelque part, l'évolution , les changements, l'apaisement peuvent se produire.
Magnifique ! Merci Sabine.
La première de couverture est très belle , elle nous parle !
«  Si vous ne pouvez pas faire de grandes choses, faites de petites choses de manière grandiose » ,
Martin Luther King.
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Une lecture prenante, addictive, et pourtant 650 pages! Je n'ai pas vu le temps passer... Merci, Fanny, pour le prêt !

J'ai trouvé ce roman subtil, intelligent, car il ne prend pas parti , au contraire, il suscite les interrogations, la réflexion, et au regard du postface de l'auteure, il encourage à se poser des questions sur son ressenti personnel à propos du sujet essentiel du livre: le racisme. Beaucoup se disent non-racistes mais nous avons tous des préjugés, des idées fausses, inconsciemment ou pas.

le fait-divers à partir duquel elle a évidemment brodé sa propre histoire est le suivant : dans un hôpital américain, un suprémaciste blanc a refusé que son bébé soit ne serait-ce que touché par une infirmière noire. Un groupe de soignants a porté plainte pour discrimination raciale et a gagné le procès.

Dans ce roman à trois voix, l'infirmière noire est Ruth, le père Turk, et l'avocate de la défense Kennedy. Autour d'un drame terrible: la mort d'un nouveau-né. Tour à tour, ils vont exprimer leurs ressentis, leurs peurs, leur colère. Et surtout ils changeront leur regard sur les autres et sur eux-mêmes. La fin est un peu trop idéalement amenée, peut-être...

Je n'ai pas envie d'en dire plus, mais vraiment, c'est un livre enrichissant, qui aborde un thème ressassé de façon originale et toute personnelle. L'auteure s'est énormément investie, se documentant, rencontrant des femmes noires et deux suprémacistes blancs repentis. L'émotion nous prend souvent, l'indignation , mais aussi le questionnement intime: comment aurais-je réagi si j'avais été un juré, l'avocate ?

A découvrir, absolument!

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Ce roman m'a happée dès les premières pages : j'ai fait la connaissance de Ruth à l'âge de cinq ans, petite fille noire américaine qui se découvre déjà une vocation de sage-femme. Et je la retrouve très vite quarante ans plus tard, en tant qu'infirmière-accoucheuse dans un hôpital new-yorkais où ses compétences sont reconnues depuis vingt ans. Elle est veuve d'un militaire qui a perdu la vie lors d'une opération en Afghanistan et maman d'Edison, un adolescent qui cartonne dans ses études et les sports qu'il pratique.

L'autrice va dérouler son histoire sous trois angles différents, donnant la parole d'abord à Ruth, ensuite à Turk, jeune homme de vingt-cinq ans fraîchement papa, sa femme Brittany ayant accouché de leur bébé dans l'hôpital où exerce Ruth, c'est un suprémaciste blanc, raciste jusqu'au bout des poings et des tatouages; enfin va intervenir Kennedy, jeune avocate de couleur blanche, assurant la défense des citoyens américains qui n'ont pas les moyens de s'offrir les services d'un avocat privé, elle est une épouse et une mère comblée.

Tout part d'un post-it collé dans le dossier de David, le bébé de Turk interdisant à toute personne africaine-américaine de toucher le nourrisson, et la vie de Ruth va basculer dans un enfer pavé de mauvaises intentions, de racisme et d'injustice.

Au travers de ce roman poignant l'autrice tente d'amener le lecteur à discerner le racisme actif, agressif, du racisme passif, ordinaire, voire inconscient. Elle tente également de faire prendre conscience au lecteur de race blanche du privilège dont il jouit du simple fait de sa couleur de peau.
Ce roman a donc une grande valeur pédagogique, Jodi Picoult y a mis tout son coeur et son courage pour tenter d'expliquer les innombrables difficultés que peut rencontrer une personne de couleur aux États-Unis, malgré les progrès, les efforts, les mille petits riens destinés à abolir les différences depuis quelques décennies. Elle nous parle avec conviction d'équité, une valeur à laquelle les Noirs américains sont trop peu habitués.

Alors, oui, on pourrait reprocher à ce roman de s'adresser aux Blancs, à Jodi Picoult de ne pas être noire et donc de ne pas être capable d'imaginer le vécu des Africains-américains, mais cette tentative d'éveil des consciences est méritant.

Quant au style narratif, il est très plaisant, l'alternance des points de vue à la première personne du singulier impulse une belle dynamique à l'histoire, les come-back qui racontent une même scène vue de perspectives différentes sont judicieux, ils n'alourdissent aucunement le récit.

Ce roman de 650 pages se dévore, mon seul bémol est un coup de théâtre qui est très américain, mais cette histoire reste une fiction où tout peut arriver. C'est un mini bémol en regard des émotions qui m'ont traversées.

Je recommande cette lecture avec vigueur.
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Vous l'avez sûrement entendu dire… le bonheur est fait de Mille petits riens. Si cela est vrai, Mille petits riens peuvent tout aussi bien être le contraire et devenir douloureux pour certaines personnes.
Ici, c'est aux noirs des USA que mille petits riens font du mal. Ce n'est pas seulement le racisme violent de suprémacistes blancs, c'est aussi de nombreux petits désagréments quotidiens que ne connaissent pas les blancs ; c'est aussi un racisme insidieux et non-conscient de blancs bien intentionnés qui fait juste ressentir la différence.

Nous découvrons cela avec Ruth une infirmière expérimentée et dévouée, qui du jour au lendemain est accusée d'avoir tué un nouveau-né et qui va être défendue par une avocate blanche.

"Bien sûr, il est aussi plus commode de voir la partie émergée du racisme, c'est-à-dire tous les actes discriminatoires dont sont victimes les personnes de couleur. On les repère aisément quand un homme noir est accidentellement abattu par la police ou quand une jeune fille mate de peau est harcelée par ses camarades de classe parce qu'elle porte le hijab. La partie immergée du racisme est en revanche plus compliquée à discerner… Et à accepter. Ce sont toutes ces petites choses du quotidien dont nous bénéficions, nous, les Blancs, précisément en raison de notre couleur de peau." p 538

Un livre encensé à juste titre. L'écriture de Jodi Picoult nous entraîne dans une histoire prenante, agréablement déroulée pour mettre en évidence tous les niveaux du racisme.

La postface de l'auteur est aussi très intéressante, ainsi tout le roman est basé sur des histoires réelles, des témoignages… c'est un livre qui s'adresse aux blancs avant tout :

"...mon objectif n'était pas de raconter le quotidien des personnes de couleur pour que celles-ci s'y retrouvent, non. Je voulais écrire cette histoire à l'attention de ma propre communauté - les Blancs - qui, si elle sait très bien montrer du doigt un skinhead néonazi en le traitant de raciste, éprouve davantage de difficultés à discerner les pensées racistes qu'elle porte en elle." p.576

"Pendant cette phase de recherches, j'ai demandé à plusieurs mères blanche s'il leur arrivait d'évoquer la question du racisme avec leurs enfants. de temps en temps, m'ont répondu quelques unes ; d'autres on reconnu ne jamais en parler. Lorsque j'ai posé la même question à plusieurs mères noires, elle m'ont répondu à l'unanimité : "Oui, tous les jours." J' en ai conclu que l'ignorance était également un privilège." p 580
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