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Quatre-vingt-dix secondes » de
Daniel Picouly est un roman dont la narratrice est une montagne : la montagne Pelée, à la Martinique. Celle-ci raconte la catastrophe qui a eu lieu en 1902, l'éruption de son volcan qui fit 30 000 morts en 90 secondes.
Mélanger le récit d'un fait historique tragique à la fiction est une démarche qui peut se révéler périlleuse. Je suis née bien après 1902 et, n'ayant pas entendu parler de cet événement avant la lecture du roman, je n'avais ni opinions, ni souvenirs, ni affects prégnants qui y auraient été préalablement reliés. de mon point de vue, l'auteur a réussi à ce que la fiction se mêle harmonieusement au récit historique, qui est par ailleurs bien documenté. le ton est parfois ironique ou léger et fantaisiste, ce qui crée une ambiance onirique plutôt agréable. Les personnages suivent leurs intuitions et apparaissent mystérieux, insaisissables…
La montagne s'immisce dans le quotidien des humains et va jusqu'à intervenir volontairement dans le devenir de certains. Tout comme elle, le parc, la rivière ou encore un oiseau, peuvent être pourvus d'intentions et de traits de caractère. La nature interfère avec la vie des hommes et finit par dominer. La perspective m'est apparue inhabituelle et attrayante. En outre, j'ai trouvé astucieux d'attribuer la narration à la montagne Pelée car c'est lui conférer un nouveau pouvoir sur l'histoire, elle qui en a déjà tant dans l'Histoire.
Un roman audacieux et captivant.