Un suspense Ava Gold, tome 1 : La cité des proies

En ce moment, son cerveau essayait de saisir
l’idée qu’elle allait devoir vivre le reste de ses jours sans son mari. Elle savait que c’était la vérité, mais celle-ci ne paraissait pas réelle. Elle passait en revue les faits dans sa tête, encore et encore, comme si elle répétait les
paroles d’une chanson qu’elle aurait chantée des centaines de fois : on avait tiré cinq fois sur son époux, Clarence Gold, alors qu’il répondait à un simple appel pour cambriolage. Le suspect portait un épais manteau d’ouvrier,
était relativement petit – et c’était tout ce qu’elle savait.
C’étaient tous les détails que les témoins avaient pu fournir.

Cela avait fait sensation, de voir une femme blanche chanter avec une bande musiciens en majorité noirs. Mais le racisme, aux yeux d’Ava, était tout aussi stupide que
le sexisme. Chanter dans certains de ces clubs avait été une des plus belles expériences qu’elle ait eues. Et les quelques visites au Cotton Club en tant que spectatrice avaient grandement contribué à son amour pour le jazz et la passion qui l’avaient fait chanter pendant plusieurs années.

Comprenez-moi bien… ça peut être vgratifiant et mettre une femme méritante en vedette pendant un jour ou deux. Et de temps à autre, qui sait ? Vous pourrez même peut-être prendre part à quelque chose d’excitant. Mais en grande partie… c’est tout. Patrouiller, avoir l’air innocent et sans importance. C’est pourri, mais c’est aussi du génie. La
plupart des hommes capables de commettre des crimes ne voient en nous que deux minettes quelconques.

À présent, tout ce à quoi il pouvait penser était de passer à l’acte. Il n’avait pas tué l’infirmière, alors ses mains et son cœur désiraient ardemment quelque chose d’autre. Il aurait aimé que cela ait pu être encore sa mère acariâtre,mais elle était déjà morte, ce qui était regrettable. Et il y avait eu cette
femme la veille, dans la ruelle derrière ces clubs de jazz déplorables, mais cela l’avait à peine soulagé.

Elle était aux commandes… elle
refusait de donner le bras à son homme non pas car elle ne voulait pas que l’on sache qu’ils étaient ensemble, mais parce qu’elle le menait comme un chiot en laisse. Sa robe était blanche, avec une fente le long de la jambe qui remontait bien au-dessus de son genou. Il pensa aux trésors cachés légèrement plus au nord de la fente de cette robe, ce qui l’excita et l’enragea.