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EAN : 9782874951640
217 pages
André Versaille éditeur (26/10/2011)
4.07/5   7 notes
Résumé :

De mai à octobre 1931, à l’est de Paris, s’installe dans le bois de Vincennes, la grande fête de l’imaginaire colonial. Un décor de pagodes, de temples indochinois, de cases africaines, de minarets arabes et de murailles sahéliennes. Un théâtre de figurants piroguant sur le lac Daumesnil, servant dans des cafés maures, dansant pour des publics émoustillés. Une féerie de l’eau et de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
J'ai lu avec grand intérêt cet ouvrage, écrit dans les années 1960, et enrichi aujourd'hui d'un avant-propos et d'une postface particulièrement pertinents à l'aune des débats sur la colonisation à la mode française, et de la tentation de raccourcis fondés sur l'anachronisme, le désintérêt pour l'effort de se plonger dans un matériau scientifique et historique pourtant existant, la tentation du « reset » et de la culture de l'effacement, ces derniers pourraient bien devenir la marque de notre époque, que je trouve personnellement fort prétentieuse, au point de pérorer sur l'inutilité des efforts à maintenir pour mieux comprendre d'où nous venons.
L'exposition coloniale de 1931 dont l'objectif principal était d'instiller l'esprit colonial au public, a reconstitué le monde colonial, en miniature, à Paris, au bois de Vincennes entre mai et novembre 1931.
Ses quatre visages furent la propagande, la fête de jour comme de nuit, la foire à visée économique, et aussi l' événement scientifique.
La description qui en est faite est précise, agréable à lire, très accessible. La figure du maréchal Lyautey qui fut son grand organisateur y est très présente. Autour des innovations qu'il a portées :
- le choix d'une implantation en banlieue ouvrière et populaire, occasion saisie de mieux le desservir par le prolongement de la ligne 8 et de poursuivre un plan d'urbanisme dans l'esprit haussmannien
- La présence pour la première fois d'une Cité de l'information très innovante, pour attirer les acteurs économiques vers la "Plus Grande France"
- L'hommage à l'action missionnaire
- le souci de valoriser chaque culture, belle idée avec des applications très concrètes : rétributions correctes des 2000 participants des « colonies », éviter l'effet zoo humain en tout cas dans l'enceinte de l'exposition, multiplier les actes permettant une meilleure connaissance par des films, des débats, une multitude de conférences.
- Une charte coloniale fut même élaborée pour traiter le déficit alimentaire, les grandes pandémies tropicales, créer écoles d'agriculture.
L'intérêt que j'ai aussi trouvé dans ce livre est l'explicitation des raisons de l'échec de cette exposition réussie, fortement fréquentée, médiatique et donc démultipliée, , financière, elle fut même, en tant qu'événement bénéficiaire !
Par contre, elle n'aura pas de prolongement, elle cristallisera des oppositions en leur faisant gagner du temps, elle n'infléchira pas le racisme et n'aura aucune influence sur les lobbys puissants dans leur capacité à maintenir la facilité dans l'exploitation des territoires, nous connaissons la suite..
J'y ai également appris des comportements d'autres nations plus ou moins impériales, dont le Grande-Bretagne, absente de l'exposition coloniale de 1931 beaucoup plus respectueuses de faire évoluer leurs relations vers un bien meilleur équilibre vis-à-vis de leurs colonies que le coq gaulois y compris même mâtiné de romantisme- humaniste, tel celui de Lyautey, dont il peut être capable, brillamment mais tardivement !
Je vous souhaite une bonne lecture, y compris aux amateurs-chercheurs de traces encore visibles, réelles, matérielles, ou dans les esprits et mentalités : l'ouvrage vous mettra sur la piste !
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Archidoc réédite le passionnant ouvrage des historiens Catherine Hodeir et Michel Pierre sur l'exposition coloniale de 1931 dont la première édition est de 1991. En trente ans les controverses sur la colonisation n'ont pas cessé, ce qui a donné aux auteurs l'idée de compléter le texte initial. Michel Pierre a écrit un avant-propos tandis que Catherine Hodeir y ajoutait une postface intitulée Historiographie et enjeux contemporains.
Notre vision du colonialisme n'a pu qu'évoluer depuis les années 1930. Beaucoup des visiteurs de l'exposition étaient attirés par l'exotisme et la beauté de ce qu'on leur présentait. J'imagine que la plupart étaient enchantés des merveilles qu'ils voyaient et remisaient bien loin leur conscience politique. Les voyages étaient rares et c'était une façon de parcourir le monde. Seule une petite élite s'est émue de ce colonialisme arrogant. Néanmoins, malgré l'immense succès de l'exposition, le compte à rebours était enclenché. Il en était fini du grand empire français et notre pays, avec le reste de l'Occident, entrait dans la phase postcoloniale.
Je recommande ce texte très intéressant, dans une édition soignée et très abordable, pour mieux comprendre les débats d'aujourd'hui.
Reçu dans le cadre d'une opération Masse Critique
Je remercie les Éditions Archidoc et Babelio
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Reçu lors d'une masse critique Babelio, cet ouvrage est une réédition qui célèbre à la fois les 90 ans de l'exposition coloniale de 1931 et les 30 ans de l'édition initiale. Cette parution est enrichie d'un nouvel avant-propos et d'une nouvelle postface, lesquels s'avèrent plutôt décevants. Ils caricaturent la demande sociale émergente et donnent l'impression que leurs auteurs croient échapper à tous les biais parce qu'ils sont historiens.
Heureusement, et c'est là le plus important, reste le texte lui-même. le plan est plutôt classique, l'écriture est alerte, les détails et les citations fourmillent, les deux auteurs ont pris le soin d'ajouter au propos initial des éléments découverts depuis. Pour qui s'intéresse à cet événement et plus largement à la colonisation française et à l'impérialisme, c'est un titre indispensable (et qui répond parfaitement à cette demande sociale que les auteurs semblent abhorrer, alors qu'il s'agit avant tout d'une demande de devoir d'Histoire).
Pour terminer, des compliments à l'éditeur : les caractères sont lisibles, on trouve quelques documents en couleurs au centre (ce qui est une gageure pour un ouvrage aussi abordable) et les notes sont en bas de page !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il pleut sur l'exposition coloniale
Les Pénitents Les Rois Fainéants Les Sénégalais
L'automobile du Roi du Caoutchouc
L'Exposition coloniale
L'anneau dans le nez de la religion catholique
Les hosties de la Défense nationale
Fétiches fétiches on te brûle si tu fais
la nique à des hommes couverts de sabres et dorures
et l'outrage aux magistrats dans l'exercice de leurs fonctions
L'anneau dans le nez de la troisième république
l'enfantement obligatoire
il faut des soldats à la Patrie
L'Exposition coloniale
Palmes pâles matins sur les îles Heureuses
palmes pâles paumes des femmes de couleur
palmes huiles qui calmiez les mers sur les pas d'une corvette
charmes des spoliations lointaines dans un décors édénique
De nouvelles Indes pour les insatiabilités d'Indre-et-Loire
De nouvelles Indes pour les perversités du Percepteur
et le missionnaire cultive une Sion de cannes à sucre
tandis que le nègre Diagne élevé pour la perspective
à la dignité ministérielle
administre admirablement massacrés et massacreurs
sous l'égide du coq tricolore ô Venise
Othello la nuit n'est plus noire
aujourd'hui malgré les illuminations modernes
Les bourreaux chamarrés parlent du ciel inaugural
de la grandeur de la France et des troupeaux d'éléphants
des navires des pénitentiaires des pousse-pousse
du riz où chante l'eau des travailleurs au teint d'or
des avantages réservés aux engagés volontaires
de l'infanterie de marine
du paysage idéal de la baie d'Along
de la loyauté de l'indigénat chandernagorique
Soleil soleil d'au-delà des mers tu angélises
la barbe excrémentielle des gouverneurs
Soleil de corail et d'ébène
Soleil des esclaves numérotés
Soleil de nudité soleil d'opium de flagellation
Soleil du feu d'artifice en l'honneur de la prise de la Bastille
au dessus de Cayenne un quatorze juillet

Il pleut il pleut à verse sur l'Exposition colonial
Aragon
Persécuté persécuteur,1931
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Bien isolé apparaît alors Georges Clemenceau qui s'exclame à la Chambre des députés, le 30 juillet 1885: "N'essayons pas de revêtir la violence du nom, hypocrite, de civilisation; ne parlons pas de droit, de devoir. La conquête que vous préconisez, c'est l'abus pur et simple de la force que donne la civilisation scientifique sur les civilisations rudimentaires pour s'approprier l'homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. Ce n'est pas le droit, c'en est la négation. Parler à ce propos de civilisation, c'est joindre, à la violence, l'hypocrisie"
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d'Ernest Renan (1871) :
L'homme du peuple est presque toujours chez nous un noble déclassé ; sa lourde main est bien mieux faite pour manier l'épée que l'outil servile. Versez cette dévorante activité sur des pays qui, comme la Chine, appellent la conquête étrangère ... chacun sera dans son rôle. La nature a fait une race d'ouvriers : c'est la race chinoise, d'une dextérité de main merveilleuse sans presque aucun sentiment d'honneur...gouvernez-la avec justice...elle sera satisfaite;- une race de travailleurs de la terre, c'est le nègre, soyez bon pour lui et humain, et tout sera dans l'ordre; une race de maîtres et de soldats, c'est la race européenne..
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Paul Gauguin est également présent comme artiste et voyageur tenté par l’univers d’outre-mer. On met en exergue ce qu’il écrivait en février 1890 avant son départ pour l’Océanie: «  puisse venir le jour où j’irais m’enfuir dans les bois de l’île de l’Océanie, vivre là d’extase, de clams, et d’art. Entouré d’une nouvelle famille, loin de cette lutte européenne après l’argent. Là, à Tahiti, je pourrai, au silence des belles nuits tropicales, écouter la douce musique murmurante des mouvements de mon cœur, en harmonie amoureuse avec les êtres mystérieux de mon entourage. Libre enfin, sans souci d’argent, et je pourrai aimer, chanter, et mourir ».
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Pour quelques décennies se constitue une culture coloniale mettant en exergue les cinq "M" : le Militaire, le Missionnaire, le Médecin, le Mécanicien et le Maître d' école. Ils vont former le leitmotiv de l'Exposition coloniale, figures sans cesse reprises, répétées, modulées, utilisées.
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