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146 pages
Amiot-Dumont (30/11/-1)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Récit de la conquête en 1953 du Nun, sommet himalayen de 7 135 mètres, par le chef d'expédition Bernard Pierre.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Celui qui parle le mieux de ce livre, c'est celui qui en a écrit la préface : John Hunt.
Sir John Hunt. le vainqueur de l'Everest.
Voici ce qu'il dit :
"Ce livre est beaucoup plus que le simple récit d'une réussite.
Et ce n'est pas le moindre de ses mérites que de décrire d'une façon si vivante les petits incidents de la vie d'une expédition, l'ambiance dans laquelle elle se déroule, les contrées qu'elle traverse. Les faits quotidiens peuvent peut-être ne rien dire en eux-mêmes. Pourtant, ils sont fascinants pour un lecteur qui n'a pas vécu une expérience de ce genre et ne sait pas la beauté de ces pays étrangers.
[...]
Mais il y a encore bien plus que tout cela dans ces pages.
La manière dont Bernard Pierre parle de ses compagnons d'aventures et des sherpas en particulier, son humour typiquement « gaulois », sa plume qui vous enchante parce qu'elle ne s'embarrasse de rien lorsqu'elle vous confie les émotions d'un homme à l'heure des épreuves et du triomphe donnent à ce livre une profonde résonance humaine."
Voilà qui est bien dit et résume parfaitement ce que l'on trouve dans ce livre. Il est difficile d'écrire après cela, mais je tenter de rajouter quelques mots personnels.

Le Nun est un sommet himalayen de plus de 7 000 mètres. En 1953, il n'a encore jamais été gravi et Bernard Pierre met sur pied une expédition dans le but de le conquérir.
Il s'adresse à l'Himalayan Club à Darjeeling, l'organisme fondé par les Britanniques, qui mettait en rapport les alpinistes et les sherpas désireux de travailler avec eux, et qui édictait les règles concernant les salaires et toutes les conditions de travail.
Immense joie, Bernard Pierre apprend qu'Ang Tharkay est prêt à faire partie de son expédition !
Notre alpiniste est ainsi assuré de disposer d'un atout précieux : Ang Tharkay est à l'époque l'un des sirdars (chefs des sherpas) les plus expérimentés et les plus respectés.
Bernard Pierre raconte : la constitution de son équipe, les préparatifs, le voyage, l'ascension avec ses joies et ses difficultés.
C'est un récit très simple et sans fioritures, un récit franc et direct.
J'ai particulièrement apprécié certains passages, comme ces pages dans lesquelles sont rapportées des conversations étonnantes entre les alpinistes et les sherpas. Bloqués par le mauvais temps, les "sahibs" interrogent les sherpas pour essayer d'en apprendre plus sur leur mode de vie, et cela donne lieu à de savoureux échanges pleins de respect et d'amitié entre des hommes venant de deux mondes totalement différents. Cette fraternité que l'on sent entre les lignes est très belle.
Une montagne nommée Nun-Kun est aussi l'histoire d'une véritable aventure d'équipe : certains membres de l'expédition seront blessés ou diminués, mais tous auront oeuvré pour la réussite collective et Bernard Pierre conclut en écrivant que ce qui les a liés les uns aux autres est avant tout l'amitié.
Un court ouvrage, intéressant par son aspect historique et son aspect humain.
Dédié "aux sherpas, cette poignée d'hommes admirables", il a reçu en 1955 le Grand prix littéraire de la montagne.
Pour ceux que le sujet intéresse, je recommande le passionnant "Mémoires d'un sherpa" d'Ang Tharkay.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je ne suis pas près d'oublier le jour où une secrétaire de l'ambassade des Indes me téléphona : « Les visas vous attendent. » Je sautai dans ma voiture et naturellement je brûlai un feu rouge. Coup de sifflet, je stoppe, un agent vient me demander mes papiers et je lui raconte l'histoire.
Le projet d'escalader un haut sommet du Cachemire m'autorisait-il à faire fi des règlements en vigueur sur la colline de Chaillot ? Je n'en était pas trop sûr, mais le digne représentant de la force publique se montra tout acquis à cette façon de voir :
− Si vous allez à l'Himalaya, c'est autre chose.
Nous avons bavardé quelques instants et il m'a confié :
− Avec ma femme et mes deux garçons, on s'intéresse aux « explorateurs ». Nous allons même aux conférences. On vous suivra. Bonne chance !
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La tente s'entrouvre... Pemba nous tend le thé et deux assiettes de porridge.
Ingurgiter du porridge à 6 000 mètres est un véritable triomphe de l'esprit sur la matière. Il faut se persuader d'abord que cet aliment a d'immenses qualités nutritives et qu'en comparaison un bifteck-pommes frites n'est rien (sauf pour le goût). Quoi qu'il en soit, on éprouve, en l'avalant, de sérieux « maux de cœur » et on se demande avec anxiété si l'estomac ne va pas prendre la chose au tragique. D'autant que la position que l'on doit adopter pour manger n'est pas très recommandée : assis sur son séant et courbé en deux afin d'éviter que la tête ne donne dans le toit. Aussi faut-il, pour se reposer, s'allonger un instant. L'estomac, qui n'est plus comprimé, revient à de meilleures dispositions. mais, pendant ce temps, le porridge en profite hypocritement pour se refroidir, et alors la situation devient quasi désespérée, car il faut deux fois plus de courage pour engouffrer le reste.
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Cette deuxième catastrophe n'est-elle pas un avertissement du ciel ? J'ai envie de tout abandonner ; j'ai envie d'intimer aux sherpas l'ordre de redescendre sur-le champ, sans même demander à Claude et à Pierre leur avis ; j'ai envie de fuir, de fuir à toutes jambes. Cet Himalaya que j'ai tant désiré depuis des années, je le déteste, je le hais. C'est la folie de s'attaquer à lui !
Redressant la tête, je suis la trajectoire de l'avalanche. Ce pan de séracs à moitié déchiqueté, suspendu sur nos têtes comme une épée de Damoclès, à cent mètres à peine, pourquoi ne s'effondrerait-il pas à son tour ? Oui, pourquoi pas ?
J'ai peur, j'ai horriblement peur. Je suis toujours hanté par l'affreux souvenir du 23 août : le déclenchement de l'avalanche, les secondes interminables entre la vie et la mort, l'arrêt miraculeux de la masse de neige sur le replat providentiel. Devant mes yeux, reparaît l'image d'Ang Tharkay hurlant : « Sahib, sahib ! » tandis que, crachant le sang, il gratte la neige qui recouvre la tête de Michel enseveli.
Revivre cela ? Jamais !... Je suis responsable de la vie de mes camarades. Je ne veux pas la mettre de nouveau en péril.
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Nous déambulons d'un pas de flâneur, pour mieux jouir de ce retour sur terre. L'air est doux. Nous ne sommes plus qu'à 5 000 mètres, maintenant. Ici, il ne neige plus. Quand nous atteignons la moraine, où, 500 mètres plus bas, se cache le camp de base, le soleil perce timidement les nuages. Du coup, les couleurs se ravivent : voici des bruns, des terres de Sienne, des ocres, des gris-vert, des bleu-noir. Cette délicate symphonie de tons est un délice pour des yeux qui n'ont connu que du blanc, encore du blanc, toujours du blanc. Nous nous arrêtons, ici et là, pour cueillir des fleurettes qui se cachent derrière les cailloux. Comme c'est bon de mâchonner des brins de pousses sauvages et de humer le parfum de la terre !
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Le sommet semble tout proche. Je pose mon sac et j'entreprends avec entrain de faire la trace. La neige pourtant est instable, une fois de plus. À droite de la crête, le soleil l'a minée ; à gauche, elle est poudreuse, folle ; le fil même de l'arête repose sur une pourriture sans consistance. La neige m'a toujours plu. Cette mauvaise neige me passionne. Pas de coups de pied, pas de moulinets de piolet. À mesure que mon pied s'enfonce, j'essaie d'évaluer la cohésion de la poudre ou des gros cristaux, je m'efforce de savoir jusqu'à quand la neige va supporter mon poids et quand elle risque de s'enfoncer. Il me semble qu'un nouveau sens se développe en moi, à travers mes lourds souliers ; un sens qui juge un matériau toujours changeant. C'est l'art de l'équilibre qui entre en jeu, pour qu'aucun heurt, aucune torsion subie de la semelle n'accompagne le passage d'un pied sur l'autre. Il y faut aussi l'art du rythme, pour monter vite et sans fatigue. Un rythme subtil qui s'adapte aux changements de neige... Une fois cet équilibre et ce rythme acquis, j'aime à me laisser bercer par mes jambes, la tête libre et rêveuse, les yeux pleins de l'éclat de la neige.
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