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EAN : 978B0017VZYB6
(30/11/-1)
4/5   2 notes
Résumé :
Des histoires d'aventures racontées d'un point de vue non occidental par l'un des premiers grimpeurs himalayens les plus accomplis, maintenant en français pour la première fois.

Les sherpas ont récemment attiré l'attention du public, en partie à cause de la "bagarre" de l'Everest en 2013, de l'avalanche de 2014 qui a coûté la vie à treize sherpas en escalade et du tremblement de terre de 2015 qui a dévasté le Népal. Ces événements et d'autres ont cond... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le peuple sherpa est un groupe ethnique népalais, originaire du Tibet. le mot sherpa désigne aussi porteurs (20-30 dans une expédition) et guides (4 ou 5), habituellement tous appartenant à ce groupe ethnique, qui aident les alpinistes sur les sommets himalayens . Ils sont des grimpeurs nés, au besoin d'oxygène réduit, dû à leur capacité pulmonaire, laquelle exposée à la haute altitude depuis des générations s'en étant probablement trouvée accrue. Leurs épaules larges et leurs reins solides leur permettent de porter de 35 à 40 kg; ils sont loyaux, courageux et infatigables à la tâche, même dans les pires conditions. Nombre d'entre eux ont risqué leur vie pour sauver de nombreux alpinistes en détresse. le sherpa est donc l'homme idéal pour ces expéditions qui étaient périlleuses dans le temps, un peu moins aujourd'hui. Ce livre est l'autobiographie de l'un d'entre eux, Ang Tharkay, un sherpa dont le nom est gravé dans l'histoire de l'alpinisme, à une époque où alpinisme et folie allait de paire. Ne sachant ni lire ni écrire il raconte son histoire à Basil P. Norton ( un inconnu, sur lequel je n'ai trouvé aucune information ) qui le rédige intégralement et le fait publier en France, en 1954. N'ayant pas trouvé l'édition originale française, je me suis rabattue sur la traduction anglaise publiée récemment en mars 2016.

Mis à part que le fond de l'histoire de Ang Tharkay est intéressant du point de vue de vie privée et celle de sherpa , elle est aussi émouvante par sa sincérité, ses émotions non émoussées par la civilisation occidentale (même à son contacte, vu qu'il n'apprendra jamais l'anglais), et sa force intérieure qui résiste à toutes les intempéries physiques et morales. Les anecdotes des divers expéditions, nous font indubitablement poser la question, ces cimes valent-elles toutes ces souffrances et sacrifices, vu que beaucoup y perdent la vie ou retournent mutilés ?.... probablement oui, vu ce qu'il raconte de son bonheur indicible à la vue des paysages grandioses de ces contrées où on est plus proche du ciel que de la terre.
Un magnifique voyage dans les Himalayas, le Népal, le Kashmir et le Sikkim à travers les cimes neigeuses et glacées de l'Everest, l'Annapurna, le K2....dans une région fabuleuse du monde qui par ces jours de confinement m'a fait beaucoup de bien. Je le recommande si vous arrivez à trouver l'édition française ou si non il est disponible en anglais.

Je vous laisse deviner à qui je dois cette lecture ? Je la remercie de tout coeur pour cette superbe évasion.




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En 1943 l'alpiniste britannique Eric Shipton écrivit dans son livre "Sur cette montagne" :
"On a beaucoup écrit sur le sherpa, et il mérite certainement les éloges qu'on lui a décernés. Il n'est pas seulement, par nature, un montagnard habile, résistant, apte à porter de lourdes charges, comme la plupart des gens des collines ; il a des qualités propres qui font de lui, dans une expédition, un compagnon incomparable : humour inépuisable et amour de l'absurde, personnalité, sens aigu de la fidélité, empressement et aptitude non seulement à entreprendre mais à rechercher toutes les tâches qui réclament de l'allant, orgueil qui n'amène pas facilement la perte de la simplicité naturelle."
Bel éloge !
Eric Shipton n'est pas le seul alpiniste à avoir loué les qualités des sherpas. Beaucoup l'ont fait, Sir Edmund Hillary en tête, dans son magnifique "Au sommet de l'Everest".
Sans les sherpas, la conquête des plus hauts sommets himalayens aurait été une tout autre histoire.
Après Tenzing Norgay qui a accompagné Hillary sur le toit du monde, Ang Tharkay est sans doute le sherpa le plus connu. Il doit sa renommée à sa participation à la conquête de l'Annapurna avec l'expédition française de 1950.
Homme courageux, travailleur, honnête et volontaire, Ang Tharkay raconte ici ses souvenirs. Ou plutôt, il les a racontés à Basil Norton qui les a retranscrits.
Ang Tharkay ne savait ni lire ni écrire ; il n'a donc tenu aucun journal de bord et sa narration est forcément un peu décousue. Basil Norton confie dans son introduction les difficultés qu'il a rencontrées lorsqu'il a dû "transformer ce récit à bâtons rompus et plein de verve en un texte fidèle qui fut lisible".
S'ajoute à cela un obstacle supplémentaire : le sherpa et l'écrivain ne partagent pas de langue commune et ont dû recourir à un interprète.
Écrire ce livre n'a donc pas été simple mais, fort heureusement, Basil Norton s'est montré persévérant et nous pouvons lire ces lignes uniques en leur genre qui plairont à tout passionné de l'histoire de l'alpinisme.

La première partie est saisissante : le lecteur est transporté dans une autre époque, dans un autre monde. Ang Tharkay raconte son enfance matériellement très pauvre, sans jamais se lamenter.
J'ai aimé découvrir la vie simple et rude du peuple sherpa, j'ai aimé découvrir certaines de leurs traditions et de leurs croyances.
Viennent ensuite les ascensions, et ce qui est intéressant c'est qu'elles ne sont pas racontées par un alpiniste mais par un sherpa : le point de vue est différent, le vécu est tout autre, les réflexions ne sont pas les mêmes.
Point d'orgue de l'ouvrage : la conquête de l'Annapurna. Pour qui a lu Annapurna Premier 8 000, le récit d'Ang Tharkay en est un formidable complément. Il apporte un éclairage nouveau et permet de se faire une idée plus précise du quotidien de l'expédition et des difficultés qu'elle a rencontrées.

Parti au bas de l'échelle Ang Tharkay a su, grâce à ses qualités, grimper dans la hiérarchie des sherpas qui ont travaillé au cours de cette période exaltante des grandes explorations et des premières conquêtes. Très respectueux des alpinistes, il en était très respecté. Très modeste, il ne se met jamais en avant et l'on sent chez lui une volonté permanente d'accomplir son travail du mieux possible, et ce, dans tous les domaines : gestion des nombreux colis à transporter, préparation des repas, aide à la reconnaissance d'une paroi, établissement d'un camp, direction de l'équipe de sherpas... les tâches d'un sirdar sont multiples !
Lors du périple retour de l'Annapurna, il fait preuve d'un dévouement extrême envers Maurice Herzog et Louis Lachenal gravement blessés, manifestant une grande compassion et cherchant sans cesse des moyens de diminuer leurs souffrances : "Il fallut franchir plusieurs barres de rochers et je ne cessai de rappeler à mes camarades de procéder avec la plus grande douceur et les plus grandes précautions."

Basil Norton l'écrit dans son introduction : "Quiconque ouvre ce livre doit être prêt à escalader l'Himalaya non avec les as des grandes expéditions, mais avec le petit peuple des courageux montagnards indigènes qui assurent l'acheminement des leurs vivres et leurs équipements, avec les auxiliaires qui planteront leurs tentes, les domestiques, les cuisiniers qui leur prépareront leur nourriture et la leur serviront. [...] Ce ne sont point là des tâches d'importance secondaire, car c'est de leur accomplissement que dépend le succès d'une expédition. Ang Tharkey s'en est acquitté avec les félicitations les plus chaleureuses de de tous les chefs qu'il a servis."

Ang Tharkay nous offre un récit sincère et touchant. Les pages dans lesquelles il raconte son voyage à Paris où il a été invité par Maurice Herzog valent le détour. Elles sont drôles et émouvantes à la fois : la capitale française vue à travers les yeux éblouis d'un voyageur novice qui n'avait jamais quitté son pays.

Qu'un style un peu suranné et une narration parfois décousue ne vous rebutent pas : venez découvrir un témoignage franc et direct, venez prendre une petite leçon d'histoire et de géographie. Et par-dessus tout, venez visiter l'envers du décor des grandes expéditions.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
[Ang Tharkay a été invité à Paris par Maurice Herzog pour la présentation du film "Victoire sur l'Annapurna".]

J'arrivai enfin à Paris-Orly le 1er avril 1953, à deux heures du matin. L'hôtesse de l'air me demanda d'attendre dans l'avion que tous les autres passagers eussent débarqué et cette requête anormale me laissa quelque peu désemparé. Peut-être, me dis-je, a-t-on des soupçons à mon endroit. [...]
Soudain, on me conduisit hors de l'avion. Avant que j'aie pu rassembler mes idées, je me trouvai devant une batterie de cinéastes et je reçus l'éclat de leurs flashes en plein visage, aveuglé et dérouté. Je ne me rassurai qu'au moment où je tombai dans les bras de mon cher et vieil ami Marcel Ichac. [...]
Marcel Ichac insista pour porter ma valise, avec ces simples mots qui ne s'oublient pas :
− Ang Tharkay, à l'Himalaya, tu étais notre porteur, mais aujourd'hui, c'est moi qui serai le tien.
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Dans le courant de la soirée, les sahibs commencèrent la distribution de rations comme nous n'en avions jamais goûté. Nous nous disions que la France devait être un pays remarquable pour produire des mets aussi surprenants et d'un goût aussi exquis. Il y avait des gâteaux d'une multitude de formes, de grandeurs et de couleurs et ce que les sahibs appelaient du « nougat », que nous baptisâmes « badam mitaï » (friandises à l'amande), de la viande et du poisson de variétés multiples, dans des boites aux étiquettes amusantes, des biscuits de formes et de goûts variés, etc., tout cela bien trop compliqué pour que je puisse en faire une énumération minutieuse, mais le tout absolument délicieux, au point que nous ne cessions de nous répéter entre nous qu'avec une pareille nourriture nous ne pouvions, à coup sûr, manquer d'atteindre tous les sommets de l'Himalaya, Everest compris !
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Au départ de Skardu, il fallait traverser l'Indus sur un bac pour gagner Shigar. Là, une autre rivière imposait le passage sur un bac singulier qui ballottait les voyageurs d'une rive à l'autre. Il était fait d'un conglomérat d'outres genre ballons de football, en peaux de chèvres, fortement gonflées et recouvertes de planches sur lesquelles on pouvait s'asseoir. Cette espèce de radeau était suspendu par des poulies le long de solides câbles d'acier. Lâché, il prenait violemment contact avec la surface de l'eau et, rebondissant, donnait tout à fait au passager l'impression qu'il s'envolait. Jamais je n'avais traversé une rivière d'une manière aussi sensationnelle.
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Ce qui a laissé en moi un souvenir ineffaçable, c'est l'ordre et l'harmonie des allées et venues de tout ce peuple plein de civilité et de charme.
(Ang Tharkay s'exprime après sa visite de Paris en 1950. Dirait-il la même chose aujourd'hui ?...)
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