Le prendre soin ne relève-t-il pas d’une tonalité éthique et ontologique fondamentale et transversale, servant de soubassement commun à la division des tâches et à la spécialisation des différents acteurs du système de soin ? S’en souvenir, n’est-ce pas lutter contre la désastreuse tendance qui fait de l’hôpital cette « machine à guérir » dont parlait Foucault ? Bref, penser le soin, n’est-ce pas se pencher au chevet d’une médecine malade de son hyper-technicité, et trouver dans le soin une expérience de l’essentiel, révélant combien le vivre humain de la maladie porte un univers symbolique ? La grandeur du soin n’est-elle pas alors de nous révéler qu’il est fondé sur un prendre soin originaire, attentif à cette dimension iconique du visage de l’homme vulnérable, qui lie fondamentalement les hommes les uns aux autres ?
Penser une éthique alimentaire.