Lors de la sortie du roman, j'étais plutôt emballée de voir que Christopher Pike, mon auteur préféré durant mon adolescence, était de nouveau de retour sur la scène littéraire française. Puis, j'ai lu des critiques plutôt mitigées sur
Midnight Club et j'ai finalement décidé de passer mon chemin. La série Netflix est sortie… j'ai accroché à la bande annonce, et beaucoup aimé la série, donc… je me suis dit que je devais donner une chance au roman au final.
On va éviter le suspens : la série est cent fois mieux que le roman. Que ce soit au niveau des personnages ou du développement de l'histoire, il n'y a rien à dire. Sans compter que comme le réalisateur est un fan de Christopher Pike, on peut trouver pas mal de easter eggs dans la série (et perso, j'ai adoré). J'ai d'ailleurs hâte de voir ce que la saison deux donnera si jamais elle voit le jour (croisons les doigts !).
Midnight Club n'est pas non plus mauvais en soi. J'ai relu la quasi-totalité des romans de l'auteur que j'ai encore chez moi, et autant je les avais adorés à mon adolescence, autant maintenant, je suis moins fan. C'est normal, on évolue. Mais je me dis que le public visé, à savoir les adolescents, devrait carrément se prendre au jeu. Même si
Midnight Club a été écrit en 1994.
Je pense que connaissant l'oeuvre de Christopher Pike, j'ai mieux appréhendé l'histoire que certains. Il a toujours su créer des mondes où la frontière entre le réel et l'imaginaire était très floue, laissant planer le doute. La série et le roman sont d'ailleurs très différents en ce qui concerne la partie surnaturelle. Ici, à travers leurs histoires, nos jeunes héros cherchent à extérioriser les peurs ou leurs hontes, ainsi qu'à explorer des vies antérieures (imaginaires ou pas, à nous de le décider). Il y a une double lecture qui est intéressante, même si clairement, elle n'est pas poussée à son maximum, mais quand même. J'ai personnellement choisi d'adhéré aux histoires d'Ilonka parce que… pourquoi pas ? Tout simplement. Et cela donnait aussi un sens à ce que subissent nos jeunes héros.
Parce que les histoires qu'ils se racontent sont aussi une échappatoire à leur existence. Les adolescents sont en phase terminale pour des maladies diverses et ils savent que leurs jours sont comptés. Mais pas de pathos. Certains l'ont accepté, d'autres continuent à se battre. Mais même pour les premiers, il n'y a pas d'apitoiement. L'auteur ne nous épargne pas les douleurs physiques et morales, mais il n'enjolive rien, ni n'exagère le côté horrible de leur destin. Un choix qui permet de voir Steven, Ilonka, Anya, Sandra et Kevin sous un jour différent, mais surtout de voir leur force.
Un choix original, qui a son sens au fur et à mesure de la lecture, mais qui ne m'a pas convaincu à 100%. Il y a un côté très adolescent dans le style que ce soit les tournures de phrases, la façon de pensée que j'ai trouvé étrange, nos héros ayant tous passés les dix-huit, et malheureusement, on sait que ce genre de maladie fait grandir trop vite les enfants. Il y a des passages très matures à contrario qui sont aussi très émouvants, mais Ilonka étant notre narratrice… le manque de maturité perdure assez longtemps. Elle m'a d'ailleurs agacé à de nombreuses reprises, se comportant comme une enfant plutôt qu'une jeune adulte. Et c'est dommage, car elle avait du potentiel.
L'idée des histoires dans l'histoire aurait pu être aussi intéressante… mais j'ai trouvé que le tout devenait un peu fouillis, et clairement, certains narrateurs n'étaient pas très bons. Autant dans la série, on y voit un sens, car les histoires sont toujours liées au vécu des héros, autant ici… Je dirais que le tout était trop ambitieux pour un roman aussi court. Les histoires de Steven n'étaient vraiment pas terribles, celle de Kevin était très intéressante mais trop découpée dans la narration, et celles d'Ilonka sont devenues incohérentes au fur et à mesure. Et puis, cela empêche le développement des héros au final qui pourtant ont une existence qui a le mérite d'être exploitée.
Déçue donc, même si au final, je ne suis pas trop surprise. Il y avait de quoi faire une très bonne histoire pour moi, mais en exploitant des éléments dans différents romans. Je me suis beaucoup plus attachée à Anya, Steven et Kevin plutôt qu'à notre héroïne, ce qui n'est pas l'idéal… Et je vois encore un auteur masculin ne pas savoir gérer son personnage féminin principal en le caricaturant… Mais bon…
Si par contre, vous hésitez à regarder la série à cause du roman, franchement, laissez lui une chance. Vous pourriez être agréablement surpris.