Pour moi, la réalité ne réside pas dans ces documents ; elle réside dans l'âme de ces deux êtres, et, cette âme, je ne puis espérer y pénétrer. Je n'ai qu'à croire ce qu'ils m'en racontent.
Pour moi, je suis celle que l'on me croit !
LAUDISI
Mais si, madame, il faut y croire. Seulement, je vous dis : respectez ce que voient et ce que touchent les autres, même si c'est le contraire de ce que vous voyez et de ce que vous touchez vous-même.
SIRELLI
Mais tout cet embrouillamini, c'est pour arriver à quoi ?
LAUDISI
Pour arriver à quoi ? Elle est bonne celle-là ! Je vous vois acharnés à savoir ce que sont les êtres et les choses, comme si les êtres et les choses en soi étaient ceci plutôt que cela...
C’est vous, ce n’est pas moi, qui avez besoin de données des faits, de documents pour affirmer ou pour nier. Moi, je n’en ai pas le moindre besoin. Pour moi, la réalité ne réside pas dans ces documents ; elle réside dans l’âme de ces deux êtres, et, cette âme, je ne puis espérer y pénétrer. Je n’ai qu’à croire ce qu’ils m’en racontent.
Elle est bonne celle-là ! Je vous vois acharnés à savoir ce que sont les êtres et les choses, comme si les êtres et les choses en soi étaient ceci plutôt que cela…
MADAME SIRELLI. – Mais alors, d’après vous, on ne pourrait jamais savoir la vérité ?
La réalité,il n'y en a qu'une alors que la vérité sur un même fait il peut y en avoir plusieurs.La vérité peut se calquer sur la réalité si l'on considère l'essence de la chose.
J'ai lu le livre après avoir vu la pièce au théâtre.
Alors, je ne sais pas quel effet peut faire la lecture de cette pièce sans le support de la scène.
En tout cas, la pièce m'avait plu et j'en étais sortie fortement marquée par cette démonstration que j'avais ressentie comme implacable du fait que la vérité n'existe pas et que finalement, on s'en fout.
Madame Frola : Je regrette beaucoup et je vous demande pardon d'avoir jusqu'ici manqué au plus élémentaire de mes devoirs. Vous avez eu, Madame, la bonté de m'honorer d'une visite, alors que c'était à moi de venir la première.
Amélie : Entre voisines, madame, on n'y regarde pas de si près. D'autant plus que vous êtes ici seule, étrangère, et que vous auriez pu avoir besoin...
Madame Frola : Merci, merci, vous êtes trop bonne.
Madame Sirelli : Madame est toute seule ?
Madame Frola : Non, j'ai une fille, mariée, qui est ici depuis peu de temps.
Sirelli : Le gendre de madame est le nouveau conseiller de Préfecture, monsieur Ponza, n'est-ce pas ?
Madame Frola : Oui, précisément. Monsieur le secrétaire général voudra bien m'excuser, j'espère, et excuser également mon gendre.
Agazzi : A vous parler franchement madame, j'avais été un peu froissé.
Madame Frola, l'interrompant : Vous avez mille fois raison, mais il faut l'excuser ! Nous sommes encore tout bouleversés, vous savez, par notre grand malheur.
Amélie : Naturellement, un désastre pareil !
Madame Sirelli : Vous avez perdu des parents ?
Madame Frola : Tous nos parents... tous, madame. Il n'est rien resté de notre petit village ; ce n'est plus qu'un amas de ruines.
S'il nous plait de vivre comme nous le faisons qu'importe!