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4,15

sur 545 notes
Un livre remarquable, écrit en quelques sortes à deux mains, mais dans lequel on sent à chaque page la forte personnalité d'Evelyne PISIER. Son histoire est évidement romanesque à souhait, entre ses vies en Indochine, en France, en Nouvelle-Calédonie, à Cuba, et ses relations amoureuses diverses, la plus incroyable étant sa liaison avec Castro. La relation à ses parents, et notamment à sa mère, constitue le noeud du roman (qui n'en est pas un…). On y retrouve la défense de toutes les grandes causes que sont la décolonisation, la lutte contre l'hégémonie des hommes, le féminisme, pour lesquelles Evelyne se battra sans compter. Les récentes tribulations médiatiques qu'a connu cette famille donnent une dimension intéressante au récit. J'ai adoré.
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Evelyne Pisier a eu une vie pleine de rebondissements. Son enfance dans les années 40 dans une Indochine qui brûle, sa jeunesse en Nouvelle-Calédonie, son père colonialiste au tempérament dominateur, l'émancipation tardive de sa mère grâce à la lecture du « Deuxième sexe » De Beauvoir, son engagement politique et sa romance avec Fidel Castro méritaient bien l'écriture d'un livre ! Conditions de la femme et libération des peuples sont des thèmes centraux de cette magnifique biographie romancée.
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Fille d'un haut fonctionnaire pétainiste, macho, raciste et pétri de certitudes, rien ne destinait Évelyne Pisier à sa vie romanesque. Rien sauf peut être l'émancipation inattendue de sa mère.
De l'Indochine à la Nouvelle Calédonie, de Paris à Cuba, ce roman raconte les combats d'une époque, d'une jeunesse.
C'est aussi l'histoire d'une amitié profonde, sincère et fulgurante entre Évelyne Pisier et Caroline Laurent. Une rencontre émouvante, que l'auteure partage avec nous. On ressent la sincérité et la passion de Caroline Laurent dans ce récit.
Écrit par ces deux femmes au passé et origines extraordinaires, ce récit est une ode à la liberté, à la découverte de soi. L'histoire de la vie d'Evelyne est passionnante. On jurerait que cette femme surprenante a vécu plusieurs vies. Prisonnière d'un camp de concentration japonais, amante de Fidel Castro, intellectuelle, il y a dans ce roman la même magie que dans un roman de Marguerite Duras.
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Il m'aura fallu quelques chapitres pour comprendre et apprécier ce Roman. D'ailleurs apprécier n'est pas le bon terme, je vraiment adoré ce Roman.
D'une parce qu'il m'aura fait connaître une personne d'on j'ignorai tout mais aussi parce qu'il est porteur de valeurs fortes!
La liberté d'abord. de Mona qui aura eu l'élan d'inculquer de belles valeurs à sa fille, de s'être battue et d'avoir tenu bon pour améliorer sa vie et la vie de tellement de femme. Un beau combat!
Ensuite il y a l'amitié entre Evelyne et Caroline. Peut importe l'âge et le vécue, l'amitié est un cadeau inestimable et grâce à elle nous tenons aujourd'hui ce livre entre nos mains.
En définitif ce livre est un superbe témoignage.
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Une lecture très chouette.
J'ai aimé découvrir la vie d'Evelyne Pisier, assez mouvementée, intense et surtout en prise avec des moments clés de l'Histoire: la colonisation, la guerre d'Indochine, d'Algérie, la guerre froide, la révolution cubaine, mai 68... La vie intime et personnelle d'une mère et sa fille se voit très souvent bouleversée par les événements autour d'elle. Et au delà d'un bouleversement physique ou géographique c'est surtout les mentalités qui évoluent et qui envisagent la société autrement. L'originalité ici c'est que c'est que c'est d'abord la fille qui se rebelle et fait part d'idées nouvelles. Puis sa mère va très vite les faire siennes et les dépasser. A tel point qu'elle finit plus militante que sa fille.
Ce que j'ai aussi aimé, c'est la présence de Caroline Laurent en tant qu'éditrice, écrivaine et amie d'Evelyne. Elle est présente tout au long du livre. Elle raconte à la fois sa relation avec Evelyne, la difficulté d'écrire ce livre sans elle, et parfois sa propre vie à elle.
C'est donc un roman de femmes, à plusieurs voix, des femmes de leur époque qui ont eu le courage d'écouter leurs propres valeurs, même si elles étaient à contre-sens de leur époque.
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Les mots manquent pour décrire cet objet littéraire incroyable, une biographie romancée du destin hors normes d'une femme doublée d'une réflexion sur le pouvoir de l'écriture et de la transmission.

Caroline Laurent est une éditrice parisienne de 28 ans qui reçoit un jour un manuscrit d'Evelyne Pisier retraçant l'histoire mouvementée de sa mère, et à travers ses pérégrinations, son propre chemin semé d'embûches et de coups d'éclat fantastiques.

Les deux femmes décident de travailler à quatre mains sur une fiction pour "laisser respirer l'imaginaire et explorer les sentiments profonds". En plein processus d'écriture, Evelyne Pisier meurt d'un cancer à 75 ans. Caroline Laurent choisit de terminer le roman en y intercalant les secrets de cette amitié naissante entre ces deux femmes dont la différence d'âge n'avait d'égal que le besoin de souffle et de liberté qui les caractérise. Cette autre voix du livre apporte une respiration vivifiante au roman et fait émerger une écriture méticuleuse, pleine d'émotion, un passage de relais entre les deux femmes qui achève de faire du livre un monument de tendresse et une radioscopie géniale d'une époque oubliée.

Car le récit romancé de la vie d'Evelyne Pisier sert de miroir aux interrogations et aux thématiques qui agitent la génération de Caroline Laurent, tant en termes d'égalité des sexes, que de liberté d'action, de révolution des moeurs et de combats qui restent à mener.
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Evelyne Pisier. Un prénom et un nom qui disent déjà beaucoup : professeure, écrivaine, politologue, scénariste… On connait ses combats, son engagement en faveur des femmes et de la tolérance universelle. Mais sait-on qui elle était réellement ? Pourquoi ce militantisme qui n'a jamais failli ? D'où vient-il ?

Née au Viêt Nam où son père était en poste à Hanoï. Justement son père… Un homme autoritaire, défenseur de la race supérieure à laquelle il pense appartenir, admirateur de Pétain et opposant farouche à De Gaulle, il ne jure que pas son mentor : Maurras ! A ses côtés, son épouse essaie de rendre sa famille heureuse malgré sa soumission. Elle est belle, il est beau, ils sont amoureux. Suite à l'invasion japonaise en Indochine, la famille va vivre ses pire moments : la petite Evelyne est internée avec sa maman dans un camp de concentration japonais : les privations, les humiliations, la faim, les maladies et cette terrible heure où la mère sera emmenés par les geôliers, on devine ce qu'ils vont lui faire subir. le père est prisonnier dans un autre camp. Ils se retrouvent mais rien ne sera jamais comme avant. Après un séjour en France, puis à nouveau en Asie, la famille pose ses valises à Nouméa. Là, tout va basculer : Evelyne (Lucie) grandit et s'éloigne de la religion, le père (André) devient de plus en plus irritable et sectaire, la maman (Mona) s'émancipe progressivement au contact d'une bibliothécaire (Martha, seul personnage fictif) qui lui fait découvrir « le deuxième sexe » de Simone de Beauvoir et prend un amant. Un divorce, un remariage avec le même homme puis la rupture définitive. Mère et fille vont désormais être unies, solidaires et mener tous les combats (contraception, avortement, droit des homosexuels, droit de mourir dans la dignité,…) tout en choisissant cette liberté de vivre pleinement, au gré de leurs envies, de leurs désirs, que leur corps respectif soit enfin à elle tout en travaillant pour ne plus dépendre d'un conjoint ou d'un protecteur.

Décédée en février 2017, Evelyne Pisier ne pourra pas partager l'émotion de milliers de lecteurs ni lire son livre co-écrit avec son éditrice Caroline Laurent, cette dernière ayant continué la rédaction afin de rendre le meilleur hommage possible à celle qui était devenue son amie. le résultat est inouï car on voudrait que le roman soit perpétuel, chaque page est une révélation et on ne peut prendre une pause, on veut en savoir plus, découvrir ces vies qui ne se vivaient pas que pour soi-même mais aussi pour les autres. Un récit éthéré où dominent la pudeur des sentiments malgré les détails intimes comme, par exemple, la liaison entre Evelyne Pisier et Fidel Castro.

Deux destins qui auraient pu être ineffables, mais par la magie du roman et de la plume des auteurs, vont demeurer en mémoire. Caroline Laurent a eu la maestria d'alterner le récit avec des passages personnels, révélant les instants partagés avec Evelyne Pisier, le tout avec une délicatesse que même les pages relatant des faits tragiques paraissent avoir été écrites sur du velours. Peut-être parce que ce roman est un peu cathartique…

Prodigieux portraits de femmes, une mère et sa fille. Seul bémol, l'autre pilier familial, la soeur Marie-France Pisier, n'apparait pas car Evelyne ne voulait pas la faire entrer dans un personnage de roman comme l'indique une note en fin de livre. Regrettable...

Toutes sont réunies et, de leur monde impalpable puissent-elles encore savourer ces désirs d'évasion, cette « chose enivrante » qu'est la liberté…
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Une belle découverte que ce récit qui débute en Indochine, se poursuit en Nouvelle Calédonie, fait une halte à Cuba, passe de la France coloniale des années 1950 à celle de 1968 chahutée, qui se libère de ses corsets, durant lesquelles les femmes livrent leur combat pour être reconnues indépendantes et égales aux hommes. le roman se déroule au travers du destin de Mona, d'abord femme amoureuse, soumise, aimante qui se révèle au fil des pages et prend son envol, s'émancipe pour oser une vie libre au-delà des carcans ; Mona va divorcer, aimer des hommes, combattre et surtout elle va insuffler à la fille cette liberté hors normes grâce à cette relation fusionnelle entre la mère et la fille.
L'histoire de Mona est racontée par sa fille Evelyne, puis au décès de celle-ci par Caroline LAURENT, l'éditrice devenue amie qui décide de poursuivre son oeuvre.
J'ai beaucoup aimé ce récit et j'ai replongé avec grand intérêt dans l'histoire de l'Indochine, j'ignorai d'ailleurs l'existence des camps japonais où des français ont été détenus, où mère et fille vont être incarcérées dans des conditions inhumaines et survivre en dépit des outrages. le personnage du père n'est guère sympathique, haut fonctionnaire maurassien sûr de lui, admiré et adoré par la petite fille, aimé passionnément par son épouse qui finira sa vie seul avec ses certitudes qui vont l'éloigner de celles qui l'aimaient tant.
L'épisode en Nouvelle Calédonie voit Mona prendre son envol, oser, résister à sa manière sous les yeux de sa fille.
Pour autant, j'ai quelques réserves sur la forme : j'ai été un peu gênée par les interventions de Caroline Laurent qui interrompent le récit, certaines sont bienvenues, d'autres me semblent inutiles.
Et puis, pourquoi donner un nom d'emprunt à Evelyne (Lucie dans le texte) ? La femme est connue, elle est brillante et mérite un hommage au grand jour à mon avis. Un peu flou la frontière entre la fiction, le roman, la biographie…
C'est néanmoins un livre incontournable, riche et documenté, émouvant, on ne peut qu'éprouver de l'admiration pour ce duo mère fille, leurs choix, et le combat qu'elles mènent pour l'émancipation des femmes.
Lu dans le cadre du Jury Lectrices de Elle 2018
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D'où vient l'amitié ? Qu'est-ce qui fait naître ce sentiment indescriptible de proximité évidente entre deux êtres différents mais si complémentaires que la disparition de l'un laisse l'autre irrémédiablement mutilé ? Ce fil d'interrogations constitue l'une des entrées de ce roman absolument bouleversant par les richesses de la matière humaine, sociale, historique, politique et littéraire qu'il développe.
Cette amitié en coup de foudre, Caroline Laurent la ressent, l'explore et en témoigne de la plus belle manière qui soit par des remarques qui se coulent naturellement dans le cours du récit. Elle remonte le temps de la rencontre avec Evelyne Pisier, de leurs premières discussions, de leur travail autour du manuscrit du roman qui nous est donné à lire et de sa crainte de n'être pas à la hauteur de la confiance léguée. le ton est confidentiel, comme un monologue intérieur qui arpente le territoire des doutes et des évidences, mais il tend à l'universel en ce qu'il propose aussi une réflexion sur le travail d'écriture et le cheminement de la création. Jamais cette implication dans la biographie romancée d'Evelyne Pisier ne m'est apparue artificielle ou superflue. Elle donne au contraire une profondeur de champ extraordinaire à l'histoire de Mona et Lucie.
Par Mona et son émancipation, on saisit les enjeux de la décolonisation comme le miroir du combat mené par les femmes après la guerre. Et c'est faire oeuvre essentielle que de rappeler aujourd'hui ces luttes individuelles et collectives pour que des droits soient reconnus aux femmes. Avec Lucie/Evelyne, sa fille, on traverse les soubresauts de la fin du XXème siècle. Les personnages réels et fictionnels incarnent cette dimension historique sans pour autant être traités comme des archétypes ou des emblèmes. Leur côté charnel, humain et faillible nous les rend proches. D'une finesse stupéfiante, le tissage de la fiction et du réel n'est jamais gratuit mais donne une puissance décuplée à la narration.
Me faut-il continuer ? Il y a matière à poursuivre encore la recension des qualités de ce livre qui m'a intégralement extasiée ! J'y ai trouvé tellement d'intelligence, de sensibilité, d'amour, de vie vivante que j'en suis encore estourbie. Quelle que soit la facette que l'on choisisse d'explorer, il garde la limpidité et l'éclat d'un pur diamant et m'a offert un bouquet d'émotions rares.
Et tout au long de ma lecture, apparaissait en filigrane du personnage de Mona, celui de Régina sortant d'une salle de cinéma dans le film de Téchiné. Son rire éclatant de désinvolture insolente n'a cessé de retentir comme la bande-son inséparable de ce roman hanté par l'absence.
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Evelyne Pisier, juriste, écrivain, militante féministe, voulait écrire la vie de la mère. Fauchée par la mort, sa jeune éditrice prend le relais en y instillant, à la façon d'un miroir, les épisodes les plus frappants de l'existence des deux femmes à la relation d'admiration et d'affectation qu'elle a noué avec l'écrivaine.
Le parcours mère-fille nous entraîne de l'Indochine d'après 1945 à Cuba de Fidel Casto en passant par le mois de mai parisien de 1968. A leur manière, ces évènements scandent et modèlent l'émancipation, souvent douloureuse, d'Evelyne et de sa mère, à l'image de nombreuses femmes de cette époque. Récit biographique pudique, parfois romancé pour préserver la vie privée de ses protagonistes, « Et soudain, la liberté » recèle milles facettes qui donnent à voir et à connaître les détails et les dessous d'un monde d'après la Seconde guerre mondiale où chacun à sa manière tente de se réinventer en s'émancipant socialement et politiquement, individuellement ou collectivement. Hommages croisés entre une fille et une mère, une éditrice et son auteur, cet ouvrage protéiforme réussit le pari impossible d'être à la fois jubilatoire, lucide et tendre.
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