Bref, quantité de curés ont beau présenter Sapiens comme une créature modelée à l'image de Dieu, nous n'agissons guère plus intelligemment que des rongeurs.
Encore aujourd'hui quand on intervient dans les lycées, une majorités de jeunes pensent que les communications passent par des satellites. Or tout cela transite par des câbles.
Il nous semble dès lors exact d'affirmer que nos modes de vies numériques génèrent un impact indélébile sur les paysages les plus sauvages qu'il nous ait été donné de voir.
Une analyse de données brutes permet en effet, sans grande difficulté, de déduire notre adresse personnelle d'où nous partons tous les matins a la même heure, notre confession l'église où nous nous rendons chaque Dimanche à 11 heures, nos orientations politiques une manifestation à laquelle nous avons participé et pourquoi pas nos pathologies une clinique spécialisée où nous avons rendez-vous.
L'ordinateur de chaque smartphone est aujourd'hui cent fois plus puissant que les meilleurs ordinateurs conçus il y a tente ans.
La réalités est que la génération climat hérite d'une infrastructure dont elle tirera le meilleur comme le pire.
Notre avenir est une course entre la puissance croissante de notre technologie et la sagesse avec laquelle nous l'utiliserons.
Et voilà que l'ignorance fait place à l'aveuglement: nous ne comprenons pas que nous enfantons un monde où les divertissements généreront des tensions, voire des conflits, parce qu'ils ne nous seront offerts qu'au prix d'un impact spatial, matériel, dont nous ne pourrons jamais nous soustraire.
Il existerait aujourd'hui près de trois millions de datacenters d'une surface de moins de 500 mètres carrés dans le monde, 85000 de dimension intermédiaire et une petite dizaine de milliers dont la taille peut avoisiner celle de l'Equinix AM4. Et au cœur de cette Toile de béton et d'acier prospèrent plus de 500 datacenters dits «hyperscale», souvent vastes comme un terrain de football. Voilà « des paquebots, des monstres de technologie », nous dit Paul Benoit, qui concentrent câbles, équipements de sécurité, installations informatiques et électriques. Étrange paradoxe: plus l'on célèbre la tertiarisation de nos économies, plus on parle de « fermes » de données, d'«usines» de l'ère numérique, de «hubs», «routes » et autres «autoroutes» de l'information, autant de rémanences de l'agriculture et de l'industrie que le secteur des services promettait de supplanter.
Voilà que l'ignorance fait place à l'aveuglement : nous ne comprenons pas que nous enfantons un monde où les divertissements généreront des tensions, voire des conflits parce qu'ils ne nous seront offerts qu'au prix d'un impact spatial, matériel, dont nous ne pourrons jamais nous soustraire.