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EAN : 9791020909961
304 pages
Les liens qui libèrent (15/09/2021)
4.31/5   122 notes
Résumé :
Quelles sont les conséquences physiques de la dématérialisation ? Comment les données impalpables pèsent elles sur l’environnement ? Quel est le bilan carbone du numérique ? Autant de questions que les utilisateurs d’outils connectés en tout genre ne se posent pas. Et pourtant, la légèreté du net pourrait bien s’avérer insoutenable. Trois ans après sa formidable enquête sur les dessous des énergies vertes, "La guerre des métaux rares" (plus de 70.000 exemplaires tou... >Voir plus
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666 THE NUMBER OF THE BEAST... and GAFAM WAS HIS NAME

Quand j'étais jeune, j'entendais souvent que l'argent et le sexe faisaient tourner le monde. Bon, ok, l'argent oui toujours... mais par contre, ce qui fait réellement tourner le monde, c'est la DATA. Oui msieur !
Toutes les petites données qu'on laisse ça et là sur le net, ou pas d'ailleurs. Ca vaut de l'argent, c'est collecté, c'est chéri. C'est gardé bien au frais dans des datacenters... mais bordel, ça pollue.
Ca pollue parce que le virtuel n'est pas dématérialisé. Toutes ces choses que l'on fait insidieusement sans y penser, voyagent bien plus que nous !
Un exemple, le like que vous mettrez peut-être sur cette chronique. Il ne passe pas directement de votre ordi sur mon Smartphone... il fait tout un voyage, parfois à l'autre bout de la planète de chez vous à chez moi. Par satellite ? Que Nenni ! Il va faire un tour dans les énormes câbles qui quadrillent le fond des océans et il revient, pouf, dans mon Babelio et le tout en moins d'une seconde.
Ce que j'écris ici est remisé pour la postérité dans un datacenter qui chauffe qui chauffe... Et qui doit être refroidi par énormément d'eau pour stocker mes commentaires à côté des milliers de vidéo de chat. Tout ceci consomme un maximum d'électricité vraiment pas décarbonée (ah non pas du tout du tout !)
Toujours plus vite, toujours plus, et toujours sans fondement. Creusons la terre pour la vider de ces métaux rares dont on fait nos téléphones, les batteries de nos futures voitures et Alexa. Creusons pour donner plus de data, qu'une intelligence artificielle puisse prendre le contrôle et promouvoir un IA écoresponsable. Creusons nos tombes oui !

Ce long préambule pour vous dire de lire ce livre qui n'est pas hautement intéressant, il est plus que ça, il est indispensable !
Vous découvrirez l'envers du décor de l'internet, l'envers du décor de nos vies connectées aussi. Vous découvrirez la pollution invisible qu'il engendre... et certainement la fin de notre civilisation qui tend vers une civilisation postbiologique.

Je le redis, à lire !!!

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A la lecture de ce livre, on en ressort avec plusieurs sentiments :
Commençons par la fin, ou plutôt la conclusion que nous livre, optons par un "nous offre", l'auteur : "Aux démiurges que nous sommes devenus, largement inconscients des incommensurables pouvoirs dont nous avons désormais la responsabilité, le numérique nous invite, finalement, à mûrir cette puissante injonction du mahatma Gandhi : « Soyez le changement que vous désirez voir en ce monde. »"
Appelons cela l'espoir

Pourtant l'auteur nous prévient : "Cette enquête entend l'interpeller : que ferez-vous des fabuleux pouvoirs dont vous serez bientôt les dépositaires ? Saurez-vous dompter l'hubris que ces technologies excitent en vous ou serez-vous, tels des Icare, consumés par les radiations de ce soleil synthétique ?"

Et autant prévenir c'est VERTIGINEUX.

Je dois bien avouer qu'après avoir lu "Apocalypse Cognitive", "la civilisation du poisson rouge", "les ingénieurs du chaos", "Tempête dans le Bocal, La Nouvelle Civilisation du Poisson Rouge"

Et bien avec celui-ci qui vient à la suite des autres, je suis comme Dante qui aurait traversé, l'Enfer et tous ses cercles jusqu'à la profondeur extrême de cette révolution numérique où nous sommes passés de la logique du présent à celle de l'instant

Je prendrais bien entendu quelques libertés avec ce qu'a pu écrire le poète italien, pour mieux coller aux réalités de cet ouvrage.

Commençons par le vestibule ou l'on croise les indolents, neutres par lâcheté. En clair ceux qui nous promettent monts et merveilles, dans ce futur, mais eux ne font que répondre à une demande. En résumé ce n'est pas de leur faute mais celle de l'internaute : « On consomme des produits numériques parce que l'on nous propose de les consommer. »"

Premier cercle : les vertueux et dans ce cas je dirais les soi-disants vertueux qui s'achètent une conscience qu'elle soit verte ou financière.
" Vous le comprenez, être « bas carbone » ne suffit pas pour être écolo… Il faut également être « basses ressources ». le constat peut paraître ubuesque : plus les technologies qui nous entourent seront discrètes, portables et légères, plus le legs matériel de nos existences sera considérable. Mais on ne peut se contenter d'uniquement explorer les impacts de notre monde miniaturisé ! On se doit aussi de scruter ce qui est minuscule et même imperceptible à l'oeil nu… « On parle tout le temps d'Apple, mais jamais des fabricants de puces électroniques, regrette Agnès Crepet, ingénieure chez Fairphone. Or ils se trouvent au coeur d'un immense gâchis environnemental et social. » "
- Ceux qui font tourner des bétonnières "avec les lourds impacts écologiques que nous révélerons plus tard – aux seules fins d'entasser d'impalpables vidéos de chats, courriels et données de localisation ? C'est que l'humanité produit déjà un invraisemblable déluge de data : 5 exaoctets (un exaoctet correspond à un milliard de milliards d'octets) par jour, soit autant que toutes celles produites depuis les débuts de l'informatique jusqu'en 2003."
- Amsterdam

Second cercle : les moralistes qui s'achètent une belle et bonne conscience.
- quand on pense à Elon Musk envoyant dans l'espace ses "petits trains" de satellites pour "procurer" de l'internet partout ;
- ceux qui pensent qu' "Internet permettra aux enfants des régions les plus reculées du monde de s'éduquer à distance, mais il facilitera également la propagation de théories complotistes, fragilisant nos démocraties. Il soignera des maladies rares, mais laissera aussi Ryan Kaji, un enfant qui s'est fait connaître en déballant des cadeaux devant une caméra, au Texas, à continuer à être le youtubeur le mieux payé du monde… Quoi qu'il en soit, il ne faut pas confondre les répercussions économiques, sociales et psychologiques du numérique avec sa fonction écologique. Bien qu'il stimule l'éclosion de formidables initiatives destinées à protéger le climat et la biodiversité, le réseau n'a pas été pensé pour « sauver » la planète, et tout discours liant la résilience de la vie sur Terre à la performance des outils."

Troisième cercle : les avares ou luxurieux ce cercle est divisé en deux groupes. Il y a celui des personnes qui dépensent sans compter, et celui des avares qui préfèrent amasser et économiser le moindre centime. Et là, il faut bien se l'avouer, on en croise et leur imagination est sans limite.
- quand on apprends que pour son moteur de recherche Microsoft "les ingénieurs de Microsoft, emmenés par Paul Ray, responsable des expériences utilisateurs se demandent dans quelle couleur afficher les résultats des requêtes effectuées par les futurs utilisateurs. le bleu, couleur traditionnelle des hyperliens, a leur faveur… Mais quel bleu ? Paul Ray veut trouver le meilleur des bleus, celui qui renforcera, espère-t-il, la « fidélité » des internautes à Bing et le nombre de clics. En clair, Paul Ray pense qu'il existe une couleur parfaite qui accroîtra l'emprise de l'une des multinationales les plus puissantes au monde sur l'inconscient de millions d'individus. Or la tâche est colossale, puisque le bleu se décline en… 16 777 216 nuances. C'est donc un procédé informatique – le A/B testing – qui va se charger d'évaluer l'attrait de différentes teintes auprès de de panels de consommateurs. Les tests permettent bientôt d'identifier un bleu sombre entraînant un taux d'engagement particulièrement satisfaisant… À en croire les premières estimations, assure Paul Ray, il pourrait même générer 80 à 100 millions de dollars de profits annuels supplémentaires : il s'agit du bleu Hex #0044cc."
Quand on sait que « 10 % de l'électricité d'Amsterdam et de Haarlemmermeer est captée par les datacenters. C'est un chiffre très élevé ! Où voulons-nous vivre ? Comment reprendre le contrôle de ce phénomène ? » Enfoncée, en cet hiver 2020, dans une banquette du Grand Café Restaurant de la gare centrale d'Amsterdam, seulement interrompue par les jaseries d'un perroquet perché au-dessus du bar, Mariëtte Sedee n'est pas simplement responsable de l'aménagement du territoire à la mairie de Haarlemmermeer, une commune de 150 000 habitants jouxtant la capitale néerlandaise. Elle est aussi l'un des premiers édiles du monde à s'être engagés dans un bras de fer avec les hébergeurs de données", c'est juste de la folie

Quatrième cercle : les gourmands
- Ces designers de produits électroniques, qui ont déployé des trésors de créativité pour effacer la matérialité du digital. le premier – et souvent unique – contact d'un consommateur avec le monde numérique est le smartphone lui-même : un bel objet qui véhicule une idée de pureté. Et comment ce qui est beau pourrait-il être sale ? La perfection esthétique de ces produits est, intuitivement, incompatible avec la notion de pollution.
- Ces concepteurs/créateurs/fabricants qui s'emploient en effet, depuis plusieurs années, à refuser aux propriétaires de produits électroniques la liberté, élémentaire, de les réparer. Car en vendant un smartphone, une entreprise cède dorénavant deux droits bien distincts : la propriété effective de l'appareil et une licence d'utilisation du système d'exploitation lui permettant de fonctionner (Android, par exemple). Or, si un consommateur est propriétaire de l'objet acquis, il n'est que titulaire d'une licence d'utilisation du logiciel, auquel il n'a, en revanche, pas le droit de toucher.
- Ces

Cinquième cercle : les prophètes et autres visionnaires
- D'autant qu'un bouleversement de nos usages numériques se trame… Nous nous apprêtons en effet à embrasser le monde, vertigineux, de l'Internet des objets. de l'Internet des yeux et des oreilles. L'Internet des corps. Et même « l'Internet de tout ». Un futur intégralement connecté qui pourrait rendre tout à fait stériles les gains énergétiques engrangés auprès des pôles de la planète.
- Ceux qui prônent l'IOT (Internet of Things), en clair tout connecter, partout, tout le temps. A l'exemple de la voiture connectée qui sera un salon roulant offrant des plaisirs connectés, au lieu de celui de conduire.
- Ceux qui voient le salut de l'homme en un Internet qui modèle "un monde où l'activité humaine stricto sensu n'est plus la seule à animer l'univers numérique. « Les ordinateurs et objets communiquent entre eux sans intervention humaine. La production de données n'est plus cantonnée à une action de notre part »". Des données qui génèrent elles-mêmes leurs données : AHURISSANT


Sixième cercle : les cyniques... Et là ça se bouscule....
- Ceux pour qui : " À écouter leurs hérauts, l'univers digital ne serait en effet guère plus concret qu'un « nuage », le fameux cloud dans lequel nous stockons nos documents et photos. Tout au plus s'apparenterait-il à une espèce de « blob », cet organisme unicellulaire, composé d'un réseau de veines, informe et visqueux. Pour un peu, le monde digitalisé serait synonyme de « vide » ou de « néant ». Il nous invite à commercer en ligne, jouer virtuellement et nous étriper sur Twitter sans que cela ne mobilise, à première vue, le moindre gramme de matière, le plus infime électron, la première goutte d'eau. Bref, le numérique est le plus souvent réputé ne générer aucun impact matériel."
Ceux qui nous vendent la 5G pour aller encore plus vite mais qui oublient de nous dire qu'il ça falloir encore plus d'antennes, et tout cela pour gagner quelques secondes sur une vidéo !!!
- Cet ingénieur qui nous dit non sans vergogne :
« le numérique, c'est très concret ! », s'excusant presque de proférer une telle évidence. Car nous le sentons bien : il est incongru de parler de « dématérialisation » de nos économies dès lors que le virtuel génère des effets colossaux dans le monde réel.

Septième cercle : les coléreux
- ceux, petits comme grands, qui vont s'agacer de l'indisponibilité, la pire des catastrophes, ou de la lenteur, au final un moindre mal, du réseau.
- le meilleur exemple la panne de l'hébergeur OVH : "L'épisode fut si épouvantable qu'on murmure qu'il hante encore les dirigeants du groupe." excusez du peu...
En relation avec cet épisode on retrouve certains qui errent au sixième cercle : "et notre source de partager son incrédulité avec ses collègues : « Deux pannes successives à deux heures d'intervalle sur deux organes aussi importants… Il faut peut-être qu'on aille jouer au loto ce soir… »". La palme du cynisme

Huitième et Dernier cercle et pas des moindres : ceux des spécialistes du paradoxe, et là il y a du monde.... Pas assez de place dans seul cercle
- imaginez il existe un magazine qui s'appelle Datacenter Magazine. En clair, un support physique qui parle de et pour ceux qui gèrent l'immatériel. Ceux qui sont censés tout dématérialiser !!! Passionnant...
- Ceux qui croient que nous vivons dans un “monde sans fil”. Mais en fin de compte, nous sommes aujourd'hui davantage reliés les uns aux autres par des fils que nous ne l'avons jamais été !
- Cette « génération climat qui sera l'un des principaux acteurs du doublement, annoncé à l'horizon 2025, de la consommation d'électricité du secteur numérique (20 % de la production mondiale) ainsi que de ses rejets de gaz à effet de serre (7,5 % des émissions globales).
- Ces acteurs de l'économie numérique sont conscients de cet effet boomerang, mais qui "entendent d'abord mettre les consommateurs face à leurs responsabilités. « Chacun est libre de ne pas participer à la surconsommation numérique », a ainsi affirmé Stéphane Richard, le patron du groupe français Orange. Or, dans le même temps, l'entreprise diffuse des publicités célébrant les nouveaux usages de la 5G."
- Une douzaine d'années ont ainsi suffi pour que le nuage, ce graal que l'on appelé le cloud, s'enracine dans le sol.


C'est désormais une évidence : nos vies numérisées sont dupliquées dans une infrastructure de métal, de béton, de verre, dont nous sommes des milliards de colocataires, distraits et indifférents. En marchant sur une plage avec un portable dans la poche, nous ne laissons pas seulement les traces de nos pas dans le sable, mais également dans des datacenters scandinaves stockant nos données de géolocalisation. Quand nous réalisons un selfie à la terrasse d'un café, nous n'y consommons pas uniquement une boisson, nous produisons des pixels qu'un ruban de verre propulsera, qui sait, jusque Virginia Beach. Cela signifie que nous nous dédoublons en permanence, littéralement ! Internet offre ce don d'ubiquité qui confère à nos actions une consistance physique ici même et à des milliers de kilomètres à la fois. Bref, sous couvert de tout dématérialiser, le numérique matérialise en fait deux fois ce que nous entreprenons.

Un vétéran de l'industrie des technologies de l'information, la simple évocation du centre de données du réseau social le plonge dans un abîme de fascination mêlée de perplexité. « Je ne parviens toujours pas à saisir la complexité du monde qui m'entoure », poursuit-il avec émotion et humour.
Et pour bien connaître ce secteur je suis en phase, comment en sommes nous arrivés là ? Vaste sujet, Vaste question, pour en fait peu de réponses.

Émotion virtuelle ou réelle
Humour réel ou noir, comme ce noir que craignent ces géants du Net, comme en atteste cet exemple : "Mais il arrive que ce flux se détraque à cause de ce que l'on appelle, dans l'industrie, un « noir complet » : une panne de datacenter. Défaut d'alimentation électrique, fuite d'eau dans le système de climatisation, bug informatique… À la simple évocation de ces avaries, un malaise, voire une franche épouvante s'empare de nos interlocuteurs. Les mots « désastre », « enfer », « catastrophe » fusent. Et pour cause ! En 2012, de fortes intempéries frappent un centre de données du groupe Amazon Web Services et coupent l'accès à Instagram et Pinterest pendant six heures2. En 2016, le trafic Internet mondial chute de 40 % pendant deux minutes à la suite d'un défaut de service de Google3. Et en 2019, la messagerie Gmail est affectée durant une demi-journée."

Alors pour terminer sur une note positive et pour reprendre les paroles de Dante au sortir de l'Enfer :

Mon guide et moi par ce chemin caché
nous entrâmes, pour revenir au monde clair ;
et sans nous soucier de prendre aucun repos,
nous montâmes, lui premier, moi second,
si bien qu'enfin je vis les choses belles
que le ciel porte, par un pertuis rond ;
Et par là nous sortîmes, à revoir les étoiles

Et point question de nuage ou de cloud....

Dernière chose un merci tout particulier à HordeDuContrevent, qui grâce à sa critique de la guerre des métaux rares, m'a permis de livre cet autre ouvrage de cet auteur
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Le monde numérique se prétend « dématérialisé » mais consommerait 10% de l'électricité produite sur la planète et dégagerait 4% des émissions de CO2, soit près du double du secteur aérien civil. Après LA GUERRE DES MÉTAUX RARES, le journaliste Guillaume Pitron, poursuivant son enquête sur le monde technologique qu'on nous prépare, a découvert que le cloud, loin d'être virtuel, s'annonce surtout celui de bien des pollutions. Avec ses multiples interfaces, son réseau gigantesque et ses besoins de stockage astronomique, quel est le véritable impact écologique de l'industrie numérique ?
(...)
Avec cette enquête, Guillaume Pitron présente l'intégralité des infrastructures du Net et met en lumière chacun de leurs impacts sur l'environnement, lesquels sont soigneusement occultés par les différentes industrie qui préfèrent entretenir le mythe de la « dématérialisation ». S'il reste très prudent sur les solutions pour sortir de cet engrenage, il est on ne peut plus clair sur l'importance des dangers.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Livre très intéressant, fournissant des informations permettant de réfléchir sur le numérique, son expansion et son impact sur les sociétés et l'environnement. le cloud a une réalité bien physique et matérielle. Notre addiction aux données génère une consommation croissante de matériaux, d'eau et d'énergie… Autant de technologies énergivores pour des selfies et des vidéos de chat… Mais pas que… Notre dépendance par rapport à l'IA et ses algorithmes ne doit pas nous déresponsabiliser. Nos actes quotidiens et futurs sont et seront de plus en plus dépendants du numérique. Mais nous devons rester vigilants et critiques.
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Un ouvrage qui traite d'un problème global donne souvent le vertige tant il brasse d'informations et ouvre des perspectives assez sombres sur quelles nous avons peu de prise, ballotés que nous sommes entre nos habitudes fortement ancrées et la nécessité d'en changer. le numérique a changé nos vies depuis grosso-modo 30 ans, petit à petit. La partie la plus visible est le smartphone, couteau suisse devenu indispensable depuis la crise sanitaire, pass oblige. le côté ludique de l'appareil et l'addiction dont il fait l'objet nous font oublier que celui-ci est une construction très sophistiquée nécessitant de multiples interventions humaines, des technologies de pointe et des matières premières très nombreuses, j'oubliais le plus important : sa construction nécessite une énergie considérable, à l'impact écologique désastreux. L'addiction, on le sait, n'est pas raison, elle sert en plus les intérêts de firmes surpuissantes qui ne se privent pas pour harponner de nouveaux adeptes, dès le plus jeune âge.
L'internet, puisque c'est de cela qu'il s'agit, croit de manière exponentielle chaque année, nécessitant la construction de "data centers" de plus en plus en plus nombreux, de plus en plus grands et de plus en plus gourmands en eau, électricité et en espace . Chacun d'entre nous (beaucoup), duplique sa vie réelle, selfie, infos sur sa vie au quotidien exposés au vu et au su de la planète. Toutes ces informations fondamentales sont stockées quelque part, elles circulent entre les ordis mobiles, par les tuyaux du net, câbles sous-marins et autres fibres optiques.
La dématérialisation perçue comme telle engendre pernicieusement une très grande MATERIALISATION, bien au contraire, dommageable pour l'environnement à une échelle que l'on ne soupçonne pas, il n'y a actuellement aucune limite de fixée au développement de la circulation des données, d'autant plus que la 5G doit prendre en charge les interconnexions entre objets, nouvel eldorado technologique. Si l'on perçoit les applications possibles de cette avancée, l'intendance a du mal à suivre et d'autre part, les levées de bouclier concernant l'impact ne pèsent pas lourd face aux enjeux financiers. La privatisation de ces outils est patente, échappant à tout contrôle.
Alors, que faire face à un tel défi ?
En tant que consommateur, nous pouvons agir, à notre échelle, en modifiant nos habitudes, corrigeant ce qui peut l'être
En tant que citoyen , en votant, sans trop d'illusion, pour celles et ceux qui se préoccupent de ces problèmes ou en militant dans une des nombreuses ONG existantes, conscience de nos sociétés malades du numérique.
Je suis sur un ordinateur, tapant ce texte, et participe à la gabegie.
C'est tout le défi de demain.
J'ai lu un livre de papier.
A lire
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Une fois n’est pas coutume, domptons la furieuse cavalcade du temps. Inversons le cours des horloges. Et figurons-nous le rythme auquel s’est écoulé le quotidien de nos semblables jusqu’au XIXe siècle. Qu’il s’agisse de cultiver le millet, de lever des armées ou d’édifier des pyramides, la moindre de nos actions était assujettie au pas des esclaves, au débit des fleuves et aux vicissitudes des brises océanes. De ce monde subsistent des réseaux de communication toujours visibles : voies romaines, comptoirs coloniaux ou anciennes écuries édifiées, dans l’Ouest américain, par les postiers du Pony Express.

Ces routines millénaires furent bouleversées le 6 octobre 1829. Ce jour-là, « la fusée », une locomotive à vapeur conçue par l’ingénieur britannique George Stephenson, s’élança à 40 kilomètres à l’heure sur la ligne de chemin de fer reliant Manchester à Liverpool, condamnant diligences et caravelles à l’oubli. Associé au télégraphe et aux aéronefs, le train a transformé notre rapport au temps. Les hommes, les marchandises et les idées purent sillonner le monde à une vitesse inédite, servis à présent par un réseau de transports planétaire mêlant ports, aérogares et tours relais.

Nouvelle étape le 2 octobre 1971, lorsque l’ingénieur américain Ray Tomlinson envoya le premier e-mail sur Arpanet, un réseau informatique prisé des scientifiques et des militaires américains. L’humanité fut soudainement projetée dans l’ère de l’immédiateté. Tout change et s’échange aujourd’hui à la vitesse de la lumière ou presque. Après les routes pavées de l’Antiquité et les chemins ferrés de l’ère industrielle, vous vous demandez peut-être quelles infrastructures rendent nos actions numériques quotidiennes désormais possibles.

(INCIPIT)
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Bien qu'il stimule l'éclosion de formidables initiatives destinée à protéger le climat et la biodiversité, le réseau n'a pas été pensé pour “sauver“ la planète, et tout discours liant la résilience de la vie sur Terre à la performance des outils digitaux relève selon nous de la mystification, de la fable. 
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Google ne recueille pas seulement nos données à des fins commerciales; la firme fournit nos historiques de recherches à la NSA. L'agence américaine de renseignement collecte également le contenu de nos courriels, appels téléphoniques, reçus de parking, itinéraires de voyages, achats de livres... Quelle la proportion de la mémoire électronique du monde ce data
de surveillance représentent-elles ? Nul ne le sait, mais voici peut-être un indice; lorsque la NSA a mis en service, en 2013,son data center amiral sur un site d'entraînement de la garde nationale, au abord de la ville de Bluffdale, dans le nord de l'Utah, il s'agissait alors du troisième plus grand entrepôt de données du monde.
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On vous rétorquera que les données sont anonymisées, mais le chemin à parcourir pour dévoiler une identité est très court… En fait, conclut l’ingénieur californien et expert en la matière, «  il est pratiquement impossible d’anonymiser les données et, au fond, le meilleur moyen de ne pas en faire mauvais usage serait de ne pas les collecter du tout ». L’universitaire allemand Thorsten Strufe ajoute même : « Les données anonymes, c’est un énorme canular. »
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Mais il y a lieu de nous méfier, car « les données de notre mobilité sont beaucoup plus révélatrices de notre vie que n’importe quelle autre data, explique Mohammad Tasjar. Elles sont même parmi les informations les plus sensibles qui soient ». Une analyse de données brutes permet en effet, sans grande difficulté, de déduire notre adresse personnelle (d’où nous partons tous les matins à la même heure), notre confession (l’église où nous nous rendons chaque dimanche à 11 heures), nos orientations politiques (une manifestation à laquelle nous avons participé) et pourquoi pas nos pathologies (une clinique spécialisée où nous avons rendez-vous).
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Vidéo de Guillaume Pitron
Quels sont les progrès mais aussi les parts sombres de la révolution numérique? Quel impact sur l'environnement? Et quelle société demain ?
Entre scénario catastrophe, constats alarmants et fascination, dialogue autour du numérique et des craintes qu'il suscite parfois, entre les auteurs Mirwais Ahmadzaï ("Les tout-puissants", Séguier), Gérald Bronner ("Les lumières à l'ère du numérique", PUF), Guillaume Pitron ("L'enfer numérique- voyage au bout d'un like", Les Liens Qui Libèrent), le 10 septembre 2022 au palais du Gouvernement.
Rencontre précédée de la remise du Prix Livre Environnement de la Fondation Veolia par le président du jury Dominique Bourg, aux lauréats 2022: Guillaume Pitron pour "L'enfer numérique - voyage au bout d'un like" (Les Liens Qui Libèrent) et Gilles Macagno pour "Mauvaise réputation- Plaidoyer pour les animaux mal aimés" (Delachaux et Niestlé). Animation : Laure Dautriche.
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