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Si ton passé ne vient pas toi, tu viendras à ton passé

Les chapitres d'Oyana alternent les lettres écrites par Oyana à son mari, Xavier, pour lui dire qui elle est et les chapitres qu'Oyana aurait écrits pour constituer une sorte de récit relatant autant l'histoire de l'ETA, par bribes, que son histoire à elle. Cette première partie qui évoque le passé se fond petit à petit dans la seconde qui narra la fuite d'Oyana, loin de son mari, mais qui se jette corps et âmes dans son passé pur s'y confronter. Ce retour sur son passé est provoqué par l'annonce de la dissolution de l'ETA en 2018.

Oyana a fui le Pays Basque à cause et grâce à l'ETA. D'abord à cause parce qu'elle s'est trouvée impliquée dans un attentat après une bavure policière. Grâce ensuite car c'st l'ETA qui a favorisé sa fuite à l'étranger.

Le texte se durcit petit à petit. Oyana assène à son compagnon des vérités qui ne sont jamais bonnes à entendre, que ce soit sur elle et son passé ou sur leur couple qui s'est éteint avec le temps. le texte suit ainsi le même parcours qu'Oyana : une montée lente mais certaine de la violence jumelée à une culpabilité qui la pousse soit à la fuite soit à une saine remise en cause, selon le point de vue où l'on se place.

La remise en cause qu'entreprend Oyana prend la voie de la confession à son mari et celle plus tortueuse, plus douloureuse d'un retour aux sources : ses parents dont elle ne sait pas s'ils sont encore en vie, ses anciens amis dont elle ne sait pas s'ils le seront encore, les anciens membres d'ETA dont elle espère qu'ils n'auront plus aucune raison de mettre à exécution les menaces proférées au moment de son exil : si tu reviens, on te tue.

La fuite est multiple, comme les lignes de fuite que prend le récit. Oyana fuit autant qu'elle abandonne son mari. Oyana fuit un présent dans lequel elle se sent elle-même étrangère, elle, qui a déjà fui son pays pour une vie coupée de ses racines. Oyana fuit son passé en repoussant le moment de s'y confronter, retardant son départ pour la France puis, une foios sur place, repoussant son arrivée d'abord sur Bordeaux puis sur Saint Jean de Luz.

Oyana est un roman magnifiquement fort sur la culpabilité, les responsabilités, les choix… la vie n'est qu'une succession de choix et la pire erreur serait de ne pas en faire. Il y est aussi question de rédemption et de pardon tant tout le monde et tout le temps a menti : le verbe est ici libérateur à partir du moment où Oyana a choisi de ne plus taire son passé ni qui elle est réellement.

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" S'il est difficile de vivre, il est bien plus malaisé d'expliquer sa vie" - Marguerite Yourcenar

Mai 2018. La narratrice Oyana, installée depuis une vingtaine d'années à Montréal, apprend la dissolution de l'ETA, l'organisation terroriste basque. Cette information la plonge dans son passé qu'elle a caché à son compagnon Xavier qui partage sa vie depuis qu'elle l'a rencontré à Mexico en 1995. Incapable de lui parler, elle choisit de lui écrire pour lui révéler sa face cachée avant de s'enfuir. " Peut-être que cette lettre va te détruire mais ne pas l'écrire m'est impossible. J'ai décidé de te dire toute la vérité, juste la vérité. Ce ne sera facile ni pour toi ni pour moi. Me taire n'a plus lieu d'être."

Oyana est née en 1973 au pays basque le jour où a eu lieu un attentat qui a coûté la vie d'un membre imminent de l'entourage de Franco. Oyana ne parle pas le basque et ne milite aucunement jusqu'au jour où son ami Manex se fait tuer dans un bar à l'occasion d'une intervention de la police pour interpeller des activistes. Manex était aussi pacifiste qu'elle. Peu après elle rencontre Mikel, un militant engagé et apprend par sa mère la vérité sur ses origines. Peu à peu elle se laisse gagner par la cause basque tout en refusant la violence. Jusqu'au jour où sa vie bascule à la suite d'un drame qui va la hanter toute sa vie...

Oyana va avouer à Xavier ce drame et le secret de ses origines, lui avouer qu'elle vit sous une fausse identité avec un faux passé, avant de retourner en Europe sur les traces de son passé à la rencontre de ses parents qu'elle n'a pas vus depuis plus de vingt ans. Mais sera-t-elle la bienvenue dans son pays?

Le récit est constitué de courts chapitres, l'auteur insère tout au long du texte des coupures de presse, des rappels de faits historiques sur l'ETA, des éléments sur la tradition de la chasse à la baleine au Canada, des informations sur l'industrie développée par les ancêtres basques d'Oyana au Canada. Il est aussi question de la traversée de l'Atlantique et de la remontée du Saint Laurent par les baleines ce qui nous vaut la magnifique couverture de ce roman. Eric Plamondon insère des documents comme la déclaration finale de l'ETA au peuple basque nous fournissant énormément d'informations sur l'histoire politique du pays Basque et la guerre d'Espagne. J'avoue que de retrouver la même construction que dans Taqawan m'a déçue mais peut-être est-ce la marque de fabrique de cet auteur... Cependant cette technique ne m'a pas donné l'impression de fouillis comme cela avait été le cas avec Taqawan. Identité, remords, culpabilité et désir de rédemption traversent ce court récit très instructif. Un beau moment de lecture qui entremêle l'histoire intime d'Oyana, héroïne émouvante, l'histoire du pays Basque et la splendeur de la nature. Cerise sur le gâteau : après une mise en tension bien maîtrisée et quelques rebondissements, le dénouement est complètement inattendu.
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Comme dans Taqawan, Eric Plamondon nous propose un récit original oscillant entre roman épistolaire et documentaire, entre remous politiques du pays basque et histoire intime d'une femme.
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Quelle claque ce roman qui nous fait réfléchir sur le combat des indépendantistes basques , peut on accepter la violence pour défendre une cause ? , faut il absolument utiliser la violence pour faire avancer cette cause ?
Que dire des victimes collatérales, des familles brisées , des séquelles morales et physiques ?
Dans les combattants de l'ETA , il y a les purs et durs pour qui la violence est LE moyen de se faire entendre et puis il y a les autres , qui ont embrassé la cause un peu par hasard .
Comme l'héroïne qui donne son nom au roman Oyana .
Piégée par l'organisation ou par l'ennemi , elle ne le saura jamais mais n'oubliera pas qu'il y a eu deux victimes , une mère et sa fille.
Commence alors une vie d'exil , de mensonges sur son passé
Lorsqu'en 2018 , Oyana apprend que l'ETA arrête sa lutte armée , la jeune femme a une envie irrépressible de rentrer au pays , pays de son enfance , de sa langue maternelle qui lui a tant manqué .
Très beau roman , très belle écriture .
Cette lecture m'a rappelé un voyage au pays basque espagnol dans l'Espagne franquiste .
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« J'ai décidé d'écrire parce qu'il m'est impossible de parler ; je pense que je ne veux pas entendre les mots que je dois dire. Certains en particulier… Les écrire me donne la possibilité de les détruire au dernier moment, s'il le faut. Il me semble plus simple de regretter ce que j'ai écrit que ce que j'aurais dit. » le 5 mai 2018 à Montréal, Oyana découvre dans le journal la fin de l'E.T.A. La vie qu'elle a construite depuis vingt trois ans au Canada avec Xavier, médecin anesthésiste, vacille. Celle-ci est construite sur des mensonges. Oyana a fui la France et le pays Basque avec une nouvelle identité, elle s'est inventée un passé loin de ses racines, loin de la violence des attentats. Mais, la fin de l'E.T.A signifie pour elle un possible retour, la fin de sa fuite. Mais, au préalable, elle doit avouer à son compagnon qui elle est, ce qu'elle a fait et lui annoncer son départ.

J'ai découvert cet été la plume d'Eric Plamondon avec « Taqawan« , j'ai choisi de poursuivre ma découverte avec son dernier livre : « Oyana ». Les deux derniers romans de l'auteur québécois ont d'ailleurs beaucoup de points communs aussi bien sur le fond que sur la forme. « Taqawan » évoquait la volonté d'indépendance du Québec mais également celle de la tribu des indiens Mi'gmaq. Ici, il est question de celle des basques espagnols et français qui souhaiteraient la naissance d'un état regroupant leurs provinces. Comme dans « Taqawan », l'histoire qui nous est racontée, celle d'Oyana, est entrecoupée par des explications historiques. Ici, c'est le début des attentats de l'E.T.A qui nous est expliqué. Eric Plamondon rappelle la volonté de Franco de détruire toute velléité d'indépendance basque en attaquant certaines villes (Durango et Guernica), en interdisant la langue basque, en assassinant des milliers de personnes. L'E.T.A répliquera le 20 décembre 1973 avec l'attentat contre le premier ministre de Franco, Luis Carrero Blanco. Cette date est également la date de naissance d'Oyana, qui, sans le savoir, est inextricablement liée à cet événement et à la lutte indépendantiste basque. Malheureusement, la violence se poursuivra bien après la mort du dictateur espagnol.

« Taqawan » nous parlait de pêche au saumon, « Oyana » nous parle de pêche à la baleine. Les pêcheurs basques, voyant les baleines fuir leurs côtes, ont traversé l'Atlantique et ont découvert Terre-Neuve. L'histoire de ces pêcheurs tisse un lien entre les deux parties de la vie d'Oyana, elle rattache son passé à son présent. C'est le talent d'Eric Plamondon de réussir à entremêler différents fils narratifs, de mélanger récit et Histoire apportant ainsi plus de profondeur, de densité à ses intrigues.

« Oyana » est le deuxième roman d'Eric Plamondon que je lis. Comme « Taqawan », j'ai apprécié la construction mêlant Histoire et intrigue de manière fort judicieuse. J'ai néanmoins préféré ma première lecture dont l'originalité et la force du récit m'avaient totalement séduite.
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Le passé d'Oyana est celui de toute une nation : elle a connu de près l'ETA, fer de lance de la lutte armée pour l'indépendance du pays Basque ; elle a connu les attentats, les représailles et les non-dits qui fracturent des familles. Et comme des milliers de basques, Oyana a tout fait pour enterrer ce passé trop encombrant, jusqu'à la dissolution officielle du groupuscule en 2018. le poids des souvenirs va pourtant forcer la jeune femme, devenue canadienne d'adoption, à tout quitter pour retrouver son pays natal. Comme dans son précédent roman Taqawan, Eric Plamondon débrouille avec une grande dextérité l'écheveau des violences intimes et politiques. Econome et affûté, il expose, au travers de la psychologie cabossée de son héroïne, tout un pan de notre histoire contemporaine dans un récit ramassé et percutant qui embrasse trois décennies et deux continents.
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Une fois encore Eric Plamondon raconte une histoire forte dont on ne peut se défaire dès qu'on y a gouté. Cette fois, elle se déroule à 6000 km du Québec mais la Belle province est là malgré tout, nichée au coeur de l'histoire d'Oyana.

Oyana signifie bois, bosquet en basque. Et comme lui, elle est à la fois dure et flexible, forte et fragile. Dans une lettre qu'elle écrit à son compagnon de vingt ans, Xavier, Oyana se raconte. Son enfance au Pays basque, son souvenir le plus fort, celui d'un cachalot venu s'échouer sur la plage alors qu'elle n'a que 7 ans, les bains dans l'eau froide, le carnaval, ses études à Bordeaux, ses amis, un incident qui la bouleverse, l'ETA, les attentats qui ponctuent les années 70 et 80… Elle lui confie tout ce qu'il ignore, qu'elle lui a toujours caché et la raison de son mensonge. Vingt trois de vie heureuse mais bâtie sur du sable. Elle, la respectable compagne d'un anesthésiste réputé, a décidé de tout dire

Comme à son habitude, Eric Plamondon part d'un moment précis dans la vie de son personnage pour raconter peu à peu qui il est et pourquoi il en est là. Il élargit lentement son objectif et dézoome pour montrer les causes qui ont amené Oyana à faire des choix, spontanés ou imposés. Il ne cache rien de ses dilemmes, de ses hésitations, des sentiments contradictoires qui l'habitent au moment où elle écrit ou lors des choix qu'elle a posé dans sa vie. Au coeur du récit, il est donc question d'identité et de liberté mais aussi d'héritage. Notre identité nous appartient-elle en propre ou est-elle forgée à partir de notre histoire familiale, de nos origines, du destin

A travers le récit d'Oyana, on touche au coeur de l'Histoire du Pays basque, de ses traditions ancestrales qu'elles soient culinaires, folkloriques, spirituelles ou de la chasse à la baleine au large de Terre Neuve peuplée lentement par des Basques ayant émigrés là-bas. Et bien sûr la lutte pour l'indépendance, et la violence par laquelle passa l'ETA pour l'obtenir en dénonçant la répression franquiste. Et ça secoue

Avec efficacité, l'auteur nous offre un récit haletant et dynamique dans lequel on avance de révélation en révélation. Il nous parle d'engagement, de choix, d'identité et de lutte sans jamais porter de jugement sur ceux qui les prennent. Et quand on croit avoir compris où il nous mène, un retournement de situation vient nous prouver le contraire.

Je vous conseille vivement ce récit, beau et dur, non seulement pour les divers thèmes abordés et les questions qu'il soulève mais aussi pour la langue et le style d'Eric Plamondon. Sans fioriture, en cent cinquante pages à peine, il nous offre un récit puissant qui marque les esprits.
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A travers l'histoire d'Oyana, jeune basque qui a dû fuir son pays après une intervention pour le compte de l'ETA, Eric Plamandon alterne récit et narration épistolaire pour questionner notre identité profonde, notre rapport à l'histoire, au langage. Aussi, en remontant le cours des évènements, l'auteur interroge notre capacité à comprendre l'histoire collective et singulière, à conquérir une certaine indépendance, au-delà de tout propos idéologique.
Une lecture intense et profondément humaine.
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Avec Taqawan (Quidam éditeur 2018), Eric Plamondon a acquis une certaine notoriété dans le monde littéraire en obtenant, entre autre, de nombreuses récompenses dont celle du prix des chroniqueurs 2018 du festival Toulouse Polar du Sud alors que j'avais une préférence pour Les Mauvaises (La manufacture de livres 2018), de Séverine Chevalier qui figurait parmi les finalistes tout comme La Guerre Est Une Ruse (Agullo Noir 2018) de Frédéric Paulin. Un choix cornélien pour départager trois romans exceptionnels. En tant que jury, j'ai bien tenté d'influencer mes camarades, mais il faut bien admettre qu'il s'agissait d'une cause perdue tant le roman d'Eric Plamondon avait de quoi surprendre avec un angle narratif extrêmement original, sous forme vignettes déclinant contes, recettes culinaires et autres extraits historiques, nous permettant d'intégrer la culture amérindienne et plus particulièrement celle des tribus mig'maq sur fond d'intrigue policière en lien avec un trafic d'êtres humains. Toujours audacieux, l'auteur québécois, résidant depuis plusieurs années dans la région de Bordeaux, s'est penché avec son dernier livre intitulé Oyana, sur la culture du Pays basque avec en toile de fond l'annonce de la dissolution de l'organisation armée indépendantiste ETA qui aura des conséquences sur le destin de l'héroïne éponyme du récit.

Cela fait 23 ans qu'Oyana Etchebaster a disparu. Exilée au Mexique, sous une fausse identité, elle a rencontré et épousé Xavier Langlois, un médecin canadien, pour vivre désormais à Montréal où elle mène une vie plutôt terne et sans relief. Mais en prenant connaissance du communiqué de l'ETA annonçant sa dissolution, le passé refait surface. Et il est temps pour Oyana d'y faire face en retournant au Pays Basque qui l'a vue naître. Une quête d'identité au bout de laquelle il sera temps de tirer un trait sur les erreurs de jeunesse et assumer ses responsabilités en réparant tout le mal qui a été fait autrefois. Mais si l'ETA n'existe plus, les morts eux sont bien présents. Et peut-on s'affranchir de ceux qui ont disparus dans des circonstances terribles.

Il fallait bien la sensibilité d'un auteur comme Eric Plamondon pour aborder un sujet aussi délicat que l'indépendantisme du Pays basque dont on découvre les particularismes par le biais du même procédé narratif utilisé pour Taqawan. Des origines de la pêche à la baleine aux éléments de langage originaux, en évoquant bien évidemment les actions de la lutte armée de l'ETA, l'auteur parvient en quelques pages à saisir les contours d'un peuple veillant à conserver sa culture et ses traditions. Pour faire le lien avec ces différents éléments et pour en découvrir tous les aspects, c'est en s'adressant à son mari sous une forme épistolaire qu'Oyana va dévoiler peu à peu son destin en lien avec la cause basque qui l'a conduite à un exil de près de 23 ans.

Contrainte par les événements tragiques qui ont régit sa vie, Oyana évoque donc la perte d'identité, l'exil et cette velléité de reprendre le cours de son destin en dépit de la menace qui demeure latente. Dépourvu d'intrigue policière, le récit prend donc la forme d'un roman noir avec cette héroïne qui souhaite avant tout assumer ses actes. Prémisse de cette reprise en main, il y a tout d'abord ce détour au bord du fleuve Saint-Laurent pour prendre en photo les baleines, projet de jeunesse qui n'avait jamais abouti. La vision des cétacés qui renvoie aux souvenirs d'une jeunesse perdue où Oyana, juchée sur les épaules de son père, découvrait un cachalot échoué sur la plage devient l'écho de cette perte d'innocence devant la mort d'un animal, funeste prélude d'événements terribles qui vont heurter la conscience de la jeune femme qu'elle est devenue et qui trouverait une issue dans la vengeance de la lutte armée. Sans l'ombre d'un jugement, Eric Plamondon parvient à distiller toute la vacuité d'un tel engagement qui ne débouche finalement que sur des regrets au gré d'un texte subtil emprunt d'une sensibilité qui ne manquera pas de toucher le lecteur conquis d'avance par les entournures de ce retour prenant les aspects d'une fuite en avant, s'achevant sur un épilogue incertain.

Bref récit chargé d'émotions, évoquant la quête d'une identité perdue, Oyana devient un roman noir éblouissant qui met en lumière la richesse et l'intensité d'une héroïne superbe que l'on oubliera pas de sitôt, même une fois l'ouvrage terminé. Un grand moment de lecture.


Eric Plamondon : Oyana. Quidam éditeur 2019.

A lire en écoutant : Kozmic Blues de Janis Joplin. Album : I Got Dem Ol' Kozmic Blues Again Mama ! 1969 Colombia Records/CBS Records.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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J'avais vanté ici la beauté et l'originalité du génial Taqawan publié en 2017, déjà dans une édition sublime sortie de chez Quidam Éditeur.

Eric Plamondon récidive cette année, toujours dans une édition sublime sortie de chez Quidam Editeur, avec le très beau Oyana.

Mai 2018, à Montreal, une femme attend ses suhis à emporter en réfléchissant à la manière de ressouder son couple lorsque ses yeux se posent sur les pages d'un journal titrant: "ETA annonce sa dissolution".

A lecture de ces mots, la gentille épouse mexicaine d'un médecin québécois s'efface, et Oyana remonte à la surface d'elle-même.

Car depuis plus de 20 ans, Oyana vit cachée, elle a construit la vie d'une autre qui est pourtant la sienne, contrainte à l'exil, dépassée par le sens de l'Histoire.

ETA n'est plus, Oyana peut rentrer.

En réalité Oyana DOIT rentrer, sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir pour qui, sans trop savoir où.

Son pays basque l'appelle, c'est le chant des sirènes, ou des baleines.

Avant d'abandonner un peuple de baleiniers pour un autre, Oyana veut expliquer à Xavier, son époux, lui raconter, expier peut-être...

Mais comment fait-on pour raconter une vie de douleurs, d'oubli et de mensonge ?

"L'avantage de larguer les amarres, c'est la dérive"

Oyana, c'est un précisément le roman de la dérive, celle d'une femme qui ne sait plus qui elle est, celle d'un combat légitime qui devient terrorisme...

C'est un roman sur la question de l'identité, trop souvent simplifiée, réduite au seul sentiment d'appartenance.

Oyana est construit sur une succession de chapitres brefs: certains constituant l'intrigue principale, la longue lettre d'Oyana à son époux, interrompus par d'autres sans lien direct avec celle-ci, mais ayant trait à L Histoire dans laquelle elle se situe.

Ces ruptures de récit rappellent évidemment la construction de Taqawan, même si elle sont à mon sens ici moins pertinentes, moins signifiantes peut-être aussi.

Toujours aussi politique, Oyana est en revanche plus poétique, porté par une écriture sèche, parfois abrupte, qui fait mouche à chaque coup qu'elle porte.

152 pages qui passent en un instant, comme un voyage suspendu, vraiment, ce serait dommage de ne pas embarquer.
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