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EAN : 9782374910932
152 pages
Quidam (07/03/2019)
3.78/5   216 notes
Résumé :
« S’il est difficile de vivre, il est bien plus malaisé d’expliquer sa vie. »

Elle a fait de son existence une digue pour retenir le passé. Jusqu’à la rupture. Elle est née au pays Basque et a vieilli à Montréal. Un soir de mai 2018, le hasard la ramène brutalement en arrière. Sans savoir encore jusqu’où les mots la mèneront, elle écrit à l’homme de sa vie pour tenter de s'expliquer et qu'il puisse comprendre. Il y a des choix qui changent des vies. C... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (79) Voir plus Ajouter une critique
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Ils se sont rencontrés à Mexico et vivent depuis vingt-trois ans à Montréal. Lui est médecin, elle dit s'appeler Nahua Sanchez, être née en France et, orpheline, avoir été élevée par ses oncle et tante au Mexique. Pourtant, lorsque les media annoncent la dissolution de l'ETA en 2018, la digue construite par Oyana pour tenir éloigné son passé rompt brutalement : elle décide enfin d'affronter la culpabilité qui la ronge depuis près d'un quart de siècle, un secret qui la tient éloignée de son pays basque natal sous une fausse identité. Elle va d'abord tenter de s'expliquer, par écrit, à travers un récit à l'intention de son compagnon, avant d'entamer son retour, chez elle, en Euskadi, pour tenter d'y exorciser ses fantômes.


L'histoire que dévoile peu à peu Oyana est l'occasion d'intéressants et parfois étonnants rappels historiques, quasi documentaires, sur le nationalisme basque et le rôle de l'ETA, mais aussi sur les liens entre pays basque et Québec, initiés par une longue tradition de chasse à la baleine qui amena les Basques à s'établir parmi les premiers à Saint-Pierre-et-Miquelon, et entretenus plus tard par une fraternité indépendantiste. C'est tout l'attachement de l'auteur pour son pays natal, le Québec, et pour la région de Bordeaux où il vit maintenant, qui transparaît ici, dans une véritable ode à ces deux coins du monde où il fait voyager le lecteur.


L'installation de ce cadre s'accompagne de la montée d'une tension savamment entretenue, qui finit par rendre la lecture proprement haletante, jusqu'à un dénouement aussi inattendu que magistral. L'on en sort pantelant et admiratif, songeur quant à la violence de l'histoire politique du pays basque, à ce qui fait l'identité d'un peuple, aux différentes formes d'engagement pour faire évoluer une cause, à commencer par la guerre et le terrorisme, et, enfin, à l'impossibilité de réparer certaines erreurs.


Court et intense, ce texte aussi addictif qu'instructif réussit, en cent cinquante pages, à livrer une réflexion sensible et intelligente sur des sujets complexes. Sa mécanique implacable et bien huilée m'a laissée sonnée et éblouie. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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La lettre d'une épouse à son mari.
Une lettre en forme de journal intime où notre narratrice admet que tout était faux.

Une vie subie plus que vécue.
Il y a plus de vingt ans, Oyana a été complice de l'horreur. Contre sa volonté mais persuadée d'aller dans le bon sens, elle a participé à commettre l'irréparable.

Aujourd'hui, l' ETA vient d'annoncer sa dissolution et pour Oyana, c'est sa vie en suspens qui peut reprendre.

Faux nom, histoire familiale inventée, mariage d'amour mais de convenance et plus de vingt années qui passent dans un pays qui n'est pas le sien, dans le mensonge et les secrets.
Il est temps de tout avouer, à soi-même et aux autres, il est temps de rentrer et d'affronter son passé.
De ce père inconnu qu'elle a toujours rejeté elle en a finalement copié inconsciemment les erreurs. de ce père adoptif, elle a tiré l'amour de la mer et l'apprentissage de la mort.

Le pays basque, son ocean et ses montagnes, sont à eux seuls un personnage que l'on découvre à travers à travers les yeux d'Oyana durant sa jeunesse.
Un territoire épris d'indépendance, ancré dans ses terres avec ces bergers et pourtant fier de ses marins, de ses découvreurs de nouveaux territoires par delà les mers.

Une ode d'amour à cette terre, douce et tranquille, bariolée et colorée, vivante et puissante où la violence a pourtant régnée durant des décennies.

L'histoire d'une victime qui a commis le pire et qui a subi son exil forcé.
Un format original, une histoire triste et pleine d'ironie.
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En mai 2018, l'ETA, organisation séparatiste basque, annonce sa dissolution et la fin de la lutte armée. Pour Oyana, la nouvelle n'est pas forcément bonne. En tout cas, elle fait remonter d'un coup tout son passé à la surface. Car la vie d'Oyana semble indéfectiblement liée à l'ETA. La jeune femme est née le 20 décembre 1973, le jour où un attentat fracassant envoyait dans les nuages le Premier ministre de Franco, Luis Carrero Blanco. Un attentat dans lequel était impliqué le père d'Oyana. Mais celle-ci grandit insouciante, sans se préoccuper d'engagement politique ou de lutte nationaliste, jusqu'au jour où, à peine adulte, elle se trouve elle-même impliquée, bien malgré elle, dans un autre attentat, qui tua une mère et son jeune enfant. Sommée par l'organisation de disparaître, elle s'exile au Mexique, sous une fausse identité et un faux passé. C'est là qu'elle rencontre Xavier, un Québécois qui l'emmène dans sa Belle Province.
Mais ce soir de 2018, le sentiment de culpabilité d'Oyana resurgit, et avec lui tous les mensonges et les non-dits enfouis depuis 23 ans qu'elle vit avec Xavier à Montréal. Débordée par ses émotions, elle sent qu'elle doit prendre le large, retourner en France. Elle entreprend alors d'écrire une lettre de rupture à son compagnon, dans laquelle elle tente de s'expliquer sur son silence, son passé trop lourd, sa fuite.

"Oyana" adopte donc la forme épistolaire, mais pas uniquement, puisque le roman est entrecoupé de chapitres plus documentaires sur l'histoire de l'ETA. Avec simplicité, il pose des questions insolubles sur la culpabilité, l'engagement, la lâcheté, le hasard qui fait mal les choses, la légitimité de la violence née de l'injustice, le terrorisme séparatiste contre le terrorisme d'Etat, la lutte armée dans laquelle, à la fin, il n'y a que des victimes, des deux côtés.
Des thèmes très intéressants, mais le roman ne m'a pas convaincue pour autant. Je n'ai ressenti que peu d'empathie pour Oyana, et le virage pris vers le thriller dans les derniers chapitres ne m'a pas paru très vraisemblable. Et j'ai eu la drôle d'impression que l'auteur réadaptait à la sauce basque la formule qui avait si bien fonctionné avec "Taqawan" : avec le même type de construction éclatée, on remplace les saumons par les baleines, en y incrustant, non plus des informations et légendes sur le saumon, mais des passages historiques sur l'installation de pêcheurs basques au Québec quelques siècles plus tôt, ce qui permet de tracer un parallèle entre ces deux peuples frères en volonté indépendantiste, en y mêlant un épisode contemporain dramatique.
Intéressant et bien amené, donc, mais pour moi moins prenant et surprenant que "Taqawan".
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Ce que j'ai ressenti:
Et s'échouer sur la page…
Oyana se livre et se délivre pour écrire une lettre d'adieu à l'homme qui a partagé sa vie pendant plus de 23 ans. Entre roman épistolaire et documentaire , Eric Plamondon nous emmène dans les remous politiques de l'ETA et les eaux troubles du coeur d'une femme. de par sa forme originale, j'ai été surprise par cette proposition de roman, peut être encore plus intime que Taqawan avec cette femme qui cherche à trouver les mots pour raconter ce passé trop lourd, les fautes et les erreurs de jeunesse. Une femme déboussolée qui essaye de se pardonner un peu, sur le papier, afin d'apaiser la culpabilité mordante…

« J'ai simplement besoin de t'écrire, d'écrire, de parler avec quelqu'un. Maintenant que je t'ai quitté, il ne reste plus que toi. »

Vivre en apnée…
Suite à la dissolution de l'ETA, Oyana revient sur ses souvenirs, ses origines et cette partie sombre qui la lie à ce groupe révolutionnaire. Parler de terrorisme et d'idéologies, souffrir d'appartenance et de fuites, ressentir l'exil et les amours perdus…C'est très sensible de par son sujet, et aussi parce que c'est vécu de l'intérieur, par une femme qui s'est noyée dans un océan de remords…En apprenant cette nouvelle, Oyana ressent comme une puissante envie de remonter à la surface, de faire jaillir celle qui s'est cachée trop longtemps dans les profondeurs… Elle brûle d'un besoin de reprendre son souffle, quitte à se mettre à nue sur ses agissements…

« A chacune son séisme. »



Et voir, le cycle de la vie…
Ce qui est extraordinaire avec cet auteur, c'est qu'avec une simplicité étonnante mais une intelligence fine, il nous parle des tourments de la vie, de la douleur du deuil et de la beauté de la nature. J'adore sa manière de présenter ses sujets, avec des chapitres courts et intenses, certains instructifs et d'autres plus romancés. Avec Oyana, Eric Plamondon nous sensibilise sur un phénomène dramatique de l'environnement: la pêche et l'exploitation des cachalots. En faisant un parallèle avec la violence faite à ses animaux et ces actes de terrorismes, c'est toute une vague d'émotions qui viennent nous submerger. Un très joli moment de lecture!

« Il y a des moments dans la vie où la question du choix ne se pose pas. On ne choisit pas: on agit. »

Le petit plus: La couverture est superbe!



Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Oyana née en décembre 1973 dans le Pays basque pensait son passé derrière elle. Exilée au Canada, mariée avec un médecin depuis de nombreuses années…elle pensait avoir cloisonnée sa vie et pourtant en mai en 2018, tout remonte, elle ne peut plus rien garder, elle veut expliquer à cet homme qu'elle aime qui elle est vraiment et veut revenir à ses origines.
Livre lu dans le cadre du prix des lecteurs sélection 2021 (livre de poche) catégorie polar. Je ne suis pas d'accord avec la classification dans « polar », je dirais plutôt noir car on parler de secret, d'exil, d'ETA, cette organisation armée indépendantiste basque qui réalisait des attentats spectaculaires. L'originalité du livre est dans sa forme, son style, différent de ce que l'on peut voir habituellement. le personnage aurait du me toucher, me faire ressentir plus d'émotion mais j'ai eu une grande distance avec elle, du mal à m'accrocher pourtant le thème est très intéressant. Je ne serais pas vous dire pourquoi,…
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critiques presse (2)
LActualite
23 avril 2019
Après les ouvrages primés qu’ont été sa trilogie 1984 et Taqawan, l’auteur qui habite désormais en France nous offre une plongée dans le Pays basque avec son nouveau roman, Oyana.
Lire la critique sur le site : LActualite
Actualitte
07 mars 2019
Avec ce roman à l’os, sobre et singulier, Eric Plamondon nous offre l'histoire d'Oyana, une histoire de fuite contrariée, une histoire de mensonges et d’oubli impossible, d'où le passé émerge avec la violence d’une baleine surgie de la mer.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
J'ai erré dans la maison en me demandant ce que je pouvais emporter. J'ai photographié chaque pièce. J'ai choisi des vêtements : ma robe noire à pois blancs que tu aimes tant, mon pull en laine ramené de Calgary, mon manteau en cuir verte que tu m'avais acheté sur un coup de tête dans Kensignton Market. On était allés passer quelques jours à Toronto pour fêter nos dix ans. J'aurais pu prendre des CD mais ceux que j'aime sont déjà dans ma playlist : Bach, Sati, Tom Waits, Richard Desjardins, Brassens, la trame sonore de Broken Flowers, Janis Joplin, Gotan Project... J'ai quand même craqué pour le Stabat Mater de Vivaldi par Andreas choll et My World is Gone d'Otis Taylor. Par besoin de t'expliquer le pourquoi de ce titre. Côté bouquins, je me suis restreinte à trois. An Unfortunate Woman de Brautigan. Encore un signe ? La Femme aux lucioles de Jim Harrison et, parce que j'en ai tiré le début de cette confession, Alexis ou le traité du vain combat. J'ai aussi failli prendre La femme qui fuit mais je n'avais pas assez de place. Je te laisse mes Pléiades d'Hemingway, de Baudelaire et de Rabelais. J'emporte quelques bijoux.
C'est drôle de réaliser que, tout à coup au moment du départ, tant de choses auxquelles je croyais tenir m'apparaissent insignifiantes. Elles ne servaient qu'à consolider le château de cartes de ma vie.
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Je n'ai pas roulé très longtemps avant de me rendre compte que j'étais épuisée. A Sainte-Anne-de-Beaupré, je me suis décidée pour un motel de film américain, wifi gratuit, cuisinette et air climatisée. Le propriétaire m'a expliqué qu'il y avait de la place en masse à ce temps-ci de l'année. "Les touristes ont pas encore arsoud pis les skieurs ont paqueté leur gréement depuis un bout'." Le genre de personnage qui me rappelait que je n'étais pas née icitte. L'accent québécois n'avait plus de secret pour moi mais la langue des gens plus âgés me surprenait encore souvent. Ils avaient cette manière de dire comme s'il leur manquait des dents. Comme ton oncle qui imitait ton grand-père en sortant son dentier. A chaque fois un choc. C'était la première fois que je voyais quelqu'un se sortir les dents de la bouche. Tu m'avais expliqué qu'à une époque au Québec le dentier avait été très à la mode. Tu ironisais en ajoutant que c'était un autre élément qui faisait du Québec une société distincte.
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On avait fini par apprendre que la descente dans le bar était liée à un jeune recherché par la police depuis un attentat à Vittoria Gasteiz. La mort de Manex m'obligeait à m'interroger et à me rapprocher de ceux qui voulaient l'Indépendance. Je n'avais jamais compris où était le problème. Peut-être que mes ancêtres étaient basques et qu'on avait pêché la baleine et la morue et qu'on était de grands voyageurs, de grands navigateurs, peut-être que la langue basque était unique et que ses racines restaient un mystère, qu'on buvait du cidre, qu'on élevait des brebis, qu'on dansait en sautant, mais moi, j'étais née en France, j'avais suivi l'école en français, je venais d'avoir ma licence et je voulais voyager. Je n'avais jamais parlé basque à la maison avec mes parents. Pourquoi me serais-je mêlée de ces histoires d'indépendance ? Est-ce que la langue basque était en train de mourir ? Peut-être, peut-être pas, mais sinon à quoi servait-elle ? Pour moi, elle était le symbole d'un autre temps, d'une époque révolue, celui du clergé et de la religion régnant en maîtres sur les consciences. Je n'allais pas approuver les vieilles traditions de culs bénis pour le plaisir de faire partie de la bande.
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Elle sent son sexe qui pénètre dans son vagin. Il s'enfonce en elle. Son sexe est dur et lisse. Il entre dans son corps en cadence : et une, et deux, et trois, et quatre. Il serre ses fesses à deux mains pour aller un peu plus loin. Il lui mordille le cou, lui lèche les oreilles et enfonce sa langue dans la bouche. Leurs lèvres s'emmêlent. Elle lui prend aussi ses fesses pour l'encourager. Elle compte dans sa tête les coups : et un, et deux, et trois, et quatre. Elle sent son sexe, leurs sexes, l'afflux sanguin dans les zones érogènes, elle sent son poids sur elle, la sueur de plus en plus prégnante entre leurs deux corps. Elle serre les fesses et contracte les muscles de son vagin pour resserrer l'étreinte, qu'il vienne au plus vite, qu'il éjacule une bonne fois pour toutes et qu'on en finisse. Elle en a marre : et une et deux et trois et quatre. Elle l'encourage de quelques hummmm, haaahaaa, ouiiiiiiiii et enfin il crie haahaaaaah et elle sent le sperme chaud en elle qui bientôt coulera sur les draps. Il a joui, c'est fait. Elle est seule à savoir qu'entre eux c'est fini.
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N'importe qui pouvait être embarqué en pleine nuit par la police, enfermé pendant des jours et relâché sans autre explication, du seul fait de vivre au Pays Basque. On reprochait la violence de l'ETA alors qu'il n'y avait pas plus d'état de droit sous le gouvernement Gonzalez que sous celui de Franco. Des milliers de personnes étaient séquestrées arbitrairement. Julen rappelait le sort d'un autre Mikel que le mien, arrêté avec sa compagne et des amis dont lui lors d'un simple contrôle de routine. On les avait embarqués, torturés puis remis en liberté sans aucune charge d'accusation. Mikel, lui, n'était pas ressorti avec eux. D'après la Guardia Civil, il s'était échappé. On avait retrouvé son corps dans la Bidassoa vingt jours plus tard. Il était menotté les mains dans le dos. Julen affirmait que Mikel avait subi le supplice de la baignoire et que la police était allée trop loin. Julen connaissait d'autres noms, d'autres morts. Plus je l'écoutais, plus j'avais le sentiment qu'il s'adressait directement à moi, qu'il essayait de me convaincre, que son discours avait pour but de me rallier à la cause.
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Vidéo de Éric Plamondon
Alison, libraire du rayon Poche, présente Taqawan d'Eric Plamondon paru aux éditions Quidam.
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