La mer : Avenir de la Terre

Dans le cadre de l'opération « je me débarrasse mais si ça peut faire plaisir à quelqu'un… », je remercie la boite à livre de Port Louis pour avoir gardé précieusement jusqu'à ma visite, « La mer, avenir de la Terre ».
C'est ce qu'on appelle un beau livre avec au somMer, un Philip Plisson au sommet de son art. Chaque photo raconte une histoire, laisse deviner l'instant d'avant, imaginer celui d'après.
Il est accompagné de Christian Buchet qui par ses mots vient chanter la mer façon Gaby, le long de golfes pas toujours très clairs et d'Anne Jankéliowitch pour les contes et légendes de chaque photo.

« L'immensité liquide mouvante, éternellement changeante, exerce une incontrôlable fascination. Son rivage magnétise et hypnotise les hommes qui quotidiennement, vont constater sa couleur, son éclat, son intensité, son humeur. On va « voir la mer » comme on rend visite à un ami, à un parent, pour prendre de ses nouvelles, sentir son souffle depuis la côte. On y va pour contempler un visage perpétuellement différent, imprévisible. Sur tous les rivages du monde, au pied d'un phare, à l'extrémité d'une digue, au creux d'une dune ou au sommet d'une falaise, il y a toujours un regard tourné vers la mer ».
Voilà un exemple de ce qu'une photo de Ouessant inspire comme légende à Anne Jankéliowitch.
Des mots doux, il y en a par vagues. Et puis des maux durs. La mer souillée par nos modes de vie, par nos inconsciences, nos inconsistances.
Neuf chapitres se succèdent dans ce livre. Neuf ‘t'aime » où les photos de Plisson attestent les mots de Christian Buchet à moins que ça ne soit le contraire.
L'homme et la mer, La mer qui façonne la terre, La mer, berceau de la vie, Désir de rivage, besoin de mer, La mer menacée, La mer, sixième continent, La mer , clef de l'histoire, Avec le mer pour avenir, La mer en chiffre.

La mer dans tous ses états. Séductrice, ensorcelante, fascinante. La mer affriolante, berçante, rassurante, charmeuse, confidente, hypnotique qui se fait effrayante, colérique, envoutante, redoutable, inquiétante. Tant de « ique » ou de « able » pour la définir, tant de « ante » qui me hantent comme cet océan qui baigne mon quotidien.
Chaque photo est un chant d'amour, un flirt, un coup de foudre. Chaque instant fixé pour l'éternité est un appel à l'évasion, une invitation à aller voir derrière l'horizon.
Quel que soit le bord de cote baigné, quel que soit le bout de mer apprivoisé par l'image, chaque photo rappelle une balade en bord de mer, une promenade, un sentier côtier, une flânerie sur le sable, chaque page nous plonge dans le mystère des océans, la féérie des vagues et les incantations des vents.
Une page me renvoie à la balade d'hier après midi avec la bretonne entre Gâvres et Etel, la marée descendante, le crachin mêlé aux embruns, les empreintes de pas tatouées sur le sable mouillé jusqu'à la prochaine vague qui viendra y déposer sa dentelle. Et me reviennent les odeurs d'algues et d'iode, unies pour l'éternité, ces parfums d'ailleurs confiés par une onde venue s'échouer à mes pieds, ah ces senteurs d'hier, elles sont là, sous mes yeux. Tout comme ces brumes de vague, ces gris lumineux et cet improbable rayon de soleil venu de nulle part, cuivrant les sommets de flots d'or et d'argent. Quelle richesse que ce spectacle.
Voilà un exemple de ce que j'ai pu trouver dans ce livre, mes balades d'hier et de demain.
A chacun ses rêves. Si les miens me mènent plus vers la pluie le gris et l'océan en furie, des atmosphères que je trouve vivantes et plus profondes que d'autres, plus chaudes qu'elles ne paraissent, les amateurs de soleil, de sable chaud, de cocotiers rencontreront aussi les leurs.
D'où qu'elle soit, la mer est toujours exceptionnellement belle, peu importe son humeur.
Pour ce qui est des textes, disons qu'ils parlent de nous, de l'homme et de son histoire, du rapport homme mer, ce duo indissociable pour l'humanité mais dont la mer pourrait fort bien se passer.
La mer veille sur l'humanité et m'émerveille (étant un peu intime avec elle, j'aurais bien tenté un mémère veille mais je la respecte trop) chaque jour un peu plus.
Le poids des mots, le choc des photos. Un slogan qui irait bien aussi à chaque livre de Plisson.