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Critique de Lamifranz


Les « Nouvelles histoires extraordinaires » sont la troisième contribution de Baudelaire à la diffusion en France des oeuvres d'Edgar Allan Poe, après « le corbeau » (1856) et « Histoires extraordinaires (1856)
« Histoires extraordinaires », destiné à présenter Edgar Poe aux lecteurs français, présentait un large éventail des genres utilisés par l'auteur américain : le récit policier à énigme (« Double assassinat dans la rue Morgue », « La lettre volée ») le récit fantastique (« Metzengerstein », « Ligeia »), le récit d'horreur (« Morella »), le récit de science-fiction (« Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall ») le récit d'aventure (« le Scarabée d'or »), etc.
Les « Nouvelles histoires extraordinaires », en revanche, se cantonnent en grande partie dans le domaine du fantastique, voire de l'horreur. Et reconnaissons-le, c'est très efficace. Prenez « le Chat noir » par exemple. C'est l'histoire d'un brave homme, avec une brave femme et un brave chat… mais à la fin du récit vous avez les cheveux qui se dressent sur la tête, comme si vous aviez mis les doigts dans une prise… Bon, ce n'est pas toujours comme ça, prenez « William Wilson », vous n'aurez qu'une coulée de sueur glacée dans le dos… Prenez « La Chute de la maison Usher », « le puits et le pendule », « le Masque de la mort rouge » ou toute autre histoire, vous en serez quitte pour trois ou quatre nuits d'insomnie, on n'en meurt pas… (enfin, j'espère).
Le style est impeccable : hautement suggestif, évocateur (plus qu'on ne le souhaiterait peut-être), apte à faire naître en vous les terreurs les plus profondes, les plus incontrôlables, les plus irraisonnées. le problème c'est qu'on ne sait pas s'il faut l'attribuer à Edgar Poe ou à son traducteur Charles Baudelaire. Ces deux-là, c'est un fait unique dans la littérature, sont en véritable osmose, comme si c'était un même esprit (un peu torturé, il faut l'avouer) en deux personnes. Et pourtant, ils ne se connaissaient pas ! ils ne se sont jamais vus ! encore plus fort, Edgar est mort en 1849, à peine un an après que Baudelaire se mette en tête de traduire son oeuvre pour les lecteurs français (et les lectrices françaises, mais elles ne devaient pas être nombreuses à lire ce genre de choses… quoique…) ce qu'il fera pendant dix ans.
Le fantastique d'Edgar Poe est tout à fait innovant : issu du gothique qui faisait rage en Angleterre à la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème siècle, il s'est nourri des fantasmes de l'auteur, de ses obsessions, de ses convictions également dans une littérature où les errances de l'esprit auraient leur place (l'alcool et l'opium n'étant pas pour rien dans ces convictions). Poe comme Baudelaire célèbrent une esthétique du macabre, une séduction de la mort, une apologie de l'étrange, de l'insolite, de l'anormal… Avec Nathaniel Hawthorne, il est l'ancêtre direct de Howard Philip Lovecraft, et après lui des grands spécialistes de l'horreur que sont Stephen King, Dean Koontz ou Graham Masterson.
Quand on pense aux écrivains américains, on se réfère surtout aux contemporains, ou bien à la « génération perdue », il ne faut pas oublier ces géants qui ont créé la littérature américaine : Washington Irving, Fenimore Cooper, Nathaniel Hawthorne ou Herman Melville… et Edgar Poe.
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