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3,78

sur 510 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"S'il te bat, c'est qu'il t'aime"

Russie, été 2018. Trois soeurs victimes de violences domestiques tuent leur père. Parricide ou légitime défense ? Syndrome d'abus, stress post-traumatique…. Des mois de procédures face à des valeurs patriarcales autoritaires installées depuis des siècles et où la prison se révèle mieux que de continuer la vie avec un tyran intouchable….

C'est ce dont Laura Paggioli veut témoigner, romançant les faits à rebours, alternant avec son vécu personnel des violences intrafamiliales banalisées dans ce pays où les soutiens sont rares. Les constatations sont édifiantes et l'auteur partage pleinement cette ambivalence entre l'amour pour un pays et l'emprisonnement dans la violence de coupables impunis. le confinement n'a pas arrangé la situation de la liberté des femmes.

Premier roman brillant et saisissant.

« Ce qui se passait au sein des foyers devait y rester, nombreux Russes le pensaient… »
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Bien que j'ai totalement adoré ce livre, j'avais pas spécialement prévu de le chroniquer.
Sauf que comme je le fais de temps en temps, surtout sur des livres forts, je suis allée voir les critiques et là, j'ai lu des critiques qui parfois m'ont fait hallucinées.

Contrairement à ce qu'on peut lire dans certaines critiques, Laura Poggioli n'a pas "profité" de l'affaire des 3soeurs pour parler d'elle.
Au contraire c'est son vécu, son passé difficile et son amour de la Russie, qui fait qu'elle nous parle de cette histoire.
Parce que sincèrement, qui connaissait cette histoire ?!
C'est un système qu'elle raconte, qu'elle dénonce. Une violence devenue tellement banale qu'elle ressemble presque à une coutume.

Laura Poggioli, merci pour votre livre, merci de vous être livrée, merci d'avoir parlé de ce sujet, de ces 3 Soeurs
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Moscou, 2019 : trois soeurs sont assises le long du mur à côté du cadavre de leur père. Depuis des années, il s'en prenait à elles, les insultait, les frappait, les violait la nuit, le jour. Laura Pioggioli retrace la genèse de ce fait divers exceptionnellement médiatisé en Russie, un crime emblématique d'une violence domestique impunie. Car les lois du pays considèrent que les hommes ont le droit de faire ce qu'ils veulent à leur domicile une fois la porte fermée. Ce roman - ce n'est pas seulement la retranscription du crime mais aussi l'histoire d'une jeune française qui part vivre à Moscou et tombe amoureuse du pays, de la sonorité de la langue et de Mitia, son grand amour qui, très vite, lui donne des coups- est une immersion dans un monde gouverné par des hommes qui aiment dominer.
Les chiffres sont effroyables : 12 000 femmes russes meurent chaque année sous les coups de leur conjoint. J'ai découvert - effarée- le calvaire des soeurs Katchatourian et la situation désespérée des femmes russes victimes de violences conjugales. Glaçant.
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« La rapidité avec laquelle les médias russes ont repris le titre de la pièce de Tchekhov pour parler des trois soeurs Khatchatourian prouve que leur histoire dépasse de loin le fait divers: elle donne à voir la société russe du début du XXIe siècle, les failles de ses lois, de sa police, de son système juridique. L'affaire questionne la place des femmes et continuera, je l'espère, à la transformer. »

Trois soeurs, Laura Poggioli @laurapoggioli_ @ed_iconoclaste

Ce roman relate l'histoire vraie de ces trois soeurs russes qui ont assassiné leur père en 2018, après de trop nombreuses années de violence physique et psychologique, mais aussi d'abus sexuels…

« Dix ans de coups, quatorze ans de harcèlement… Quand il a expulsé maman, il y a trois ans, tout est devenu plus terrible encore, il nous donnait des ordres, il nous empêchait d'aller à l'école. Il prenait des comprimés psychotropes et il devenait de plus en plus agressif. Trois jours avant ce qui s'est passé, il était à l'hôpital psychiatrique, il était resté là-bas presque un mois. »

Au-delà de l'histoire terrible de ces jeunes filles, l'autrice aborde aussi son expérience personnelle à Moscou, la relation qu'elle y a vécue avec un jeune Russe lorsqu'elle était étudiante…

« Mitia me volait, me mentait, me tapait, et moi je restais. J'étais sûre qu'il allait changer, redevenir mon prince russe, mon ange blond, je ne pouvais pas m'être trompée. Ses insultes résonnaient, je les entendais, je les comprenais… »

Ce qui m'a le plus frappée, au-delà du sort tragique des trois soeurs, c'est le traitement réservé aux femmes en Russie, respectées dans la sphère publique mais trop souvent maltraitées, bafouées, asservies dans la cellule familiale!

« Dans cette Russie où j'habitais alors, la sécurité que je ressentais dans l'espace public différait en tout point de la violence que je vivais de plus en plus souvent avec le garçon que j'aimais. On ne parlait pas de ce qui se passait au sein du foyer une fois les portes de l'appartement refermées, il existait une frontière étanche entre la sphère familiale, où les violences étaient communes, et l'espace public au sein duquel les femmes n'étaient que peu agressées. »

Bien sûr les différences d'une culture peuvent nous choquer à l'aune de nos références et des normes qui sont les nôtres, mais la normalisation d'une certaine forme de violence peut nous paraître à nous, Européennes, par trop déplacée!

« En Russie, il y avait ce proverbe qui disait « Biot - znatchit lioubit - s'il te bat, c'est qu'il t'aime. » et les proverbes, c'est comme le passé: quand on ne sait plus où on va, on s'y agrippe pour se persuader qu'on est du bon côté. »

Ce roman est bouleversant, tant au niveau du récit qu'au niveau de la mise en lumière d'une culture qui doit encore faire du chemin au niveaux du respect des femmes.

« « Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse l'est à sa façon. » Je connaissais la phrase liminaire d'Ana Karenine par coeur depuis l'adolescence mais j'en mesurais maintenant la portée. »
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Un roman poignant ♥️
Immersion dans un fait divers en plein coeur de la Russie, de cette Russie où la corruption et le patriarcat sont à l'honneur. Une Russie menée par des idées complotistes et un certain autocentrisme, voire un repli sur soi.
Trois soeurs : Kristina, Angelina et Maria.
27 juillet 2018, elles ont 19,18 et 17 ans.
Elles ont toutes les trois tué leur père, Mikhaïl Sergueievitch Khatchatourian.
27 juillet 2018, elles ont mis fin à des années de violences, d'humiliations, de coups, de viols… Elles ont mis fin à tous ces cris silencieux, à tous ces appels à l'aide que personne n'a voulu entendre…

Elles ont tué leur père.

Que vont-elles devenir dans ce pays où dès l'enfance, on te dit : « s'il te bat, c'est qu'il t'aime »… ?

J'ai beaucoup aimé ce roman, cette histoire aussi grave qu'émouvante, cette immersion dans la culture russe, parfois antinomique où la femme est plus en sécurité dans la rue que chez elle… Ç'aurait pu être un immense coup de coeur, mais j'ai beaucoup moins apprécié le parallèle que fait l'autrice avec sa propre vie… pour moi, l'historie des trois soeurs se suffisait à elle-même…
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Récit coup de poing qui révèle une société russe dans sa complexité à travers un fait divers tragique.

Laura Poggioli, d'origine italienne, nourrie par la littérature russe depuis le lycée, a poursuivi des études à Sciences Po durant lesquelles elle a pu séjourner plusieurs fois à Moscou. Elle nous propose son premier roman avec «  trois soeurs ».

Le premier chapitre glaçant nous plonge dans l'horreur des violences familiales à Moscou en 2018 : trois soeurs Krestina, Angelina et Maria, âgées de dix sept à dix neuf ans sont prostrées devant le cadavre de leur père Mikhaêl, qu'elles viennent d'assassiner.
L'auteur est interpellée par cette affaire qui déchaîne la presse moscovite et ses habitants, les uns soutenant les filles et les autres les accusant. Elle décrit les faits précisément et déroule la vie de cette famille en remontant onze années en arrière pour tenter d'expliquer le geste des filles.
En parallèle, les souvenirs de ses séjours à Moscou remontent, en particulier son aventure amoureuse conflictuelle avec Mitia, jeune sibérien au caractère changeant exprimant aussi bien une grande tendresse que de la violence pure.

L'auteur utilise ce faits divers , hélas peu isolé, pour décrire une société russe qui ne prend aucunes mesures pour protéger les femmes contre les violences conjugales .Un proverbe russe en témoigne aisément : «  s'il te bat, c'est qu'il t'aime ». Tous les voisins de la famille, les enseignants, la police étaient au courant de la violence de ce père mais personne n'a levé le petit doigt considérant que ce sont des problèmes privés . C'est une société mystérieuse ou les hommes sont courtois dans la rue mais deviennent des bourreaux dans leur intimité familiale.
Le traitement de cette affaire criminelle démontre les failles de la justice, de la police et des représentants religieux avec l'appui de l'état qui venait d'adopter une nouvelle loi, dite «  loi des gifles » dépénalisant les violences conjugales ! Toute structure en aide pour les femmes est interdite par l'état et chaque femme qui porte plainte est accusée d'être mauvaise mère ou épouse.
On perçoit néammoins l'attachement de Laura Poggioli pour cette Russie à travers son amie Marina, la beauté de Moscou , ses hivers lumineux, ses écrivains et sa culture, comme à la pièce de Tchekhov ; «  les trois soeurs ».
Elle mêle avec justesse la destinée de ces trois soeurs si attachantes avec son propre récit de jeunesse , essayant de comprendre l'emprise subie par son compagnon violent de l'époque, en intégrant des recherches journalistiques précises .
Premier roman bouleversant et indispensable .








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