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3,78

sur 505 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman est celui de toute l'horreur des lois russes en matière de violences conjugales. En effet, durant les années 2000, le système législatif russe a grandement facilité la perpétration de violences à l'égard des femmes en rendant en quelque sorte « légal » le fait de lever la main sur sa compagne, de la battre, voire même de la tuer.

Avec un compte à rebours de 11 ans, c'est une véritable plongée dans la société russe que nous emmène faire l'autrice, Laura Poggioli, ayant elle-même habité ce pays, qui occupe encore plus une place prépondérante sur le devant de la scène internationale depuis février 2022.

Dans un pays où l'un des dictons dit « s'il te bat, c'est qu'il t'aime », l'homme occupe une place centrale dans le couple, dans la famille, dans la société. Les femmes ne sont guère que des êtres inférieurs où leur parole n'est que peu entendue. Alors qu'en Europe, nous entendons déjà quotidiennement que trop de féminicides ou de cas de violences domestiques, pas un jour ne passe en Russie où des femmes en sont encore plus sujettes.

Associant son vécu personnel d'un pays qu'elle connait bien (mais surtout victime d'un compagnon violent) à celui des soeurs Khatchatourian, l'autrice nous conte ce soir du 27 juillet 2018, où les 3 soeurs n'ont eu d'autre choix que de tuer leur père après avoir été victimes de violences physiques, sexuelles et psychologiques durant de très longues années.

Ce terrible fait divers a ouvert les yeux et conscientiser de nombreux russes. Il a, par ailleurs, provoqué un soulèvement de la société contre un système légal bien trop laxiste. Abordé comme une enquête journalistique, ce thème central est finement travaillé et bien documenté.

J'ai beaucoup apprécié ce livre malgré la dureté de ce qui est rapporté. Pour ma part, il s'agit d'un livre déjà très réussi pour un premier roman. A aucun moment, je n'ai trouvé certaines petites anicroches qu'il aurait été en quelque sorte normal d'y constater au fil des pages. Il est à la fois porté par une plume déjà bien aboutie ainsi que par une force incroyable du fait de la touche intimiste issue de l'histoire personnelle de l'autrice. J'espère très fort que le talent de Laura Poggioli pourra se confirmer aux travers d'autres écrits.

Je vous le conseille vivement et il est certain qu'il est un des livres marquants de 2022.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Je remercie les Editions L'Iconoclaste, pour leur confiance à mon égard.
Un roman révoltant, impensable, une histoire bouleversante sur les conditions des femmes en Russie. le courage de trois soeurs de tuer sauvagement leur père, , mettre fin aux violences, aux viols, , leurs conditions de vies misérables, des humiliations quotidiennes. La culture soviétique est loin de notre vie , de nos moeurs occidentales, les femmes jouent un rôle important autant que les hommes, les violences conjugales ou autres sont répressifs d'incarcération.
En Russie la violence n' est pas reconnu ,rien ni personne peuvent revendiquer ces actes barbares., une véritable remise en question ,sur la condition féministe. Ces trois soeurs ont voulu se libérer du fardeau de leur tortionnaire, leur père qui leur faisait subir des horreurs depuis des années, tout le monde le savait, tout le monde se taisait, c'était tout à fait banal cela fait parti des gènes , d'une normalité, dans ce pays sectaire.
L'auteure nous montre comment ces femmes sont détruites psychologiquement et physiquement. Elles vivent dans une incompréhension totale.
Ce livre est un documentaire, un témoignage, pour moi, la réalité prend le dessus de la fiction. La plume de l'auteure est percutante, violente. La lecture est captivante malgré la brutalité , la douleur du sujet..
Un livre écrit avec justesse sans filtres.
Un livre poignant, qui nous met dans le questionnement
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C'est un premier roman impressionnant que propose Laura Poggioli. J'ai déjà eu l'occasion de dire que j'aimais beaucoup les choix de publications des éditions de l'Iconoclaste et c'est le cas une fois de plus.
J'ai été bouleversée par ce livre très bien construit qui dénonce les violences domestiques et surtout l'impunité des coupables de ces atrocités en Russie.
Laura Poggioli base son roman sur une histoire vraie, l'affaire des trois soeurs Khatchatourian, Krestina, Angelina et Maria, âgées respectivement de 19, 18 et 17 ans en 2018. On sait dès le début qu'elles ont tué leur père. Au fur et à mesure on va apprendre pourquoi ce patricide mais pas comment elles ont fait. On le saura à la fin, ce qui fait monter la tension.
Il faut avoir le coeur accroché pour lire tout ce qu'elles ont subi ainsi que leur mère, les douleurs physiques et psychiques infligées par le père depuis l'enfance.
Ce qui est terrible c'est la violence institutionnalisée dans la Russie du 21ème siècle car les plaintes et les témoins sont nombreux mais la police ne fait rien et ne veut rien savoir parce que cela se passe à l'intérieur du foyer.
Laura Poggioli rend son roman passionnant en faisant un parallèle avec sa propre histoire, son rapport à la Russie où elle a séjourné durant ses études et où elle a des attaches. Très amoureuse d'un jeune russe brillant, elle a subi des humiliations et même des coups mais n'a jamais rien dit. Aujourd'hui, cela la renvoie à des secrets de famille et à sa prise de conscience du fait que les violences domestiques sont un fléau souvent passé sous silence et même si les choses ont évolué aujourd'hui avec le mouvement #MeToo, ce n'est pas le cas partout.
Ce qu'il faut signaler également c'est sa tentative d'expliquer le retard de la Russie dans ce domaine, même si je ne partage pas entièrement ses conclusions liées à l'histoire du pays et au stalinisme, une Russie dans laquelle il n'y a pas ou peu de violence dans l'espace public et une frontière étanche avec la sphère familiale où les violences sont communes.
J'ai beaucoup aimé la façon dont l'autrice remonte le temps pour raconter ces histoires croisées et la qualité de l'écriture surtout pour un premier roman.
J'ai lu ce livre en avant-première en tant que jury du 21ème Prix du roman Fnac pour la rentrée littéraire 2022 et je suis enchantée de cette découverte.

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Ce livre n'est pas un roman, moins encore comme j'ai pu le lire, « Un éloge à la culture russe ».
Non ! Ce livre raconte, d'une écriture très fluide, un fait divers terrible qui s'est passé en 2018 en Russie.
Une sordide affaire de violence domestique et de meurtre, qui fera ressurgir violemment du coeur de l'auteure, des souvenirs qu'elle avait enfoui au plus profond d'elle.
*

Laura Poggioli avec une grande sensibilité et une grande finesse, m'a fait pénétrer dans deux intimités, la sienne et celle de la famille Khatchatourian et son malheur.

L'auteure lève un pan de voile pudique sur sa vie d'étudiante et nous fait découvrir des facettes de la société russe, celle où elle a vécu lorsqu'elle est arrivée dans ce grand pays.
Une Russie si différente de la France, marquée par des décennies de communisme et de totalitarisme. Profondément blessée dans l'âme, par le souvenir transgénérationnel des répressions, des grandes terreurs, des dénonciations, des purges et des goulags staliniens dont des millions de patriotes furent les victimes.
Une Russie qui pensait avoir perdu sa dignité dans les errances des années Eltsine.
Une Russie qui rejetait en bloc toutes références, tous exemples qui venaient des pays occidentaux.
Une Russie qui gardait sa culture patriarcale toute puissante, en défendant ses valeurs traditionnelles et une vision très rigoriste de la famille.
*

Nous sommes en 2002, Laura Poggioli à 17 ans, elle est belle, elle est heureuse, lorsqu'elle débarque chez sa correspondante Alina, pour s'installer comme étudiante à Moscou.
Laura Poggioli a étudié la langue russe, elle aime ce pays et sa culture bien particulière.
Avec le temps, elle se fera des amis et rencontrera Mitia, un étudiant venu de Sibérie dont elle tombera amoureuse.

Mais le prince russe, doux et blond, comme le nommera Laura Poggioli dans son livre, montrera bientôt son vrai visage. Celui d'un jeune homme frustré, envieux, jaloux et colérique. Un méchant manipulateur qui lui fera subir des violences, des humiliations, des offenses, des vexations.
*

C'est en 2019 lorsque l'auteure retourne en Russie, qu'elle découvre la triste affaire des trois soeurs Khatchatourian qui ont tué leur père l'année précédente.
Laura Poggioli va alors très vite s'intéresser à ce meurtre et essayer de comprendre qu'elles étaient les raisons pour que ces trois soeurs soient passées à l'acte.

Et c'est par cette enquête, que l'auteure verra son passé refaire surface, ravivant brutalement cette liaison houleuse, nocive et violente qu'elle avait eu avec Mitia, sept ans plus tôt.
Laura Poggioli découvrira avec stupeur et effroi, l'enfer que Mikhail Khatchatourian, un père alcoolique, inactif et colérique, a fait subir à sa femme mais aussi à ses filles.

Ce monstre qui avait même séjourné dans un hôpital psychiatrique, se montrait en public comme une personne pieuse, un père respectueux et un mari aimant.
Mais derrière cette façade mesquine se cachait un bourreau impitoyable qui a fait vivre à ses trois filles, des années d'inceste, d'humiliations, de tortures physiques et morales.

Tout le monde savait mais se taisait. C'était dans la culture russe que les familles règlent leurs problèmes entre membres et évitent de laver leur linge sale sur la place publique.
*

Le procès de Krestina, Angelina et Maria Khatchatourian suscita beaucoup de polémiques.
Le meurtre des trois soeurs était devenu pour certaines rares associations, le symbole de la lutte contre la violence faite aux femmes. Il faisait débat.
Pour beaucoup de russes, c'était les soeurs les seules coupables, à une époque où les violences domestiques avaient été dépénalisées en 2017, pour disait-on en Russie, la stabilité des familles et de la société.
*

Le livre en double récits de Laura Poggioli m'a bouleversé par sa propre histoire et m'a touché sur la complexité sociétale de la Russie contemporaine.
L'auteure a démontré entre autres, la place très restreinte qui était donnée aux femmes dans la société russe. L'auteure a également pointé le rapport de l'intimité où beaucoup de familles entières vivent dans une seule pièce, en asphyxie, dans des appartements communautaires.
Chacune et chacun cherchant sa place, un peu de son privé et de son espace.
*

Un énorme merci Laura Poggioli que j'ai rencontré au festival Clameur(s) à Dijon et à l'occasion de cette rencontre littéraire, très intéressante.
Et merci pour sa grande gentillesse, pour notre échange et pour sa dédicace.
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Elles sont trois, elles ont de 17 à 19 ans, elles sont soeurs, ce sont les filles de Mikhaïl Khatchatourian. Lorsque la police arrive, Krestina, Angelina et Maria se tiennent près du cadavre de leur père sur le palier qui mène à leur appartement. Accident ou assassinat, aucun doute n'est permis puisqu'elles expliquent rapidement les événements qui ont précédé le décès du bourreau.

Lorsque leur mère Aurelia rencontre Mikaël elle a 17 ans à peine. Plus âgé, plus affirmé, sûr de lui et de son pouvoir d'homme, mais déjà violent, celui qui la viole dans les toilettes du bar où ils se rencontrent sera le père de ses quatre enfants. Un fils et trois filles plus tard, celle qui subit quotidiennement des violences physiques et psychologiques de cet homme à qui personne ne résiste doit quitter le foyer. C'est une question de vie ou de mort.

A compter de ce jour, et même si c'était déjà le cas avant, Krestina, Angelina et Maria sont à la merci de Mikhaïl. Violence, tortures psychologiques, privations, viols, tout lui est permis, puisque ce sont ses filles, elles lui appartiennent. Et la famille paternelle entre dans le jeu pervers des violences et du silence. Et même si des déclarations ont été faites auprès des autorités ou de la police, en Russie ce qu'il se passe dans la famille doit rester secret et se régler en famille. Personne jamais ne prendra soin de ces trois jeunes femmes. Quand on sait qu'une loi a été promulguée qui permet d'arrêter et de punir toute femme qui se plaindrait de violence intra-familliale on peut s'interroger sur la valeur de la vie d'une femme ou d'une fille dans ce pays.

Laura Poggioli alterne le récit de ce drame familial avec sa propre expérience. Amoureuse de la Russie, elle y a passé de nombreuses années. Étudiante étrangère, elle y a rencontré Mitia. Amoureux prévenant et attentionné au début de leur relation, il est rapidement devenu violent, exerçant sur elle un harcèlement destructeur auquel elle s'est soumise pendant des années.

C'est cette réflexion sur sa propre soumission et l'acceptation de ces relations qui émaille le récit autour des trois soeurs.

chronique complète à lire sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/11/17/trois-soeurs-laura-poggioli/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Attention ! Claque littéraire !

Un premier roman indispensable, à lire de toute urgence !

C'est un docu-roman se basant sur un fait divers qui a secoué la société russe et son histoire personnelle, que nous propose Laura Poggioli. Un portrait saisissant de la situation en Russie.
Un livre qui permet de comprendre ce qui se passe réellement en Russie concernant l'attitude de Poutine et des dirigeants russes par rapport au sort des femmes vivant pour la majorité la violence conjugale et familiale.

C'est un récit dur, difficile mais tellement essentiel !

Le 22/07/2018, les trois soeurs Khatchatourian - Krestina 19 ans, Angelina 18 et Maria 17 - tuent leur
père Mikhaïl. Ce parricide est devenu le symbole de la violence domestique en Russie.

En effet, il faut savoir qu'en Russie, la violence domestique - sujet tabou - a été dépénalisée, si une femme demande de l'aide auprès de la police, on lui répond que l'on ne peut rien faire ! mais qu'on enverra une équipe sur place si elle meurt ! C'est vraiment interpellant, révoltant ! Aucune structure n'existe pour les femmes victimes de violence et l'auteur des faits sera soumis au pire à une amende administrative en cas de récidive ! A vomir !

Un proverbe russe ne dit-il pas "Biot znatchitlioubit " 'S'il te bat, c'est qu'il t'aime ! '

Stupéfiant non !

L'originalité de ce roman est que Laura Poggioli reconstitue la vie des trois soeurs et ce qui les a conduites à ce parricide en parallèle à son histoire et l'effet cathartique que l'affaire Khatchatourian aura eu sur le peuple russe mais aussi pour l'autrice qui se libère de son rapport aux hommes.

Laura a étudié le russe, a vécu dix-huit mois en Russie un pays et une culture qu'elle a aimés, elle y a rencontré Mitia, un amour toxique.

On remonte le temps pour comprendre la réalité, le quotidien des violences psychologiques, verbales, physiques et sexuelles vécues par les victimes que la société russe présente toujours comme coupables.
Aucune structure n'existe pour les femmes et familles victimes de violence, aucune loi n'est mise en place, même aujourd'hui Poutine ne veut changer d'attitude estimant que l'on ne peut rien faire à l'intérieur des foyers, que ce serait contraire à la culture du pays !

Laura nous interroge sur les héritages culturels, familiaux, sur l'influence des secrets familiaux que l'on porte en soi. Elle nous raconte la Russie, sa différence de culture, la corruption, la vision des choses par rapport au mouvement #metoo, à la libération de la parole. Il y a des contradictions énormes dans ce pays comme par exemple le fait de se sentir complètement en sécurité dans la rue et ce déferlement de violences habituelles, une fois la porte refermée.

Elle nous parle aussi de son amour pour la littérature et les autrices russes qu'elle affectionne comme Anna Akmatova, Marina Tsvetaïeva et d'autres.

L'écriture est d'une grande justesse. C'est bien construit. C'est parfois dur à lire car la réalité dépasse la fiction. Il y a encore tant de choses à lire, un livre qui marque, le plus simple pour vous est de le découvrir d'urgence.

Un livre indispensable dont on parlera beaucoup à cette rentrée.

Un coup de ♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Deux histoires.

Celle de l'auteure, qui pour être acceptée dans un lycée « à la ville », avait en fin de Troisième opté pour une LV3 russe.
S'ensuivirent un voyage scolaire, dix-huit mois d' «immersion totale » à Moscou et de nombreux séjours.
Des ami(e)s russes et un petit ami russe, Mitia, possessif et violent. Mais Laura ne bronchait pas. « S'il te bat c'est qu'il t'aime », dit un proverbe russe.

Et l'histoire des trois soeurs Khatchatourian, Maria, Angelina et Krestina, qui aux âges de 17, 18 et 19 ans, assassinèrent leur père de sang froid, le 27 juillet 2018.
Mikhaïl Khatchatourian baignait dans divers trafics. Grâce à ses amis influents, il se croyait intouchable.
Mikhaïl Khatchatourian n'avait de cesse de rabaisser et violenter sa jeune épouse Aurelia, qui craignant pour sa vie avait fui le domicile conjugal.
Mikhaïl avait alors reporté sa haine et sa soif de domination sur ses filles.
Maltraitance. Humiliation. Abus sexuels.
Jusqu'au point de non retour…

Laura Poggioli a enquêté sur ce sordide fait divers, et sur la condition féminine en Russie. Un pays où paradoxalement les femmes ne se sentent pas en insécurité dans l'espace public, mais sont la chose de leur compagnon ou mari. Un pays où la justice ferme les yeux sur les exactions perpétrées sur les femmes, et donne systématiquement raison au « chef de famille »

Un texte édifiant au ton juste.
Beaucoup aimé !
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🥊 LÉGITIME DÉFENSE 🥊
• Moscou, Russie. Juillet 2018.
Elles sont trois.
Angelina, Maria et Kristina.
• Trois soeurs qui ont voulu faire taire la voix rugissante de leur père cognant les murs, un jour de juillet 2018.
Laura Poggioli nous emmène dans un huit clos familial sordide d'une Russie où la voix des femmes n'a pas de poids. Entre violences domestiques et forces de l'ordre impassibles, on devient le témoin d'un génocide féminin innommable et qui nous laisse sans voix.

• Face à des scènes d'une rare violence exprimées par les trois soeurs, des voix s'élèvent face à l'indifférence des autorités qui estime que le mouvement MeToo est le symbole occidental de la perte de l'autorité patriarcale.

• On suit le chemin également d'une jeune étudiante française venue vivre à Moscou pour quelques mois. le temps d'être victime à son tour, d'un homme dominateur, humiliant, où brimades et insultes riment avec banalité du quotidien.

• On constate avec effarement, qu'aucune limite n'existe dans la solidarité des hommes entre eux. Certaines se plient contraintes et forcées, à la loi du silence. "Elle comprend que pour rester près de lui, elle doit se taire"...

• Un roman qui interroge sur la place de la femme dans nos sociétés, et sur tout ce qu'il reste encore à accomplir...
Un roman fort, puissant, engagé ! Car c'est aussi cela la littérature !

• le mot de la fin, ou plutôt deux : LISEZ-LE !
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Ces trois soeurs-là n'ont en commun avec celles de Tchekhov que d'être nées à Moscou. Car si celles du grand auteur russe ont vécu une enfance heureuse avec un père aimant, celles dont nous parle Laura Poggioli ont eu à subir un père tyrannique, violent et incestueux, qu'elles ont fini par tuer pour s'en libérer.
Passionnée par la Russie et étudiant à Moscou, l'autrice alterne le récit de sa propre vie de jeune femme éprise de liberté, avec celui du calvaire qu'ont vécu les trois soeurs Khatchatourian jusqu'à l'assassinat de leur père en ce terrible jour du 27 juillet 2018.
A travers ces destins si différents, c'est toute une chronique de la société russe d'après l'Union Soviétique que l'autrice nous révèle, soulevant le fléau de l'alcool et de la violence des hommes, que Poutine a entretenu en dépénalisant les maltraitances domestiques en 2017.
Un pays qui s'était difficilement relevé d'un communisme liberticide, et qui est encore aujourd'hui, même après la fin de l'URSS, traumatisé par la Guerre froide, au point de refuser toute influence des Etats-Unis. En rejet total des combats égalitaires occidentaux, dont celui du mouvement #metoo, les russes, soutenant pourtant une certaine égalité des femmes, refusent toujours toute ingérence des lois au sein du cocon familial.
Laura Poggioli nous offre, avec ce premier roman, un récit romancé tout en finesse, racontant ce qui a lié sa vie à ces trois jeunes femmes et laissant éclater sa révolte avec ce témoignage saisissant.
La condition des femmes battues où qu'elles vivent est inacceptable mais quand la maltraitance est institutionnalisée, c'est totalement insupportable. Je vais mettre du temps à dépasser cette terrible histoire et à pardonner à la Russie pour ce que sa justice laisse, depuis toujours, endurer à ses femmes.
Un roman choc qu'il m'a fallu souvent reposer pour prendre un recul nécessaire.
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Encore un coup de coeur de L'Iconoclaste.
Laura Poggioli nous livre à la fois un récit autobiographique et une analyse de fait divers.
Elle va se servir de l'histoire des 3 soeurs Khatchatourian qui ont tué leur père après des décennies de sévices pour revenir sur son histoire personnelle et familiale de la violence conjugale.
L'auteure nous propose aussi une analyse pointue car non manichéenne de la société russe puisqu'elle la connaît très bien pour y avoir séjourné et y retourne régulièrement.
Un roman au style légèrement journalistique, très réussi et qui rappelle à quel point le chemin va être encore long partout sur la planète pour sauver les femmes.
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